
ficie du fol , en eft la caufe pour peu que ce bienfait
inefiimable de là nature foit favorifé par la
culture. On fait d’ailleurs de quelle reflource eft
une eau claire & limpide qui vient réparer à chaque
inftant les pertes qu’occafionnent, dans les
plantes , une végétation abondante. Les fols fa-
bloneux fe prêtent merveilleufcment à cette filtration
bienfaifante & toujours ménagée convenablement.
Nous devons ajouter ici quelques faits qui nous
feront connaître auflî plufieurs détails fur la conf-
tiiution du fol de Calais, d’ après lefquels on verra
de nouvelles circonftances qui concourent à cette
étonnante fertilité de.s fables.
CALAISIS ou PAYS RECONQUIS. C é to it
une petite contrée de la Baffe-Picardie, bornée,
au nord, par la Manche ; au couchant, par le Bou-
lonnois ; au midi , par la Picardie & la Flandre.
Le pays d’Artois forme prefque tout le côté du
midi au levant. Le’ Cala ■ P a U forme du triangle, I
dont les côtes de la Manche forment la bafe. On
lui donné huit lieues dans fa plus grande longueur,
& environ autant dans fa plus grande largeur. Ce
petit pays fe divife en haut & bas.
Le Bas- Calaifis règne le long des bords de la
mer. Cette partie renfermoit fept paroifles. Le
Haut-Calaifis comprenoit dix-fept communes.
L’air du .Calaifis eft humide & froid. La terre y
eft coupée de quantité de canaux & de ruiffeaux,
& couverte de marais. Les cantons où il n’y a
point de marais produifent du blé & du lin , &
tout le pays abonde en gras pâturages, dans ief-
quels on entretient un grand nombre de beftiaux.
On y fait beaucoup de beurre excellent. Les ha-
bitans de ce pays ont pour principal commerce
celui de ce beurre, auquel il faut ajouter celui des
chevaux & du lin , productions du pays , & enfin
celui des-vins, des eaux-de-vie & du fei qui arrivent
par le port de Calais. Le Calaifis fait aujourd’hui
partie du département du Pas-de-Calais.
C A L AM O , montagne dans l’île de Milo, l’une
des îles volcaniques de l ’Archipel. Elle eft fituée
au fud-fud-oueft de la ville de Milo. Je la confi-
dère comme un des principaux centres d’ éruption
des feux fouterrains qu’offre la furface de cette
î le , telle qu’elle fe trouve figurée fur les Cartes
qui accompagnent le Voyage dans l Empiré oito- \
man de MM. Bruguière & Olivier. Cette montagne
n’eft pas bien élevée. Quand on en approche
& qu’ on en parcourt différentes parties, on rencontre,
en plufieurs endroits, des terres volcaniques,
mêlées de fragmens nombreux de pierres-
ponces. Avant d’arriver au fommet on eft averti,
par l’iffue de quelques exhalaiions & par les odeurs
du foufre, de la préfence des feux fouterrains. Un
peu au deffous de la cime conique de la montagne
, on apperçoit un déchirement d’une certaine
étendue qui s’eft fait au milieu d’ un maifif
de laves compactes , & qui eft recouvert d’une
croûte faline dans laquelle on enfonce quelquefois
jufqu’à mi-jambe. On y voit auflî des trevaffes
d’ou il s’exhale une fumée très-fétide,■ & d'ailleurs
, en quelqu’endroit qu’on creufe , la chaleur
y eft fi forte, qu’ il eft impoflible de tenir la main à
un pied de profondeur; & enfin, lorfqu’on enlève
la croûte faline, on trouve deffous du foufre fu-
blimé en belles aiguilles jaunes d’une très-grande
fragilité , & qu’on ne peut conferver dans cet
état.
Il s’ élève de la fumée des fentes multipliées qui
.fe trouvent dans les rochers voiftns, & même, un
peu.plus lo in , une autre bouche préfente des
bourfouflurés d’une matière blanche, femblable à
la terre cimolée plus ou moins chargée d’ alun.
Diverfes autres ouvertures rendoient une odeur
fulfureufe tellement forte, qu’on pouvoit à peine
refpirer dans le voifinage. Enfin , on fentoit fous
les pieds la chaleur du fol de cette montagne..
