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pierres calcaires calcinées 8? poreufes fourniffent
fa preuve, & ce Tel, renfermé dans cette couche de
terre noire qui fe trouve au de (fus, fel que M. Pal-
las prend pour du falpêtre ,ne devroit-il pas plutôt
fon origine à la pétrole , qui l’auroit depofé la
dans la décompofition de les parties huileufes &
terreflres ? Mais il n’eft pas néceffaire de c roire,
avec M. Pallas, que ce feu ait été allez confidéra-
ble pour occafionner un incendie fouterrain y car
il y a plufîeurs autres montagnes calcaires dans lef-
quelles on trouve du foufre natif, fans qu on y apper-
çoive la moindre trace d'un pareil incendie. M. de
Born attribue aufli à cette terre ou pouffière grife,
femblable à de la cendre, dont on vient de faire
mention, la formation de cet,te gelée noire, quel-
qüefois auffi d'un vert-foncé & fi défagréable à la
v u e , qui couvre le fond du lac. Peut-être que
cette terre, ayant été mife en dilTolution par des
acides, fe fera convertie en gelée par cette opération
( i ) . , j
On obferve encore le long du runleau de
Schumbut, qui fe jette dans le Surgut, à peu de
diftance de Sergiesfsk, plufîeurs fources fulfureu-
fes dignes d’attention. Les beftiaux les recherchent
avec avidité, & fe portent toujours très-
bien après en avoir bu. Elles préfentent d’ailleurs
la plupart des phénomènes dont on vient de lire la
defcription. Peu loin de Gakufchkina, dans une
plaine, l’on voit auffi forcir de terre une fource
fulfureufe. Le d, flous de l’endroit où cette fource
fe manifefte eft une pierrg dure, & tout autour
eft un fol mou & tenace, dont on voit fortir de
toutes parts, dès qu’on le preffe avec le pied, une
matière fulfureufe. Cette matière perce en quelques
endroits en petites fources qui vont fe réunir
à la grande. 1
Au nord-oueft de Jakufchkina , en defcendant
le long de la Schumbut, on parvient, au bout
d'environ cinq werfts de chemin , à une haute,
colline qui s'étend au loin, & que les Tfchu-
wafches nomment Sargeat. On trouve dans le
côté fud-oueft de cette colline une fofle profonde
oui paroît avoir été une fouille de mine de fourre.
La couche fupérieure de la montagne préfente
une marne jaunâtre, à laquelle fuccède un
fchifte calcaire , & enfin,une pierre gypfeufe,
très-mollaffe & poreufe, radiée en grande partie
en rayons très-fins , & féléniteufe. Les payfans
la calcinent pour blanchir leurs fourneaux ou
poêles. . ■ . .
Ce gypfe, compofé de chaux & d’acide vitno-
lique , fait fuppofer allez naturellement que c’eft
à ces deux fubftânces minérales qu’ il doit fon origine.
Ainfi la pierre calcaire à dû exifter avant
d’avoir pu être convertie en gypfe par l’acide
vitriolique. Wallévius met à la vérité le gypfe au
rang des pierres anciennes ou primitives , en ajoutant
qu’on Je trouvoit le plus fouvent fous les
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pierres calcaires ; mais la chofe n'eft vraie qu en
quelques endroits. Ici M. Pallas l'a bien trouvé
auffi fous la chaux ; mais ne peut-on pas confidé-
rer ici même la chaux & le gypfe comme couches
de pierres accidentelles ou récentes ? Dans
les mines de cuivre de N é fo l, au Bannat de ^Terne
fwar en, Hongrie , ainfi que dans le 1 irol,
je gypfe fe préfente même en forme de gangues ,
dans lefquelles on trouve les filons de cuivre
qu’on y connoît jufqu’à préfent. 11 _eft vrai que
Wallérius dit dans fon Syjleme minéralogique ,
tome I , page 1 5 4 , qu’il n’a point de cônnoif-
fance que le gypfe fe préfente par veines. Lés
differentes efpècés de pétrifications accidentelles,
mêlées avec le gvpfe , prouvent tout auffi clairement
que le gypfe appartient aux couches de
pierres récentes. L’opinion deM. Wallérius & de
quelques autres, qu’on ne trouve point de corjas
marins pétrifiés dans le gypfe, eft un faux préjugé
que nous avons déjà réfuté plus haut (1).
