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tendait qu’il y avoit deux fortes de volcans, ceux
de feu & ceux d’eau.
Mais on ne pouvoit pas fe former cette idée, à
l’égard de Cotopaxi ; car des témoins dignes de
foi , qui avaient eu le bonheur de ne toucher qu’au
bord de l'inondation, affuroient que l’eau n’étoit
pas chaude. Ils avoient vu une matière huileufe
qui étoitenflammée, que Peau portoit & pouffoit
devant e lle , & qui dut produire l’effet fur les cadavres
fubmergés au bas de la montagne. Il parut,
en examinant l’étendue des efpaces qui avoient été
fubmergés, & toutes les autres circonftances,
qu'une très-petite quantité d’eau avoit caufé tout
le defaftre, car l’inondation ne dura pas un quart
de minute en plufîeurs endroits. Elle étoit annoncée
par un bruit qui étourdilfoit. On s’avertiffoit
les Uns & les autres du danger. L’eau difparoiffoit
dans un inftant, & on auroit pu s’imaginer que
c étoit un fonge fans les marques funeftes qu’elle
laiffoit de fon paflage. On peut foupçonner que la
neige fe fondoit depuis long-tems vers le haut du
volcan, &■ que celle d’en-bas, beaucoup plus éloignée
du feu, confervoit fa dureté & formoit une
efpèce de baflin avec la croupe de la montagne.
Mais la fonte des neiges/devenant toujours plus
grande , le poids en augmenta trop confîdérable-
ment, 1 eau dut tomber, tk l’on vit aufli de greffes
maffes de neiges toutes fumantes qu’elle entraî-
noit, & qui, quoique brifées, avoient encore plus
de quinze à vingt pieds de diamètre.
COUCHES DE LA TERRE. On appelle couches
de la terre les différens lits ou bancs de terre ,
de pierres de fables dont notre Globe paroît composé
à certaines parties de la furface. Pour peu
qu'on obferve dans toutes les coupures qu’on rencontre
a la furface du Globe , on reconnoît qu’il
eft formé d’un grand nombre de différentes fubftances
difpofées par couches, dont les unes font
horizontales & parallèles entr’elles , les autres inclinées
à l’horizon & également parallèles lorsque
quelque caufe extraordinaire n’a pas mis d’obf-
tacle a ce paralléîifme. Ces couches varient en dif-
lérens endroits, quant au nombre, à Pépaiflèur &
à la nature des matières qu’elles contiennent. Dans
certaines contrées on ne trouve, en fouillant à une
très-grande profondeur, que quatre à cinq couches
différentes, tandis que dans d’autres on en rencontre
trente à quarante, placées les unes au deffus des
autres : quelques-unes de ces couches font entièrement
compofées de terres, telles que les argiles,
les marnes , les craies, les fables durs & coulans*
les graviers j d’autres, de cailloux roulés ou galets
femblables à ceux qu’on trouve fur le bord
des mers & des rivières ; d’autres contiennent des
fragmens de pierres détachés de différens endroits,
& raffemblés dans les lieux où on les trouve actuellement.
.
Quelques couches font compofées de bancs de
pierres d’un grain plus ou moins fin, plus ou moins
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dur , plus ou moins infiltré , qui s’étendent &
fe prolongent fur une affez grande partie de la
furface de la Terre. Tantôt ces pierres font calcaires
ou gipfeufesj ailleurs, fabloneufes, argi-
leufes : quelques-unes de ces couches font d’un feul
lit , d’autres fois elles font diftribuées fur leur épaif-
feur en plufîeurs petits lits ou feuillets ou lames
plus ou moins faciles, à féparer.
Ces différentes couches offrent quelquefois des
amas de coquilles, de madrépores & d’autres animaux
marins, d’offemens de poiffons & de quadrupèdes
terreftres, d’impreflîons de plantes auffi
terreftres, & tous ces amas de corps qu’on a regardés
comme étrangers à la Terre, quoiqu’ils aient
contribué à.en former une grande partie, occupent
de vaftes contrées, de grandes parties de nos con-
tinens.
Enfin, on trouve des fyftèmes de couches, Ja plupart
fort inclinées à l’horizon, & qui font toutes
compofées de matières bitumineufes & combufti-
bles : telles iont les mines de charbon de terre.
