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Fixées par les plantes qui y ont prisnaiffance, & |
d?autresa,C'hSn deS T f des lid8 « , des chênes &
d autres arbuftes qui les couvrent, ces dunes , d‘an- I
tique format,on, oppofent une forte réfiftance aux
vents qui fe portent direétement fur elles. Ces
efpeces de faillies changent alors la direâion des
auffiS|e1Un rèfinT r6i P'“,5 fur nos côtes> les images de fable de fuivre une route différente
& d enfl er ces détroits. C'eft principale-
^luîVpnfîK! C6S ieux, <îue *es dunes augmentent
J lus fenfiblement en hauteur, & acquièrent une
ces r i ? " d,amret.re Plus confidérable. Quoique
ces fables ne foient tranfportés & élevés que (“kfefts fl'esBveJnts Wma BKBS f g H f l de, 1 oueft & d“ fud-oueft , une année
UiHit pour former une montagne , tant leurs progrès
font rapides. '
Coulon, dans fon Traité hiftorique des fleuves
oç des rivières de France, imprimé en «>44, af-
1 re que de fon tems, .. les vents des rivages de
a mer ( fur la co te de Gafccgne ) tranfportoient
des montagnes de fable d'un lieu en un autre,
les bourSs & des forêts. »
n h i v t Montagne- dans fes Effais, liv. Ier
vnJ^V ) X> 6 MParlant de ces fab!es fl“ 6 la mer
fnr llVleVant e ? '„ & des ravages qu'ils caufert
fur les terres qui 1 avoifinent, fait mention d'un
Médoc* le1! aV01j (T frère l fiellr d‘Arfac , en
,e long de la mer, & qui avoir été en-
feveb fous ces fables. Il s'exprime ainfi : « Le faîte
“ ü aucuns batimens paroît encore 5 fes rentes &
” domaines fe font échangés en pafquages bien
- maigres. Les habitans difent que depuis quel-
»’ que teins la mer fe pouffe fi fort vers eux, qu’ils
” perdu quatre lieues de terre. Ces fables font
1 SS fourrières, & voyons de grandes monjoyes
- d arenes mouvantes qui marchent une demi-
ji ' S devant ellf > & gagnent pays. » Si l'auteur
de cet ouvrage eut mis dans fes autres deferiptions
autant d exaétnude qu'il en montre en parlant du
tranlport de nos montagnes de fable, il ne mé-
rneroit pas le reproche que lui ont fait les critiques
fcc les géographes modernes. C e qui fe pafTe chaq ue
jour fous nos yeux , fur nos côtes, nous garantit
la vérité de fon observation.
Sans parler ici de l'ancien & du nouveau Soulac
qui ne preferuent maintenant qu'une mer de fables!
fans parler des accroifTemens de ces fables fur les
T ™ J* ,a <£o t , .du bas Médoc jufqu’ à l’embouchure
du baffin d Arcachon; fans nous appefantir
fur les details que fourniffent à ce fujet les montagnes
de la Tefte, de Cafeaux, de Bifcaroffe, 8c
la continuité des chaînes de femblables montagnes
depuis ce lieu jufqu'à l'embouchure de l'Adour
de faire des volume!
s il nous falloir décrire tous les défaftres opérés
M g dana ,a. feuIe Pa«ie de la ci-devant fé-
n.thaulfee de Guienne , enclavée entre le Bou-
caud ou le canal de Contis & celui de Mimizan.
De hautes dune, couvrent aujourd'hui l’ancien
| hourg, l'ancienne églife paroiffiale, & les riches
1 poffeflîons d’une communauté de bénédidtins, établie
autrefois dans ce dernier lieu. Les religieux ,
ne pouvant fubfifter avec les revenus de la dîme
attachée a leur prieuré, fe retirèrent à Saint-
Sever , & abandonnèrent aux habitans leur églife
conventuelle ; mais celle-ci touche au moment de
fubir le même fort de l'ancienne. Le ruiffeau qui
la féparoit des dunes les plus voifines a été comblé
il y a quatre ans vis-à-vis d’elle , & s ’eft creufé un
nouveau lit plus avant dansles terres. ( On écrivoit
ce Mémoire en 1774.) Les fables ne trouvant plus
de barrières, fe font emparés d e l’efpace qui étoic
devant eux. Déjà ils ont franchi les murs du cimetière
5 ils s’accumulent contre ceux de l ’églife,
& enfeveliront inceffamment cet édifice.
