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volume. C ’eft la même chofe à la Bocca de la Venta,
a Marino, au Paufilippe , excepté que les couches
font reconnoiffables au Paufilippe, au lieu qu’il n'y
a aucune marque de couche dans les environs de
Rome. ( Voyc[ le mot F e n t e s p e r p e n d i c u l
a i r e s . )
DÉ TRO IT . C ’eft un canal refferré entre les
terres des deux côtés, & qui ne laifie qu’un petit
paffage pour communiquer d’une mer à une autre.
Le détroit le plus fréquenté eft celui de Gibraltar,
qui joint la Méditerranée à l ’Océan atlantique.
Enluitevient leSund,qui fe trouveà l'entrée de
la mer Baltique , & qui forme la communication
de cette mer médïterranée avec la mer d'Allemagne
i enfin le détroit de Calais ou Pas de Calais,
qui réunit la Manche à la mer d'Allemagne , & fé-
pare l'Angleterre de la France. J’ai prouvé dans
ma Difiertation fur l'ancienne jonétion de l’Angleterre
à la France, que le détroit dé Calais, outre'|e
refierrement des cotes , eroir au fil, quant à la profondeur,
la partie dont le fond étoit le plus élevé
que celui des autres parties de la Manche ou de là
mer d’Allemagne.
.Un des détroits les plus fameux eft celui de Magellan
, qui fut découvert en i j 2 o , & qui fervit
pendant quelque temsaux navigateurs qui vouloient
palier de l’Océan dans.!?, mer du Sud; mais en 16 16 '
on découvrit le détroit de le Maire, & on aban-
donna celui de Magellan, tant à caufe de fa Ion- i
gueur, que parce que la navigation y. eft dange- j
rëufe, a caufe des courans des deux mers qui s’y
font fentir & qui s’entre-choquent. ( V'oye? M a g
e l l a n ( détroit de ). )
Les détroits fe trouvent dans différentes fituations,
ou bien ils féparenc un continent d’un autre, comme
le détroit de Gibraltar , ou bien des portions de
continent comme celui des Dardanelles , ou bien
une portion de continent des autres parties, comme
le Sund, ou bien une île d’ un continent, & il y
en a beaucoup de. cette forte , ou bien enfin une
île d une autre île.
Varenius croit que les détroits ont été formés la
plupart par 1 irruption de la mer dans les terres ; &
fi 1 on examine^ bien ceux qui communiquent des
médite rra n e es a l Océan, il eft aifé de fe convaincre
que les détroits, du moins leur première ouverture,
font dus à 1 aétion de l’eau intérieure des méditer-
ranées, qui débouchoit dans l ’Océan. Voir les
preuves de Varenius.
M. de Buffonpenfe que la dire&ion de la plupart
des détroits eft d’orient en occident ; ce qu’ il attribue
à un mouvement ou effort général de la mer
dans ce Cens.
La feule difficulté qu’on puiffe oppofer à cette
prétention , c eft celle de favoir fi l’irruption ne
s eft pas faite dans la direction d’occident en orient
Suivant l’hypothèfe de M. de Buffon , le détroit dé
Gibraltar a été ouvert dans la direction d’occident
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en orient, comme le Sund, comme le Pas de Calais.
O r , rien ne porte à le croire.
Je ferois plutôt porté à croire que le détroit-de
Gibraltar, par exemple, a été ouvert par l'action
des eaux courantes de la Mediterranée, laquelle
s’eft portée à ce point dans la Mediterranée,
& l’a ouvert comme tous les fleuves qui fe jettent
dans l Océan. Voilà la feule force aétive que je
connoiffe dans la nature. Les forces de l'Océan,
comme nous le ferons voir en parlant des golfes
&des baies, ne peuvent produire un effet fenflble
qu autant qu'elles fe Trouvent favorablement combinées
avec la première. De même, ce n'eft pas
1 action. de la mer.mue d’orient en occident qui
a pu faire ouvrir le détroit du Sund & des grands
& petits belts. Cela eft vifible, comme je l’ ai fait voir
à 1 article de la Ba l t iq u e , o ù , en indiquant les
progrès de la formation de cette méditerranée , je
prouve que 1 ouverture du détroit ne peut venir
des efforts de.la mer d’Allemagne. A
Varenius penfe que les détroits ont été ouverts
par le mouvement impétueux des vagues contre
tes cotes, occafionné par les vents j il prétend
même que les détroits commencent par les baies
qui fe creufent dans le maflif des côtes baffes , &
i compofées de terres légères & peu compactes fur
| lefquelles la mer agir.
