
6 8 6 D U N D U N de parties calcaires, & cette cotnpofitioti, qui diF-
fère de celle des dunes qu'on obferve le long des
côtes des départemens de la Gironde & des Landes
, rend les premiers plus faciles à fixer : auffi
font-ils plus généralement couverts de plantes qui
viennent fans culture} mais ces plantes, la plupart
herbacées , perdent leurs leuilles pendant
l'hiver ,8c ne préfente.nt pas une réfiftance fuffir
fan te a 1 action des vents } auffi ne s'oppofent-elles
pas autant qu’ il convient aux mouvemens des fables,
qui produisent les plus grands ravages fur ces
côtes , qui auroient beloin, pour être fixés, des
mêmes travaux que les dunes du lud-oueft.
M. Bremontier, après avoir indiqué les points
les plus dignes d’attention, expofe les meilleurs
moyens de faire avec économie & certitude les
travaux nécefiaires , & ces moyens font à peu près
ceux employés dans la partie du fud-outft, & les
luccçs de cette première partie garantirent ceux
de cette nouvelle entreprife. Il établit auffi la dépend
à faire pour la fixation de toutes ces dunes
U cette dépenfe elt évaluée à un million, 8c pour
lors l’ouvrage pourroic être terminé en vingt ans,
moyennant qu il feroit accordé une fomme de
50/00 francs chaque année.
L'auteur a récapitulé , dans ce quatrième Me- *
moire, fes obfervations fur les dunes de toutes les I
côtes de France, depuis l ’embouchure de l'Efi-
caut jufqu’aux frontières de l’Efpagne, & a trouvé
qu elles occupoienc deux millions quatre cent
mille ares , 8c que leur fixation & fertilifation re-
Yiendrôient à 5,950,000 francs. 11 a donné des
tableaux détaillés des dunes & des étangs 8c marais
qui font ftagnans à leur ados, dans toute la
partie du fud -o ue ft; des tables d elà hauteur
de 'plufieurs de ces marais & étangs au deiî’us du
niveau de la pleine mer, notamment un nivellement
détaillé des dunes depuis un point pris dans
l ’étang de Hourcins , jufqu’à la mer j enfin , une
uès-btlle carte , fur laquelle il a tracé les parties
des dunes etilemencées, les values de bahfage
projetées, 8c les nouveaux canaux qui dqivenr
conduire à la mer les eaux des marais 8e des étangs.
Il eft à defirer qu'on publie ces cartes , d’ ailleurs
intéreflantês pour l hilioire naturelle 8e la topographie
des dunes.
Dunes continentales. A ux environs de
Laon, comme de Forges, il y a des monticules
qui pnt la forme de dunes, 8e quelques naturalisas
, qui ne redoutent aucune fuppofition, ont
prétendu que c’étoit une preuve que la m=r avoit
féjourné aux environs de ces differentes contrées.
Ils ne nous dirent pas d’abord quelle eft la mer à
laquelle fis attribuent la formation de ces dunes.
Seroit-çe la mer a&utlle ? Seroit-ce l ’ancienne
mer qui a formé les couches de la nouvelle terre ? i
S fV e f l la mer actuelle, quel eft le concours de j
chconftances qui auroient pu porter cette mer fi
Ipin de fes bords, & la reporter dans le badin ac- I
fuel ? Je n’en vois aucune capable de faire ofciller
ainfi 1 Océan : 8c quand on pourroit imaginer lin
fyftème d’agens propres à occafîonner une marche
aufii irrégulière de l’Océan fur les te r r e s c om ment.
pourro-it-on nous faire croire que les dunes
formées fur fes bords , à une époque quelconque
fort reculée, (ubfifteroient encore, & n’auroient
pas été détruites par les vents? Il faut avouer que
des amas de fables mobiles font de mauvais mo-
.numens pour conftater les anciennes démarches
de la mer. Si c’eft 1 ancienne mer qui a formé l’afr
femblage des couches de la nouvelle terre , il eft
encore faux .qu’elle ait pu former ces dunes ,• car
rien ne prouve que les bords de cette mer aient
été fixés à ces points, 8c ne fe foient pas portes
beaucoup au-delà. D’ailleurs , nous voyons que
les vallons ont été creufes depuis la retraite de
■ cette mer, 8c que les dunes, dont il eft ici que fi?
tion, fe trouvent fou vent “dans le fond de ces vallées.
