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côté du lac j au commencement de la Valteline ,
près de Monaftero. Il y a auffi à Piona un marbre
blanc qui fe retrouve de l'autre côté du lac , près
de Don g o , & une mine de fer hépatique qui fe
trouve auffi en ces deux endroits. Toutes ces cho-
fes fembleroient prouver que la vallée du lac n’exif-
toit pas autrefois. 11 faut auffi remarquer que, fur
la zone micacée, iln ’y a point du tout de dépôts
de la chaîne des granits, & que les dépôts qu'on
trouve quelquefois au bas des. montagnes de pierre
micacée , ne font que de; cette même pierre micacée
ou d'un granit ttès-fchifleux & très micacé
qui fe trouve prefque toujours dans les montagnes
de cette nature. Ce n'eft que fur la zone calcaire
que 1 on trouve ces dépôts. Voici une explication
qu'on pourroit en donner : autrefois la vallée,du
lac n’exiftoit pas, & les courans des eaux, qui ve-
noient de la chaîne des granits, paffoient par-defliis
la zone micacée avec une grande rapidité, & al-
loïent fe jeter dans la mer, qui recouvroit alors la
zone calcaire. Paflant avec rapidité, les eaux n’y
auront laiffé^que peu de dépôts, qui auront été
depuis entraînés dans le lac par les courans & les
eaux des pluies.
C ôm e (Fontaine de ) , dans le royaume d’ Italie.
La defcription des fontaines périodiques la plus
exaéte Sc la plus circonftanciée qu’on trouve dans
les Anciens, ell celle que fait Pline le jeune de la
fontaine de Corne. Pline fon oncle en avoit déjà
parlé, & félon lui cette fontaine, qui étoit abondante
, groffiffoit & diminuoit une fois chaque
heure. Mais Pline le jeune, qui l’avoit obfervée
lui-même, en parle d’une manière un peu différente.
« Cette fontaine, dit- il, prend fa fource
dans une montagne, coule entre deux rochers
paffe dans une petite falle à manger faite auprès ‘
s’y arrête quelque tems, & enfin tombe dans le j
lac de Corne. C e qui rend cette fontaine merveille
u x . c'eft quelle hauffe & baiffe régulièrement
trois fois le jour par des recours périodiques. C e jeu
de la nature eft fenfible aux y eu x , & on ne peut le
voir fans un fenfible plaifir. Vous pouvez vous
affeoir fur les bords de cette fontaine, y manger,
boire même de fon eau, car elle eft très-fraîche ’
& vous voyez cependant, ou qu’elle monte peu à
p e u , ou qu’infenfiblement elle fe retire. Vous
mettez un anneau ou ce qui vous plaie en un
endroit de fon lit qui eft à fec : l’eau qui revient
peu à peu. gagne l’anneau, le mouille & le couvre
tout-à-fait. Quelques, momens après l’eau qui
baiffe peu à peu , découvre l’anneau, & à la fin
l’abandonne. Si vous pbfervez long-tems ces mou-
vemensdivers, vous verrez la même chofe arriver
jufqu’à deux & trois fois par jour. »
Jean-Marie Çatanée, qui a fait des.Commen-
taires fur, les Lettres de Pline, remarque que cette
fontaine fubfifle, quell.e eft, appelée par les gens
du pays la fontaine de Pline, & qu’elle confervé à
peu près la même nature, On en trouve un témoi-
C O M
gage encore plus exprès dans YHifioire.de la ville
de Côme de Benoît Jove, & dans l'ouvrage de T h omas
Porçacchi fur le même fujet. Ces deux auteurs ,
tous les deux de Côme même, affirment que cette
fontaine qui eft au bord du lac de Côme, à fept
milles de la ville dé c e jiom , coniërve la même
propriété qu'elle avoit du tems de Pline : Prifcam
adhac naturam fervat , dit Benoît Jove î ferôà ari-
chora l antica f ia natura, dit Thomas Porcacchi.
L un & l'autre difent qu'elle eft fi abondante,
qu elle fait aller plufieurs mouiinsj l'un & l'autre
ajoutent qu'il y a tout auprès Une fécondé fontaine
qui eft fujète aux mêmes variations, & q u i,
a c e qu ils croient, étoit jointe à la première du
tems de Pline j mais ce qui eft plus important, &
ce qui rend parfaite la conformité de cette fontaine
avec celles de Fonteftorbè & de Fonlanche,
Benoît Jove affureavoir vu cette fontaine entièrement
tarir dans une grande, fçchereffe, & l'avoir
vue au contraire déborder fi abondamment après de
grandes pluies, qu'on n'y obfervoit plus de variations.
