
dinavie étoit une île , ainfi qu'elle fe trouve dans
une des Cartes de Cluvier.
On ajoute qu'aufiitôt après que ce détroit a été
fermé, la Baltique a perdu les propriétés d’ une
mer, & en même tems une grande partie de' fes
eaux, déperdition qui fe continue , fuivant les
favans Suédois, qui l’ont fixée à cinquante pouces
en un fiècle. Nous rapportons tous ces détails
fans en adopter aucun , & en obfervant que toutes
ces conjectures font trop vagues pour pouvoir
rendre raifon de l’état aétuel & de i'intervalle de
la Mer-Blanche à la Baltique, & de la Baltiquè elle-
même. Il faudroit étudier avec une plus grande
précifion cet intervalle , avant de pouvoir établir
ces affertions comme des faits. Cette mer
manque de marée : auflî n’éprouve-t-elle pas de
variations dans la hauteur de fes eaux , excepté
lorfqu’elle eft expofée à des vents impétueux : il
fe forme alors un courant à l’entrée de la Baltique,
ou à fa fortie, fuivant les points de l’horizon
d’où les vents fouflent ; ce qui force l’eau
de itràverfer le Sund avec la vite fie de deux ou
trois milles danois par heure. Quand le vent foufie
de la mer d’Allemagne3 l’eau s’élève dans les ports
de la Baltique, & celle des ports de la partie occidentale
, voifine de l’embouchure & du détroit,
éprouve une faîure palfagère.
Effectivement, le peu de communication qu’elle
a avec la grande mer , la quantité d’eau douce
qu’y verfent les fleuves quelle re ço it, font que
fes eaux font fouvent douces au point qu’ en plu-
fieurs endroits elles font propres aux ufages do-
meftiqués.
Dans toute la Baltique, les botaniftes n’ont
reconnu que trois fortes dé fucus, & n’en ont pas
même rencontré line feule fur toutes les côtes du
golfe de Bothnie, qui eft fi éloigné de l’eau de
-la mer.
Le petit nombre d’efpèces de poiffons eft encore
une autre différence entre la Baltique & l’Océan :
on n’y trouve qu’une efpèce de cétacée, nulle
autre ne s’aventurant au-delà du canal étroit qui
fépare la Baltique duCategat. Les harengs fréquentèrent,
avec une abondance égale, les rivages de
! ne paroître dans la Baltique qu’en bien moindre
quantité qu’ au commencement de cette reprife
vers 1753.
Livonie & ceux de Courlande jufqu’en 1313 , qu’ils
s’attachèrent à ceux de Danemarck, enfnite ils ont
abandonné la Baltique pour quelques fiècles; mais
en 175-3 , ils commencèrent à reparoïtre fur la
côte de Suède, où on les pêche entre les rochers
& les île s , & point à la mer, depuis Gothenbourg
jufqu’ à Stromftad , dans un efpace de trente-cinq
lieues i mais au-delà on n’en a pas encore trouvé
ni au nord ni au fud. Dans les premiers tems de la
pêcherie, ils paroiffoient vers la fin de juillet ou
le commencement d’août ; iqais ils ont progreffi- j
vement changé de faifon , & depuis quelque tems
on ne les voit guère avant le commencement de
novembre. On a remarqué qu’ils ne font plus fi
gras que lorfqu’ ils fe montroient plus tô t, & main-
lenant on s’ap perçoit que ce poiffon commence à
Il a été prouvé dans ce fiè c le , par des expériences
, que la mer Baltique avoit un contre-
courant comme la Méditerranée au détroit de
Gibraltar. Un habile marin anglais s’étant avancé y
dans une pinaffe, au milieu du canal, fut emporté
avec violence par le courant. Bientôt après il
plongea dans la mer un feau de cuir qui contenoit
un gros boulet, & il arrêta par ce moyen le mouvement
de la pinaffe ; alors fai fan t enfoncer de
plus en plus le feau, il fut entraîné par lavant
de la pinaffe malgré le vent & le courant fupé-
rieur. Le courant d’ en haut n’avoit pas plus de
quatre à cinq pieds de profondeur, & plus on
faifoit enfoncer le feau de cu ir , plus le courant
de deffous avoit d’avantage.
Réfumé fur la formation de la Baltique.