Mais il eft bien éloigné d« croire que toutes les
baies & détroits aient eu la même origine, & fui-
vant lui il eft bien vraifembiablé que la plupart fout
aufli anciens que la Terre & l’Océan, Cependant
1 examen du plus grand nombre femble prouver
que les baies & les détroits font dus aux mouvement
de l’eau courante.-Il eft à préfumer, par
exemple, que plufieurs baies ont été ainfi creufées
par les rivières qui s’y réuniffoienr, & où pénér
troient les vagues &: lé flot des marées, comme
nous le ferons voir en parlant dés mers intérieures,
des manches, &c.
Certains détroits peuvent fe changer en baies,
& les baies en détroits § pour cela il fuffit que les
détroits éprouvent des obftruétions dans certaines
parties de leur canal, de manière à fe boucher entièrement.
Il refuitera, de ce changement, deux
baies ou une feule, fuivant la pofition de la partie
du détroit qui reçoit i’àtêrriffement j de même fi un
îfthme s ouvre , & qu’il foit emporte par la mer
qui le battoitdes deux côtés, il: fe formera de deux
baies un détroit qui réunira ces deux baies pour
peu que le terrain s‘y prête. C ’eft ainfi que le détroit
de Calais a été ouvert , & qu’il a , par cette
ouverture entre Douvres & Calais, réuni la Manche
à la mer d’Allemagne j car l’ifthme étant battu
continuellement des deux côtés par deux marées
impétueufes, a été miné infenfiblement, & entièrement
emporté.
Un peu plus loin, vers Je fud, que le détroit dé
Magellan, on rencontre le’ détroit de le Maire. Il eft
borné à l’eft par une partie du continent & les îles
de la Terre-de-Feu. On le traverfe bien plus vite
pour
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our paffer dans la mer du Sud, que le détroit de
lagellan.
2°. Le détroit de Manille, entre la Luconie &
Mindanao, & beaucoup d’autres îles Philippines :
il a cent lieues de longueurs c ’eft un paffage fort
dangereux pour les vaiffeaux*, à caufe des bancs de
fables mobiles qui s’y rencontrent en différens endroits.
Il s’étend de l’ eft à l’oueft, & fait la jonction
de la mer du Sud avec l’Océan indien, qui
communiquent encore à quelque.diftance d e là ,
par plufiturs autres endroits plus larges.
Il y a plufieurs détroits, foit entre les îles de la
mer des Indes & le Continent, foit entre les îles
elles-mêmes.
3°. Le détroit de Waigats, par lequel il y a certainement
communication entre la mer du Nord
& la Mer-Glaciales mais il eft tellement fermé par
les glaces, que les navigateurs ruffes n’ont pu le
paffer. Il éft fitué entre la Nouvelle-Zemble & la
côte des Samoïedes.
4°. Le détroit de Davis, entre la côte de l’Amérique
feptentrionale & le Groenland.
y°. Le détroit de Forbisher, qui fait une communication
entre l ’Océan atlantique la baie
d ’Hudfon.
6°. Le détroit de Béring ou d’ Anfon , entre
l’Amérique feptentrionale & le Kamtzchatka.
Ceux qui ont voyagé dans ces parties difent
qu’ il y a un dltroit ou une mer ouverte entre l’A mérique
& le Kamtzchatka, & entre l’Amérique
& le Groenland , par la raifon que, dans l’efpace
de fept cents lieues en allant du Japon vers l’Amérique
feptentrionale, les courans portent au nord-
nord-oueït, quoique lèvent foit variable, et qu’il
fouffle de tous les autres points de l’horizon. D ’ ailleurs,
dans l’étendue de ces fept cents lieues, on
voit tous les jours des baleines & d’ autres grands
poiffons que l ’on fait fe plaire dans les détroits &
dans les mers refferrées , & qui ne peuvent venir
que par ces paffages. Quelques Hollandais affu-
rent qu’ayant fait naufrage fur la côte de la Gorée,
ils y virent une baleine qui avoit fur le dos un
harpon de fer de Gafcogne. O r , on peut conjecturer
avec affez de fondement, que cette baleine
a paffé, des mers voifines du Spitsberg , dans la
mer Pacifique par le détroit de Béring.
