
& la plus tenue dès criflaux , en îaîflànt intacte la
charpente criftaliiné qui d'ailleurs fe détruit 8c fe
réduit en pou (hère avec le tems. On peut v o ir ,
fur plufieurs de ces morceaux, la décompofition
graduelle de l'albâtre par les vapeurs des lagons,
de manière qu'il ne peut relier à ce fujet aucun
doute. Nous avons vu que les vapeurs des lagons
rongeaient les rochers , 8c les caldnoient comme
le feu î comment ne feroie-m-elles-pas capables de
ronger l'albâtre, qui d'ailleurs eft fort tendre ?. Un
naturalifte qui habiteroit ce canton pourroit faire
des observations très- intére fiant es fur la décom-
poiîtion des pierres en les plaçant à côté des
trous, 8c en faifant des efpèces de fquelettes au
moyen defquels on connokroit comment elles
font compofées , 8c quelle eft leur ftruétüre primordiale.
L'examen de plu fleurs de ces échantillons pourroit
faire croire que ce ne font point des albâtres
décompôles , mais une agrégation fingulière formée
des parties terreufes des exhalaifôns fallu-'
reufes qui fe criftailifent en lames déliées & tranf-
parenres, Couvent recouvertes d'un détritus des
pierres environnantes. On peut fe fortifier dans
cette, opinion en examinant certaines croûtes crif-
tallines détachées des lagons du monte R o ton do ,
qui font compofées de feuillets déliés d'une matière
fembiabie â la fëlénite, pofés à côté les uns
des autres perpendiculairement à la bafe fur laquelle
les croûtes criftallines font établies, & qui
s’augmcme par i'appofition fuccéflive d'une nouvelle
matière fur les pointes des James ; de forte
que l’agrégation de toutes ces lames forme une
f fpèce d'incruftation épaiffe de trois doigts , &
dont la furface eft inégale. Les groupes de ces
lamés, qui fe font accrues inégalement , forment
autant de protubérances : les intervalles qui ref*
tent entre ces lames font remplis d'une terre de
différentes couleurs , & qui font les débris des
pierres voifines des lagons : de tout cela il s'eft
formé une incruftation imprégnée d'acide vitrio-
lique qui agace les dents.
Enfin, on trouve, autour des lagons, des morceaux
épars de pierre ponce, affez fembiabie aux
pierres ponces des volcans, c'eft-à-dire, formées
de lames & de filets prefque vitreux, & qui représentent
affez bien la texture intérieure des pains
de fel ammoniac. Ces pierres n’ont aucune faveur,
& font fragiles fous la dent. On pourroit être
fondé à croire que ces pierres ont quelque caractère
analogue avec le fel ammoniac natif, ou avec
quelques-unes des fubftances décrites fous les noms
d’alumen fcifft/é pumïèofum , d’alumen fcariola, des
Anciens, de fckifton, de mckites, &c.m a is on ne
connoîc guère ces fubftances. On trouve auffi , avec
ces efpèces de pierres, beaucoup de-morceaux
d’incruftation* fulfureufes, comme dans les autres
folphatares. ( Voye\ So l ph a tAUe. )
Dans certains endroits, c'eft une forte de terre
rouge j dans d’autres, elle eft jaune 5 ailleurs, elle
eft verte $ enfin , dans d ’autres endroits, elle eft1
blanche ou couleur de cendres. Cette terre eft
légère , & craque fous les pieds comme fi elle
éroit lèche , quoiqu’elle foit humide. Lorfqu’elle
eft lèche , 8c qu’elle a. une certaine confiitance,
elle s'exfolie comme le galeftro > enfin, elle a la
faveur de .l'acide vitriolique & l’odeur du fouffe.
On peut foupçonner , avec quelque fondement »
que ces terres doivent leur origine aux pierres, de
differentes fortes, qui ont été détruites 8c colorées
par les vapeurs des lagons, unies aux principes
métalliques contenus dans les pierres mêmes.
Effectivement, quand on obferve la furface des
rochers d'albatèfe, deffou’S lesquels fort l'eau des
lagons, 8c qui font expo les à leur fumée âcre 8c-
cauftique, on la trouve toute corrodée, fe délitant
par lames 8c par petits morceaux comme lè
galeftro, 8c teints de différentes couleurs.
Outre ces terres on en trouvé auffi une grande
quantité d'une autre nature, & q u i, tant par fa
couleur que par fon grain , femble , à la première
vue , être une cendre que l’on auroit humeétée.
