
fe termine à Agde, & répare cet étang de la Me-'
diterranée. Ce n’eft peut-être qu’un aterriflement .
formé à la longue par la retraite infenfible de la t
mer , & par les efforts que l’on fait opérer depuis J
nombre de fïècles des révolutions femblables à j
fon embouchure. C’eft fur cette langue de terre 1
que l’on a bâti Cette Sc que l’on a conftruitle port
qui porte le même nom , & qui n’eft qu’à une
heure & demie de Frontignan , c’eft-à-dire,
le tems à peu près qu’il faut pour traverfer l’étang.
La ville eft bâtie fur une petite montagne
calcaire , qui s’élève entre l’étang & la mer. Ce
que la ville ne couvre pas eft bien cultivé. Les
travaux du port, terminés il y a plus de cent ans,
ont été dirigés par un ingénieur nommé Clerville ,
eftimé dans le fiècle dernier. Deux môles forment
le baflin. Le plus long des deux eft couronné par
une batterie & par une tour fort élevée > fur laquelle
on entretient toutes les nuits un fanal pour
diriger les vaiffeaux. La fonde trouve plus de trois
cents pieds d’eau autour des môles j mais il y a
malheureufement en dehors un banc de fable, fur
lequel on compte à peine trois braffesj ce qui ne
permet pas aux gros vaiffeaux d’en approcher. Cependant
il s’y fait par jour un tranfport de mar-
chandifes confidérable. Il y a d’ailleurs à Cette une
raffinerie de fucre , une favonerie & une manufacture
de tabac. Cette peut être confidér'é
comme entrepôt des vins, des eaux-de-vie , des
huiles, des favons, du vert-de-gris & de toutes
les productions du ci-devant Languedoc. Tout
près de cette ville font des marais falans d'une
grande utilité pour le nord de l’Europe & l’Amérique
> ils comprennent une étendue de trois lieiies
de longueur. Dans la montagne du promontoire de
Cette, il fe trouve un rocher rougeâtre, rempli
d'offemens d’animaux pétrifiés.
CETTINA , rivière de la Dalmatie , dont le
cours offre des particularités remarquables , tant
relativement au fol, qu’à la marche & à la nature
des eaux.
Les quatre principales fources de la Cettina
font au pied d’une colline de pierres en état de
marbre, voifine de Verlika. Après un cours de peu
d’étendue les eaux de ces fources fe réuniffent, &
forment une rivière allez, abondante. Deux des
fources de la Cettinafont remarquables en ce que
l’une & l’autre fortent chacune d'un lac caché
fous les rochers, & en ce que les rochers paroif-
fent avoir éprouvé de grands éboulemens.
Quand on fait attention à l’abondance des eaux
que ces lacs & les autres fontaines fourniffent, on
ne peut douter que ces eaux ne foient raffemblées
de loin, & ne fe foient frayé des routes fôuter-
raines à travers les collines & les montagnes qui
annoncent en conféquence partout les éboulemens
& les affaiffemens les plus étendus : de là il en eft
léfulté plusieurs cavernes plus ou moins fpacieufes,
mais au fond defquelles font de petits étangs
dont les eaux ont un écoulement réel.
Les Morlaques ont remarqué un rapport conf-,
tant entre les crues de la Cettina & celles du lac
de Bufco.Blato, fitué de l’autre côté des montagnes.
Ils en ont conclu qu’il devoit exifter une
communication fouterraine entre ce lac & la rivière
; ce qui devient très-vraifemblable dans un
pays aufli rempli de cavernes.
La Cettina, augmentée par les eaux des différentes
fources de Zarebiza, traverfe la plaine de
Pafcoglie, fujète aux inondations, furtout en automne
lorfque cette fai fon eft pluvieufe, parce
que le cours de cette rivière n’eft pas renfermé
dans un lit fixe & terminé par des bords élevés..
Ce qui achève de rendre cette plaine maréca-
geule, ce font les eaux de la Sutina,qui fe perdent
dans un marais. Ajoutez à cela le torrent de Rude,,
qui fe répand aux environs de Trigl, & enfin les
gorges étroites par lefquelles paffe la rivière en
perçant la gîande montagne qui fépare le territoire
de Cettina de la mer, & qui, en ralentiffant
fon cours, rendent fes eaux ftagnantes.
