
vois qu elle participe affez de ces deux écono-
inies, i° . en ce que le granit fert fouvent de bafe
a la moyenne terre, & Te montre à découvert fur
les croupes baffes ; i ° . en ce que les couche s- inclinées
font office de Typhons qui recueillent les
eaux fur des lits qui s'étendent plus ou moins
favorablement, & qui les verfent dans leurs interruptions.
On voit par-là .que la diltribution des
e-ux eft pour lo.rs la même que dans Tancienne
terre granitéufe j mais dans d’autres circonftances
toute la conduite des eaux fe trouve réglée comme
dans la nouvelle te r re , & paroît affujettie aux
mêmes principes.
Comme la moyenne terre d’ailleurs eft plus élevée
que la nouvelle, elle reçoit aufii plus d'eau j
mais dans certaines parties elle eft aulii fèche, &
particuliérement dans certains amas de couches
pierreufes très-dures & très-compa&es, & qui
n admettent l’eau que par un petit nombre de
fentes. Les fources y font abondantes comme dans
Ja.nouvelle, & fuivant le même plan de diftribution j
c ’eft-à-dire, que la colle&ion des eaux eft affujettie
aux mêmes principes , comme leur verfement au
dehors. Ainfi la circulation de l’eau dans la moyenne
terre participe plus de l’économie de la nouvelle,
que de celle propre à l’ancienne. Elle ne participe
de l’ancienne que dans les cas où il y a plufieurs
niveaux & où le granit fe trouve placé deffous,
& enfin quand les couches verticales ne font que
des feuillets multipliés qui n’admettent que très-
peu d’eau., comme les granits à bandes.
. U.y a une diftinétiôn entre deux amas de l’ancienne
terre. Ainfi k s pays de granits à grains Unitermes,
étant divifés par trapézoïdes, n’admettent
l’eau que par.les fentes, & ne la rendent que
par les faces intérieures. Dans les pays à granits,
di(lribués par:bàndes ,.les lames verticales admettent
l’eau par les.faces les plus aifées à pénétrer,
& les rendent.par des fuinrerr.ens qui font les produits
des parties inférieures 'des dames. Il refaite
de là que, fi l’ on fait des trapchées au milieu de
ce dernier maffif, les.fuintemens fe trouvent multipliés
dans toute la coupure 5 & fi la coupure ou
tranchée eft fort étendue, on trouvera au fond de j
la tranchée le tribut du verfement d’une infinité
de feuillets, lequel fe rend dans la rigole, & l’on
qonçoit que les deux côtés tranchés donneront en
même tems, & formeront un ru-iffeau artificiel
aiïèz abondant.
Dans l’état ordinaire, comme ce ne peut être que
par les fentes des trapézoïdes que l’eau recueillie
s’épanche, il y a peu de différence entre ce qui fe
patte dans les granits à grain uniforme & les granits
à bandes. Cependant j’ai remarqué que, lorfqu’il
eft queftion de circulation intérieure artificielle, de
iranchées& de coupures qui procurent des fources
abondantes dans les habitations & dans les fermes,
du Lim.oufin , il eft plus avantageux d’opérer dans
les fols de granits à bandes, que dans ceux de
granits à grain uniforme : tels fondes environs de ,
Limoges, qui donnent de fi belles fontaines datô
la ville.
D’ailleurs, l’eau pénètre plus aifément dans les
fols de granits à bandes, que dans les fols de granits
à grain uniforme, parce qu’elle s’infinue plus
; uniformément dans k s premiers blocs que dans les
féconds. 11 y a d’ailleurs plus d’ouvertures dans les
: premiers fols, & , par fuite, plus de fuintemens
lorfque les blocs font à découvert dans les cul-de-«
fàcs des petits vallons dont nous avons parlé eide
ffus.
On pourro.it donner un Traité fur la circulation
de i eau a la fuperficie du Globe & fur Je s effets. Ce
Traité feroit très-piquant, parce qu’il feroit rempli
de vues & d’obfervations neuves > car on n’a pas
encore écrit fur cette partie importante deThif-.
toire de la Terre.