Elle a une faveur acide , mais fous la dent elle
craque comme une cendre de pierre ponce. Les
géodes qui font formées de cette terre, font fpon-
gieufes 8c remplies de lames plus ou moins groffes
de foufre natif parfaitement pur. Il part de ces
lames d'innombrables pyramides à.trois faces, tout-
à—fait femblables à celles de la félénite. J'ajoute-
ici que la couleur de la matrice & des pyramides
eft d’un très-beau jaune, & bien plus vif que celui
d'un foufre raffiné. Toutes Ces compofitions où il
entre des mélanges de foufre ne doivent pas étonner,
car il s'en forme beaucoup autour de ces
lagons, c'eft-à-dire , fur les bords de tous leurs
foupiraux, 8e cette quantité eft affez con.fi de fable
pour que les fermiers des poudres le ramaffent.
[ Quant à l'a chaleur des eaux des lagons, outre-
qu'elle varie beaucoup, il r.'eft pas aifé de la me-
furer. Pour en donner une idée, il fuffit de dire
qu’on ne peut pas foutenir la chaleur de ces lagons
lorfqu'on porte la main dans les trous qui bouillonnent,
8c qu’on ne peut détacher les piérres
qui font à l'orifice de ces trous fans rifquer de fe
brûler. Les bergers des environs font cuire des
marrons en les renfermant dans un fac , & en les
tenant, pendant un peu de tems, plongés dans
l’eau qui s'écoule de quelques-uns des lagons. Ils
les mangentenfuité fans aucun inconvénient, quoique
ces marrons Tentent le foufre.
Hors de l'enceinte de tous ces lagons & des
fumaches entre le nord 8c l'orient , il y à deux-
fources dont l'écoulement eft continuel. La plus
élevée fort d'une fente qui fe trouve entre deux
couches d ’albarèfe; & lance une gerbe d'eau dont
la chaleur fait monter le thermomètre de Réaumur
à j7 degrés au deflus du terme de la glace. } de
| forte qu’on ne peut la boire à fa fourre ni tenir
la main plongée dans cette eau. E le ne fume
point, & n’a aucun goût acide ? mais elle répand
feulement une odeur de foie de Touffe comme les ;
bullicames.
Cette eau dépofe auffi, comme celle des bullicames,
fur les différentes parties du canal par où
elle coule , des incruftations blanchâtres , peu .
dures, & qui ont l'odeur de foufre : elle incrufte
auffi, de la même matière, les plantes qui croiffent
dans le fofle où elle coule. De là cette fontaine
paffe dans un petit lac, dont le baffin a été creuié
par main d'homme. Cette eau, tempérée par la
courfe qu'elle a faite pour fe rendre dans le la c ,
eft très-propre pour la guéri fon des maladies de la
peau 8c les douleurs invétérées de vhumatifmes.
Les habita*!: du voilinage s’y baignent, & en retirent
de grands foulagemens.
Une autre fource fembiabie, mais moins abondante
, & fituée plus bas que la première, a les
mêmes qualités, & produit les mêmes avantages.
j Si nous revenons maintenant aux lagons, nous
remarquerons qu'ils font un grand bruit par leurs
différentes manières de bouillir & de bouillonner.
On s'eft apperçu que ce bruit eft encore plus con-
fidérable à la veille de la pluie. Il y en a quelques-
uns qui contiennent bien peu d’eau, & qui, n’ âyant
alors que des jets interrompus, ne produifent qu'un
bruit fembiabie à celui d’une forge qui dépend
d'un mouvement alternatif des foufflets, De même
h fumée de ces. lagons eft plus fétide, plus épaiffe , 3c s’élève beaucoup moins quand le tems eft dif-
pofë à la pluie $ mais , au contraire, elle monte
beaucoup plus haut iorfque le tems eft calme 8c
fercin. Un fembiabie phénomène s’obftfve dans la
plupart des eaux minérales chaudes, & il eft aifé
d’en Féntir la rai Ton.