. l^ ^tres font des amas de matières falines : c ’eft
ainfi que fe trouvent dans l’intérieur des continens
le fel marin & le natrum. ( Voye£ ces articles. )
Enfin, on trouve aufli beaucoup de matières minérales
diftribuées par couches , & qui femblent
avoir été transportées par les eaux & dépofées
ainfi dans les lieux où nous les trouvons. ( Koye%
MlN.ES SECONDAIRES.)
Perfonne ne connoît jufqu’ à quelle profondeur
font difpofées dans le fein ae la Terre ces matières
ftratifiées par couches ; mais on fait qu’en général
elles font allez fuivies quant à leur allure, & que
dans certaines circonftances on rencontre des maffias
qui ne font pas organifés par lits , & qui fervent
de bafes à ces couches.
Ainfi, dans certaines parties des continens, en
fuivant de grandes vallées, on obferve un fyftème
de couches parallèles à peu près le même, fur une
étendue confidérable , _& compofées de femblables
matières , difpofées de la même, manière.
Mais dans d’autres cantons, la direètion de ces
couches y leur compoficion, leur matière, leur épaif-
feur, leurs pofitions refpeétives offrent tant de variations,
qu’on ne peut guère établir de règle g é nérale
fur leur itru&ure, leur compofition & .leur
pofition.
Dans le premier cas dont nous venons de parler
, on voit d’un bord d’une vallée à l’autre opposée
, les mêmes couches correfpondantes, coupées
à peu près de même', en forte qu’il réfulte de cette
organifation uniforme des deux bords d’ une vallée,
que lemaflîfqui rempli (Toit le vide de la vallée étoit
compofé de la continuité des mêmes couches. Ces
phénomènes fe retrouvent quelquefois dans les parois
des cavernes & des grottes, & fouvent encore
dans les deux bords d’un golfe ou d’ un détroit $
ce qui prouve aufli que la fuite des couches a été
détruite dans l’ un comme dans l’autre cas.
Quoiqu’il y ait des preuves fréquentes de la con-
C O U C O U 5oi
finuité & du prolongement des couches d’un canton
à un autre pendant un allez long trajet, il s en
faut bien qu’on puiffe en faire une règle générale,
& que cette uniformité ne foit pas troublée dans
bien des cas. L’on ne pourra prononcer à ce fu-
jet qu’autant qu’on aura bien décrit en détail chacune
des couches y & les matières qui font entrées
dans leur compofition d’ un intervalle à l’autre:
c’eft même fur ce plan de travail que la géogra-
phie-phyfique pourra nous mettre en état de prononcer.
-
Woodward, Derham & plufîeurs autres phyii-
ciensqui avoient fait quelques obfervations un peu
trop vagues, & peut-être guides par un intérêt de
fyftème, crurent pouvoir décider,comme une loi
générale, que les matières étoient difpofées dans
ces couches fuivant l’ordre de leur pefanteur Ipéci-
fique. Mais depuis qu’on a mis plus de fuite &
d'exaélitude dans les obfervations^, on a reconnu
qu’il y avoit beaucoup plus de faits contraires a
cette prétendue difpofition générale, que de favorables.
^ ,/
Ce »’eft pas feulement dans le paflage cl une
couche fupérieure à une couche inférieure, qu on
trouve cetre irrégularité dans la difpofition aes
matériaux qui les compofent, relativement à leur
gravité fpécifique ou à leur nature & qualités, mais
encore fouvent dans une feule ôc mêmecouche on
rencontre cette confufion & ce défordre apparent.