Par toutes ces obfervations on reconnoît aifé-
ment que la montagne de Calamo eft fort échauffée
vers fon fommet par les feux fouterrains, & que
.les effets de ces feux, & furtout des évaporations
falines ou fulfureufes, annonçoient une décompo-
fition des fubftances primitives intaCtes, ou meme
des laves compactes, en une terre blanche que l’on
peut pétrir à volonté, & qu’on obtient dans cet
état avec toutes les propriétés de la terre cimolé
e , phénomène déjà reconnu depuis long-tems
aux environs du Véfuve & de la Solphatare., ( Voye% Milo. )
C A L ARON ( l e ) , rivière du département des
Baffes-Alpes, canton de Banon , près duquel elle
prend fa fôurce. Elle coule au fud , puis à l’ oueft,
arrofe A p t, & va fe jeter dans la Durance à une
demi-lieue au deffus de Cavaillon, & à quinze
lieues de fa fource. C e n’eft en général qu’ un torrent
qui caufe fouvent de grands dommages aux
terres qui i’avoifinent.
CALASERAIGNE ( I le d e ) , du département
des Bouches-du-Rhône , arrondiffemenc de Mar-
feille , à trois lieues fud-fud-oueft de cette v ille ,
& à trois quarts de lieue fud-oueft de la côte. Elle
a du nord au fud trois cents toifes de long, fur
cent cinquante toifes de large.
C A L CU T A ( Rocher brûlant de ) . M. Plaitter,
qui a pris pofleflion, au nom de la compagnie des
Indes , de la province de Chetagou , cédée, par le
nouveau nabab, à cette compagnie, fait mention
de deux phénomènes intéreflans qu’ il y avoit ob-
fervés. « Après avoir, dit-il, marché pendant cinquante
quatre milles dans les premiers jours de
l’année 1761, il arriva à la ville appelée Jffamabad,
capitale de cette province. Il vit un rocher brûlant
qui exhaloit continuellement une flamme
i légère de plufieurs endroits , & qu'on .pouvoit
éteindre
éteindre pendant quelque terns; ce qu’il fit, 83 il
trouva pour lors que la flamme fortoit par d’autres
endroits. Les habitans du pays lui affinèrent que
la flamme ainfi éteinte fe rallumoit d’elle-même. »
' En revenant de Chetagou à Lukipore, il revit
le rocher qu’il trouva fort dur, & qui ne paroif-
foit contenir aucune matière combuftible. Un
morceau de ce rocher, éclaté près d'un endroit
enflimmé & fortement échauffé , ne diftilloit aucune
matière fulfureufe, ne jetoitaucune fumée ,
ik la chaleur étoit infenfible à fix pôuces de l’endroit
enflamme;
L ’autre phénomène intéreffant eft un puits fi-
tué dans les montagnes , environ à quatre milles
du fud du rocher, dont la furface eft toujours enflammée.
Les habitans l’ont environné d’ un ouvrage
de briques, qui a la forme d’un tuyau de,
cheminée, leqm 1 raffemble la flamme en un point >
& en augmente l’iutenfité. La flamme fort, auflî
avec l ’eau par quelques trous laifïes dans la clôture
de briques ; & eft conduite dans une citerne.
L’eau bouillonna dans cètte citerne, & n’eft cependant
que tiède auprès de la flatnme. Sur le
puits on a bâti une pagode qui eft tonftammeni
pleine de. fumée , comme aux eaux de Bath en
Angleterre. Le goût de cette.eau eft à- peu près
le même que celui des ëaux de ces bains. .
CALDNO’VEN ( Forêt d e ) , département de
la Mofellè’;'. arrondiffement de Thionville , en
deux langues de bois. Celle vers Sierck a fix mille
fix cents toifés-de long, fur deux mille trois cents
toifés de large ; & celle vers Wehwiefe, deux
mille fept cents toifes de long, fur douze cents
toifes de larg-e.