Il n’eft pas rare de rencontrer des pieds d’arbres
qui ne font pas encore entièrement détruits, & des
fondations de murailles faites avec de la brique & de
I argile , fur des plaines les plus voifines de la mer,
d’ou les vents ont enlevé d’anciennes dunes qui les
couvroient autrefois. Ces décombres, qui découvrent
l’ancienne habitation de nos pères fur les
bords de la c ô te , ne font pas les feuls monumens
des ravages que caufe l’inondation de ces fables.
II y en a de tout récens dans la paroifle de Saint-
Julien en B®rn, & notamment dans le quartier
appelé de S a n , dont les meilleurs fonds fe perdent
fenfiblement tous les jours.
Il n’y a pas cinquante ans qu'on voyoit encore
dans ce quartier les plus belles avenues en prairies
& en bois de chêne , qui environnoient de toutes
! parts la maifon de feu Dubrocar> ancien receveur
j de la capitation bourgeoife de cette ville. Les
J fables, qui en étoient éloignés de plus d’un quart
de lieue, s’en font tellement approchés, & s’y
font accumulés à une hauteur fi prodigieufe, que
les bois les plus à l ’ouett, qui étoient de haute
futaie , & de très-vieux chênes, ne paroiffent plus
aujourd’hui. La maifon anciennement bâtie fur
ce bien fut détruite il y a plus de vingt ans, &
tranfportée à plus de deux cents pas vers les terres.
On eut la précaution de laififer entr’elle & la nouvelle
dune un petit ruiffeau, qu’on imaginoit devoir
arrêter le progrès des fables ; mais ils ont
comblé ce ruiffeau , qui s’ eft pratiqué un nouveau
lit. plus au levant $ & cette nouvelle maifon ,
tranfportée pour la troifième fois , touche déj.i à
la dune qui doit l’enfevelir un jour. Ce qui refte
de bois de chêne fur pied ne végète plus : tous
ceux que les fables ont environnés, font entièrement
defféchés. On apperçoit fur les pentes de cette
nouvelle, montagne le fommet des arbres les plus
élevés : il y en a qui ne font enfevelis qu’à moitié,
& d’autres au pied defquels le défaftre ne fait que
commencer.
Les débordemens de nos étangs & de nos lacs
font encore une fuite de l’inondation de ces fables.
A mefure que leurs grains-s’élèventen pente douce
du côté de la mer, le peu de liaifon qu’ils confervententr’eux
& le poids des couches fupérieures
forcent celles du centre à céder & à écrouler en
taius du côté oppofé à leur naiffance. Ces ébou-
lemens , avançant continuellement vers les terres,
comblant infenfiblement les étangs qui les bordent.
Cependant les eaux,que reçoivent continuellement
ces étangs par le cours non interrompu de plu-
fiturs petites rivières qui s’y déchargent, fe trouvant
bornées par ces amas de fable, s’élèvent jufqu’
à ce qu’elles fe foient fait une iffue pour fe
jeter dans la mer j ce qui ne peut arriver qu'après
avoir caufé de nouveaux ravages dans les terres,
l.e Boucaud de Contis, par où l’étang de Saint-
Julien fe dégorge dans la mer, laiffeà peine échapper
aujourd’hui la fixième partie des eaux que
plufie urs gros ruiffeaux y entraînent conftamment.
Son embouchure , d’ailleurs, fe comblant chaque
jour par les fables que le reflux ne ceffe d’y
charrier, il eft évident que l’ étang gagnera fur
les terres l’efpace néceflaire pour contenir fes
eaux y que celles-ci fe ménageront quelqu’autre
iffue, & qu’elles continueront de penvetfer tout
ce qui pourroit s'oppofer à leur nouveau cours.
C ’ eft par de femblables caufes que l’ancienne
paroiffe de Saint-Paul fe trouve aujourd’hui fous
les eaux de l’étang d’Aureilhan. C ’eft par une
fuite des refoulemens des lacs qui fe forment
entre les terres & les dunes qui bordent ces côtes,
que le bourg de Bias, fon ég life , fes vignes &
toutes les poffeffions qui l’entouroient, ont é té ,
de nos jours , entièrement fubmergés.
Ne feroit-il donc pas poffible de trouver quelque
moyen d’arrêter ces fables, qui s’étendent
infenfiblement & couvrent le pays de plus en
plus ? Si l’art & l’ induftrie ne peuvent rien oppofer
a la fureur des vents , il efi certain qu’ils détruiront
peu à peu les anciennes dunes, puis les modernes.
