
fîtués ail milieu des marais, où l'air eft châtié de
vapeurs humides & mal-faines , où les habitans
font fujets à des fièvres & à d'autres maladies dépendantes
vifiblement de cet état habituel de l’at-
mofphère, les autres patties de cette vallée font
fort faines. Les hommes y font robuftes, & y
vivent long-tems. Cependant nous devons remarquer
ici qti il y a une différence frappante entre
les habitans de la rive feptentrionale du la c , &
ceux de la rive méridionale. Les premier« font
bien conftiués ; les femmes mêmes, quoique partageant
avec les hommes les travaux rudes & pénibles
de la culture, y font fort belles, tandis que
les hommes & les femmes de la rive oppofée font
* îi *ie laideur marquée, & d’une mal-propreté
®gale_ a leur laideur. Il n’eft pas douteux que la
différente conftitution du fol & de l’atmofphère
dans les terrains de ces deux rives , ne produife
cette différence dans la conftitution des habitans.
C e contrafte eft d’autant plus frappant, que ces
deux cantons étant très-peu éloignés, le rapprochement
& la comparaifon des effets qu’on y eb-
jerve font plus faciles à faire , & conduifent plus
furement à la détermination des caufes.
Cette vallée éprouve quelquefois des hivers
allez rudes , & , dans ce cas, le lac de Bienne fe
gele en entier.
Marais qui bordent les lacs de Bienne, de Neuchâtel
6* de Mo rat au nord-eft.
Vers les extrémités feptentrionales des trois lacs
de Neuchâtel, de Morat & de Bienne, on trouve
des marais très-confidérables, dont le fol eft encore
en partie pénétré d’eau, & q u i, tous les î
printems, font inondés de manière que ces lacs I
femblent alors réunis, & que le pays de Vuilli,
fitné entre le lac de Morat & celui de Neuchâtel,
& la côte orientale du lac de Bienne., forment des
lies au milieu de cette grande étendue d’eau. Si
l’on confidère que ces marais s’exhauffent continuellement
par les dépôts des rivières dont nous
avons parlé, & des rorrens qui viennent des hauteurs
fituées au fud de ces marais, les traverfènt
en tout fens pour fe rendre aux trois lacs j que,
dans les endroits où l’on a pu fonder à d’affez
grandes profondeurs , on a trouvé le même fond
de couches fucceflivement argileufes & grave-
leufes remplies de cailloux roulés, comme on le
trouve fur les bords des lacs mêmes 5 fi, drs-je,
on rapproche toutes ces circonftances, on fera
porté à croire que les trois lacs n’ont pas toujours
exifte féparement, 8r qu ils ont formé autrefois
une feule maffe d’eau contenue dans un feul baffin,
& que ce baifin étoit même plus «tendu que ne
pourroit être actuellement Ja fournie des trois. Ce
n'eft que par la formation lente & fucceffive des
deux digues du lac de Neuchâtel & de celui de
Mora t, que leurs baffins ont été diftingués.
Au milieu de cette étendue d’eau * on .ne voyou
que des îles détachées du continent, & formées
de couches fui vies comme le pays de V u illi, les
hauteurs qui font à l’orient du lac de Bienne, auxquelles
il faut ajouter cette fuite de collines b a fies
qui, de l ’extrémité des deux pointes de Sugi &
d’Anet, s’élèvent au deffus des marais & des ater-
riflrmens, & dont l’ organifation eft Semblable aux
terrains primitifs que l'on peut diftinguer aifémen.t
des dépôts & des aterriffemens placés à côté.
Si l’on fonde à une certaine protondeur deffous
ces dépôts, on trouve le fond primitif, qui eft le
même que deffous les îles dont nous venons de
parler, Ôc, à une certaine profondeur dans le baffin
des lacs, on le retrouve, en plulieurs endroits , à
trente ou quarante pieds fous la furface des terrains
marécageux $ ce qui prouve que la vallée
inondée, dans les anciens tems, étoit creufée à
cette profondeur, & que les matériaux amenés
par les eaux l’ont comblée fur toute cette épaif-
feur, comme cette même catife continue à l'ex-
hauffer fous nos yeux.
