
moins confidérables occupent une partie de ce
vafte efpace. Celui de Titicaca, qui reçoit dix à
douze grandes riviètes & beaucoup de petites, a
foixante-dix toifes de profondeur 8c quatre-vingts
lieues de circonférence : de la plupart des lacs for-
tent des torrens qui, avec le tems, ont creufé des
vallées d’une profondeur effrayante.* Les quebrados
au fommet des collines qui les bordent, font ordinairement
les filons des mines dans un terrain
généralement aride. C ’eft à un niveau plus bas,
ou-bien dans le fond des vallées & des gorgés,,
que le blé croît, que les troupeaux paillent, que:
l ’on cultive les cannes à fucre, lë maïs & les ambres
à fruit.
Les terrains en pente, d’une longueur immenfe,
qui peu vent avoir depuis huit jufqu’à vingt lieues de
largeur, & qui s’étendent de la plaine dont nous
venons d e ‘parler jufqu’ à la mer, enfin que l’on
çonnoît .fous le nom. de. vallées, n’ offrent qu’ un
amas de fables. Une flérili,té éternelle femble devoir
être le partage de ce fol ingrat.
La nature varie la température & les productions
dans un fol auffi inégal. On a vu que les fommets
les plus élevés, quoique fous la ligne, érpienc
conftamment couverts de neige } qu’ à la fuite ve-
noient des rochers & dés fables nusj qu’au deffqûsi
on commehçoit à voir quelques moufles} que.pins?
bas étoit Yicho 3 plante que l’on brûle, & qui eft
affez femblable au joncj elle, devient plus ..longue?,
&c plus forte à mefure qu’on dëfcend. Des ark.resf i
fe montrent au nombre de trois efpèces pàrtiçù-:
'Jières à ces montagnes : tous annoncent par leurs
feuillages & leur ftrüûure la rigueur du climat où;
ils. font nés. Le plus utile de ces. arbres.eft le caffis.-.
' Cps grands" végétaux ne fe retrouvent plus dans un
’ climat plus doux } ils fie font remplacés que par un
petit nombre d’autres, d’une qualité différente. Il
J n’y e n aiiirôît même d’aucune efpècé dan^ les vallé
e s , fi Fort n’y en avoit porté qui s’y font nâtù-
' ritffé’s;-' ‘ S ' >• ' ‘ : * " 7 "
rOutje les maladies qui font particulières à ces
différentes températures, & dont nons ne parle-.
. ions point ic i, il eft un autre fléau auquel J’efprit
. humain, ne. trouvera jamais.de,remèdé. Les trem-
blemens de terre, fi;rares,ailleurs, que les générations
fe ifuccèdentf/Souvent fansven voir un feul,
font fi ordinaires dans le PéroUj.qir’on y.a contracté
l ’habitude de les compter, comme une fuite d’époques
d’autant plus mémorables, que leur retour fréquent
n’en diminue pas la violence.
Le climat offre des fingpiaritës remarquables
dans le Haut-Pérou. On.y éprouve l.e.même jour ,
-quelquefois à la mêmeEeurè-, & toujours darts un
efpace de tems très-borné,nia .temp.ératôxe des t
zones les plus oppoféeg. : cetm qui.$vy rendent des
vallées font,perces,.en^yiarrivant, d'un fïoid très- -j
rigoureux, dont nir.le feu -, ni i'aCtion, ni Jes.vête.r ■ •
mens ne peuvent les garantir, mais dont l ’impreT-
ficn ceffe d ’être désagréable après un féjoUjr.d’un J
mois. Les fymptômes du mal de mër tourmentent
les voyageurs qui y paroiffent pour la première
fois , avec plus ou moins de violence, félon qu’ils
auroient eu à fouffrlr .fur l'Océan. Cependant,
quelle qu’en foit la caufe, on n’eft pas expofé à.cet
accident partout, & aucun des académiciens qui
mefurèrent les degrés dû méridien fur les montagnes'
de Quito, n’en fut attaqué.
