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Dunkerque a Furnes (Canal de). Il và de
Dunkerque à Furnes, en fuivant quelques finuo-
ficés & reçoit, vers le milieu, à Gevelde, une
branche du canal de Mons & une autre branche
à une demi-lieue ftid oueft de Furnes. Il a cinq
lieues de longueur.
Recherches particulières fur la rade de Dunkerque.
Je trouve d’abord qu’ il n y a eu que des variations.
_
Si l’on peut compter fur les plans & les cartes de
l ’Hiftoire de Dunkerque , lefquels font confervés
dans les archives de la ville, on peut en conclure,
i ° . que les dunes ont occupé, de tout tems
les mêmes emplacemens, & tels à peu près qu’elles
doivent les comporter, ainfî que je les ferai con-
noître par la fuite ;
2°. Que tous les chenaux des moëres ou des
ports, non-feulement de Dunkerque & de Mardi c k ,
mais encore des autres villes maritimes de cette
c ô te , ont toujours gardé leur direétion commune,
qui fe portent tous à gauche , comme celui de
Dunkerque : fimilitude & conltance qui ne peuvent
provenir que d’une même caufe, toujours également
fubfiftante & régulière}
3°. Que tous les bancs de la rade, ainlî que
ceux du refte de la côte, qui tiennent tous à
peu près la même direétion , font rangés près
des plages, ont une certaine tendance vers le
Pas-de-Calais, en fuivant le courant de cette
même côte. Ils font difpofés dans le fens de leur
longueur, généralement étroite. Je ferai remarquer
qu.e leur forme a été affujettie à quelques
variations fenfibles , comme d’être afongée ou
raccourcie, d'être jointe ou féparéè, mais aucun
banc s ’a difparu entièrement ; car leurs noms fub-
fiflent, au moins depuis l’ufage des cartes hydrographiques.
Le Schurchen eft jôint à la plage de
Dunkerque , parce que l ’ancien Fahrwatter eft
comblé j mais, dans le v ra i, il n’en fubfîfte pas
moins, 8r fa johftion n'eft due, pour la plus grande
partie, qu’aux jetées faites en face de ces amas,
& furtout au prolongement exceflîf qui s’en fit
fous Louis X IV , pour conftruire à leur extrémité
des forts fufceptibles de pouvoir défendre la rade,
qyi fans cela eût été beaucoup trop éloignée.
Ces longs prolongemens ont formé fur la plage des
efpèces d’anfes, dans lefquelles les eaux de la marée
montante fe font trouvées comme ftagnantes.
Par ce moyen , les débris & les fédimens quelles
rejettent vers les côtes s’y font fans ceffe dépofés;
c’d t ce qui a achevé d’obftruer le canal de Mardick,
qu’on nommoitfoffe, duquel il ne refte plusd’autres
traces que de petits ruifieaux qui font obligés de
fléchir leur cours à la rencontre des jetées pour
aller rejoindre la mer à leur extrémité.
Ces aterriffemens produits des deux côtés des
jetées, ainfî que quelques autres petits décombres
occafionnéspar les démolitions des forts , ont fait
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penfer à ceux qui examinoient ce qui fe pafloic
fous leurs yeux pendant l’efpace étroit de leur fé-
jour, & fans en rechercher les caufes, que la mer
fe retiroit; mais s’ils euflènt feulement voulu s’ inf-
truire de ce qu’on pouvoit obferver au-delà de la
ville , depuis Zuyd-Côte, ils auroient adopté une
opinion contraire, puifque la mer forme des dunes
& ne les dégrade pas j car l’églife de ce lieu a été
gagnée par les fables, ainfî que l’abbaye des dunes
depuis près d’un fiècle, 6c cette églife a été obligée
de fe tranfporter ailleurs pour le fouftraire à l’action
des fables.
. Extrait des remarques de Michel-Florent Vanlangren,
ingénieur du roi d’Efpagnè, fur les changement des
bancs de la rade de Dunkerque & de Mardick.
Dans les quatre plans les dunes font, comme on
1 a dit en 1624, le banc le plus proche ou celui
qui for moi t le canal de la côte. Le Schurchen pre-
noit depuis environ une demi-lieue de l’embouchure
de l’Aa à Gravelines, jufqu’ à peu près un
quart de lieue de l’entrée du port de Dunkerque.
