
long de la Manche , dans la partie la plus fepten- ?
trionale de la Picardie. Il écoit borné , au fepten-
t r io n , par le pays reconquis ? au le v an t , par l'A r tois
> & au m id i, par le Ponthieu. Les rois de
F ran c e , pour récompenfer la bravoure & la fidélité
de lès habitans, leur accordèrent le privilège
de fe garder eux-mêmes. Us s'enrégimentèrent &
formèrent un corps de troupes. Le Bolonnois fait
aujourd'hui partie du département du Pas -de-Ca-
lais.
B O U L O N ( l e ) , bourg du département des^
Pyrénées-Orientales, arrondiflement & canton de
C e r e t , & à une lieue trois quarts de ce tte v ille ,
fur le T e c h . Près de Boulon, il y a des mafiés de
g ran it, & au-delà de la rivière de T e c h des fchif-
tes g ro ffiers , & plus loin ces fchiftes fe trouvent
mêlés a vec du granit traverfé de veines de.quartz.
BO U R BO N ( I l e d e ) , île d 'A f r iq u e , dans la
mer des Inde s, à l'orient de Madagascar. Elle a environ
quinze lieues de lo n g , fur dix de large. Elle
fu t fouvent reconnue par les Français dans leurs
v o y ag e s de Madagafcar à l’ Inde. Leurs vaiffeaux y
re lâ ch o ien t, engagés par la falubrité de l'a ir , la
bonne qualité des eaux & l ’abondance des tortues
de terre.
C e ne fu t qu'en 1720 que l ’établiffement en
grand de la compagnie des Indes v in t animer les
premiers hàbitans d e c e tte colonie. Elle eft actuellement
dans l'é ta t le plus floriflant.
L ’île peut fe nourrir elle-même, & fournir à fes
befoinsen c u i r , en laine & en coton. "
L ’ îîe eft ronde & a bien foixante lieues de c ir conférence.
Elle n'a pas d e p o r t , mais plufieurs rades
foraines , doiit celles de Saint-Denis & de Saint-
P a u l, du nom des quartiers principaux de l ’île , qui
y font fituées , font les meilleures & les plus fréquentées.
La dernière mêmepourroit être regardée
comme une excellente baie s 'il é to it poftible
d'en fortir quand les vents paffent dans la partie
de l'ou eft. La cô te eft faine & a dix brades de p ro fondeur
p artout à une ou deux portées de funl du
rivage ? cependant le vent ; les barres & les réc ifs
qui ferment le rivage dans plus de la moitié de
l ’ île ,' les madrépores qui couvrent une grande
partie d es fon d s , rendent la plus grande partie des
cô te s inabordables , & les mouillages peu fûrs.
L 'in térieur de l'île n'a de terres cultivables que
dans le trajet de la mer aux montagnes , jufqu’ à
une certaine h a u teu r , faifant la profondeur d'env
iron une ou deux lieues. O r , déduifant fur ce t
efpace les montagnes & les ravines en grand nombre
qui s y trouvent p h c é e s , les roches? les tufs ,
les fables & les lits des rivières , on croit pouvoir
réduire la fuperficie des terres cu ltiv ab les , tant
bonnes q u em au va ife s , à cinquaute lieues carrées.
Les. te r re s , prefque partout en p en te , réparant
leurs pertes par les matériaux que les eaux leur
ap portent des terrains fu p ë rieu r s , y font en g énëral
de meilleure qualité que celles deVUe-dë-
F r a n c e , quoique l'île foit actuellement dans un
état brillant en comparaifon de ce qu’elle étoit.
Cependant on peut affurer que les produits de la
culture éto ien tplus confidérables autrefois , q u ’ils
ne le font maintenant. Les terres neuves^ y font
très-rares au jou rd'h ui, & la terre une fois épui-
fée par la production non interrompue pendant
quarante ou cinquante ans de deux récoltes par
a n , devient un tu f qui ne rapporte pas même de
mauvaifes herbes.
L e riz , le m a ïs , le from en t , le pois du C a p ,
les h a r ico ts , les vo ëm e s , les am b e ries , les am-
b re v a te s , la canne à fu c r e , le man ioc, la patate ,
le fo n g e , le ca fé , le c o to n , font i c i , ainfi qu'a
l’U e-d e-Fran ce, les objets de culture les plus g é néraux.
Les labours fe réduifent à en gratter la
fuperficie à deux ou trois pouces de profondeur
au plus a vec la pioche.
