
efpèces de noyers. Tous ces arbres font ici un
indice de la plus grande fertilité j ce qui n’a pas
lieu dans les contrées de l’oueft.
Les meilleures habitations à riz font établies
dans les grands fwamps des rivières, qui en facilitent
l’ arroftment à volonté. Les récoltes y font
abondantes, & le riz qui en provient, dépouillé
de fa balle, eft plus gros, plus tranfparent, & fe
vend plus cher que celui qui croît dans les terres
moins humides, où l’on n’a pas les moyens ou la
facilité des irrigations. La culture du r iz , dans la.
partie méridionale & maritime des États-Unis, a
beaucoup diminué depuis quelques années ; elle
a é té , en grande partie, remplacée par la culture
du coton , qui donne de plus grands bénéfices aux
planteurs 5 car ils eftiment qu’une bonne récolte de
coton équivaut à deux de riz.
Le fol le plus propre à la culture du coton fe
trouve dans les îles muées fur la côte. Celles qui
dépendent de l’État de la Géorgie produifent le
coton le plus eftirhé , & q u i eft connu en France
fous le nom de coton de Géorgie , laitie fine ; en
Angleterre , fous celui de fea ifland cotton.
■ Dans toutes les habitations on cultive aufli du
maïs, dont la récolte eft en grande partie deftinée
à nourrir les Nègres pendant neuf mois de l’année.
On leur en donne environ deux livres par
jour, qu’ils font cuire à l’eau après l’avoir groflié-
rement concalTé. Les.trois autres mois on leur distribue
des patates douces. Jamais on ne leur donne
de viande. Dans les aurres parties des États-Unis
ils font mieux traités,& vivent à peu près comme
leurs maîtres, fans avoir de rations déterminées.
Le climat des baffes Carolines & de la Géorgie
eft trop chaud en été pour être favorable aux
arbres fruitiers d’Europe, & trop froid en hiver
pour convenir à ceux des Antilles. Le figuier eft
le feul arbre qui y réuflïfle affez bien. Aux environs
de Charleftown, & fur les î ‘es qui bordent la
c ô te , les orangers paffent l’hiver en pleine terre,
& font rarement endommagés par les troids j mais
à dix milles de diftance dans l’ intérieur, ils gèlent
tous les ans jufqu’à ras terre, quoique ces contrées
foient fituées fous une latitude plus méridionale
que Malte & Tunis. Les oranges que l’on
récolte en Caroline ne font pas bonnes à manger ;
celles qui s’y confomment, viennent de file Sainte-
Anaftafie, fituée vis-à-vis SaintÀuguftm., capitale
de la Floride orientale. Elles font douces, très-
grofleSjOnt la peau fine, & font plus eftimées que
celles qu’on apporte des Antilles.
CARPATHES (M o n ts ). La maffe montueufe
que l’on nomme en allemand Karpatfcken- Gebirge,
en français Carpathes , & en langue efclavonne
Tartri, a environ deux cents lieues de longueur.
Elle commence à s’élever en Tartane, fe continue
en paffant par l’extrémité feptentrionale de la
Tranfilvanie, d’où elle va former une enceinte
remarquable qui encoure une partie de la Hongrie^
en fe dirigeant un peu vers le nord-oueft jufque
dans le comitat deZypfer. Là cette maffe fe divife
en deux autres, dont une continue fa marche pour
traverfer la pointe méridionale de la Siléfie, & fe
terminer en Moravie, tandis que l’autre, fe courbant
vers le fud-oueft, v a , en pente douce, fe
terminer aux environs de Presbourg.
La partie la plus élevée de cette mafTe eft celle
qui fe trouve dans le comitat de Zypfer, & qui
fépare la Hongrie de la Pologne. C ’eft une fuite
& un âffemblage de hauts foromets, dont quelques
uns font couverts de neiges qui s’y foutien-
nent routé l’année. Ces fommets régnent pendant
un efpacc de quinze â vingt lieues, & dominent,,
d’ une manière tiès-marquée, fur le refte de la
chaîne. Cependant ils fe terminent par une pente
roide & rapide du côté de l’oueft, & par une
dégradation infenfible du côté oppofé. Comme
cette partie des Carpathes eft la feule que nous
parcourons dans le deffein de faire connoitre l’or-
ganifation de cette maffe montueufe, c’eft la feule
que nous allons décrire d’une manière particulière.