' CALÉDONIE (Nouvelle-) 5 île fituée dans la
mer du Sud. On doit à l’ illuftre Cook la découverte
decette grande Terre qu’ il apperçut le premier
feptembre 1774. Elle eft fituée dans la partie
la plus occidentale de la mer du Sud, & éloignée
de douze degrés de la Nouvelle-Hollande. Ce
pays eft peut-être, la Nouvelle-Zélande exceptée,
la plus grande île de la Mer Pacifique , car elle
s'étend du 19*. de g. 57 min. au 22e. deg. 50 min.
de latitude fud , & du 163e. deg. 37 min. jufqu'au
176e. deg. 14 min. de longitude eft (méridien de
Greenwich). Son giffement eft prefque nord-;
oueft &r demi, oueft & fud-eft & demi eft. Elle à
environ quatre-vingt-fept lieues dans cette direction;
mais fa largeur n’ eft pas conftdérable, & rarement
elle excède dix lieues. C ’eft une "contrée
toute entre-coupée de montagnes de différentes
hauteurs, qui laiffent entr’elles des vallées plus ou
moins profondes, De ces montagnes , s’ il eft permis
de juger c!u tout par les parties qui ont été
vues , fortent une infinité de fources, dont les
eaux, qui ferpentent dans les plaines, portent partout
la fertilité, & fourniffent aux befoins des
habitans. Les fommets de la plupart de jces mon-
Géographie-Phyfique. Tome IIL
tagnes femblent ftériles, quoique les flancs foient
couverts de bois par-ci par-là, comme le font les
vallées & les plaines. La terre étant ainfi coupée
de montagnes, plufieurs parties de la côte ; vues
dans l’éloignement, paroiffent dentelées. On croi-
roit qu’il y a de grandes’ouvertures entré les montagnes
; mais en ferrant le rivage, on trouve que
la terre eft continue', baffe, & formant une lifière
qui règne le long de la côte , entre le rivage & le
pied des montagnes. Il eft à croire qu’ elle eft entièrement,
ou pouf la plus grande partie , défendue
par des récifs de corail, des baffes & des bri-
' fans qui en rendent l’accès très7 difficile & très-
périlleux , mais qui fervent à la mettre à l’abri de
la violence des vents & de la fureur des flots> à
affurer aux pirogues une navigation ai fée & une
pêche abondante § & à former probablement de
bons ports pour •lé-mouillàg# des vaiffeaux. ;
Les parties''nord^èft & fud;eft ont feules été
examinées : le doté'méridional n’a point encore
été reconnu ; -ainfi les produ&ions annuelles, végétales,
& les minéraux que cettet^rre renferme,
offriront vraisemblablement un vafte charrip aux
naturalises qui vifiterônt ces parages. .L'afpeét des.
pins, dans la partie d e 'l’e ft, femble prouver que
la nature du fol Sc les minéraux y font abfolument
differens de ceux qu’on a'obfervés dans les; cantons
qui ont été parcourus.
Le côté fud-eft de 1 île paroît fe terminer par.
un grand cap que le capitaine Gook, a appelé.cap
Coluett, du nom d’un de fes volontaires qui 1er
premier én eut connoiffance ; mais la bande nord-
eft offre un mouillage favorable aux équipages, qui1
y font à l’ abri de tous les vents. Si on approche
trop du rivage; le fond, qui s’élève infenfiblem.ent,
nédonne que trois braflès. A la diftance d’un mille,
la fondé rapporte cifiq brades fond de fable , fans
aucun mélange de vafe.rC ’eftfur cette partie de la.
côte que le navigateur anglais a abordé.: l’endroit
de fon ancrage a été homme la Balade. Les cou-,
rans qu’on y trouve, portent au fud-eft & à i’oueft ,
ou au nord-oueft de l’autre côté ; mais leur effet
n’eft pas bien fenfible, & peut-être encore faut-il
autant l'attribuer aux canaux que forment les marées
, qu’à dès courans réguliers. Dans les canaux
étroits qui féparent les bancs, & dans ceux qui
communiquent à la mer , des marées font très-
fortes ; cependant elles ne font pas monter les
eaux à plus de trois pieds & demi. Le tems de Ja
haute mer à là Balade ; dans lés • fyzygies, arrive
vers les fix heures.
C ’eft du lieu où l’ illuftre voyageur s’eft: arrêté,
que nous, partirons pour jeter un coup-.d’oeil fur
cette portion inconnue du Globe. ■
L’afptél du pays, à mefure qu’ on en:approche,
devient de plus en plus ftérile : il fembîe n'être
couvert que d’une herbe fèche & blanchâtre : les
àïbres, très-clair-lemés fur les montagnes-, pa-
rbjffent tous avoir des tiges blanches, & ils ref-
fcmblent à d e s . faules. O11 n’apperçoit aucune