Thomas Porcacçni rapporte le.même fait,
mais il ne le rapporte que fur la foi d'autrui : Sono
anchora, dit-il, in Corno alcuni i quali hanno veduto
una volta del tuttoafciuta quefiafonêe, rifpetto alla
granfecura; & aliincontrôper grojfepiogge cofigonfia9
■ che non calava ne crefceva , akondando di jbverckio
l acque fopra la conca y dove fon ritenute.
Pline le jeune, après avoir décrit les variations
ae h fontaine de Côme, tâche d'en pénétrer la
caufe. « Quelque vent renfermé , dit-il y ouvri'-
ro it-il ou fermeroit-il alternativement le canal
de cette -fontaine , fuivant que ce vent arrête-
roit l'eau en entrant, ou qu’il la laifferoit libre-
ment couler en fortant 7 à peu près comme il arrive *
dans une bouteille dont rouvèrture eft un peu
: étroite ? Quoique vous la renverfiez, l’eau qui en
fort , ne coule pas également > mais comme fi. l’air
qui fait effort pour entrer, la retenoit, elle ne
tombe que par de fréquens élans qui ne reffetn-
blent pas mal à des Sanglots. La même caufe qui
-fait croître & décroître la mer fi régulièrement,
•feroit-elle le mouvement réglé de cette fontaine ?
Ne feroit-ce point auffi que, comme les fleuves ■
.emportés par leur pente vers la mer , font forcés
quelquefois de remonter par des vents ou par un
reflux, qui s’oppofent à leurs cours j- de même il fe
rencontre quelqu'obftacle interne qui fuccceffi venant
arrête & renvoie Peau de cette fontaine ?
N*y auroit-il point plutôt une certaine capacité
dans les veines qui fourniffent cette eau , & qui
fait que lorfqu'elles font épuifées, & qu'elles en
raffemblent de nouvelle, la.fontaine qui n'en reçoit
plus , diminue & coule plus lentement ? qu'au
contraire elle augmente & coule plus vite dès que
ces mêmes. veines remplies renvoient la nouvelle
eau qu'elles ont ramaffée.
COM M EN TR Y , village du departement de 1 Aiher, canton de Montmaraut, Sc à trois lieues
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on y ajouta le fujrnom de Cutilcnfes. Telle étoit la
marche des Anciens , qui perfonnifioient tous les
phénomènes fans les connoître. N’auroit-il pas été
plus fatisfaifanc, pour la raifon, que l’on fe fût attaché
à rechercher quelles étoient les circonftan-
ces qui avoient pu contribuer à la formation des
îles flottantes & à leur entretien. Je conçois que
cette étude auroit plus embelli, la nature , que
toute cette création imaginaire de dieux factices
qui ne valurent, jamais la plus fimple des bergères
qui fréquentoiem les bords du lac. Je me trouve
infiniment plus heureux en me bornant à l’.obfer- •
vation de la- nature, dont les beautés furpaffent
pour moi tout ce que l’imagination des Anciens a
pu nous tranfmettre. Laiffons donc là leurs rêveries
,■ leurs fupeiftitions pour les réalités qu'on n'a /
pu nous ravir, Pourquoi ces rêveries feroient-elles
l'objet .d'une, feience qui contrarieroit la marche
de rhiftoirenaturellei Ces rêveries qui ont arrêté
la connoiffance de l'hiftoire naturelle, .occupent
-aujourd’hui des gens qui vont à leur recherche
parce qu'il en*eft fait:mention dans les ouvrages
des Anciens,
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de Mont-Luçon. Les environs de ce village offrent j
plufieurs mines de houille qui pourroient devenir
importantes, notamment celle de Clavéré près de
la rivière de Baune. La houille qui en provient,
eft’de très-bonne qualité, propre à fouder le fer
& à tous les arts.
CGMMERCY , ville du département de la
Meufe, à cinq lieues oueft de Toul. Sa fituation
eft à gauche de la Meufe, dont le «anal vient baigner
les murs de la ville.
On fabrique dans cette ville des boucles de fer,
.de cuivre & d'étain. Il y a d'ailleurs une forge, pour
la fabrication du fer en barres 5 une manufacture
.de colle-forte de différentes qualités.. Son principal
commerce confifte en grains , v in s , b ois ,
chanvre & beftiaux.
