
pierre ne fait aucune effervefcence avec les acides, .
& fe durcit au feu plutôt que d'y éprouver quel-
qu’altération. Cependant, quoiqu'on n'y trouve
Pas la moindre trace de pyrites ni de parties diflfo-
lubles lorfqu’on la pafle à la leffive, elle a cette
propriété fingulière de fe décompofer dans les
parties de fa fur face expofées au jou r , & de fè
convertir en une pouflière g r ife , laquelle, non-
feulement manifefie un caractère très-diftinû d'acide'
fur la langue, mais encore lorfqu'on fature
l'eau avec cet acide j en forte que cette eau prend
une teinte jaunâtre. Elle entre dans une forte
effervefcence mêlée avec les fels lixiviels , fe
change en tartre vitriolique, & convertit une fo-
lution de noix de galle en une encre pâle. Si l’on
fait évaporer cette eau acide fans autre mélange,
il ne fe manifefte aucune criftallifation, mais feulement
une pellicule grade femblable à celle que
préfente ordinairement le réfidu de ce qu’on appelle
beurre de pierre ( kamenoe-majlo ). Il y a dans
la partie qui borde le ruifleau dont nous avons
déjà parlé, un efpace de douze à quinze toifes de
lo n g , où une portion de la roche d'ardoife, de ta
largeur d'une aune, s’eft convertie , jufqu'à la j
profondeur d’une palme, en une pouflière acide,
telle que nous venons de l’indiquer. Cependant
cette portion de rocher ne diffère en r en du refte
©ù cette pouflière n’eft pas à beaucoup près au'ïi
abondante.
L’autre moitié de cette chaîne rocailleufe eft
compofée de couches verticales, noires comme
de la p o ix , faliffant les doigts, & difpofées en
feuilles ronces & luifantes comme le charbon de
terre > mais elles ne font telles qu'au pied de la
chaîne, immédiatement au deflus du niveau de
l'eau. Plus haut les couches de la roche font grifés ;
& couvertes d’une efpèce de rouille jaune, avec
des tables brunes vitrioliques. La roche noire eft
abondamment entre-mêlée de veines de quartz,
& incruftée de pyrites blanch s j elle a même tous
les cara&ères d’une roche pyriteufe, fe déeom-
pofant au jour, & préfentant çà & là des effloref-
cences blanches qu’ on pourroit comparer à du
beurre de pierre, & qui fe criftailifent fouvent en
très-petites étoiles.
B A SE C LE S , village du département de Jem-
mapes, à cinq lieues oueft^nord-ouett de Mons.
Dans ce canton il s’exploite une pierre noire, qui,
par fen grain , eft femblable au marbre, fans être
fufceptible de poli.
BASEE. Nous ferons connoître ici la nature du
fol depuis Schaffaufen jufqu'à cette ville. Les terrains
aux environs de Schaffaufen font de galets
couverts de terre argileufe, & les roches font de
pierres calcaires. On pafle par un vallon & une
plaine bien cultivés, bordés de monticules boifés :
de tems à autre on trouve des mafles d'agrégations
de galets. Le lit du Pvhin eft dans un maflif |
de galets agglutinés, au lieu que celui de l’ Aar,
qui fe jette dans le Rhin vis-à-vis de Waldshut,
eft creufé dans des roches calcaires, qui ne font
compofées que d'entroques : on fait que ce font
les débris du palmier marin. Après Waldshut on
trouve l’ufîne d’Alpbruck , qui eft un bel établit-
fement. Le pays eft plus ferré aux enviions de
cette ufîne. Les hauts font boifés, les roches
fehifteufes , & compofées de quartz Sr de mica :
la fuperficie des terrains eft de galets couverts de
terre argileufe. Aux environs'' d^ Lauffingen, on
trouve des plaines cultivées. Il y a une grande
quantité de cerifiers : on y fait de l’eau-de-vie de
cerife ou du kirfckenwaffer*
Le Rhin eft fort encaiffé à Lauffenbourg, entre
des roches fehifteufes, quartzeufes, & quelquefois
micacées. Dans les cavités de ces rochers les galets
s’y font logés & agglutinés, & forment eprps avec
l ’autre roche. Le pont eft bâti fur des roches ab-
folument quartzeufes, qui font fort dures, & dans
lefquelles le Rhin s’eft creufé un lit fort étroit, où
il pafle avec une rapidité extrême : on y pêche
au (fi le fa u mon.