Depuis Trigl jufqu’à Duare, la Cettina fe précipite
de rocher en rocher, & pendant l’efpace de
feize milles coule prefque toujours par un canal
creufé à travers le maffif de la montagne. A un petit
mille de Duare, la Cettina forme une cafcade
magnifique : l’eau tombe perpendiculairement de la
hauteur d’environ cent cinquante pieds : là le lit
de la rivière , dans fa chute , n’a pas quatre-vingts*
pieds de largeur. Plufieurs blocs de pierre écroulés
embarraffent fa chute, rompent les vagues, &
les rendent encore plus bruyantes & plus chargées
d’écume. Dans ces chocs violens, l’écume fe réfout
en vapeurs qui forment des fumées & des nuages
que le vent diftribue dans la vallée inférieure
fans les diffiper. Quand ces brouillards montent
I dans l’atmolphère, les habitans attendent le fci-
| roco, qui manque rarement cette indication.
A un demi-mille au deffous de la première cafcade
, la rivière tombe de nouveau d’une vingtaine
de pieds. Cette cafcade préfente un,coup-
d’oeil moins magnifique , mais qui offre plus de
mouvement, la rivière fe précipitant entre des
maffes de rochers culbutés. Elle fe répand enfuite
dans une vallée fpacieufe, bordée par des collines
couvertes de forêts.
En fuivant le cours de la rivière depuis Duare
jufqu’à fon embouchure, qui en eft éloignée de
douze milles, on la trouve, dans ce trajet, partout
remplie de tuf qui augmente continuellement,
& qui, malgré le grand volume d’eau que cette
rivière charrie, rend fa navigation impraticable.
En fortant des gorges de Miriz, la Cettina s’étend
dans la vallée, & fe partage en plufieurs bras fépa-
rés par des amas de tuf & des bancs de gravier.
Enfin, depuis Vilfech jufqu a la mer, la rivière
coule librement & fans obftacles, quoique fon
cours foit tortueux, entre des précipices d’une
hauteur effrayante. J’ai décrit avec foin tette rivière
pour donner une idée de la marche des eaux
courantes dans la Dalmatie, ainfi que des vallées
qu’elles parcourent, & qui font alternativementdes
plaines inondées ou des gorges refferrées entre
des rochers de montagnes en défordre & culbutes
de mille manières différentes.
Dans le voifinage des lources de cette rivière,
on trouve beaucoup de cavernes ou les produits
des eaux goutières font très-variés^ & très- ;
multipliés. Le jeu de la nature le plus curieux font
des vafes ou cuvettes formés par plufieurs lames
dont quelques-unes ont un demi-pied de longueur,
& qui ont deux pieds & demi de demi-diamètre>
elles peuvent contenir une quantité d’eau confidérable.
L’art ne pourroit pas exécuter des pièces
d’ornement plus belles pour décorer des fontaines
ou des grottes de jardins. Les mêmes eaux qui ont
produit ces baffins en,tombant de la hauteur de
deux piedsforment auffi des contours en forme i
de fortifications entourées de murs ôi de baftions
hauts dé trois ou quatre pouces.
En avançant, on rencontre de petits étangs dont :
la furface eft couverte de petites lames criftallines
& très-blanches : ces lames fe joignent, apres
avoir fait une croûte un peu pefante, elles font
précipitées au fond de l’eau, & font place à un
femblable travail de la nature, qui éprou ve les me- ;
rr.esprogrès dans fa formation, & les mêmes précipitations
au fond de l’eau.
Immédiatement fous les eaux goutières on voit
s’élever des tiges de ftalaélites d’une grande blancheur
, & qui ont quelquefois la forme de colonnes.
Le vide qui fe trouve dans le centre des
colonnes & des petites tiges de Habilites, fe retrouve
de même dans les glaçons de italaclites qui
pendent de la voûte des grottes j ce qui prouve
que toutes ces criftallifations appartiennent à-la
même caufe. •
Outre cela, lesfréquens renverfemens des couches
de marbre qu’on apperçoit dans ces d:verfes
cavernes, confirment de pins en plus dansl opinion
que ces excavations font dues à l’aition des eaux
fouterraines qui y ont circulé plus ou moins abondamment.
