
pied d'épaifleur. Autour des mafles mônturtifes, ]
dont le noyau eft de craie, le fol du pied des mon- ;
tagnes, comme du fond des vallées, jeft mêlé de
marne crayeufe qui fert à le rendre plus fertile ,
& dans tous les cas l’eau qui defcend des hauteurs
entretient l’humidité dans ce fol, & cont-ri-
. hue à l ’augmentation de fes produits.
Les montagnes du milieu renferment également
•des vallées fertiles} elles font couvertes de bois,
& s’étendent depuis l’ancienne Crimée & l’Inker-
-nan jufqu’à la chaîne méridionale des montagnes
du revers. On y trouve plufieurs filets d’eau : ceux
qui fuivent les pentes qui ont leur afpeCt au nord,
gagnent toutes les vallées qui appartiennent à la
chaîne., & ceux qui fe déchargent vers le fud
arrofent toutes les habitations fituées le long de
la côte méridionale de la Mer-Noire. Les premières
eaux courantes fe partagent en deux fyf-
tèmes, dont un coule vers le nord-elt, à Sivache}
& l’autre fe porte vers l’oueft, dans la Mer-Noire.
Une des plus hautes montagnes de la Tauride,
nommée Tfckatir-Dagh , que nous décrirons plus
en détail ci-deffous, occafionne ce partage. Comme
elle fe trouve prefqu'au milieu de toute la largeur
de la prefqu’Üe , on doit en conclure que le terrain
y eft plus élevé que partout ailleurs.
Parmi un grand nombre de ruiflèaux qu’on rencontre
depuis cette montagne jufqu’ à Caffa, plufieurs
peuvent paffer pour des rivières, entr’au-
cres le grand & le petit Caraffou-Salghir, qui fe
réunifient à environ vingt vérités de leur embouchure
dans la Sivache } & parmi les petites rivières
moins notables, on doit en diltinguer trois
qui fe jettent dans le Salghir; fa voi r : le grand,
le petit & le moyen Indale, Boulganack & Bou-
fouklou, qui tombent tous dans la Sivache.
Quelques-unes des rivières de la montagne
de Tfchatir-Dagh, & qui coulent à l’Occident,
font aulli affea confidérables : tels font le Boulg-
hanak occidental, l’Alma, Catfcha & Cahorta ,
qui tous, par une embouchure particulière, &
à peu de diitance l’un de l'autre , fe jettent dans
la Mer-Noire. Parmi les ruifléaux qui tirent leur
origine delà partie méridionale de la chaîne, même
ceux des environs de Soudak & d’Aioufcbta sfe
diftinguent des autres par leur grandeur.
Toutes ces eaux parcourent avec urre rapidité
remarquable les pentes des montagnes pour fe répandre
dans les vallées , & , franehiflantdans leur
cours des rochers efcarpés , forment, dans'-plufieurs
endroits, des caffcades naturelles qui méritent
d’ être remarquées.
Les plus belles de ces cafcades font dans la partie
feptentrionale des montagnes, & particuliérement
dans les croupes du grand Caraffou & de
Salghir , près de l’ancienne Crimée , dans la petite
rivière de Boufoukfou. Mais les fources de:
deTAkarfou, dans la partie méridionale , font les •
plus remarquables de toutes : elles jaflliffent dé ;
défias un roc efcarpé de plus de cent cinquante t
fajèr.es j elles fe trouvent à huit verftes de Yalta.
Des chutes aufli confidérables procurent de
grands avantages aux habitans de cette partie mon-
tueufe de la TaUride} car indépendamment de la
facilité d’ y conftruire des moulins, ils peuvent,
en conféquence des grandes pentes, conduire les
eaux, par des faignées fuperficielles ou des conduits
fcuterrains, dans leurs prairies, dans leurs
< hamps,, dans leurs jardins , & même dans les
villes & les villages pour différens ufages.
11 arrive fouvent que ces faignées, ces dérivations
fe trouvent fort voifines des fontces d’une
rivière ; ce qui en diminue beaucoup les eaux}
mais on a pour lors l’avantage de la pente & des
longs détours qu’on peut donner aces faignées, la
rapidité des pentes diminuant d’autant plus qu’on
approche davantage des embouchures des rivières.