Ou voit donc que, tous ces effets fuppofés,
ceux de 1 Océan font une confidération pleine de
fauffeté 8c d’erreur.
Sait-on ce que c ’eft qu’ une dune ? comment elle
le forme fur les bords de la mer? Ce n’eft pas l’eau
qui les arrondit & qui élève les matériaux mobiles,
lefquels entrent dans leur compofition. Les vagues
des bords de la mer rabattent continuelle-«
rpent les fables: 8c les.pouffent fur la plage, 8ç le
vent enlève enfuite ceux qui font fecs , 8c les accumule
par tas irréguliers qui augmentent continuellement.
Dans c e ‘concours de circonftances,. je ne yoîs
que les vents d’ un côté 8c des fables de l’autre. Or,
qui peut empêcher les vents qui font engouffrés
üans les plaines des environs de Laon de tourmenter
& 1 ouïe ver les fables fecs 8c mobiles, 8c de les
accumuler dans des endroits où ces vents ont une
marche favorable? Et dès-lors ces aunes ne feront
Pjus j ouvrage du vent fur les bords de la mer.
Comoien de vues faillies ces petits o b fer va te ur s
ajoutent aux erreurs du peuple, dont ils croient fe
diftinguer par ces fpppoiitions !
J’ai vu de ces dunes dans les landes de Bordeaux ,
à une certaine (bilance des bords de la mer 8c da
la ligne des véritables dunes littorales. J’en ai vu
de meme aux environs du Fay 8c de Suint-lt rier,
fur les bords deTançienne terre du Limoufin , au
milieu de certaines parties de la boiogne,. en-Flandres,
dans les environs de Mons 8c de Bruxelles :
il y en a auffi en Limoufin , au-delà de Pierre-.
Brune , 8c dans.la forêt de Viliers-Coterêts.
Dans. l’ Afrique , cet effet des vents de terre eft
plus remarquable ; mais il n’en eft pas plus réel
que dans les contrées que je viens de citer.
Si 1 on fait attention a l’enfemble de toutes les
circonftances qui peuvent concourir à la production
d un. effet quelconque , on trouvera qu’ il y a
toujours des contrées où tel effet eft plus remar?
quable que dans d'autres, 8c c’eft là , ce femble , où
1 on doit prendre une idée de ces circonftances.)
D U N
mais il faut tellement favoir faifir ces circonftances,
qu’elles ne nous échappent pas dans les cas où les
effets font les moins fenfibles. Les effets, dans le
premier cas , frappent tout le monde, au lieu
que dans d’autres ils ne peuvent être démêlés que
par les obfervateurs inftruits & attentifs. Il n'y a
que ceux-ci qui fâchent rapprocher ces cas les uns
des autres, pour rappeler à la même claffe d’ évé-
nemens ces effets, malgré les changemens de circonftances
qui pourroient faire illufion.
Si j’embraffe toutes les circonftances qui fe
font offertes à moi dans tomes les contrées où
j’ai rencontré les monticules formés de fables mobiles
ou les dunes, je les définirai ainfi : ce font
des anias de fables élevés par l'aCtion du vent de
mer ou de l’ intérieur des terres, & accumulés.
Suivant la marche de ce vent , la manière dont le
vent agit, contribue, comme on v o it, à la manière
dont lont diftribués ces monticules. Commele vent
qui fouffle fur le bord de la mer a line direction
perpendiculaire à la c ô te , une afîtion égale dans
foute fon étendue, il n’eft. pas étonnant que les
dunes fe trouvent rangées le long de la côte fur
plufieurs lignes, parce que le vent met toujours
en mouvement les fables qui font fur les croupes
comme fur le,fommet des dunes, & en fait des tranf-
pofts continuels : ainfi , pendant que les fables fe
fechent.le long des bords de la mer, les mêmes
fables réfidans fur les„fommets des premières dunes
fe tranfportent fur celui des fécondés, 8cainfi de
fuite, de rangées en rangées'.
Dans l ’intérieur des terres les amas de fables
font diftribués.affez uniformément dans les plaines, i
au milieu defquellés le vent joue 8c tourbillonne
continuellement : c’eft làauflî que 1 zs dunes fe form
e n t ,^ prennent prëfque toujours une forme
arrondie.