,
Enfin , on arrive à un pont naturel forme par
un arc fufpendu en l’air, & qui eft vifiblement le
refte d’un banc de. rochers écroulés. Sous ce pont
paffent les eaux des montagnes voifines, qui fe lont
frayé unë large ouverture fouterraine. La longueur
de ce pont eft de douze pieds, & fa hauteur
d’environ vingt-quatre. Ce travail de la nature
prouve que de femblables ponts formés dans
certaines vallees au grand jour, font la fuite de
la deftruition opérée par les eaux courantes.
Les côtés du pont naturel font fi hauts & fi ef-
carpés, qu’il paroît impoftible d'aller plus avant}
mais on peut continuer fa route en defcendant fur
des couches inclinées, & l’on parvient ainfi à de
petits lacs ou puits remplis d’eau. Ces puits donlient
lieu de penfer qu’on eft fur une voûte fous
laquelle fe trouve une maffe d’eau courante. Effectivement,
en jetant des cartes dans ces puits ,
comme elles font emportées vers les mêmes points,
leur mouvement fuffit pour prouver que ces eaux
fouterraines s’écoulent, quoique lentement, vers
un débouché confiant.
C ’eft par de femblables examens des cavités qui
fe rencontrent dans le fein des montagnes, qu’on
peut découvrir, non-feulement leur ftruéture intérieure,
mais encore les caufes & les progrès des
deftru&ions quelles ont éprouvées, & qui ont apporté
des changemens dans cette ftruilure.
CÉVENNES , montagnes du ci-devant Bas-Languedoc,
fituées dans les ci-devant diocèfesd’Alais,
d’Ufèz, de Mende & d’une partie du Vivarais j
c’eft une continuation des montagnes du Forez
& de l’Auvergne : elles s’étendent depuis les-
fources de la Loire jufqu’à Lodève.
La plupart des géographes comprennent fous le
nom de Cévennes, le Gévaudan , le Vivarais & le
Velay, quoiqu’il n’y eût qu’une partie de ces pays
dans les Cévennes. Ces contrées abondent.en gibier
& en châtaigniers : on y nourrir quantité de
bétail dans les vallées qui font affez fertiles , fur--
tout le long du Rhône. Les Cévennes font aujourd’hui
partie des départemens du Gard, de la Lozère
bc de la Haute-Loire.
Ce pays, dans la partie qui avoifine les montagnes
de l’Efperon , de l’Aigouil, &c. offre aux
naturaliftes des pierres de differentes efpèces,
parmi lefquelles les granits femblent dominer : on
endiftingue aifément quatre différentes variétés ,
trois defquelles font d'une certaine dureté, & la
quatrième eft fort tendre. Le granit qu’on trouve
le plus communément, eft trouvé par blocs confi-’
dérables : les plus durs font d’une forme de boult s
oblongues, iiolées & hors de terre, & n’y touchant
que par leurs bafes. Il paroît que ces boules
font les noyaux de plus .gros blocs fous formes
trapézoïdales , & dont les angles ont été déta-*
chés, parce que ces parties étoient plus tendres
& plus expofées d’ailleurs à î’aition de l’eau & de
la fécherelfe. Mandagout, le Vigan, Aulas, Vat-
lerauge , Saint-André-de-Magencoules & autres
villages des Cévennes font arrofés par plufieurs
ruiffeaux ou petites rivières qui ne tariffent pref-
qùe jamais en été. Dans ces petites rivières ,
& principalement dans celles dont la pente eft
très-confidérable , on voit des maffes énormes
de granit , d’une forme prefqu’ovale & poli à
fa furface;, & qui paroiffent avoir été détachées
des terrains par où elles ont paffe, & entraînées
dans les fortes inondations à près d’une
lieue. On ne fe perfuaderoit jamais que les eaux
d’une petite rivière euffenc pu rouler de fi groffes
maffes , fi l’on ne voyoit nombre de fois de pareils
blocs. On pourvoit peut-être s’imaginer que
ces boules de granit auroient pris naiffance dans