
poiffons j fe ce qü’ il y a de plus remarquable, c’ eft
que tout cela fê pâlie dans le même lieu fe dans
la même année, pourvu que le lac le vide de
bonne heure & ne le rempliffe pas trop tôt 5 mais
ii faut noter qu'on ne recueille pas du loin fe
qu'on ne terne pas du millet dans toute l'étendue
du lac i c’eft feulement dans les endroits les plus
fertiles.
On ne prend dans le lac que les efpèces de poif-
fons fuivantes, qui font toutes de très-bon goût.
1 ° . Des lottes {mufiela.fiuviatilis) , dont quelques-
unes pètent deux ou trois livres. 20. Des tanenes,
dont quelques unes de fix ou de fept livres j f e ,
5°. des brochets en très-grande quantité, de d ix ,
vingt, trente, & quelques-uns de quarante livres,
lle it afiez ordinaire de trouver des canards entiers
dans leur eftomac. On ne rencontre des écrevilfes
nulle autre parc que dans les creux Kami né fe
Sueinskajamuia 5 elles font greffes , mais de mauvais
goût.
V o ic i, fuivam les obfervations des auteurs qui
dnt écrit fur le lac Cirknit^ , la caufe ou plutôt le
mpdus de tous ces phénomènes qu'il prélente.
11-y a'fous le fond du lac un autre lac l'outer-
rain, avec lequel il communique par les trous que
nous avons décrits, il y a aatii un ou plufieurs
autres lacs fous la montagne Javoriuck, mais dont
la fur fa ceeft plus haute que celle du lac d e Cirk-
nit^i Ce lac fupérieur eft peut-être nourri par des
rivières qui le perdent dans la terre, en aficz
grand nombre dans les environs. Il a une fuite
luffifante pourles eaux qu'il en reçoit d'ordinaire i
mais lorfqu’il p leu t, & furtout dans lès pluies
d'orages qui font les plus rapides, l’eau- fe précipité
dans les vallons elcarpés qui ferv.ent.de lits à
ces petites rivières 3 de forte que le lac, recevant
tout à coup plus d'eau qu'il n'en perd, fe gonfle,
& trouvant dans la montagne plufieurs trous ou
cavernes au deffiis de fon niveau ordinaire, il fe.
décharge, par cette voie, tant dans Je lac fou terrain
qui eft au deffous de celui de Cirknit£, & qui
lui fournit de l'eau, tant par les trous donc Ion
fond eft percé, que par des palfages viiibles à la
furtace du terrain, tels qu Urainojamma, Séea-
dulze & Tréfenz.
Ce qui paroït être caufe que quelques-uns de
ces palfages amènent du poilion, a autres des
canards fe du poiflon, fe d'autres feulement de
l ’eau , c’ eft la pofition des orifices intérieurs de
ces canaux fouterrains > car s'ils font placés de
manière qu'ils ti rent l'eau de la fur face du canal
lupérieur fur lequel nagent les canards , ceux-ci
doivent être emportés, par le courant, dans ces
cavernes, fe reparokre avec l’eau ; mais fi ces
canaux s'ouvrent, dans le lac fupérieur,au dellous
de la furface de l’eau, & que de là ils rémontent
obliquement un certain efpace avant de defeendre,
alors l'eau qu’ils reçoivent ne pourra entraîner
que des poiflons. On peut fuppofer que les creux
qui ne jettent que de l’eau /font nourris par des
canaux trop étroits pour donner paffage aux poiffons,
quoique leur multiplicité produite une mafia
d'eau très-confidérable.. •
On explique de la manière qui fuit, la retraite
de l'eau ou le defiechement du lie. Après une
longue féchereffe, toutes les fources qui nôur-
rifient le lac fupérieur iitué fous Jivomick, font
beaucoup diminuées ; de forte que , fuite de nouvelles'eaux,
il celle de refluer par les différens
canaux dont on a parlé. Alors le lac de Cirknitç
& celui qui elt au delfous 11e font plus nourris
que par k s huit ruifleaux qui s ’y rendent toujours,
fe l'eau s’enfuit plus-abondamment qu'elle
n'arrive, tant par les canaux de Maia & Velka-.