Les chevaux y font bons & v i f s , mais en g é néral
ils y durent peu. Les autres animaux domef-
tiques , comme b oe u f s , c o c h o n s , ca b r is , moutons
& les v o la ille s , s 'y multiplient aifément. Le s
vaches y donnent peu de lait. La tortue de t e r r e ,
fi commune autrefois , y manque totalement. La
chauve-fouris de la grande e fp è c e , mets auffi rech
erch é qu'elle le mérite par fon goût d é lic a t ,
commence à y devenir rare. Il y a beaucoup d'abeilles
fauvages qui fourniffent à l'île fa co n fom -
mation en cire.
Dans la partie fud-eft de ce tte île , à quatre
lieues des bords de la m e r , il y a un volcan qui
brûle toujours, plus ou moins depuis que l'île eft
connue. On y v o it encore la trace bien marquée
d’ un ancien volcan qui a brûlé dans la partie de
l 'e f t , à deux lieues des bords de la mer , & dont
les veftiges n'ont pas plus d’un fiècle d ’antiquité.
B o u r b o h -L a n c y , ville- du département de
Saône & L o ire ,ch e f- lie u de can ton , près la L o ire .
C e t te ville eft fur le penchant d’une montagne.
O n la divife en trois parties : la p rem ière, appelée
la ville, n'eft féparée de la fécond é que par une-
foire , & la troifième eft le faubourg de Saint-Lég
e r , où font les bains que nous allons faire con-
noître. Les eaux de jBourbon-Lancy font c la ire s ,
très-légères , & tellement fans o d e u r , qu'on peut
s'en fervir pour faire du pain. Les fontaines qui
donnent ces eaux font au deffous d'un rocher e f -
carpé ? elles éto ien t déjà en réputation du tems
des Romains j c e qu'on a reconnu par des monu-
mens antiqu es, dont les reftes fubfiftent encore.
T o u te la diftribution de ces eaux é to it dans le p lus
grand défordre lo rfq u e , vers 16 8 0 , le Gouvernement
s'occupa de remettré en état les fontaines
Sc les bains : il y a maintenait cinq bains, de deux
defquels on a retiré dés monumens antiques. Le s
fontaines font au nombre de fept : la principale
s'appelle la grande limbe ; une autre , la fontaine de
la Reine, parce que Marie de Lo r ra in e , femme de
Henri.
Hétfri I I I , en fit ufage* La pre$uèré d e 'c e s fontaines
eft très-chaude : ori en b oit cependant l’eau
quelque tems après qu'elle eft fortie de la fource.
En g én é ra l, ces eaux n’ont ni goût ni o d e u r ,
quoiqu'elles foient fu lfu reu fe s, b itumineu fe s, &
chargées de fel marin j elles raffermiffent lés nerfs
& fouîagent les perfonnes tourmentées de rhuma- '
t i fm e ,& c .
. J’ajouterai maintenant à c es détails fu r BoWrbon-
Lancy deux confidérgtions fuir la diftribution des
eaux par les Roma in s , -dans'la conftruétion1 des
bains qu’ ils nous ont laiffés ■ & tranfmis. On c ro y a it ,
par e x em p le , du tems des Roih âin s , que les eàux;
chaudes pouvoient guérir les maux de nerfs? car
ces indifpofirions furent à R om e , comme parmi
nous , un des effets du: luxe - & de la- molleffe.
L ’e x e r c ic e , qui eft peut-être le feul remède v é ritablement
efficace contre ces fo r te s :d e m a u x ,'
fa ifo it toute la réputation des e a u x , & fur tout des-
e a u x éloignées. Il femble que lés médecins ont
trop n égligé çes reffources lo rfque , dans les embelli
demens des eaux célèbres & fameu fe s, ils ont
consenti à la facilité des abords & à l'amélioration
des routes. Des chemins remplis d'inégalité
s , 6c au milieu defquels on éprouvoit des fe--
couffes fortes & répétées pendant plufieurs lieu e s, j
étoient plus affortis au Tyftème de guérifon qu'on
de vo it fe p ro p o fe r , en 'tirant les malades d’ une
v ie o if iv e , où l’on a plus-de defirsrqué dè befoins,
& plus de pallions que de forces. : $f
, Æn fécond lieu i nous trouvons-à Bourbon-Lakcy
la diftribution des eaux d ’après leurs vertus médi-.
çin a les , comme une fuite de l ’étude que le s R o mains'avoientfa
ite de leurs différens effets.