J’ai obfervé qu’ il y avoit deux circonftances qui
s’oppofoient à la formation des dunes fur les bords
de la mer , d’abord le manque de fable fur le fond
de la mer , le long de la côtej ce qui a lieu dans
tous les cas où les rivières qui fé jettent dans la
mer , n’en charrient pas de fables.
x En fécond lieu, lorfque la côte de la mer ne s’a-
baiffe pas par un plan incliné non interrompu fous les
flots ;car alors , pour peu qu’il y ait un petit rebord,
il arrête les fables que le s vagues ne peuvent plus
pouffer hors de l’eau , 8c reliant fous l’eau ils ne
peuvent, à la fuite de la delficcation, devenir mobiles
par le vent.
Dunes marines littorales de la quatrième époque
actuelle ,* dunes de 1‘intérieur des continens.
Il y a de ces dernières dunes dans troiç époques
au milieu de l’ancienne terre du Limoufin ou le
long de leurs limites > en fécond lieu ,fiir les.cor ti-
nens de la nouvelle terre ; en troifième lieu, dans
les dépôts des rivières, qui font des amas du troi-
«ème ordre'.
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Je ne puis rien dire de plus précis fur le tems de
leur formation.
D unes terrestres. Le terrain de la Co-
chinchine, qui eft du côté de la mer, eft prefque
toujours fablonneux. I! y a des provinces où l’on
trouve une grande quantité de labiés, plus particuliérement
celle de Ciampa , qui eft remplie
de montagnes de fables ambulantes, ainfi qu’on
les appelle. Le vent qui a la plus grande aCtion
fur ces fables les tranfporte du nord au fud dans
une faifon, 8c du fud au nord dans une autre ;
ainfi ces montagnes changent continuellement de
Heucommede forme, fuivantles ventsqui foufflent
8c leur direction. On voit, d'après ces faits, que ce
n’eft pas feulement fur les bords de la mer que fe
trouvent les montagnes de fables 8c les dunes formées
par le v en t, mais encore dins l'intérieur des
terres dès que les vents peuvent tourmenter les
fables 8c en former des amas un peu confidérables.
Cette même force aétive fait cheminer les fables
affez loin de l’endroit de leurs dépôts naturels , Qz
forme des inondations de matières mobiles, dont
la marche eft affez difficile à liiivre , parce que les
traces y manquent louvent fur la route , parce
que les circonüances ne favorifoi^nt pas leur accumulation
dans ces lieux.
V o ir , aux environs de Laon, la note de fem-
blables dunes terreftres , 8c qu'on ne peut considérer
comme ayant été formées anciennement
fur les bords de la mer. Il eft vifible que ces dunes
ont été formées bien poftérieurement à la retraite
de la mer, pujfqu’on peut s’affurer, par i’obferva-
tion journalière, qu’elles fe détruilènt 8c fe forment
fous nos yeux.
DÜNKERQUE , ville , port de mer / arron-
diffement de Bergues, 8c à deux lieues eft-nord-
eft de cette ville , 8c à quatre lieiies nord-eft de
Gravelines. Dunkerque doit fon origine à une églife
bâtie dans les dunes, ker lignifiant en flamand
églife. Cette ville ne tire fon éclat que de quelques
maifons de commerce puiffantes. Dunkerque étoit
la ville principale du Dunkerquois, petite contrée
de la ci-devant Flandre françaife. Le port de cette
ville a coûté des fommes immenfes fous Louis X IV .
Il étoit en état de recevoir des vaiffeaux de ligne.
La France perdit enfuite cet avantage : le port
néanmoins avoit confervé le droit de franchife.
Les habitans de Dunkerque font réduits à boire de-
l’eau dé pluie. Cet inconvénient rend le féjour de
cette ville fort mal-fain en été. L'induftrje
Dunkerquois confilleen rïfineries de fei commun,
lefquelles occupent au moins vingt manufactures;
en pêches, fabriques de tabacs ,-amidonneries
corderies, genévreries 3c verreries. Il y a dans ce
port un commiffaire-général des relations commerciales
de la navigation batave , tant pour ce
port 8c ceux du.département du nord ,'q u e pour
celui du Pas-de-Calais. -
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