Kirlouza, que par un pafiage caché qui part du
lac inférieur, & qui feul eft capable de tranfmettre
plus d'eau que n en fournifient les huit ruifleaux
permanens. Conféquemment lé lac doit bailler
& cela dans un tems proportionné à la quantité
d’eau à évacuer, comparée- par l’excès de celle
qui s'enfuir, fur celle qui entre dans lemêrne tems.
Les creux les plus hauts font en effet le plus tôt
vidés j les plus bas le font plus tard, dans l'ordre
décrit ci-dclfus 3 fe lorfque le lac eft tout fec , les
rmfieaux fe perdent, par plufieurs petits trous,,
dans le lac inférieur, fe toute leur eau eft tranf-
mifi? par le pafiage ci-defius mentionné.
Il eft très-évident que ce pafiage exifte, fe qu'il
commun.que fous terre avec Us canaux de Mala~
fe Veika-Karlouza, foïtant avec e u x , près de
Saint-Gautian, par une grotte pierreufe pour former
la rivière Jéfero 5 car lorfque le lac de Cirknit£
eft très-plein, & qu'il a fa fuite pat Velka fe Mala-
Kariouza, le Jéfero à Saint-Caucian débordé,, fe
fon courant eft très-fort fe très-rapide. Lorique
le lac ne fuit que par Mala Kaiiouza, qui eft un
peu plus basque l’ autre, l’eau de Jéfero eft beaucoup
moins rapide, fe lorfque le lac eft baifté au
point de ne plus couler par aucun des deux , le
Jéfero eft encore moindre 3 mais il continue à
couler , avec un courant confidérable , encore
deux jours après le defiechement du lac. Après
cela, cette rivière diminue, & ne donne pas plus
d’eau que le lac n’en reçoit des huit ruifleaux
qui s y rendent 3 ce qui prouve affez clairement
que le pafiage fouterrain fe joint aux canaux de
Velka fe Mala-Karlouza, fans qu'il foit befoin
d'autre preuve.
On explique ainfi pourquoi ce lac eft qutlque.-
fois fec à deux ou tiois reprifes dans une année}
pourquoi d'autres lois il demeure plein pendant
trois ou quatre ans de fuite , fe enfin pourquoi on
ne i’a jamais vu relier à fec une année entière. Il
fe deffèche en toute faifon lorfqu'il ne tombe que
peu de pluie dans un long intervalle de tems. Dans
les années pluvieufes, il fe maintient toujours
plein ; mais il n'arrive jamais dans cette contrée ^
que la fechereffe dure une année entière.
Les canards dont nous avons parié, fe qui font
entraînés par les eaux,. naiflent dans le lac qui eft
fousfous
la montagne Javornick. Lorfqu’ils arrivent,
ils nagent bien, mais ils font entièrement aveugles,
fe n’ont que peu ou point de plumes, en forte
qu’ il eft facile de les prendre i mais en quatorze
jours leurs plumes ont pouffé, leurs yeux font
ouverts encore plus tô t , & enfuite ils s’envoient
par troupes. Ils font noirs, avec un peu de blanc
feulement au-devant de la tête. Leur corps n'eft
pas bien gros. Ils reflemblent aux canards fau-
vages ordinaires; ils font de bon goût, mais trop
gras, car ils ont prefqu’autant de graiffe que de
chair.
Quelques-uns dé ces canards vomis par Séka-
dulze ayant été ouverts, on trouva dans leur corps
beaucoup de fable, dans quelques-uns de petits
poiffons, & dans d’autres une maffe v erte, comme
des herbes} ce qui paroït d’autant plus étonnant,
qu'on n’en a jamais trouvé de femblables dans le
lac de Cirknitj , ou dans les autres grottes ou lacs
fouterrains de la Carniole.
Prefque chaque année, à un trou de la montagne,
appelé Storfeg, à environ un demi-mille
d’Allemagne du lac de Cirknit%, près du village de
Laas, toutes les fois qu'il y a de grandes pluies,
cette efpèce de canards eft rejetée, en grande
abondance, par l’eau qui ruiffelle avec beaucoup
de force.
Je conçois que cette caverne Storfeg éft un
autre paffage qui fert de dégorgement au même
lac fouterrain de Javornick, dont le débordement
remplit le lac de Cirknitç ; mais ce trou étant plus
haut que les autres, il ne fournit jamais de l'eau
que lorfque le lac de Javornick eft extraordinairement
enflé par la violence des pluies. Quant à la
fingulière origine des canards, c ’eft une chofe fi
commune ici, qu’on ne la regarde nullement comme
une rareté.
