
pofitions fons le nom de Confions. Je crois devoir
ajouter piufieurs circonftances intéreffantes, relatives
à la diftribution des eaux courantes autour
des îles terreftres, qui* bien qu’étrangères à cet
article, puisqu'elles ont rapport à YAngoumois,
n'en doivent pas moins trouver place ici.
Dans cette province dont je parle, fe trouvent
des eaux courantes qui coulent dans des vallées
creufces & approfondies à un certain point ,
pendant qu'à côté il y a d’autres vallées feches,
& que Souvent il y a encore de longs ruiffeaux
qui coulent à la Superficie du fol, qui n'eft creufé
que vers les extrémités des ruiffeaux qui affluent
dans la Charente & dans la Seudre. 11 y a enfin
d’autres ruiffeaux latéraux & fort alongés qui ont
un cours marécageux : tous ces différens états des
ruiffeaux & des eaux courantes en général dépendent
inconteftablement de la conftitution du fol
de la Superficie de la terre. Elle varie furtout
beaucoup dans la planche de Saintes, qui m’ a offert
tous ces phénomènes curieux fur l’hydrographie
du G lo b e , & d’après lefquels j’ aurai occafion
d'expofer piufieurs théorèmes élémentaires de
cette fcience,qui n’ a été que très-peu ébauchée
par des géomètres. C ’ eft dans ces mêmes contrées
que j’ ai eu lieu d’obferver piufieurs vallons fecs à
l'origine des vallons abreuvés > vallons fecs dont
j’ ai reconnu en même tems l’ état fouterrain par le
travail d’ une carrière qui a mis à découvert à
Venerand un ruiffeau afiez fort pour faire tourner
un moulin , lequel a été établi dans le fond de cette
carrière, de manière que l’eau du ruiffeau paffe
par-deffus la roue de ce moulin, & continue à couler
dans le même lit qu’il s’étoit creufé au fein de
la terre. Ce ruiffeau fouterrain continue enfuite Ton
cours jufqu’à fa fortie au dehors dans la partie inférieure
du vallon bien plus approfondi. Si l’on
paffe avec quelques-uns de ces principes dans l'ancien
Monde, l’on trouvera de même que les îles
terreftres font également les centres de la diftribution
des eaux , qui ont toutes leur cours des vallons.
Je puis citer ici la Bretagne que j’ai vifitée
avec foin, relativement à la nature du fol qui eft
fchifteux & granitique, & qui reçoit les eaux pluviales
à la fuperficie de la terre, comme en Li-
moufin.
Je dois obUrver que les îles terreftres, que j’ai
eonfidérées comme les centres de la diftribution
des eaux courantes, font d’autant plus nombreufes
& remarquables, qu’elles occupent certains points
de partage des eaux, & qu’elles fe trouvent plus
près de l'origine des rivières de la fécondé & de la
troifième claffe, qui ont leur dire&ion vers les différens
afpeéts de l’horizon.
Il y en a beaucoup moins dans les contrées qui
fe trouvent diftribuées le long du cours des grandes
rivières & à l’origine des ruiffeaux latéraux. Ef-
fcét varient, je connais de ces îles terreftres à l’origine
de la Vo ire, qui fe jette dans l’Aube. Il y en
a aufiî à fa gauche, qui forment proprement les limites
de la craie : il y en a aufii de ma connoîfiance,
& qui font boifées au midi de la plaine deTroyes,
à l’origine des ruiffeaux latéraux. (K o ye^ I l e s
T ERRESTRES . )
GONFLENT. C ’étoit une petite contrée du ci-
devant Rouflîllon; il occupoit le milieu encre Perpignan
au levant,& laSardaigne françaifeau couchant:
on lui donnoit dix lieues dans fa plus grande longueur,
fur cinq lieues de largeur. Ce pays, arrofépar
le T e r , eft fertile quoique hériffé de montagnes j il
offre piufieurs vallées abondantes en pâturages
excellens. On comptoir foixante-deux communes
dans le Confient & le Capfir. Confient fait aujourd’
hui partie, avec le Capfir, du département des
Pyrénées- Orientales.