Le fable fe répandra, par fucceflton de
• pungentibus, & de gramen loliaceum , radice repente,
..j maritimum , fubfiftent toujours à peu près à la même
hauteur. Les grains de fable qui les compofent,
liés entr’eux par les racines de ces deux efpèces
de chiendent, & garantis par les tiges & les feuilles
de ces plantes , ne font plus fournis à l’adlion des
vents ordinaires. Il en conclut que s’il étoir poffible
tems, fur de plus grands efpaces i la hauteur de
ces momicules diminuera d’ autant, les vallons
leront comblés , & il en réfultéra, à la fin, des
plaines arides femblables à nos grandes landes.
- Témoin des pertes confidérables que les labiés
cccafionnôient aux principaux habitans du quartier
de S a r t, dans la paro'ffe de Saint-Julien , l'auteur
de ce Mémoire parvint à leur perfuader de fixer
pour toujours la dune qui menaçoit tous leurs
héritages, il leur fit remarquer que les montagnes
de fable, couvertes de pins, de lièges, de genêt
épineux ou de quelques plantes marines du genre
des graminées, connues par les habitans de nos
côtes fous les noms de gourbet & tfourdan , ne
changeoient plus d'affiète , & ne pouvoient fervir
de minière pour en former de nouvelles. Il acheva
de les convaincre , en leur faifant confidérer de
près la plupart des dunes qui touchent le rivage
de la mer & qui forment les bords de fon baffin.
Ces dernières, uniquement garnies de deux efpèces
•je gramen indiquées par Tournefort fous les
phrafes de gramen loliaceum , maritimum , foliis j
de faire germer ces mêmes productions fur les
dunes dont on avoit à redouter le voifimge , on
pourroit empêcher l’enfeveliflement des domaines
des particuliers fous les fables.
Ces mêmes particuliers fe déterminèrent enfin
à s’ajourner pour aller arracher des dunes les plus
voifines de la mer ce qu’ ils appellent Yourdan & le
gourbet. Us diftribuèrent ce plan fur la croupe
, occidentale de la dune qui les ifteommodoit le
plus j mais dans la crainte, ou que les vents n’en
découvriffent trop tôt les racines, ou que la fé-
chereffe du fable n’en permît pas la réuflîte, ils
imaginèrent de couvrir leur plan avec des branches
vertes de pin , qui puffent à la fois & contenir les
fables & procurer de la fraîcheur à leur nouvelle
plantation.
Tout fut on ne peut mieux exécuté. Ces deux
efpèces de gramen réuflirent parfaitement par la
quantité d’eau dont ils furent abreuvés pendant
l’hiver j ils provignèrent d’ eux - mêmes abondamment
, & la fuperficie de cette (tune parut
enfin avoir pris de la confiftance. Les fables qui,
les années précédentes , faifoient des progrès fi
furprenans fur les terres , n’en approchèrent plus
dans cette partie, & ils euffent été fixés pour toujours
fi les habitans avoient fait la dépenfe de
répandre de la graine de pin fur ce monticule
ainfi couvert de ces efpèces de chiendent, Hz
s’ils euffent veillé à empêcher les troupeaux de
vaches & de chèvres d’aller y paître. Cette négligence
leur a coûté cher. Les fables , ameublis
& diyifés par le paffage continuel de ces
troupeaux, cédèrent à l’a&ion des vents, & recommencèrent
leurs anciens ravages.
11 réfulta cependant de cette tentative, qu’ il eft
poflîble de retarder au moins les progrès des fables.
On oferoit même en conclure qu’ il ne feroit pas
impoflible de les fixer pour toujours. Voici les
principes fur lefquels l’auteur de ce Mémoire éta-
bliffbit fon affertion.
Il eft confiant que les courans de la mer, qui
régnent ordinairement du nord au midi, depuis
l'embouchure de la Garonne jufqu’au canal Du-
ch e t, & du midi vers le nord depuis l’embouchure
de l’Adour jufqu’ au Boucaud vieux , en deçà du
Cap-Breton , dépofent fur le rivage une quantité
de fables , qu’ils reprendroient au retour de la
marée fi on trouvoit le moyen de les retenir dans
ce même lieu. Il eft également certain que les
; dunes qui bordent le rivage de la mer font prefque
toutes féparées par des finuofités plus larges du
! côté du rivage que vers les terres, & que 'c’eft
; dans ces gorges que le reflux dépofe en plus grande