Il peut paroître étrange fe difficile à croire qu’il
y ait vraiment des lacs & des canaux fouterrains i
tels que nous les fuppofons} mais outre que, fans
les fuppofer, il feroit impoffible de rendre raifon
de tous ces différens phénomènes, qui font très-
réels , il y a un exemple très-remarquable de ces
mêmes effets dans Ja caverne fouterraine qu'on
appelle la grotte Podpetfchio.
CITIESEB, petite ville d ’Afrique,dans la province
de T edla, au royaume de Maroc. Les plaines
en-font fertiles & couvertes de nombreux troueaux
, qui produifent, pour le commerce des
abitans fe pour leurs fabriques, tfes laines fines
dont ils font de belles cafaques fe des tapis.
C IV A U X , village du département de la Vienne,
arrondiffement de Montmorillon. Dans les environs
de ce village, fitué près de la rive gauche de
la Vienne, fe dans un vafte champ , on voit un
nombre confidérable de tombeaux de pierre élevés
à la mémoire des Français tués à la bataille de
Vouillé.
Géographie-Pkyfique, Tome I I I ,
CIUDAD-DE-LAS-PALMAS, ville capitale de
1’île ‘Canarie, avec un beau port très-frëquenté.
CIUDAD-DE-LOS-REYES, ville confidérable
de l’Amérique méridionale , dans la terre-ferme,
près de la fource de Céfar-Pomparao. Le territoire
de cette ville, ainfi que celui des contrées
voifinés, n’eft pas expofé à de grandes chaleurs,
parce que, pendant l’été qui commence au mois de
décembre, les vents d’eft qui y fouffient, modèrent
la chaleur du foleil. Il y pleut beaucoup l’hiv
e r , à caufe de la proximité des montagnes qui
font froides. Les environs font couverts d'arbres
fruitiers de toute efpèce. On y trouve d’excellens
pâturages. Le pays produit auftî- beaucoup de
coton.
C lU D A D -R É A L , ville d’Efpagne , dans la
Nouvelle-Caftille, capitale de la Manche, à une
lieue de la Guadiana. Elle eft remarquable par la
propreté avec laquelle on y prépare les peaux
blanches pour les gands.
CIV ITA-CASTE LLAN A. C ’eft une ville d’environ
trois mille âmes, fituée dans la Sabine, à
trente-quatre milles de Rome, près de la via fia-
minia, fur une élévation ou rocher en forme de
prefqu’île. Cette ville a deux milles de tour, pref-
qu’ un mille de long , & un quart de mille ou
environ deux Cents toifes de largeur. Elle a quatre
portes, qui regardent les quatre parties du
Monde} mais elle ne tient à la montagne principale
que par le côté de la citadelle3 elle eft environnée,
de trois côtés , par de petites rivières qui
coulent dans des vallons très-profonds. Deux de
ces torrens vont fe jeter dans le troifîème au def-
fous de la ville : ce dernier s’appelle Treia, & va
fe jeter, à deux milles de là , dans le Tibre.
Du haut de la tour de cette ville on voit le château
de Caprarola, qui en eft à douze milles du
côté du couchant} le mont Saint-Orefte, Candidum
SoraSte, qui a trois cent cinquante-cinq toifes de
hauteur, fe tes coteaux de la Sabine, qui font très-
agréables, très-fertiles fe très-peuplés. Parmi les
villes & les villages dont ils font couverts, on dif-
tingue Magliano. Près de là eft un banc d’huîtres
fofliles, d’une affez grande étendue.
La montagne fur laquelle eft bâtie Civita-Cafiel-
lana, eft un tuffau rougeâtre, dans lequel font
renfermées des pierres-ponces noires & brûlées,
les unes petites, les autres auffi groffes que le
corps d’un homme} elles furnagent l’eau. C e même
tuffau fe revoit à Santa-Maria-di-Falari, à une
lieue de diftance.
Aux environs du mont Saint-Orefte, la pierre
eft d’ un bleu-noir, parfemée de globules blancs
qui paroiffent être du quartz, fe qui reflemblent
prefqu’à du fel. C ’ eft avec cette pierre, qui eft
; très-dure, qu’on a payé la voie flaminienne.
H h h