L orfqu ’on vo it quelques-unes de ces fources
abondantes d'eaux chaudes dans le Bourbonnois ,
l'A u ve rgn e & la Champagne j contenues dans le s
baflïns que les Romains ont con ftru its, & qui ont
confervé le même degré de chaleur & les mêmes
principes d'efficacité ; lorfqu’on remarque même
que ce tte çonftruétion des Romains eft appropriée
aux ufages auxquels ces eaux continuent d’être
applicables ; que celles q u i , par leur tempéra tu re,;
conviennent aux b ains, fon t drftribuées dans des
baffins qui font propres à ces ufages depuis dix-
huit. cents • a n s , on né p e u t , fans étonnement
contempler » des merveilles' auffi durables. Qu el
principe auffi confiant de ;c ette.ch a leu r ., de ces
différentes, nuancés dè température peut-on foup-
çonner dans lès canaux fouterrains qui nous fou r-
niffent ces eaux ? Q u el aliment peut fuffire à l'entretien
de c e tte chaleur ? Je ne -vois rien qui puifiè
nous conduire à la fo lu tio n d e problèmes auffi im-
porrans. Si nous parvenons jamais à connôître les
reffources de la nature pour opérer tous ces e f fe ts ,
eliesctie.ndr.ont à des élémens dont nous n’avons
pas les premières idées ? car les Modernes ne font
pas plus avancés à c e t égard que les A nciens,:dont
.Sénèque nous rapporte les conjectures dans différens
chapitres du troifième livre de fes Quefiions
Géographie-Pfiyfique. Tome 11 J.
naturelles/ Ges eohjedturés,- au refte font dans c e
cas ëqui valèrïtes1 'à! un- aveu- d ’ ig n o ra n c é , ’• e x cep té
qu'elles ne font ni auffi môdeftesi ni aùffi fin-;
cè'rés.
B O U R B O N -L 'A R C H AM B A U D , ville du d é -
pat fement de l’A ilie r j elle eft cé lèb re par fes eaux
minérales, qui font contenues dans trois p u it s ,
chacun de cinq pieds huit pouces de diamè tre, 6c
qdi paroiffént d’abord alimentés par trois fources
différentes; iïiais-qui n'en font qu'une feule. Les
bouillons du puits du milieu font plus abondans
qüë danè le s deux a'utres latéraux. A u deffiis de
cés puits i l y a un grand bain-carré, qu’ on appelle
le bain des pauvres, & à deux pas de- là eft une
maifon oû fo n t , au r e z de chauffée-, trois chambres
voûtées : c ’eft là où l ’on trouve les autres
b a in s, qui ont trois pieds d ’eau. L’ un-eft pour les
hommes? le fécond ri’éft prefque d’ aucun u fa g e ,
le troifième fert pour les femmes. Près de c e t t e
v ille Tl ‘y a des rochers avec des veines , dont les
petits criftaux quartzeux reffemblent à- des dia--
jmans, & qui coupent le verre.
| BO U R BON N E -LE S -BA IN S , ville du départe-
, ment d é la H au te-Ma rn e, chef-lieu d e can ton , fur
jl'A p an ce : il y a dés eaux;minérales ch au des, qui
.fo n t excellentes pour la paralyfie, les rhumatifmes,
le feoirbut, la goutte* la g rave!le, & c. L 'hôpital mi-
Titaire de Bourbonne-les-Bains eft rempli de foldats
b le fle s , dépuis le 3o juillet jufqu'au 2 oélob re. La
fontaine eft fitu ée1 à l’extrémité méridionale de la
v i l l e & coule vers la partie occidenta le 5 elle eft
renfermée dans une forte de p u i:s , & l'on s'en
fert uniquement pour b o i r e , du moins à la fou rce .
La chaleur de l’eau de ce tte fontaine eft au fixième
degré aü'moins j c e qui fait qu’ on ne peut fe fervir
de ce tte'eau pour le$ bains domeftiques, qu’a-
■ pie s qu’elle a repofé un tems confidérable. La
fource dont il eft queftion peut fournir près dè
deux cents muids d’eau par jour : ce tte eau s?é -
cou le eh partie dans le baffin du bain p u b lic , dif-
tant de quarante pas ou environ v e r s i ’oriënc. L ’eau
! de c e bain pénètre infenfiblement dans un autre
qui eft c o n t ig u , & qui n’ eft féparé que par un
mur : ce lu i-éi d’ ailleurs fe remplit par d’aurres
fohrees. C é s deux bains fon t voifirîs d’une maifon
ci-devant feign eu r ia le, que l’ on-nommoit la-mai~
fon ou le bain du feigneur. A côté*, & à deux pas»
dé dift'anee, en retournant vers la-fource' principale
, font deux autres bains fépar'és par une c îo i-
fo n , l’ un pour lés hommes y 6c l’autre pour le s
femmes : on lès nomme les bains des pauvres. A
cent cinquante pas vers l’o r ie n t , plufieurs petites
fources concourent à-remplir deux autres baffirs
féparés également par une clciifoni & dont la chaleur
eft fupportable : c ’eft ce que l’ on aj p^ lie le
bain Patrice. '
1 C e s eaux chaudes fon t monter le thermomètre
d e Réaumur jufqu’là foixante -deux'd egrés, i f y 3