Quelques-unes des rivières, furtouc les moins
confidérables, dont les eaux fontépuifées par ces
faignées, fe trouvent à fec en é té , & alors le fond
pierreux du lit de ces ruiflèaux fe trouve couvert
1 de limon que les eaux y ont dépofé proche de leur
embouchure dans la mer, & c’ eft ce que l’on obier
ve dans toutes les rivières qui parcourent la
partie feptentrionale des montagnes, parce au’ elles
entraînent une grande quantité de terre dans leur
cours.
On voit par-là que la profondeur du lit de ces
rivières, furtout vers leur embouchure , doit varier
& varie auffi fuivant les faifons. Dans les mois
chauds d el’étéelle eft prefque nulle} elle redevient
plus marquée & plus confidérable en automne &
en hiver. Les bords du lit de ces rivières font eh
quelques endroits taillés dans des couches de
pierre, & font plus refîerrés. Lorfqu’ils font formés
par des couches d’argile , ils font moins efcarpés
, plus en pente, & alors les pluies foute-
nues un certain tems font déborder lès ruiflèaux
fur une grande largeur. Leurs eaux font chargées
de limon quelles entraînent dans ces parties inférieures
de leur lit, quoiqu’elles foient pures dans
lesipartiesfupérieures.
D’après ce que nous venons de dire fur la dif-
tribution artificielle des eaux des ruiflèaux & des
rivières, les lieux finies le long de leurs -lits font
en général ceux dont on tire un plus grand avantage
, foit quant aux pâturages, foi t quant à la
culture des grains; aufli la plupart des habitations
fe trouvent-elles établies fur ces r iv iè re s ,^ au*
tour d’ehes d e Beaux jardins plantés d ’arbre s fruitiers
& d’arbres d’ornement.
A l ’égard de -la fertilité particulière de cette,
partie montueufe, on peut citer-lés cantons fitués
le long du cours inférieur du Salghir & du‘grand
Carafidu, comme furpaffant les autres. Quant aux
jardins ,, ceux qu’on trouve le long de l’Alma, du
Catfcha, du Cabarta-& du bord méridional de la
Mer-Noire , fe diftinguent tant par la quantité,
que par la qualité de leurs fruits.
Les mafies morrtueufes de la chaîne d e Tavant
tfont, dansl.es cotnmencemens, aucune l-iaifon
entr’elles, & paroiffent jetées fans ordre & fans
fuite à, la furface de la terre ; mais près de Caraf-
fou Bazare elles commencent à; fe lier & à. pré Tenter
une croupe fuivie dont une extrémité s’étend
jufqu’à l’ancienne Crimée, & l’autre jufqu’ à Bagth-
chiffari. Au pied de cette croupe au fud font de
très-vaftes plaines entièrement ouvertes . Les,montagnes
à la droite de ces plaines fe préfentent
comme efcarpées, & font compofées en. partie
d’argiLe jaunâtre, fe r tile , mêlée de pierre calcaire,
contenant dès débris de coquilles, & en
partie de craie blanche-jaunâtre remplie de filex.
On trouve aux pieds de ces montagnes des amas
de marne crétacée qu’on emploîroit utilement a
l’amélioration des fols argileux. Telle eft en particulier
la compofition de la montagne au pied de laquelle
eft fituée la ville de Caraflon-Bazare, & dont
les maffes de craie s’étendent fans interruption juf-
qu'à la rivière d ’Indale.
La chaîne qu’on trouve à la gauche des mêmes
plaines s’élève beaucoup moins rapidement que la
première dont nous venons de parler. Ses Commets,
qui ne préfentent preiqu’une feule couche de
pierre calcaire grenue , font couverts de bois» La
pierre calcaire eft fort molle » & fe taille aifément
pour la conftruCtion des bâtimens. On y voit fur-
to^itdes turbinites & rarement des peètinires.
Près d’Achmetfchet la pente» des. montagnes eft
trèsTenfible. A quinze verftes de là les^montagnes
commencent à fe rapprocher , & a-1 endroit
où paffe l’Alma elles font prefque réunie s,;, en fuite
elles fe réparent de nouveau, & laiffent entr- elles
de longues plaines fort unies.