Toute cette étendue d’eau qui forme la mer
Baltique, les golfes de Bothni.e, de Finlande &
même celui de Livonie , doit être confidéréè
; comme l’affemblage d’un grand nombre i g canaux
, de fleuves & de rivières , qui , s étant'
élargis & réunis enfuite par l’ adiion de ces eaux,
n’ont plus formé qu’ un feul & même canal. D a-
près cette idée fimple fur la formation de ces
golfes, il n’ eft pas étonnant que ces mêmes fleuves
qui ont concouru à la formation de cette mer,
continuent à l’entretenir en fe portant toujours
au rendez-vous commun. Ainfi je vois d’un co te ,
en Allemagne & en Pologne, l’Oder , la Viftule ,
le Niémen & la Droine y porter le tribut de leurs
eaux j de même plufieurs autres rivières en Livonie
-& en.Finlande fournirent aux différentes
parties des golfes où elles ont leurs embouchures;
d’ autres plus grands encore & plus nombreux font
fournis par les ferres de la Laponie : tels font le
fleuve Tornéa, les rivièresCalix , Luléa, Pithéa , 5
Uméa,& plufieurs autres qui viennent de la Suède. ;
Ces fleuves un peu considérables font au nombre
de plus de quarante, y compris les rivières latérales
qu’ ils reçoivent. D’ après cette vue générale
de tant de canaux d'eaux courantes, on ne peut
pas douter qu’ il n’en réfulte une quantité fuffi-
fante pour entretenir la mer Baltique ; c’ eft pour
cette raifon qu'elle fe décharge dans l’Océan, &
qu’elle ne participe pas au mouvement général de
flux & reflux, quoiqu’elle foit fort étroite : c’eft
auffi aux mêmes circonftances qu’elle doit d'être
très-peu falée, comme nous l’avons vu ci-devant.
Pour faire faifir plus facilement l’étendue de
la fuperficie de la terre qui fournit à cette mer les
eaux courantes qui s’ y rendent & qui l’abreuvent,
j’ai fait rédiger une Carte particulière & bien
circonfcrite de fon baflin terreftre : on la trouvera
dans mon Atlas, avec une defeription détaillée
des rivières & de leurs latérales, telles qu’elles
font
font figurées dans les meilleures Cartes des pays
diftribués le long des bords méridionaux & fep-
tentrionaux des golfes de la Baltique : on y verra
d’ailleurs les limites curieufes du baflin, tracées par
une arête montueufe fort remarquable , ainfi que
les lacs nombreux qui raffemblent les premières
eaux des provinces de Suède fle de Danemarck.
yues générales fur les courant de la Baltique.
L ’amiral Nordenankar, auteur du travail fur les
eourans de la Baltique, dont nous nous propofons
de publier la traduction , commence cette defeription
par fuivre leur origine dans le golfe de
Bothnie, enfuite il montre comment ces eourans
fe dirigent entre les îles, les rochers & le long
des côtes. Pour développer d’autant plus fa théorie,
il indique les fleuves, les torrens & les ruif-
feaux qui alimentent la Baltique : travail infiniment
curieux & utile. Il parle définitivement de la diminution
infenfible des eaux de cette mer, des
refoulemens occafionnés par les vents qui fouflent
des mers voifines. En comparant dans la Baltique
les golfes de Bothnie & de Finlande , ainfi que
d’autres golfes moins confidérables, & les palDges
étroits le long des côtes, appelés Scharen, cette
mer préfente, entre Stockholm & Pétersbourg,
une largeur de quatre-vingt-dix à cent milles, à
15 au degré, & une longueur de cent foixanre &
quinze milles depuis Tornéa, dans la province
de Veftro-Bothnie, fur les confins de la Laponie,
jufqu’à Wollin ou Wifmar en Allemagne. Semblable
aux lacs , la Baltique eft plus élevée que
l'Océan, car elle a fon écoulement dans cet égout
& réfervoir général. En envifageant cette Méditerranée
fous ce point de v u e , on ne fera pas fur-
pris que fon niveau baifle , & que fes eaux diminuent
annuellement. Cette diminution , atteftée
d’ailleurs par des monumens hiftoriques, doit avoir
commencé lorfque les eaux, rompant les barrières |
qui les féparoient de l'Océan, fe font ouvert des
débouchés par le Sund & les Belts : elle doit ;
ceffer lorfque, le baflin s’étant élargi & les fleuves j
ayant diminué le tribut des eaux qu’ils y portent j
de tous côtés, la Baltique fe trouvera au niveau de !
l’Océan.