Les monts Carpathes n’ont été long-tems un objet
d’admiration que pour les habitans des environs.
Le laboureur ne v o y o it, dans quelques parties
habitables, que des terres à cultiver, le chaffeur
des daims à tire r , & le mineur des mines à exploiter.
Quelques favans les avoient examinés de
loin ; perfonne n’avoit ofé les parcourir. Ce ne fut
qu’en 1615 que David Froelich eftaya de les grav
ir , & qu’il parvint, avec beaucoup de difficulté,
à une des pointes de ces effroyables montagnes,
fituées fur le territoire de Kapermarck. Ses obfer-
vations font décrites, avec beaucoup de foin, dans
fa Medulla géographie. praticA, ainfi que les difficultés
qu’ il a éprouvées pour y parvenir.
A celui-ci fuccéda Georges Buchholz , q u i, en
1664, fit un voyage fur la pointe du Schlagendorf.
; Ce voyage eft décrit dans les relations du favant
Mathias Lebel.
Dacian a décrit, avec beaucoup de gaîté, un
voyage qu’il dit avoir fait, pendant trois jours >
avec cinq étudians & un guide, dans les montagnes
des Carpathes. Ce voyage, imprimé en 1683
dans fa Peregrinatïane Scipufienfi, quoique bien détaillé
& bien circonftancié, paroît cependant douteux
aux perfonnes qui ont parcouru ces montagnes.
l e R. P. Pierre-Étienne Éfiba, de la Compagnie
de Jéfus, a publié, en 1700, un ouvrage imprimé
! à Tirnau, fous le titre de Dijfertatio hifiorico-phy-
fica de montibus Hungarie, duquel on de voit efpérer
quelques nouveaux détails, mais qui ne fe trouvent
malheureufement qu’une compilation des defcrip-
tions qu’en avoit données David Froelïeb. Les
feules chofes neuves que le Père Éfiba s'eroit
permis d’ y ajouter, font des développernens ab-
fïirdes d’obfervations fâuffes , femblables à celle
dés ours blancs qu’ il dit habiter ces montagnes,
& dont il attribue la couleur à celle de la neige !■
que la mère avoit devant elle lors de la conception.
. :
Le favant Mathias Lebel eft le premier qui ait
raffemblé toutes les obfervations qui avoient été
faites féparément fur les montagnes du comitat 1
de Liptauer, pour en faire un corps d’ouvrage
qu’ il a fait imprimer dans fesNotitiaHungarÎA nova.
On voit qu’il s e l f encore fervi , dans ce raffem-
blement, des deflïns que Georges Buchholz l’aîné,
fils de Georges Buchholz qui les avoit gravés en
1664, avoit fait imprimer en 1 7 1 7 , ainfi que des
notes qu’ il y avoit ajoutées. Nous avons fait imprimer
ces deffins, afin de donner à nos leéteurs
une idée de ces montagnes.
J. Ez publia une nouvelle defcription des montagnes
des Carpathes, beaucoup plus étendue que
celle de Mathias Lebel, & dans laquelle on trouve
beaucoup de remarques importantes fur des paf-
fages difficiles, fur des lacs, des cafcades & des
goufres. Cette extçnfion de l’ ouvrage de Lebel
paroît être le réfultac d’un nouveau voyage fait
par l’ auteur dans ces montagnes, & qui comprend
les comitats de Liptauer & de Zypfer.
On trouve dans-un ouvrage périodique imprimé
à. Vienne fous le titre de Journal d'hiftoire , géographie
3 philofophie , pfiyfique & beaux-arts a l ufage
des amateurs, la defcription d’ un voyage ra it , en
1724, dans ces montagnes , par un Anglais, accompagné
d’un autre Buchholz, autrefois,reéteur
à Koefmarck, qui contient la defcription des roches
prodigieufes, extraordinaires, des trous profonds ;
& des fouterrains que l’on voit dans les montagnes
des Carpathes qui féparent la Hongrie de la
Pologne.