7°. Le détroit de Babel-Mandel à l’embouchure
du golfe arabique : c’ eft un paffage refferié
entre l’Océan indien & la Mer-Rouge.
8°. Le détroit d’Ormus, à l’embouchure du
golfe Pcifique : on ne le regarde pas communément
comme un détroit, parce qu’il n’eft guère
plus refferré que le golfe lui-même.
9°. L’Hellefpont, détroit fameux chez les Grecs,
& par lequel on paffe de l’Archipel dans la Pro-
pontide. Plus loin eft un autre détroit, appelé Bosphore
de Thrace, qui joint la Propontide au Pont-
Euxin.
Géographie-Phyjiqné. Tome III.
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io°. Le détroit de Meffme, entre la Calabre &
la Sicile.
T elle s font les différentes parties de l ’Océan , les
plus remarquables en conféquence des diverfes
configurations des côtes. Pour qu’ on puiffe faifir
plus facilement ce tte correfpondance de la mec
avec les te r r e s , nous avons cru devoir tracer le
périple ou périmètre des bords de la mer dans l’article
P e r i p l e , où tous ces détails font décrits
fucceffivement par ordre & dans la lia ifo n q u i leur
convient.
D é t r o i t de G i b r a l t a r . On a dit qu’ il y
avoit dans ce détroit, un courant venant conftam-
ment de l’Océan. Quelques navigateurs qui con-
noiffoient ces parages, ont affuré qu’ il y avoit
trois courans, & quelques-uns même cinq oppo-
fés les uns aux autres, un furtout à la côte d’Afri-
1 que, & un autre à celle d’Efpagne, dirigés à l’oueft,
mais à des heures & avec des forces différentes
dont ils favoient profiter j niais ils ont ajouté que
tout cela fe modifioit par le vent & par la marée.
Quelques obfervateurs ont foupçonné beaucoup
d’iliuuon dans ces apparences : ils ont penfé avec
raifon, que la moindre ofcillation dans le vafte
Océan , aidée des vents régnans , fnffifoit en effet
pour repouffer rapidement en arrière la fuperficie
de ce goulet, furtout dans le balfin de la Méditerranée
, qui ne participe pas à ces mêmes ofcil-
lations, mais que très-certainement il exifte en
deffous, des courans plus violens & dirigés de l’eft
à l’oueft.
M. Deflandes a prouvé, par des expériences convaincantes,
ce fa it, auquel conduifent d’ailleurs
tant de circonftances qui réfultent del’examen de la
Méditerranée, 8c dont M. Waitz a prouvé la né-
ceffîté d’après un grand nombre de confidérations.
( Voye11article M e d it e r r a n é e . )
D é t r o i t s t e r r e s t r e s . On trouve un très-
grand nombre de ces détroits dans le voifinage des
plateaux , qui font les points de partage des eaux.
M. de Buffon, qui a toujours voulu expliquer les
phénomènes extraordinaires par des moyens plus
extraordinaires encore , croit que ces détroits ter-
reftres font la fuite des affailfemens produits par des
volcans ou des tremblemens de terre ; mais il eft
difficile de prouver l’influence de ces agens accidentels
dans ces effets. Ii eft même vifible que ces
tranchées les plus fameufes, bien loin d’être dues
à des tremblemens de terre , font la fuite de ces
mêmes circonftances qui ont produit tant de dé-
rangemens, tant de deplacemens dans les couches
horizontales de la moyenne terre : il y a
même beaucoup de cas où ces tranchées, ces détroits
ont été creufés par-deffus comme les ravines.
Ces accidens fe trouvent particuliérement dans
la moyenne terre , où il y a tant & de fi grands dé-
1 forires dans les couches. ( Voyei C o u ch e s
M m m m