Nous ajouterons à ces difcuflions, qu’ à tout au
plus un quart de lieue de la fofle dont i! a déjà été
queftion, on trouve dans un petit terrain plat bc
humide, un prétendu petit lac d’afphalte, nefta-
noje-ofero , ou plutôt flaque d’eau, entretenue
par une fource d’environ trois pieds de profondeur,
& de trois à quatre pieds de large. La décharge
de ce petit lac forme un petit ruifleau.
Dans l’é t é , & plus encore au piintems, il fe.
forme, dit-on ,'fur la furface de cette fource, un
afphalte très-tenace & vifqueux. Lorfque M. Pallas
la v i t , c’étoit le 16 oétobre 1768, elle étoit
entièrement gelée , de même que l ’étang ; &
ayant fait rompre la glace, il ne trouva pas la
moindre trace de bitume deflbus ; mais toute la
terre de l’intérieur, & tout autour de la fource y
étoit imprégnée d’un afphalte en effet très-tenace
: on peut même dire que la totalité de ce
terrain eft afphaltique. A quelques toifes feulement
de cette fource afphaltique , & dans ce
même terrain, eft une fource fulfureufe, également
abondante & profonde, mais dont les eaux
fourniffent beaucoup moins de fédiment que celk s
dont nous avons parlé tout-à-l’heure.
BALCÈRE ( la ) , rivière du département des
Pyrénées orientales , arrondiffement de Prades.
Elle a fa fource à une lieue deux tiers de Fromi-
guère , coule au nord-eft, reçoit enfuite les eaux
de l’étang de Balcere, & fe rend dans 1 Aude , a
une lieue deux tiers nord-eft de fa fource. On doit
voir ici que les eaux qui débouchent des monts
Pyrénées orientales , coulent au nord-eft d abord ,
& qu elles fe jettent enfuite dans les vallées des
eaux courantes, & fe réunifient aux rivières qui
obî une marche déterminée de l’oueft à l’eft. C e ft
ainfi que ces grandes diftributions des eaux s opèr
rent fans qu’on les ait bien obfervées, & fans
(1) De Born, Itc. cit., pag. 3 i 3 , 3i 8. (1) De B o rn , loc. cit. , page 394.
qu’on fe foit attaché à leur origine : toutes cir-
conftances qui tiepnent à la conftitution intérieure
& phyfique de certains maflifs de la terre, & à
leurs pentes & coupures. Je ferai reparoître ces
obfervations en plufieurs articles de ce Diétion-
naire, dans la vue d’appuyer ces confidérations
importantes & relatives à l'hydrographie phyfique
du Globe, connoiflànces qui font fort peu développées.
BAKU ( Sources de naphte de ). Les fources de
naphte près de Baku en Perfe ont beaucoup de
célébrité. Kempfer les vifita il y a près d’ un fiècie,
&"n’a pas manqué de les décrire 5 mais le lcéteur
trouvera ici ce qu’il chércheroit en vain dans
Kempfer.
La prefqu’île d’Abfcheron , à laquelle Kempfer
donne le nom d ‘Ocetra , qui n’ eft plus en ufage
aujourd’hui, prefqu’île qui s’étend depuis le côté
du nord-oueft de Baku jufqu a la mer, eft la matrice
inépuifable du naphte ou napkta ; car c’ eft ainfi
u on nomme ce bitume liquide dans le langage
u pays. On met trois heures pour arriver au feu.
perpétuel, & l’on pafîe à moitié chemin devant le
village de Kefchlar. L’endroit où fe trouve le feu
perpétuel annoncé fa préfence , avant qu'on y
arrive, par l’odeur de naphte qui frappe de loin
le voyageur. Lorfqu’il y eft parvenu , voici les
phénomènes que la nature expofe à fes obfervations.