Les eourans font nombreux & très-rapides, & i
ils doivent l’être puifque l’étendue du baflin eft
fort étroite en raifon de la quantité d’eau courante
qui y afflue fans celle de plufieurs plages,
depuis les montagnes de la Laponie, jufqu'àux
limites les plus méridionales des baflins terreftres
de la Baltique. Cette mer reçoit deux cent onze
rivières & torrens, fans compter des eaux courantes
en très-grand nombre & moins confidérables.
Les grandes rivières de Tornéa, Luléa &
Pithéa donnent la première impulfion aux eourans
du golfe de Bothnie ; aufli trouve-t-on les plus
rapides depuis Tornéa jufqu’à i’ île d’Aland. Lorf-
qu’il règne des vents nord-oueft violens, & qu'ils
Géographie-P hyftque. Tome III.
durent long-tems dans l’Océan feptentrional, ces
eourans font refoulés de manière qu’il en réfulte
des crues frappantes dans le golfe de Finlande &
dans les parages qui avoifinent Stockholm.
On voit que, dans la grande queftion de la diminution
des eaux delà Baltique, qui a partagé l ’opinion
des naturaliftes fuédois, l’amiral Nordenankar
a pris parti pour l’affirmative. On ne peut s’empêcher
de s’attacher à l’opinion de ce favant,
parce que fon travail fur les eourans de la Baltique
le mettoit en état d’embraflèr les circonftances de
la queftion dans toute leur étendue.
De la direction des eourans de la mer Baltique.'
Si l'on mefure l’enceinte étroite qui, fur desCar-
! tes marines, eft proprement défignée fous le nom
! de mer Baltique , on trouvera qu’elle ne comprend
! pas plus de quatre-vingt-dix milles marins (à 15
! au degré ) du nord au fud, depuis l'archipel de
l'ïle d’ Aland, jufqu’à la côte d'Allemagne , auprès
de Dantzick, Wollin, ou au plus loin Wifmar
y & feulement trente & quelques milles de
Foueft à l’e ft, depuis la côte de Suède jufqu'à
celle de Courlande, encore renferme-1-elle, dans
ces limites refferrées, les grandes îles de Goth-
lande & d’Aland.
Si l’on prend la dénomination de la mer Baltique
dans un fens plus étendu , c’ eft-à-dire , en
y réunifiant fes baies, fes golfes , fes archipels ,
comme on l’entend le plus généralement, & que
l’exige le fujet que l’on traite ici relativement au
fyftème des eourans de cette mer, elle comprendra
fans difficulté quatre-vingt-dix à cent milles
de Stockholm à Pétersbourg , & environ cent
foixante-feize milles de Tornéa à Wollin ou W ifmar.
Confidère-t-on de plus la circonftance remarquable
d’une diminution annuelle d’eau, ou d’une
diminution annuelle dans la hauteur de la furface
de Peau ? cette mer peut avec raifon être comptée
parmkles mers clofes , qui généralement font re-
gardéès comme étant, à la même hauteur du pôle,
plus élevées que les. mers ouvertes; ainfi la mer
Baltique eft plus élevée que l ’Océan , comme le
lac Meier l’eft lui-même plus que la Baltique. Sous
ce rapport, cette diminution tant difeutée des
eaux de la Baltique paroîtroit moins douteufe,
moins étonnante & furtout moins fignifiante ,
quelqu’incertaine que puiffe d’ ailleurs être l’é poque
où elle prit naiffance lorfque les flots
s’ ouvrirent un paffâge à Ohrefund & par les Belts
pour fe réunir à la mer du No rd , & celle où elle
doit ceffer lorfque, par le dégorgement conti-
nuel qui s’opère & qui peut devenir plus confi-
dérable encore par des débouchés plus grands s’ il
s’en formé, il s’établira définitivement un équilibre
confiant entre la Baltique & l’Océan.
Mais que cette diminution ait encore lieu aujourd’hui
, dans le rapport que l'on connoît, d'à