Dans le premier T ra ité, on confidéreroit I’egu
comme l’agent général de ce qui a été fait fur le
G lo be, i° . quant aux inégalités de fa-fur fa ce ;
l° . quant à fa conftitution intérieure. On pourroit
la diiiinguer quant à fa marche extérieure, & quant
à fa circulation intérieure. ( Voye^ Sources. )
C IR E S -L È S -M E R LO U , village du département
de l’Oife , près du Thérain, à quatre lieues
de Senlis & à deux lieues de Creil. Dans le terri-:
toire de cette commune, au lieu dit Tiilet, on a
cru reconnofcre un filon de mine de cuivre, & on
a fait tous les frais d’ une grande exploitation à
différentes réprifes ; mais ce travail infruéfueux a
été abandonné après de grandes dépenfes rifquëes
fur des apparences trompeufes d’ un faux filon.
C IR E Y , village du département de la Meurthe,
canton de Langon , fur la VezOufe, à deux lieues
à l’eft de Blamont. Il exifte dans ce village une
forge qui préfente, depuis 1766, un établiffement
utile, & qui donne de très-bon fer.
C IR E Y -L E -CH A TE AU , village du département
de la Haute-Marne, canton de Doulevent.
Il y a des forges fur la rivière de Blaife, dont les
produits ont de la réputation.
CIRKNITZ ( Lac d e ) , dans la Carnioîe.
C e lac étoit nommé, par les Anciens, Lugea
palus ; par les Modernes, Lacus luge us, quoique
fon nom latin foit maintenant Lacus \irkanieenfis ,
en allemand, Zirknifcherfee, & dans la langue car-
niole, Zirknifco jefero. Il tire fon nom aéluel de la
ville voifine, Cirknit^, ainfi nommée d’ une chapelle
de la Vierge qui étoit d’abord ifolée , &
autour de laquelle on a enfuite bâti. Ce n’étoic
‘ qu’un petit édifice qu’on appeloit la petite Chapelle
( Zirkvifa ) : de îà le lac fut nommé Zirkvifco
jefero ou lac de la Chapelle, 8c aujourd’hui on a
changé le v en n.
Il eft à fix milles d’Allemagne de Laybach, capitale
de la province. Sa longueur eft d’un grand
C 1 R
mille où au-delà de quatre mille pas géométriques,
& il a environ la moitié moins de largeur.
Sa profondeur ordinaire eft de dix à feize coudées
> la moindre , de cinq ou fix , rarement de
trois. Il eft entouré de tous côtés de montagnes
boifées , q u i, vers le midi & l’oueft , font très-
hautes , ont trois milles de largeur, 8c s'étendent
au loin, en longueur, dans les pays fournis à la
domination de la Porte. Elles ne prélentent que
des déferts affreux, remplis d’arbres & de rochers.
Du côté du nord & de i’c f t , on trouve entre les
montagnes & le lac, un petit territoire étro it,
mais agréable , occupé par une ville & trois châteaux.
Dars Ja montagne nommée Javornick , qui ..eft
auprès du la c , fe trouvent deux trous ou précipices
extrêmement profonds, dans lefquels plufieurs
milliers de pigeons fauvages s’abritent tout
l’hiver. Ils y entrent en automne, & en fortent au
commencement du prime ms. Les gens de la campagne
croient que les forciers tiennent leurs aflem-
blees fur une utre monta g -.e nommée Sliven^a ,
parce qu’on y cbferve quelquefois des lumières
comme des feux follets.
Huit ruifteaux fe rendent continuellement dans
ce lac. Les deux plus petits font le Bellebreeh tic
le Tréfenz; le troifième eft la fontaine Oberch,
qui jette de l’eau avec grande force i les quatrième,
cinquième & fixième, Steberziza, Lip-
fieziza 8c Scromfehiza, font aff.z forts pour mériter
le nom de rivière j le Çeptième, Martinf-
chiza, fort d’une, fente de rocher } le dernier,
appelé Cirknizerbach , eft une affez grande rivière.