Malgré ces exceptions, nous devons dire cependant
que les mêmes matériaux qui compofent les
couches de la Terre femblent diftribués a peu près
dans les mêmes cantons ou dans des cantons femblables,
relativement à leur allure, a leur clilpo-
fition relative j ce qui annonce que cette organifation
& cet arrangement tiennent à des agens qui
ont travaillé en grand, & fur un plan aufli valte
que magnifique^, F"oye\ T r a c t u s , A m a s . )
Nous avons déjà fait mention des coquilles <x
des dépouilles des animaux marins, commeformant
en grande partie certaines couches de la Terre. La
quantité & la variété de ces foffilcs eft immeme 5
leurs rapports avec les êtres du règne animal font
on ne peut pas plus marqués : on en trouve dans
des traêlus fort étendus & à de très-grandes du-:
tances. Mais cependant nous exceptons' certaines
portions delà furface de laTerre, où aucune efpece!.
de ces foffiles ne fe rèneontre, tant parce qu il ne,
s’y trouve ni lits ni bancs, que parce que la nature
des fubftances qui compofent ces maffifs différé totalement
de la nature calcaire des animaux marins.
Ces corps, figurés au refte partout ou on les
obferve, font dans divers états, fuivant les couches
& les mélanges des matières hétérogènes qui les
enveloppent : les uns font calcines., d autres pétrifiés
, quelques-uns agatifiés, & enfiq minéralifes.
Quelquefois on en voit des empreintes fur-les.
pierres, d’autres fois des noyaux moulés dans le
creux de ces corps. ( Voyei C oquilles fossiles
& F os siles, & d’autres articles,comme Fa lu n ,
A m a s , où l'on trouvera un grand nombre de faits
relatifs à toutes les circonftances précédentes. )
Au refte, nous pouvons dire ici que nous avons
furies couches de la Terre des faits & des obfervations
affez multipliés, aflez bien raifonnés pour
pouvoir donner une explication fatisfaifante de la
formation de cès couches y & furtout de l'intro-
duétion des corps marins entiers & des végétaux
qui s’y trouvent.
J’ai déjà parlé de couches inclinées a l’ horizon
fous différens angles i j’ ajoute ici que ces fyftèmes
de*couches ont été reconnus occuper certaines parties
de la Terre qu’on a déjà diftinguées, & que
j’indique particuliérement fous la dénomination de
I moyenne terre. Outre leur inclinaifon , elles ont
éprouvé des courbures & des inflexions infiniment
variées, que je décrirai très en détail à leur article
C ouches inclinées : en même tems je tâcherai
de développer les différentes circonftances qui ont
contribué aux phénomènes de 1 inclinaifon & de
la courbure de ces bancs. Je dois me borner ici à
ce qui concerne les couches horizontales & leurs
différentes compofitions.
Avant de parler de leur formation, je dirai un
mot de leur diftinftion ou réparation , & de ce oui
contribue à ce phénomène. Lorfqu’on jette les
yeux fur un de ces fyftèmes de couches qui fe montrent
fur les bords de certaines vallées, on voit que
les bancs /les lits dé pierres, font toujours féparés
par l'interpofition des fubftances terreufes, qui ne
font pas de nature à prendre une confiftànce foli.de :
en forte que ces fubftances terreufes, ces marnes
& ces argiles fe trouvent en lits plus ou moins
épais dans l’intervalle d’ une couche à une autre,
d’un banc à un autre. ( Voye^ a ce fujet Distinction
des couches-, où toutes les circonftances
qui fe rencontrent dans ce beau travail de la nature
fe trouvent décrites. )
Toutes les autres circonftances qui accompagnent
les couches de la Terre ont depuis long-tems
; attiré l’attention des phyficiens & des naturaliftes,
& depuis long-tems ils ont cherché à rendre rai-
fon des difpofitions qu’ ils y remarquoient & des
principaux phénomènes qu’elles ont offerts à me-
fure qu’ils les ont obfervées davantage. La pofition
horizontale de la plupart de ces couches, le
: paralléîifme qu’elles obfervent entr’elles, ont fait
: fentir aifément qu’il n’y avoit que les eaux qui
pulfent leur donner cet arrangement fi uniforme,
fi régulier, fi étendu. Une expérience fort fimple
fuffit pour confirmer cette idée. Si l’on jette dans
un vafe plein d’eau quelques poignées^de terre ou
de fable, chacune de ces fubftances s’ y-dépofera
plus tôt ou plus tard, en raifon de fa pefanteur,
le tout formera.plufieurs lits qui feront parallèles
les uns aux autres. D’après ces effets fimples
on a conclu qu’ il falloit néceffairement que les
• couches de la Terre euffent été formées de la même
manière par des fubftances délayées dans un fluide