Prefque tous les géographes q u i, depuis cette
époque, ont parlé des Carpathes, ont puifé leurs
citations dans Mathias Lebel, fi l’on en excepte
Il Géographie élémentaire du royaume de Hongrie de
M. Charles Gottlieb, imprimée en 1780. Ce dernier
a puifé fon article dans tout ce qui a été imprimé
avant lui ; auffi eft-ce celui qui en donne les
confidérables exploitées , telles que celles de
Schemnitz, Kremnitz, N eufol, Schmôinitz, & c .,
& quelques fontaines d’eaux thermales, q u i, chacune
détails les plus complets.
Si l’on parcourt un inftant les bords du Danube
depuis Presbourg jufqu’ à Bude , on voit du bord
feptentrional de ce fleuve, ou à quelque diftance
de ce bord, s’élever, en pente douce & prefqu’ en
amphithéâtre , .une fuite de montagnes dont la
fommité eft formée par les Carpathes. Entre les l
bords du Danube & ces fommïtés fi élevées font |
quelques montagnes ifolées, dont les hauteurs font j
prefque nulies quand on les compare à celles qui j
renferment la fource de la Vogus. La plupart de j
ces petites montagnes granitiques, porphyriques,
jafpeufes, gréfeufes & calcaires font pofées fur j
un terrain qui paroît avoir fubi l’aétion du feu , 1
particuliérement celui que M. de Born a nommé i
faxum metalliferum , & qui femble n’être qu’un
porphyre volcanique.
On trouve dans cet efpace plufieurs raines -
en particulier, ont peu de réputation, parce
qu’elles font trop multipliées.
Schemnitz eft la ville de Hongrie la plus confi-
dérable pour l’exploitation des mines : on y compte
jufqu’ à dix mille perfonnes employées jour &
nuit, tant mineurs que fondeurs. C ’eft auffi le lieu
où l’on a cru devoir établir l'École des mines des
États autrichiens. Les jeunes gens qu’on y envoie,
y puifent à la fois des leçons de théorie & de pratique,
dont la réunion eft abfolument néceffaire
pour bien apprendre l’ art fi. difficile de l'exploitation.
. • .
On exploite, dans les montagnes détachées entre
Schemnitz & la rivière de Graun, des mines de
, fer & de plomb argentifères. Ce dernier minéral
eft le plus confidérable ; c’eft auffi celui que 1 or»
y exploite de préférence. Ces montagnes font
argileufes, fchifteufes ou faxum metalliferum. C ’eft
dans une montagne compofée de pierres de L»
nature de cette dernière efpèce , que font les
; quatre fameux fixons de Schemnitz. Tous luivenc
différentes dire&ions. En général, ils ont, ou celle
f des pierres de la montagne, & dans ce cas ils
font filons couches} ou bien leurs direétions font
•perpendiculaires, & deviennent filons fentes.
La pierre que nous nommons ici faxum metalliferum
d’après M. de Born , eft une efpèce de
pâte argileufe, qui contient épars descriftaux ds
quartz, feldfpath & mica, & qui paroît avoir fubi
l’aétion du feu.
Les mines de Kremnitz font des galènes argentifères
, entre-mêlées de grains d’or natif. La montagne
dans laquelle font les filons couches qu’on
y exploite, eft compofée de marne rofe & grife,
entre-mêlée àe faxum metalliferum. La gnngceeft
formée de feldfpath rofe, mêlé de quartz, d’ un
peu d’argile & de fpath pefant criftalhfe. Dans
cette ville eft établi,l’Hôtel des monnoies le plus
confidérable des États autrichiens , Sz il fert
comme de fupplement a 1 Ecole de Schemnitz.
Le minerai que l’on fond à Neufol , & que l’ on
retire de Hernngrund, peu éloigné de cette ville,
eft une pyrite arfenicale de cuivre argentifère. La /
montagne qui la contient, eft compofée de gros
grains de quartz, liés entr'eux par un gluten fiü-
ceux , formant une efpèce de grès dont la cafiure
: vitreufe feroit croine qu’il a fubi l’adfion du feu.
Les filons font cous filons fentes 5 la gangue eft un
; mélange de quartz , d’argile 8z de gypfe rofe.
j Toutès les montagnes des environs de Schmôl-
! nitz font formées de fehiftes argileux micacés. Les
: mines les plus confidérables que l’on y exploite,
font des pyrites jaunes de cuivre , dont que.ques-
unes contiennent du cobalt ou du cinnabre. Toutes
l ces mines font dans des filons couches : leurs.gan-.
: gués font quartzeufes, entre mêlées de fpath cal-''
, caire.
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