Ce lac étant entouré de montagnes & n’ayant
aucune ilfue par où il puilfe s’épancher, la nature
y a pourvu par deux.canaux vifibles.:ce font deux
cavernes pierreufes, nommées Velka-Karlopfa &
Ma la-Karl o u fa , par lelquelks Peau s’e coulé fous
b montagne-, & un troifième paflage 1 ont erra in
caché, qui fans doute communique fous terre
avec les deux antres, ainfi que nous effayerons
de le prouver ci-après. Ces canaux, ayant parcouru
un demi - mille d’Allemagne , fortent de
l ’autre côté de la montagne, prés de la chapelle
de Saint-Cantian , dans; un lieu défert, par une
caverne pierreule, 8c forment la rivière appelée,
par les habitans, Jélero, c’eft-à-dire, le lac. Cette
rivière eft d’une groffeur médiocre, 8c après avoir
fait un demi-quart de mille, elle entre dans une
grande caverne pierreufe, & coule lentement,
lotis la montagne, l’ efpace d’une bonne portée de
moufquet. Elle fort de l’autre c ô t é ,& , ayant parcouru
un petit plateau , elle entie dans une troifième
caverne ou g rotte, dans laquelle , après
avoir fait cinquante pas, elle fe précipite, avec
mùgiffement, dans un canal pierrèux très-infliné,
dans lequel perfonne.n’a o fé la fuivre.
- .11 faut noter que la vaille dans laquelle coule
cette rivière Jéfero, èft extrêmement efearpée >
C 1 R 4?i
mais le plateau du terrain eft uni 8c pierreux,
d’une forme ovale ; il eft environné pour ainfi
dire d’un rempart très-élevë, fi efearpé, qu’ une
chèvre ne pourroit le franchir fi ce n eft dans un
endroit où un homme peut fe hafarder à monter
& à defeendre, quoique ce ne foit pas fans rifquer
fa vie , le paffage n’ayant, en quelques endroits,
que trois ou quatre pouces , 8c nulle part plus de
hx pouces de largeur.
Lorfque les eaux font baffes, on peut aller fort
loin fous terre avec des.torches, & l’on prétend
qu’il y a de très-fingulières ftaiaétires formées par
k s eaux, entr’autres une que l’imagination peut
faire regarder comme la figure d'un ti(feraiid à
l’ouvrage, au fujet de laquelle les gens de la campagne
ne manquant pas de faire des contes fuperf? mm Mais pour revenir à notre lac, il perd fes eaux
& fe deiièçhe vers le mois de juin, & quelquefois
cela n’arrive qu'au mois d’ août >; mais il fe remplit
de nouveau le plus communément en octobre ou
novembre. Cependant il n’y. a pas d’époque fixe
pour cette alternative , car quelquefois il a été
de fléché deux ou trois fois dans la même année i
comme, par exemple, dans l'année 1 6 8 5 , il étoit
fec en janvier i l’eau recommença .de fe retirer le
15 a o û t, & il étoit tout-à-fait fec le 8 de fep-
tembre; En l’année 1687 > il a été vide trois fois i
ce qui rend la pêche trèsrpauvre. Quelquetois
“aulii, mais plus rarement, il eft arrive que le lac
a été plein d’eau pendant trois ou quatre ans de
fuite, 8c alors la pêche a été des plus avantage
ufeSi-
11 y a trois îles dans ce lac > favoir : Ma!à-Go-
riza 8c V elka-Gorlza,..qui font inhabitées. La troifième
eft. une. très-jolie:île appelée, Vorneçk ; elle
contient un Rameau de quatre maifojis, nommé
Ottock. A epsé, fur une petite éminence, eft une
égiife qui orné je p.ayfagÿV: Les habitans de cetrë
île ont des champs ,-des prés , des pâturages , du
bois, des jardins , des vergers 8c, tout ce qui eft
nécèffaire à la vie.
11 y a au (fi une belle péninfule toute couverte
de bois , qui porte le nom de Dorvafek. Loifque
le lac eft plein qu’on avance , fur un bateau ,
entre l’ile dé Yorneck 8c, cette prefqn’î le , la partie
ultérieure.du lac, dominée par la montagne, ref-
femble très-bien à un port.de mer^Tout à l’ex^
trémité., lorfque l^au fe.retire , il paroît des va07
gées de pieux qui montrent qu’ il y a eu ancienne^
mènt un pont, & cette circonftancé a fait donner
à cet endroit le nom de,yieux-.Pont.
11 y a dans ce lac un grand nombre de creux en
forme de baffins ou de chaudières , qui n’ont pas
tous la même profondeur & la même largeur > ils
varient depuis vingt jufqu’ à foixance coudées de
diamètre, 8c de huit à vingt de profondeur. Au
fond de ces creux font différent trous par lefquels
l’eau & les poiffons s’écoulent lorfque le lac fe
vide.