A Rheinfelden, le fond du lit du Rhin eft de
roche calcaire, dont on diftingue facilement les
couches. Les bords du Rhin du côté de la Souabe
font aufli de la même nature de pierre j mais à une
très-petite diftance du pont, c’ eft de la pierre de
fable rouge, couleur de rofe-blanchâtre & verdâtre
: elle eft aufli par lits horizontaux bien furvis.
Parmi ces lits il y en a d’autres d’une terre argileufe
, d’un rouge-foncé , feuilletée & durcie. Le
grain de la pierre de fable varie quant à la grof-
féur : ce font de petits quartz agglutinés enfemble,
dont les plus gros font comme des pois. Elle varie
outre cela quant à la liaifon de fes parties & à fa
dureté. Après être forti de Rheinfelden, les terrains
font toujours des galets, & les roches des
pierres calcaires. Le Rhin coule au milieu de roches
formées de galets agglutinés dans les environs
du village d’ Augft.
La ville de Baße, partagée par le Rhin qui eft
fort large & aflez rapide, eft conftruite avec de la
pierre de fable diftribuée par couches différemment
colorées, & qu’on tire des environs. On
emploie, pour faire les voûtes, de la pierre de
tu f, dont la carrière eft à un quart de lieue fur la
Birfe. On a cru que cette rivière ch/ârioit une
grande variété de pierres, parce qu’elle fe trouve
dans le confluent de cette rivière avec le Rhin ;
mais fl l’on remonte cette rivière à une lieue feulement,
on trouvera qu’ eile charie des pierres calcaires
, & peu d’autre nature. La variété des cailloux
ou pierres roulées qu’on trouve à l’embouchure
de la Birfe, & qu’on a fauffement attribuée
aux tranfports de la Birfe, vient d’une plaine au
deflus, ou , pour mieux dire, d’un terrain qui n’ eft
qu’un dépôt immènfe de galets ou d’autres pierres
roulées, dans lequel les eaux torrentielles de la
pluie fe font ouvert un paffage, & y ont formé un
ravin qui , dans les grandes averfes, entraîne ces
galets jufqu’au bas de la Birfe. C e torrent vient
du côté de Murtens, à une lieue de Baße. 11 eft
remarquable que la partie fupérieure du terrain
n’offre que des pierres calcaires roulées, & que
les roches apparentes dans les environs foient aufli
calcaires, & compofées en grande partie d’ooli-
thes. Le fond eft un amas de belles pierres roulées,
infiniment variées, qui s’y trouvent diftribuées par
couches, avec d’autres couches de graviers & de
fables. On peut y ramafler une belle fuite de granits
variés, & quant aux élémens, & quant aux
couleurs} des pierres fehifteufes avec des raies
alternatives de quartz & de mica ; d ’autres avec
des bandes de fchorl; des pierres ollaires vertes j
des jafpes de toutes couleurs $ des poudingues ou
agrégations de cailloux de différentes fortes j du
Terpentin vert ou porphyre v e r t, avec des taches
verdâtres de feld-fpath.
Le canton de Baße & fes environs font très-
riches en fofliles. On y trouve de belles fuites de
madrépores, des cornes d’ammon, des bélemni-
tes, & c . toutes îicheffes naturelles bien connues
à Baße t 6c bien décrites par leurs naturaliftes.
Basle (Fontaine de ). La fontaine qui coule à
Baße dans le Gerberfiraffe (ou la rue des Tanneurs),
depuis la montagne de Saint-Léonard, eft d’une
couleur bleuâtre 6c un peu trouble , imprégnée de
cuivre , de bitume & d’antimoine 5 environ trois
parties du premier, une du fécond, & deux du
troifième. Les tanneurs trempent leurs peaux dans
cette eau j & comme elle eft falutaire & de bon
g oû t, on en boit beaucoup, & l’on s’y baigne.
Elie fe mêle avec une autre eau de fource qu’on
appelle le B/rßck, & fe jette avec elle dans le
Rhin.
La ville de Baße abonde en eau de fource ; il y
en a deux de plus remarquables que les autres : un
les appelle Bandulph’s-Well, & Brun-^um-B runnen.