Vis-à-vis fa pointe il y avoit un autre petit banc
qui formoit un canal 5 de forte que les vaiffeaux
avoient pour lors deux paffages pour arriver au
chenal de Dunkerque, en paffant par le Fahrwatter
ou foffe de Mardick, ainfî nommée parce qu’elle
paffoit fous le fort de Bois. Le Braque dépaffoit
l’entrée naturellé du port d’environ une lieue &
demie. Le Breebanc étoitfitué au-delà du Braque.
Le port de Mardick avoit alors deux bancs &
deux canaux vers l’orient. Le plus grand banc f®
nommoit le Schurchen\ & s’éievoit bien de douze
fîeds au deffus de la fuperficie de la marée baffe 5
autre étoit plus plat, & s’appeloit le Schut-Beek.
Les gros vaiffeaux mouilloient entre le Schurchen
8: la plage; & lorfqu’ ils n’avoient pas leur charge ni
leurs canonsils alloient à Dunkerque & enrevenoienc
par ces canaux, qui n’avoient que quatre pieds de
profondeur à marée baffe; mais dans le grand port
il y avoit bien fîx, fept & huit braffes de profondeur
à baffe marée, 8c devant la ville il y en avoit
deux, trois ou quatre. La marée couvroit deux fois
par jour les bancs & la plage jufqu’aux dunes.
Dans la fécondé carte on voyoit le Schurchen
raccourci d’un tiers , & élargi de deux. Son
crochet, à l’extrémité antérieure , s’étoit prolongé
en doublant, 8c par ce moyen avoit auflî
comblé le petit paffage 8c joint à lui le Schut-Beek.
Le Fahrwatter fubfiftoit encore : il avoit fix à huit
braffes jufqu’au crochet; mais depuis là jufqu’à
l ’embouchure du port, pour lors fort rétrécie, il
n’avoit que quatre pieds, 8c à l’entrée du port
quatre braffes.
Dans la troifième carte la laiffe de baffe-mer
s’étoit élargie du côté du chenal ; c’eft ce qui
avoit oecafîonné fon prolongement. Le crochet
du Schurchen, en continuant à fe doubler, avoit
fi fort rétréci 8c comblé lé Fahrwatter, qu'à
marée
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marée baffe il étoit à fec : la pointe poftérieure
ou occidentale de ce même banc s’étoit féparée
de lui. Du refte , il n’y avoit que quatre pieds
d’ eau devant Dunkerque , c’eft-à-dire que les braffes
s’étoient réduites en pieds.
Dans la quatrième carte, le Schurchen tenoit au
rivage dans les trois quarts de fon étendue. Il ne
reftoit du Fahrwatter qu’une petite flaque d’ eau
ifoléè fur la plage. Le rivage à la droite s’étoit
aufli élargi. Depuis l’époque du troifième plan, la
braque n'avoit pas changé. L’ingénieur avoit prévu
le changement du Fahrwatter, l'ayant bien remarqué
par le fable qui voloit avec beaucoup plus de
force vers l’ orient, que dé l’ autre côté. Il ajoute
que le port de Dunkerque étoit fi mauvais, qu’à peine
un vaiifeau déchargé pouvoit y entrer ,-■ & qu’il
étoit également mauvais deux cents ans avant que
le grand banc eût pafle la rade de Dunkerque.
. Dans les premiers plans de i’hiftoire de Dunkerque
, le Schurchen n’étoic pas comme dans ceux de
Lingénieur ; il s’étendoit bien loin de chaque.côté
du chenal , qui fe divifoit pour lors en deux canaux;
mais enfuite on voit que ce banc a été
coupé dans la direction du chenal, car la mer
n’offtoitlà qu’ une embouchure vafte 8c libre.
La rade étoit au nord-oueft Sc à l’oueft hors de
la portée du canon. Sa largeur étoit celle d’ une
canonnade , à l’abri d’un banc fitué au nord, qui
ne fe découvre jamais à trois pieds près , gifant
comme la côte eft-oueft, faine, nette, certaine, à
fond vafeux 8c bon ancrage pour tous gros vaiffeaux
naviguant de front, trop expofée au fud-
oueft 8c au nord-eft. Aux nouvelles 8c pleines lunes
la marée montoit de quatorze à quinze pieds. Le
banc qui couvroit la foffe de Mardick au nord3 8c
qui,la confervoit, s’ applaniifoit peu à peu, 8c dé- 1
couvroit de onze à douze pieds de hauteur à baffe
mer. Le banc qui fépare la foffe de la rade eftffarge
d’ une canonnade, 8c la foffe eft à trois cents toiles
des dunes. Toute la côte , depuis Calais julqu a
Nieuport, eft extrêmement plate ou traverfée de
bancs qui ne découvrent pas pour la plupart.