Quoique très-près de l’équateur, ce pays jouit
d’une délicieufe température. Les quatre faifons
de l’année y font fenfibles, fans qu’aucune puifle
paffer pour incommode. Celle de l’hiver eft la plus
marquée,; on ën i cherché la caufe dans les vents
du pôle auftral, qui portent l’impreffion des neiges
& des glaces qu’ ils ont franchies} ils ne la confer-
vent même en partie que parce qu’ ils foufflent au
milieu d’ un brouillard épais, qui couvre alors la
.Terre. A la vérité,, ces vapeurs groflïères ne s’élèvent
que vers le midi} mais il eft rare qu’elles fe
diflïpent. Le ciel demeure communément aflez
couvert,' popr quelles: rayons du foleil, qui quelquefois
fe montre j ne puiffent adoucir le froid
quetrès-légéremënt. Quellp que foit là caufe d’ un
hiver fi confiant fous la zone torride, il eft certain
qu’il ne pleut jamais, ou qu’il 11e pleut que
tous les deux ou trois ans dans .le Bas-Pérou. Ne
>pourroit-on pas attribuer la caufe d’un phénomène
fi extraordinaire au vent du fud-oueft, qui y règne
J a plus grande partie,de l’année , 8c à la hauteur
prddigieufé des montagnes;, dont la,cime, eft couverte
de glaces perpétuelles? Le pays fitué entre
deux , continuellement refroidi d’un côté , Continuellement,
échauffé de l ’autre, conferve une température.
fi égale, quejes nuages qui s’élèvent, ne
peuvent jamais fe condenfer au point de fe réfôu-
dre en pluie.
Il faudroit cepéndànt' des pluies, 8c des pluies
fréquentes pour, communiquer quelque,fertilité
aux côtes qui s’étendent depuis Tombés jufqu’à
Lima-, ç’ eft-à-dire , dans un efpace de deux cent
foixante-quatre lieues. Les fables en font fi généralement
arides, qu’on n’y voir pas la moindre verdure,
la pointe d’une herbe, excepté dàns les parties
qu’on peut arrofer, 8rces eaux propres aux arro-
femens font très-rares. Il n’y a pas une feule fourçe
dans le Bas-Pérou ; ce,qui n’eft pas extraordinaire ,
puifqu’ il n’y pleut pas, comme-nous l ’avons dit.
Par la même raifon, les rivières n’y font pas communes
, 8c celles qu’on y vo it, ou prennent leurs
fources dans une région fupérieure, ou n’ont la
plupart de l’ eau que fix à fept mois de l’année. Ce
font la plupart des rivières fort rapides qui fortent
des lacs plus ou moins grands, dont les bafîins font
formés dans la bafe des cordillères ; elles ne parcourant
qu’un petit efpace & tariffent durant l’été.
Du tems des Incas, ces eaux précieufes étoient
.recueillies avec, foin, & , par le fecours de divers
canaux, dïftribuées fur une fuperficie fort grande
qu’elles, fertilifoient. Les Efpagnols ont profité de
ces travaux, ;
CORDOUAN ( Tour de ) , dans le département j
de la Gironde. Cette tour eft dans l’embouchure
de la Garonne, fur un rocher, où l’on voit un
phare bâti vis-à-vis de Royan, dont il n’ eft féparé
que par un trajet de quelques minutes. Cette tour
de Cordouan eft un batiment d’architeCture qui a
cent foixante pieds d’élévation. 11 fert à éclairer
les vaiffeaux qui approchent de la c ô te , 8c qui
fans ce fecours feraient en danger de fe perdre
la nuit fur les bancs de fable dont l’embouchure
de la Gironde eft embarraffse.
• C O R E N T , village & montagne très-remarquables
dans la Limagne,département du Puy-de-Dôme.
.Cette montagne eft, dans la plus grande partie de fa
maffe volcanique, couverte de feories dont on peut
aiférr.c-nt' charger des barques fur l’Ailier qui paffe \
au pied de cette montagne.
COR GO L IN , village du département de ra I
Côte-Dor, arrondiffement de Beaune, & à deux
lieues nord-eft de cette ville. 11 y a, dans ce village,
des carrières de marbre jaunâtre ou couleur d’or,
mêlé de veines pourprées.
COR. GUILLEROY, village du département du
Loiret, arrondiffement 8c canton de Montargis,
à une lieue un tiers de cette ville.
CORMEILLES , bourg du département d e ,
l’Eure, arrondiffement de Pont-Audemer, fur la
•rivière de Calonne, à trois lieues & demie fud-
oueft de Pont-Audemer. Son principal commerce
eonfifte en grains 8c en toiles. Il y a un moulin à
.huile, & Ton y prépare des cuirs. La campagne
des environs eft très-fertile.