La première , qui a une qualitécamphrée & defle-
chante, eft connue pour un remède contre l’ hy-
dropifie. La fécondé contient un peu de foufre,
de falpêtre & d’or j elle eft excellente à b oire, &
les habitans en font grand ufage.;
BASOUGES-LA-PÉROUSE, bourg du département
d’ Ille & Villaine , canton d’Antrsin. La
pierre dite de landraffe, que l ’on exploite près de
Bafouges, eft eftimée pour les conftruélions, &
furtout recherchée par les Suédois , parce qu’ ils
s’en fervent pour recevoir le cuivre fondu qu’ ils
mettent en faumons.
BASQUES (Pays d e s ) , ci-devant petite contrée
de France , vers les Pyrénées : on le compre-
noit fouvent dans la ci-devant Gafcogne. Il ren-
fermoit trois petites contrées aflez remarquables ;
fevoir : le Labour, la Baffe-Navarre & le pays de
M e . Bayonne étoit la principale ville de la première
contrée, Saint-Jean-Pied-de-Port de la fécondé,
& Mauléon de la troifième. C e pays fait
actuellement partie du département des Baffes-
Pyrénées. Nous parlerons à cet article de tout ce
qui concerne fon hydrographie, qui occupe une
partie intéreffante des Pyrénées.
BASSÉE ( la ) , ville du département du Nord,
fur la Deule. Les environs de la Baffée donnent
des tourbes très-eftimées dans le pays. Il s’y fait
• d’ailleurs un commerce de beftiaux & de grains ,
outre celui de la tourbe qu’on extrait avec a r t, &
qu’on prépare avec une grande intelligence. Il
feroit à defirer que, dans les environs de Paris, on
connût cet art.
BASSÈRE ( la ) , village du département des
Hautes - Pyrénées, arrondiffement 6c canton de
Bagnères. Soais le village de la Bafsere, fur la rive
gauche du ruiffeau qui fe joint au Gailrefte , il y a
des couches de fehifte un psu nuancé & de fehifte
gris, qui fe fépare par feuillets. Elles fe prolongent
par le domaine dépendant de Lacoume, rriai-
fon bâtie fur des couches de fehifte gris. L’églife
de la Bafsere eft fîtuée au pied d’ une colline calcaire
, dont là coupe eft aride dti côté du fud-
oueft. Après l’églife, il y a des courbes verticales
de fehifte gris, lefquelles fe délitent par lames.
BASSES TERRES. On nomme ainfi certaines
plaines de l’Amérique feptentrionale, par oppo-
fition à de hautes terres ou hautes plaines qui fe
trouvent dans la même portion de ce t hémifphère.
Ces baffes terres font fituées entre le pied des fnonts
Apalaches & la me r , particuliérement dans la Vir-
: ginie & dans la Caroline. 11 paroi t qu’elles ont été
occupées autrefois p r l’Océan > car dans plufieurs
endroits on trouve un grand nombre de petites
collines compofées en partie de coquillages. Ces
; mêmes dépouilles des animaux marins fe trouvent
j aufli au deffous de la furface de.s plaines, dont le
fond fait partie du même dépôt fous-marin. Près
! du Mifliflipi, à la latitude de 3 r deg. 28 m., depuis
1 cinquante à quatre-vingts pieds de hauteur, on
rencontre, toujours en creufant, du fable & des
coquilles fofliles de la même efpèce que les co-
j quilles qû’on ramaffe fur les rivages de la mer près
de Penfacola : le tout eft recouvert d’une couche
épaifle de glaife ou de marne , & au. deflus eft un
lit d’une riche tçrre végétale. D ’après l’état de ces
dépôts on a eu tort de dire & d’écrire que cette
,| partie du Globe étoit nouvelle, & nouvellement
I découverte par la mer, &r q ue , fous ce rapport,
j elle -devoit être confédérée comme appartenant au
I Nouveau'Monde. Cependant on voit dans ,l’ An- 1 cien-Monde, en plufieurs endroits de l’Europe &
; de la F rance même, des amas de coquillages fofliles
j femblables à ceux d’ Amérique î aufli, d'après ces
j dépôts, a-t-on cru que l ’Europe étoit un pays noa-
1 veau, & nouvellement abandonné par la mer. Cés
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