A. la gauche du chemin de BaCtfchiflary à Ach-
metfchet, on rencontre une’ montagne digne: de
remarque, à caufe de la quantité de cavernes^
pratiquées-dans fes flancs pour la demeure des^an*
ciens habitans de ces contrées. Ces excavations
donnent lieu d’y reconnoïtre un grand nombre de
pétrifications & une compofition analogue a celle
des montagnes des enviions , c’eft*a-dire, une
fuite de couches de pierres calcaires recouvertes
d’une coucha épaiffe de terreau. On peut contempler
cette organifation fur les grands efcarpemens
qui fe préfentent ail' fud, &. où-fe trouvent les
entrées des; cavernes dont nous venons de parler.
Elles ont différentes grandeurs,, mais communément
elles n’ont- pat plus de huit z- dix. pieds d é-
lévation. On rencontre dans plufieurs des pierres
creufées en forme de baquets , qui reçoivent
l’eau par une ouverture- pratiquée au haut de la
caverne. D^autres offrent, dans les- murs , des-
fûfles eiï forme de carrés aiongés, creufees aufli
dâns la pierre &• comblées’ de' terre’ , ou font
dépofés les corps-d'es habitans de ces cavernes.
Les montagnes du cercle de BaCtfchiffary différent
dte'toutes lies* autres de:la- chaîne de» devant
par lèur* forme 8* la nature de leurs matériaux;
Les bancs de pierres ealcairâVdont elles font corn*
pofées, font couverts, à leurs pieds, d’argile
mêlée de débris de pierres calcaires & même de
craie ou chaux de coquillles qui fe font répandues
à la furface de toutes les vallées qui font entre les
montagnes. Les Commets nus de part & d'autre
font terminés en plates-formes dont les bords font
taillés à pic , & qui préfentent des fentes perpendiculaires
fort larges. Ces couches font d’autant
plus remarquables, qu’elles furpaffenten épaif-
feur toutes celles des autres montagnes. On peut
d’ autant mieux s’aflurer de ces détails , (ju’il s’en
eft détaché de gros blocs qui font ifolés & qui
femblent des portions de murs. On trouve aufli
dans ces montagnes plufieurs cavernes pareilles à
celles dont nous avons parlé, & dont quelques-
unes font à plufieurs étages. Une de ces cavernes*
qui eft creufée dans la montagne de Manghoupa,
la plus.élevée-des montagnes du milieu , offre fur
fes murs du falpêtrede Houflage, très- blanc, produit
viliblement par le mélange des vapeurs du
fumier, avec lai p erre calcaire, car les habitans de
Manghoupa y gardent encore leur bétail.
En général, nous devons obferver que toutes
ces montagnes ont bien le cara&ère de celles à
couches horizontales , car elles font terminées à
leurs loijimets par des plates-formes unies, dans
un> plan exactement horizontal , & formées de
bancs fort épais. Ces phénomènes conftans fe remarquent
partout aux-environs de Manghoupa &
d’ inkermam
A fi» verftes d’ Inkerman , vers le fud-eft , le
j fmeCbisou l’argile à foulon qu’ on tire du fein dé
la terre mérite d’être remarqué. Les femmes
tattares &• turques- en font ufage dans les bains
pour fe laver la tête : on en porte une quantité
• confidérable de Boulaclava à Conftanrinople. On
l’a tiré d’abord de Sobli, village voifin d’Alma,
où il av.oit été découvert } mais cette mine eft
prfcfqu’épuifée. On 1-extrait à préfenxprès du village
de Beikirmane , fur la pente d’ une colline
compofée de marne crétacée , commune à toutes
les=montaghes crayeufes. On y a creufé des puits
de huit à dix fajènes de profondeur pour en tirer
le fmeClis.
Le premier lit qu’ on trouve en creufant ces
puits eft de la marne* crétacée en couches fuivies:
vient enfuite une marne à foulon grifatre, propre
à dégraifferdes laines dans les foulons. Souscelle-ci,
au- fond même , fe trouve le fmeétis : il eft d’un
gris'foncé ou d^un vert d’olive tant qu’ il eft humide
} il eft compofé de différens feuillets remplis
de points brillans. A mefurequ’ il fèfëche,il devient
d’ un blanc-jaunâtre. Ses principales propriétés
fontdrêtre fort doux au toucher-1, d’écumer dans
l’eau- lorfqu’oiï l'a réduit en-poudre; erifrr, d’ab-
fotber Ehuile &• les gtîwffes : auffi l’emplbie-t-on
avec fticcès pour-' enlever les taches d’es draps
& des-étoffes de-laine, même pour-blanchir le
linge ; mais pour lors il eft nécefiàirede le délayer
• dans de la leftîve.
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