La furface de ces marais préfente d’abord une
terre noire, enfuite une terre jaune martiale ; plus
bas une terre d’ un jaune ocreux & mêlée de parties
noires, de débris de végétaux, d’où il réfuite
une tourbe limoneufe martiale. On trouve cette
efpèce de tourbe, en plulieurs endroits, toujours
mêlée de veines ocreufes. Ces dépôts de fer occupent,
à une certaine profondeur, de grandes étendues
de terrain, & ils fe montrent à découvert
dans les endroits qui ont été creufés par les eaux
courantes. Quelques-uns des grains de cette tnine
de fer limoneufe ont pris la forme des racines &
des plantes fur lesquelles elles ont été dépofées.
Nous obferverons que tous ces dépôts de fer ns
font pas patticuliers à ces marais fabloneux , &
qu'ils fe rencontrent dans tous les amas fuperfi-
éiels de fables qui font inondés, fort par les eaux
courantes , foit par les eaux pluviales. ( Voyeç
àllioste , Roussette , & c . )
Dans plulieurs endroits de ces marais, quelquefois
à la furface du fo l, ailleurs s uqe profondeur
de fix à fept pieds, on trouve des troncs d’ arbres
plus ou moins longs, noirs, durs, fembiables à
ceux dont nous avons parlé ci-devant. Ils ont paru
couchés, le plus fouvent, dans la direction du
nord-eft au fud-oueft.
Ii eft très-remarquable que ces bois foflîles foient
tous de l’efpèce des chênes, & cependant on n’en
voit plus aujourd’hui un feul dans cette,plaine, où
l’on ne trouve d’autres bois que quelques bouquets
de faules & d'aunes.
De ce qui vient d’être dit ci-deffus, que les trois
lacs femblent avoir été réunis autrefois, & qu’ ils
le font encore en quelque forte tous les printems
par les débordement annuels & la fubmerfton des
plaines qui lesdivifent, il s’enfuit que leurs digues*
furtout celles qui féparer.t les lacs de Neuchâtel
| & de Morat l'un de l’autre, & du lac de Bienne *■
‘ fe font formées infenfiblement par les amas., de
fables que les rivières, qui peuvent agir dans les
intervalles de ces lacs, y ont accumulés ; que c'eft
par la luite du même travail des eaux que ces lacs
fe comblent chaque jour j que leurs bords fe ref- ;
ferrent par des aterriffemens dont les progrès font
fenlibles & très-marqués dans certaines circonf- ,
tances.
A la fuite de tous ces faits & de a s événemens, •
on peut rechercher ce que devient la malle des
eaux des rivières qui fe déchargent dans les lacs.
S’il eft avéré que leurs badins diminuent d'étendue
& de capacité, ne peut-on pas dire que fi certains :
bords des lacs s’envafent, fe comblent, fe rtffer- j
rent par les amas de fables que des circonftances !
favorables y accumulent, comme nous l’avons in- j
diqué ci-deffus, les eaux des lacs minent d’autres j
bords , les creufent toujours peu à peu , & même !
les parties du fond qui avoifinent le milieu , de
manière que leurs badins, non-feulement s’élar-
giflent auffi fur quelques rives, mais même s’ ap-
profondiffent de plus en plus, & peuvent contenir
à peu près la même quantité d’ e-au ? C ’eft peut-être
a cette aébion profonde des eaux qu’on doit attribuer
les variations "qui arrivent dans le fond des
lacs, & ces excavations locales que la fonde y a
fait connoître , & qui font fi étonnantes.
D’ailleurs, n’eft-il pas poftible que les eaux,
refierrées & trouvant des badins moins étendus,
s’élèvent infenfiblement, & ce qui même, dans
tous les cas, doit être en raifon de l’exhauffemént
de la digue des lacs, qui foutient l’ eau à un niveau
variable comme elle ? On ne peur objtéter ici l’opinion
générale contraire à cette fuppofition 5 car
ces variations dans le niveau doivent être très-
lentes, comme toutes les grandes opérations de la
nature. Elles ne s’opèrent pas non plus peut-être
dans le même fens, parce qu’elles dépendent auffi
de la quantité d’eau fournie par les rivières. Au
refte, tous ces effets fi naturels, fi liés avec les
autres phénomènes que préfentent les grands lacs,
fi conformes aux lois du mouvement des eaux,
n’ont pas encore été remarqués partout où ils ont
lieu & comme il convient, faute d’obfervateurs
intelligens & attentifs qui font partout fi rares.