CONFLUENCES, réunion de deux rivières. Si
l’on juge de la défignation des parties de ces confluences
par la pofition des lieux qui les annoncent,
on en trouvera deux d’abord ; ceile des lieux qui
occupent la pointe de terre comprifeentre les deux
canaux des rivières qui s’ y réunifient, enfuite
celle des lieux qui occupent la droite ou la gauche
d’une des deux rivières après leur jonétion : tout
cela m’a paru indifférent : ainfi fe trouve queue ,
bec, bouche , pointe dans la première pofition i Confient
y Confolent dans la fécondé.
Toute rivièrë qui fe jette dans un grand fleuve
après avoir traverfé une grande plaine qui appartient
à ce fleuve, éprouve un grand ralentiffe-
ment dans la vitefie de fes eaux : fon canal circule
affez irrégulièrement ; fes eaux font divifées par de
longues & de larges îles. Enfin, on trouve affez fou-
vent les bords de ces rivières mal terminés, &
baignés des deux côtés par de longs marais.
Les rivières qui fe jettent dans le Rhin aux environs
de Strasbourg, d’Haguenau , m’ont offert
toutes ces circonfiances, & je pourrois encore citer
ici d’autres exemples de ces phénomènes, &
particuliérement le long du Danube. Ceci prouve
i que les eaux des rivières latérales fécondai res qui
fe font jetées dans le Rhin, ont été envafées par
leurs propres dépôts 5 que ces dépôts ont été fa-
vorifés par les eaux du Rhin, ou bien même par
les dépôts de ce fleuve.
On peut obferver aufii dans ces mêmes cantons,
que les environs des endroits marécageux offrent
des rivières collatérales, tombant à angles droits
dans les rivières principales ; ce qui indique
encore, fuivant nos principes, ceffàtion de pentes
& ralentiffement de la vitefie des eaux-courantes
en conféquence.
Je trouve aufii que FUI & les-autres rivières parallèles
au Rhin & à 1*111 font âuflV envafées de
même dans la plus grande partie de leuïs cours par
leurs dépôts qui ont formé tout lé fol de la large
plaine de l’Alface, 6e aufii leurs eaux font-elles
divifées par ces terrains accumulés, fournis en
grande partie par lés torrens qui defcéndent dés
Vofges. On reconnoît ce travail des eaux a la nature
des fables qui couvrent la plus grande étendue
de cette large plaine de l’Alface. Ce font des dé-r
bris de montagnes coupées & dégradées conti-
nuellemet parles torrens. Ce font donc des débris
de granits, de pierres, de fables & de fehifte. Le
Rhin a mêlé aufii quelquefois ces dépôts , furtout
dans la portion de la plaine qui fe trouve entre
l’Ill & lui.
CONFLUENS,, pointes de terre , fituées dans
la jonction de deux rivières. Les confluens un
peu étendus font des terrains très-fertiles. Si l’on
pouvoit les f^ire pafler tous en revue, on recon-
noîtroit des circonftances qui y ont entraîné & dé-
pofé des vafes abondantes. No us favons que c’eft aux
différeps confluens de l’Indus & du Gange que fe
trouvent les plus riches contrées de l’Inde j qu’au
confluent du Kian & du Wangho font les plus belles
contrées de la Chine j & fans aller chercher les
preuves de cette vérité fi loin , c ’eft le confluent
de la Marne & de la Satflx , qui a fait la fertilité :
du Perthois; c’eft le confluent du Rhin & du Mein •
qui a fait l’abondance & la beauté, du Palatiriat. >
Enfin, pour peu qu’on ait parcouru les différens pays
de l’Europe, il n’y en a aucun où les meilleurs
terrains ne fe trouvent au débouché des grandes
rivières & des grands fleuves dans les mers, des
rivières dans les fleuves, & des ruiffeaux dans les
rivières, furtout lorfque les fleuves, les rivières
& les ruiffeaux, ayant leurs débouchés, ont parcouru
des terrains fertiles eux-mêmes, car pour
lors les amas de vafes & les autres dépôts qui s'y
font formés fur une étendue & à une profondeur
confidérables, font le produit des différens débor-
demens des eaux courantes , qui ont furpaffé de
beaucoup la hauteur & la. force des eaux actuelles.