II apperçoit d’abord une place dont l'étendue
eft in d é te rm in é e ca r elle change avec le
cours des années. Le fol y eft de nature à s’allumer
dès qu’on le touche avec un charbon ardent ou
toute autre matière en feu : cette flamme brûle
fans discontinuer, à moins qu’ on ne veuille l’éteindre
à deffein 5 ce qui peut avoir lieu lorfqu’ on
l’étouffe avec de la terre jetée par-defius, ou en y
verfant une fuffifante quantité d’eau. La terre à
travers laquelle le naphte a pénétré eft une forte
d’argile, ou proprement une marne calcaire &
groffièré ; car elle fait une violente effervefcence
avec les acides, fe durcit au feu , & fe laiffe travailler
lorfqu’elle eft détrempée avec de l’eau j
elle eft rude au toucher, parce qu’ il s’y trouve
du fable mêlé^ mais en moindre proportion que
l’argile. Sa couleur elLd’ un blanc plus ou moins
grifâtre, & tire aufli fur le jaune. Elle eft entièrement
pénétrée de la matière du naphte ; ce qui
fe manifefte, non - feulement par des morceaux
entiers devenus noirs comme du charbon, mais
encore plus positivement par la diftillation, laquelle
fournit une eau d'une odeur extrêmement défagréab
le , q u i, dès qu’on y mêle de l’acide vitriolique,
donne à connoître auflitôt toutes ces propriétés.
Lors donc qu’on écorche la fuperficie de cette
terre à un ou deux pouces de profondeur, en
quelqu’éndroit que çe foit de cet efpace de terrain
, elle prend feu , comme nous difioias, auflitôt
qu’ on la touche avec un tifon ou quelqu’autre
corps allumé. La flamme eft d'un jaune-bleuâtre.
Lorfque l’air eft calme ou par un vent favorable ,
elle 5’élève à quelques pieds du fo l, & ne s’ éteint
jamais d’elle-même. La fumée qui en fort eft très-
dé fagréable à ceux, furtout qui font incommodés
de la poitrine. Les places qui brûlent effectivement
(& par les raifons que nous déduirons bientôt, il
ne manque jamais d y en avoir) s’étendent, tantôt
en longueur, tan tôt obliquement, quelquefois aufli
en cercles, ou bien elles forment des ramifications
plus ou moins étendues. Ces places brûlantes font
quelquefois affez larges, & la flamme s’en élève
avec plus ou moins de tranquillité ; quelquefois
aufli elle fort avec une telle impétuofité, qu'il
femble qu'on l’excite avec des fouflets. Cependant
elle ne confume pas la terre ; elle l’échauffe
feulement, & cela de manière qu’on ne fau-
roit tenir la main à la proximité des places brûlantes.
C e feu perpétuel eft d’ un excellent fecours aux
habitans de Baku pour faire leur chaux. On enlève
la fuperficie d’ un petit circuit de ce terrain brûlant
, qu’on détermine à volonté : on y entafle les
pierres qu’on defiine à être calcinées, & dont
prefque tout le fol des environs de Baku eft com-
p.ofé ; on couvre ces pierres avec la terre qu’ on
vient d’enlever, & dans l’efpace de deux ou trois
jours la chaux eft entièrement cuite. Les habitans
du village de Sroganu fe rendent en ce lieu pour
y préparer leurs alimens, & en général la flamme
du naphte peut être employée au même ufage que
tout autre feu. *
Le choix que quelques pèlerins indiens ont fait
de ce lieu pour y fixer leur féjour, contribue encore
à en augmenter la célébrité. Ils ont élevé tout
autour du lieu du feu perpétuel de petits temples
conftruits en pierres, dans lefquels ils ont placé
des autels. Il n’y a , pour le préfent, qu’ un feul de
ces temples d’employé. On y a pratiqué, près de
l’au tel, un tuyau de deux pieds de haut, d’011 il
fort une belle flamme bleue mêlée de rouge, qui
ne rend pas la moindre odeur. Ce tuyau fe rétrécit
par en haut pour qu’on puifie pofer des pots fur
fon ouverture, de manière qu’ il ferve en hiver à
donner de la chaleur, & tout le long de l'année à
cuire des alimens. Auflitôt qu’on y préfente un
brin de paille allumé, la flamme monte par le
tuyau; & lorfqu’on veut l’abattre de nouveau,
ob fe fert d’un morceau de gros linge ou de feutre
qu’on jette par-deffus.
Lorfqti’on enfonce en terre, à une profondeur
indéterminée, un tuyau, ne fût-il que de rofeau ou
même feulement de papier, pourvu qu’ il foit bien
recouvert de terre vers le bas, & qu’on approche
de fon extrémité fupérieure un charbon allumé, la
vapeur de naphte qui en fort s’ allume incontinent,
& continue à brûler comme une chandelle fans
interruption, jufqu’à ce qu’on l’ éteigne tout exprès
ou qu’on enlève le tuyau. Ces fortes de tuyaux
tiennent lieu de chandelles pendant la nuit, & n e
fouffrent aucun dommage moyennant la précau