BIENTINA. C et endroit eft remarquable par
un lac qui a environ trente ffiilles de circuit. On
peut le divifer en deux parties -, l’une qu’ on nomme
le Ckiaro (le C la ir ) , & l ’autre P adule ( le Marais).
Le Chiaro, qui en occupe le milieu, mérite feul
le nom dé lac : il eft profond, toujours rempli d’ eau
claire fournie par des fources qui jailliffent du
fond, & par des foffés qui s’ y déchargent après
avoir dépofé fur les bords le limon dont leurs eaux
font chargées. On n’y voit point de plantes aquatiques.
Le tour du lac fe nomme Marais, parce
cju’après les pluies d’hiver il refte entièrement
inondé , & que plulieurs ruiffeaux portent tant
d'eau au la c , qu’il augmente de près de deux
braffes, & qu’il couvre, non-feulement les canaux 1
de ces ruiffeaux, mais même qu’ il inonde les campagnes
voifines jufqu’à Bientina & aux collines ,
furtout quand l'Arno grofli empêche la Serezza,
oui eft le trop plein de ce la c , de verfer fes eaux
dans le lit du fleuve. Dans l’été le Padule ou Marais
fe delfèche , & fe remplit de plantes aquatiques
très-hautes. Les racines de ces plantes, principalement
celles des rofeaux , s’entrelacent les unes
avec les autres, fe couvrent de vafes & de feuilles
pourries fur Iefquelles naiffent d’autres planres,
& forment ainfi une efpèce de gazon qui a une
certaine denfité. Quelques-uns de ces gazons acquièrent
une grandeur confidérable j & lorfqu’ ils
font agités par les vents ou par quelqu’autre caufe,
ils flottent, & font portés çà & là par les vagues 1
du lac. Ce fo n t, en un m o t , de vraies îles flottantes,
comme ces îles fameufes tant admirées des
Anciens, & furtout par Sénèque dans fes Queftions
naturelles.
■ Toutes les eaux des plaines adjacentes fe réunifient
dans ce lac par quinze-torrens qui y portent
Une grande quantité de iimon , qui doit néceffai-
rement rehauffer peu à peu le fond du marais, &
il doit arriver enfin qu’il fe remplira totalement,
& que cette partie deviendra une plaine propre à
être enfemencée. C ’eft ainfi que les marais d'Af-
ciano & d’Agnano font devenus des plaines fertiles.
Il paroît même que ce marais eft plus petit
aujourd’hui qu’ il ne i’étoit autrefois. Un hiftorien
de Lucques nous apprend que, dans l’armée 118 1 ,
on fit à la commune de cette ville un abandon des
terres hiffées par les marais de Lavano , de Guif-
ciano, & comblées par les eaux dePifcia, de Cer-
baria & du marais Sextus ce marais eft celui de
Bientina. Tous ces marais font une preuve du travail
d’alluvion opéré par les eaux de 9 rivières qui
s’y jettent ou qui les traverfent. ( wMÈL l'article
M a r a i s , )
BIENVALT ( Forêt d e ) , département du Bas-
Rhin, canton de Lauterbourg , entre le Rhin , le
Lauter & Lotterbach. Elle a dix mille huit cents
toifes de lo n g , fur citîq mille toifes de large, à
fept lieues nord-eft d’Haguenau.
BIENVILLERS-AU-BOIS, bourg du département
du Pas-de-Calais , canton de FoucquevilJers,
à quatre lieues a Arras. On y fabrique de l’huile
de colfat dans des moulins difpofés à ce fujet.
BIERBEECH, village du département de la
D y le , canton de Louvain. Son territoire abonde
en grains, en pâturages & en bois.
BIERULIET, ville & fort du département de
l'E fcau t, canton d'Iffendick, au bord de l’ Bfcaut,
à une lieue un quart eft d’Iffendick. L’ïle dans laquelle
cètte fortereffe eft fituée. lui a donné fon
nom. Le i l novembre 1377, la mer fubmergea
S z