C ’eft pourquoi je puis dire, toujours d’après les
mêmes principes, que les vafes chariées par les
torrens dont le Tigre & l’Euphrate ne font plus
que les reftes, avoient formé à leur confluent les
plaines fpacieufes, fertiles & délicieufes que les
premiers hommes que nous connoiffons, ont habitées
& cultivées. La terre a fi peu changé de figure
depuis foixante-quatre fiècles, que la Méfopotamie
offre encore aujourd’hui les plus vaftes plaines &
les plus beaux pays du Monde.
Nous avons des contrées même en France , qui
peuvent nous faire juger des différens états où ces
belles contrées ont paffé avant que le Tigre &
l ’Euphrate y aient eu un cours féparé , & que par
cette marche diftin&e.ils. aient laifie entr’eux les
terrains qui donnent leur nom à la Méfopotamie.
La Loire 6c le C h e r , après avoir e u , depuis
leurs fources jufqu’à leur jojn&ion au deffus
ae Tou rs, des vallées féparées, commencent à
ne plus en avoir qu’une à deux lieues au deffus
de cette ville, quoique ces deux rivières y con-
fervent néanmoins,leurs lits féparés jufqu’à dix
lieues audeffous de cette ville > où elles, fe réuniffent.
Dans cette étendue de douze- lieues , elles
coulent fépavement, l'ùne au pied de la côté
méridionale, 8c l’autre au pied de la côte fepten-
trionale de la même vallée. L ’entre-deux de leurs
cours eft une vafte plaine que l’on peut appeler
une vraie Méfopotamie, dont la fertilité ne provient
aufli que des dépôts étrangers que les eaux
torrentielles des deux rivières y ont apportés. Mais
ces rivières féparées ont dû autrefois n’en former
qu'une feule, 8c creufer en même tems pat un
même courant toute cette large vallée.
Il faut confîdérer d’ abord que, dans le premier
âg e , dans celui de l’état torrentiel, la vallée a été
creufée 8c approfondie comme nous la voyons actuellement,
& qu’enfuite, par le ralentiffement
des eaux courantes des deux rivières, les dépôts
qui ont couvert les fonds de cuve de cette vallee
onrcontribuéinfenfïblement à leur réparation; car
c’eft par cette diftindtion des différens travaux de la
nature qu’on pourra distinguer les deux époques
fucceffives ; la première, où la vallée s’eft approfondie
par l’enlévemenc 8c la démolition d'es matières
qui rempliffoieDt le vide où elle fe trouve ,
& puis la fécondé, où fe font faits les dépôts qui
ont recouvert fon fond de cuve, 8c en ont formé
la plaine fertile qui fépare lesdeux rivières.
Il en eft de même de la véritable Méfopotamie.
Le Tigre iSc l'Euphrate, qui dans l’Arménie ont
des vallées féparées, n’en ont plus qu’une dans cetta
fameufe contrée / 8c je ne doute pas qu’il n’y aie
eu des tems où les deux revers qui circonfcrivent
cette vallée, n'étoient que les bords du lit d'un feul
torrent, q u i, après avoir tranché fes terrains 8c
s’être réduit à l’état fluvial, a laiffé des dépôts qui
n’ont pu fe former que peu à peu, 8c au milieu
defquels les deux lits du Tigre 8c de l'Euphrate fa
trouvent féparés , 8c font l’ornement de cerre
belle 8c fertile contrées ainfi tous les changemens
qui ont eu lieu dans ce pays depuis la retaire de la
mer dans le baffm de laquelle il avoir été conf-
truits, font dus aux eaux torrentielles qui ont
creufé des vallées, 8c au ralentiffement du cours de
ces eaux qui ont favorifé les dépôts des matières
qu’elles charioient ; ainfi tout s’ explique en Méfopotamie,
de la même manière que nous avons
donné le dénoûment des phénomènes que nous
préfentent les environs de Tours.
CONFOLENS, ville du département de la Ch.t-
rente. Elle eft fîtuée fur la Vienne, dans un terrain
qui fait encore partie de l'ancienne terre du
Limoufin,8c de la méthode d’alimenter les rivières
par un grand nombre de filets abreuvés à la fuper-
ficie de la terre. Le fol eft en général d’un mauvais
produit, étant graniteux, dans lequel le quart domine.
11 y a aux environs une raine de plomb propre
à vernir la poterie. A une certaine diftance
commencent la nouvelle terre 8c-le fol propre a la
production du froment. Au re lie , on s ’occupe
I moins de la culture, que de faire beaucoup d’élèves
L l l x