L’ancien Fahiwatter fe trouve encore dans ce
plan , mais extrêmement rétréci à marée baffe.
Il paroît donc prouvé par ces détails, que la
rade de Dunkerque eft toujours à la même diftance
de la ville , de la même étendue, 8c que les bancs
ne font que varier; enfin, que les changemens,
fixes font fort rares, 8c produits en partie par les
travaux des hommes..
'■ Quoiqu’ il ne foin pas néceffaire, après tout ce
que nous ayons d i t , de confidérer ce qui a pu arriver
dans le: fonda&uel des rivages, néanmoins,
comme cela peut compléter les recherches, en
venant à l’appui de celles qui regardent la terre
ferme, j’ ai voulu mettre à portée de juger de là
manière d’agir delà mer fur cette côte , par celle
dont elle a opéré fur la rade de Dunkerque.
, On n® fturoit porter bien haut ces obferva-
tiqns, pqrce que l’ufage des cartes hydrographi-.
Géographie-P hyfigue. Tome I I I .
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ques n’eft que bien poftérieur à l’ invention de
la gravure, & que d’ailleurs on ne peut guere
compter fur l’exaélttude de celles qui datent de
plus de cent cinquante ans; car toutes celles que
j’ai vues, font finguliérement informes 8c groflières.
Il faut donc fe contenter, comme nous avons fait,
de ce que nous fournit une époque plus moderne ,
dans laquelle l’hydrographie avoit fai? affez de
progrès pour qu’on pût compter fur l’exaétitude
de ces travaux : tels font les plans 8c les Mémoires
de l’ingénieur du roi d’Efpagne, Vanlar.gren , qui
repréfentent l'état de la rade de Dunkerque depuis
1624, & l’état de cette même rade envoyé à la cour
de France en 1666. On peut néanmoins joindre à
ces plans modernes ceux qui font inférés dans
l’hiftoire de la ville. De tout c e c i, comme de la
conftitution aétuelle , il réfulte que la rade eft
toujours de la même nature fableufe; que les me-,
mes bancs fubfiftent ; en un mot, qu’elle n a point
fubi de changement efftntiel, mais de pures variations
depuis l’an iécOv ; .
Cette fiabilité fondamentale & ces variations
accidentelles s’accordent' parfaitement avec les
caufes refpeétives fuivantes. Les eaux de 1 Océan,
entrant dans la mer du Nord par le Pas-de-Calais,
fe divifent en deux courans ; l’un fe porte d.u cote,
de l’Angleterre, l’autre du côté delà France; mais
l'affluence des eaux dans ce canal, ouïe reflux de.
celles qui y parviennent après avoir fait le tour des
îles britanniques par les Orcades, force le volume
qui ne peut s’échapper par le détroit, à refluer fur
les côtes, & à pénétrer dans toutes les embouchures
des canaux ou de toutes les rivières; ce qui
produit, outre le courant, général, des courans,
particuliers latéraux, d’ où réfulte la difpofition
commune de l ’enfemble de tous les bancs qui font
rangés près de la côte , & l’arrangement particulier
de ceux qui fe trouvent à l ’entrée des fleuves ,,
tels que ceux de la Tamife, de l’Efcaut, du Rhin
& de la Meufe ; & comme cet ordre des marées
eft perpétuel & conftant, il n’eft pas furprenant
que les bancs aient toujours la mêmedireétion ,
occupent la même place, & fubfiftent de la même;
manière. Mais, d’ua autre c ô té , comme les tenw,
pètes dérangent la régularité des marées, elles
doivent auflî, félon le degré de leur violence , al*
térerTuniformité de leur ouvrage. T ou te fois ,
puifqu’ejles n'ont qu’une aétion auflî paffagère que.
violente, & qu’elles ti’agiflènc pas dans unedirec-v
tion confiante ni également & dans toute l’étendue-
d’ une même côte à la fois , il s’enfuit auflî que ce
que l’une a fait-, l’autre le peut défaire, & par,
conféquent que leur travail n’a rien de ftable. D’ail-:
leurs, la caufe première des marées ne ceffantja-^
j mais d’ag ir , tend toujours à ramener fous fon im-
pulfion ce qui s’en écarte > en forte que fon aôtion
imperturbable fuffiroit feu.ie pour remettre les cho»
fes au même étaç. On auroit cependant tort d’en
inférer que je foutiens qu’ il ne s’eft fait aucun
? changement fixe.: j’en cite, au contraiie un dan$>
S s s s