CORMERA ( le ) , village du département âe
l’Yonne, canton de Bienau. 11 y a une verrerie '
-dans'ce^village. ....................•
CORMORIN , village du département de la
Sarthe, canton 8c commune de Vibraye, 8c à une (
demi,-lieue de cette ville. Près de ce village il y a
des forges bien entretenues.
CORNASQUE ( Pointe de ) , du département
des Baffes-Alpes, canton de Meironnes , à la frontière
du Piémont. Elle a du nord-eft au fud une
demi- lieue de longueur.
CORNE ( Col de la ) , montagne des Alpes-
Maritimes, canton de la Briga, à deux lieues 8c
demie de cette ville.
CO R N É , village du département de Maine 8c
Lo ire, arrondiflement de Baugé, à quatre lieues
,8c demie de cette ville ^ & à trois lieues & demie
d’Angers. Il y a des carrières de l’ardoife la plus
•eftimée de la France.
CORNEILLA, village du département des Pyrénées
Orientales , arrondiflement 8c canton de
•Prades. Il y a , dans le territoire de ce village, ail
lieu appelé la Berne, deux fources d’eaux minérales
ferrugineufes-, nommées communément Pi-
ckerottes.
CORNETO. Corneto eft à quatre lieues au nord
de Civita-<Vecchia, à neuf lieues de Montefiafcone,
8c autant de Viterbe j c’ eft une petite ville de
l’ Etat eccléfiaftique, remarquable par des reftes
curieux d’antiquités étrufeues, qui en font peu
éloignés. A une lieue au nord de Corneto eft une
colline appelée Civita-Tarchino, où l ’on croit
qu’étoit autrefois la ville célèbre de Tarquinia ou
Tarquinium. Ce n’eft plus aujourd’hui qu’une vafte
campagne, dans laquelle on a trouvé en différens
tems, des inferiptions, des médailles & autres
reftes d'antiquités.
Plufteurs petites éminences appelées Monti-
Rojfi font entre cette colline & la ville de 'Corneto
3 à une lieue de la mer : on en a ouvert une
douzaine, & l’ on y a trouvé des chambres fouter-
raines de vingt à trente pieds, taillées dans le tu f,
revêtues de ftuc, garnies de vafes étrufques de
différentes formes, & des peintures, dont quelques
unes font fupérieures à tout ce que l’on con-
noiffoit de la manière des Étrufques.
CORNICHE ( Paffage de la ). Le Paffage de la
Corniche eft furtout pratiqué par ceux qui vont de
Nice à Gênes lorfqué les vents font contraires
pour aller par mer} ce qui eft très-ordinaire, parce
quelle vent d’éft règne au moins deux jours fur
trois dans ces parages.
Les voyageurs font une peinture effrayante de
I ces chemins. Les fommets des rochers, fur lefquels
; on paffe en defeendant 8c montant alternativement
des uns aux autres-, font quelquefois faillie fur les
ondes effrayantes j qui fe brifent au bas avec un
mugiffement épouvantable. On conçoit à peine
comment les mulets s’en tirent en plein jour 8c
par le tems le plus beau. La difficulté augmente
dans l’obfcurité ( car les couriers ne s’arrêtent
point), ou bien lorfquele roc, oui eft gliffant par
lui-même, vient à être couvert de verglas ou
échauffé par un foleil brûlant, alternative prefque
continuelle. Cependant, au milieu de tant de périls
qu’offre cette route , l’oeil jouit d’un fpeélacla
anflï varié qu’ intéreffant. Rien n’égale en effet le
charme pittorèfque de ces montagnes, qui font une
branche des Alpes-Maritimes ; elles font féparées
par des golfes, 8c dans chaque enfoncement on
voit toujours un bourg ou un village \ d’un côté la
mer préfente un abîme } de.l’autre, un roc fe penche
en demi-voûte y ou femble fe perdre dans les
deux. Le nu de plufieurs de ces rocs tranche
d’ une manière pittorefque fur l’ombre noire que
préfentent d’épaiffes forêts de pins, confervées
avec, le plus grand foin dans tout l’état de Gênes.