■ L«s lagons de Caftélnuovo vont toujours en s’é-
krgiifaut, & Te prolongent, vers le haut de la
montagne, d’occident en orient. On penfê , avec
quelque probabilité, qu’ils pourront s’unir avec
ceux de Monte-Cerboii j fitués fur la pente oppo-
fée de la montagne, & qui s’avancent d’orient en
occident. On voit par-là que cette montagne doit
être abondamment fournie dé matière combuftible,
comme le font connoitre, non-feulement les lagons
dont nous venons de parler, mais encore les deux
fources*-d’eaux chaudes 8c les mofètes dont nous
parlerons dans la fuité. Des champs qui étoient
très-fertiles il y â quelques années, font devenusx
préfentement ftériles, parce qu’ ils font remplis de ;
trous 8c de crevaffes occafionnés par les lagons. ;
Quelques habitations qu’on avoit cônftmites, il y j
a detlx à trois cents ans, ont été abandonnées,
parce que le- fol s’eft ouvert depuis ce têïhs, 8c
qu’il s’y eft formé un fümache qui, par des agran-
diffemens fucceffifs, deviendra un lagon. Lès itiu-
taillès des habitations en font crevalfées par la
ruine des fondemens, & il y a grande apparence
qu’il ne fubfiftel'a plus, dans quelques années,
àucu'n véftige des màifons.
■ L’agrandiffement dé ces lagons , & léur anticipation
continuelle fur les terrains des environs >
font voir que l'inflammation fê propagé fucceflr-
v'ement dans les foyers des lagons , & qu’elle s'étendra
jnfqu’ à ce que la matière de ces filons fort
épuifée. On ne peut douter qu’elle ne 1e confùmê
de jour en jour, 8c q u e , dans plulieurs endroits j
elle ne foit confumée depuis long-tems, fmtout
quand on obferve, dans la vallée de Caftdàu&vô ,•
plufieurs lagons épuifés & dellechés, c'eft-à dire,
plufieurs endroits ftériles hériftés de rochers corrodés
& calcinés, comme ceux des lagons en
activité, 8c qui ne diffèrent de ceux-ci que parce
qu’ils ne fument plus, & q ue , l’eau ne bouillonnant
plus, ils ne font plus de bruit, & enfin parce
que l’eau qui y coule, eft froide; Il eft vifible que
les foyers de la chaleur étant éteints, les vapeurs
ont dû ceffer de fe répandre au dehors avec bruit
& fracas.
On a remarqué que les lagons du Vol terre font
femblables à ceux de la Solphatare de Pôuzzole,
& que les lagons de Monte-Cerboii, dans lefquels
bout la vafe, font femblables à un lagon que décrit
Vallifnieri.
Il ne nous refte plus qu’ à parler des mofètes de
Cafieinuovo, dont la defcription vient naturellement
à la fuite des lagons 8c des fumaches. Cès
mofètes font fituées dans un lieu nommé Lt Pu-~
ti^e : on lés apperçoit de loin, & on les te connoîc
à deux grands rochers nus blancs 5 mais on les dif-
tingue encore mieux , à mefurê qu'on en approch
e , par l’odeur de foufre qu'elles exhalent, qui
eft infupportable & beaucoup plus incommode que
celle des lagons ; car celle-ci eft d'abord défagrea-
bîe* à là vérité , mais ôn s'y accoutume bientôt,
& l’air qui les environne, feTr.bie faciliter la refpi^
ration, tandis que celui des mofètes appefantit la
tête , & rend la refpiration difficile.
La montagne où ces mofètes font fituées, eft
Côrhpofée de couches inclinées àTHorizon d'une
forte de pierre de fable, de cou leur fauve, où fe
trouvé une grande quantité de mica. Ges pierres
Ont cette apparence aux environs de Putizze ; mais
les vapeurs des mofètes ont blanchi ces pierres
dans leur voifinage, les délitent par feuillets comme
l'albarèfé , 8c finiffeht par les réduire en pouffière
d é èôulêur de cendres > ce qui donne à ce fol un
afpèét fort hideux. En comparant ce que nous
avons dit ci-devant des lagons, & ce qui eft die
j au mot La g o n , avec ce qui a lieu i c i , on comprendra
facilement que tétte érofion eft occafîôn-
! née par les parties très-fubtiles & très-volatiles dé
] l’acide fulfureüx, qui fe fèparent de l’eau qui leur
| donne la forme de vapeurs, & qui deviennent
J ainfi plus cauftiques : d’où l’on peut conclure que,
non-feulement l’eau n’aide pas cerrè deftruétion
! des pierres, mais plutôt qu'elle l'empêche, fur-
j tout lorfqu’on voit que les pierres, dans les en-
« droits où elles font baignées par l’eau bouillante,
| 8c même un peu au deffus , font faines & entières 8c quelles font fèuiément détruites dans le haut
où régnent les vapeurs cauftiques. Le débouché