C o m m e r c y ( F o r ê t d e ) , département de la
Meufe , arrondiffement de Commercy. Elle eft di-
vifée en deux parties.: celle voifîne de Commercy
a quatre mille deux cents toifes de large , fur trois
mille huit cents toifes. de longueur 5 Eautre partie ,
fituée du côté de Void , a trois mille fix cents toi-
. fes de long, fur dix-huit cents toifes de large.’; 1
COMMINGES. C e pays., fitué dans la ci-devant
.Gaffogne, étoit borné àu nord par i’Arma-
gnàé., au midi par les. Pyrénées, au couohantupar
le Bigorre& une partie par l'Armagnac., &-,au-le-j
..v.ant par le Couferans.& leRas- Languedoc. On lui ;
donnoit vingt-deux lieues dans fa plus, grande Ion- ;
gueur, fur douze lieues de largeur. Saint-Ber-!
trand en étoit la ville principale. Cette contrée eft]
arrofée d’un grand nombre, de ruiffeaux & de rivîè-1
res qui y prennent leur fource j les principales font j
la Nefte, la Save, le Lez & la Noue. J'ai confervé:
f dans cet article plufieursdiftinétions de pays, parce!
que ces contrées gagnent à être, connues. & défi- ;
ignées, fcpàrémen t. ■ ^ _ .
. . Le climat du ci-devant pays de Comminges varie
-fuivant que les villes en occupent les hauteurs ou
les plaints, & ■ h’.e celles-ci av.oifinent les montagnes,
Ces derniers, cantons font les plus froids, &
les pâturages qui en font les principales productions
y font excellens. C'eft là qu'on nourrit de,
gros & de menu b é ta il, & furtouc des mulets fort
.eftimés. Les montagnes Ibnt couvertes de .bois de
.fapins:, dé hêtres & de chênes. Cette denrée eft
tranfpcrtée par les. rivières de; T Allât, de Nefte &
de Garonne , pour la conftrû&ion des vaiffeaux.
Dans le Bas-Comminges on recueille beaucoup de
grains & de vins.'On voit par le détail de cès
denrées, que le principal commerce du pays .de
Comminges doit confifter en beftiaux , & furtout
-en mulets, en bois , en v iiis& en grains. •
COMMOTIÆ , nom des .Nymphes qui habitèrent
le lac Cutilenfis : on leur donna ce .nom
parce qu’ il y avoit dans ce lac une île flottante, tte
COMMUNICATIONS ’ SOUTERRAINES.
On a déjà penfé qu'il y avoit des communications
fouterraines entre le;Véfuve, la Solfatare , les îles
,de Lipari.& le mont Gibel en Sicile, quoique ce-
Jui-ci fort à quatre-rvingts lieues du mont Véfuve.
La principale raifon qu'on en a donnée c'eft la
quantité; prodigieufè des matières qui. font forties
-du! Véfuve j &: qui.ont couvert une partie des
-campagnes voifines. Pour jauger du mérite de cette
(preuve, le Père de la Torre a ieffayé de comparer
jçes. laves avec l'efpace vide qu’ il ’y a au dedans
du Véfuve. En fuppofant feulement cent trente
piéds de. hauteur pour la partie qui fe voyoit en
175.5 :3! & trois cent foixàrite-dix-fept pieds pour la
:profondèur du gouffre qui étoit au deffous , il
.cootiendroit un milliard cinq cent dix millions
c.quatre. cent foixante .mille huit cent foixante-dix-
• neuf pieds, cubes de matière , & il pourroit renfer-
. mer vingt-quatre fois toute la lave qui fortit en
• 1757>r'en calculant l’efpacé qu’elle devoir occuper
dans fon état naturel : cela fûffit pour faire croire
; que là quantité des laves forties du Véfuve n’ exige
-pas un efpace plus confidérable que le creux même
-de la montagne, .ou du moins.les environs de fa
bàfe. T e pays eût été ruiné depuis long-tems fi
un hrafier-, auffi vafte & auffi profond en avoit
miné tout l'intérieur depuis tant de hècles.
Le Père Damato, dans*fa Difffiçration, imprimée
à Paris en 1760, à la fuite'de i'Hiftoire du Père
de la Torré , prouve affez au long qu'il ne peut
pas y. avoir de communication. M. d’Arrhenay lui-
même .nous en fournit une preuve daDS fon Mémoire
j car quoiqu'il crût, allez à la communi-
. cation du Véfuve avec la Solfatare , il avoue., d ’après
fes propres obfervations, qu'il n'y avoit dans
î leurs effets aucune correfpondance. DansTéruption