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& de forges. A une certaine diftance eft un vignoble
qui produit d'aflez bon vin. Quoique la rivière
de Creufe ne foit pas navigable, elle ne laiffe pas
de fervir au débit de beaucoup de bois qu’on fabrique
en merrain, qu’on jette à bois perdu, &
qu'on ralTemble au port de Piles. On remarque,
entre la Creufe & la rivière de Clatfe, une fi pro-
digieufe quantité d’étangs, qu’on en comptoittrois
cent neuf dans la feule commune du Bouchet. On 1
fait aufii commerce de poilfon dans la ville de le
Blanc.
Bl a n c ( L a c ) & émiffaire de ce la c , département
de l’ ifè r e , canton du bourg d’Oyfans. La
rivière où eft (on baffin coule au fud- fud-oueft,
traverfe le lac Blanc, & va fe rendre dans la Sa-
rennes à une lieue un quart fud oueft de fa fource.
B LANC FOSSÉ , village du département de
l’O ife , canton de Crève-Coeur. Il y a dans ce village
deux preffoirs pour le cidre; ce qui annonce
que cette récolte eft confidérable dans les environs.
BLANCHE (Mer-). Ce n’eft proprement qu’ un
golfe ; car fes eaux font baffes, fon fond eft rempli
de limon apporté par les grandes rivières qui s’y
déchargent, & qui ne biffent prefqu’aucune falure
à fes eaux. La Dwina ou la Double Rivière eft la
plus grande î elle tire ffon nom de ce qu’elle eft
formée par laSuchona & la Y u g , à une très-grande
diftance de fon embouchure. Elle eft navigable
jufqu’à Vologda j ce qui fait par eau environ fix
cent foixante-fix milles. Elle fert à voiturer les
denrées des parties intérieures de l’Empire à Ar-
changel, ville fituée fur fes bords à environ fix
milles de la mer. Pendant l’hiver on envoie de
cette ville à Pétersbourg une grande quantité de
nawa'ga, petite efpèce de morue toute g e lé e ,
comme Kola y fait paffer des harengs dans le
même état.
Lés îles de Podefemskoe forment le delta de
cette rivière > elles font féparées les unes des autres
par un détroit fort rtflerré.
La Mer-Blanche eft, tous les hivers, remplie de
glace qui lui vient de l’Océan glacial, Sr qui amène
avec elle le harp-feal, efpèce de phoque. La lépo-
rine, autre efpece, fréquente cette mer durant
l’été.
Quiconque jettera les yeux fur les Cartes des
provinces fituées entre cette mer & les golfes de
Bothnie & de Finlande, remarquera que le plus
grand efpace de cet intervalle tfi occupé par des
lacs. Il y a des auteurs qui en concluent que la .
Mer-Blanche étoit unie avec b Baltique au moyen |
d’ un long détroit dont les lacs font les vefliges 5
mais il faudroit réunir à cette préfomption beaucoup
d'autres obfervations pour rendre cette communication
ancienne vraifemblable , & en tirer
toutes les conféquences qu’on en tire.
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Au côté oriental de l’entrée du détroit eft 1 île
de Kaudinos. Entre cette île & la terre-ferme il
n’y a qu’un canal très • refferré. Après qu on a
doublé le cap de Kaudinos, la mer forme deux
grandes baies. Une partie confidérable du rivage
à l’eft fe trouve compofée de baffes collines de
fable.
Dans 1a baie b plus reculée, à la latitude de
68 deg. 30 min., fe décharge, par plufieurs bouches,
la vafte rivière de Peczora. Il s'y faifoit
autrefois une grande pêche de béluga ou baleine
blanche. Un banc de fable, à l’entrée de cette
rivière, b r md dangereufe. La marée n y monte
qu’ à quatre pieds.
Les côtes à l’eft d’Archangel jufqu’ à Loby font
habitées par les Samoièdes, race aufli dégradée
que celle des Lappons, mais plus difforme & infi*
niment plus brute. Leur nourriture font les cadavres
de chevaux & d’autres animaux. Ils fe fervent
du renne pour tirer leurs*traîneaux ; mais ils ne fe
font pas encore avifés de le fubftituer à la. vache
. pour ufer de fon lait. Ce font les vrais Hottentots
du Nord.
A l’eft de Peczora commence le Continent de
l’Afie & fe termine celui d’Europe.
BLANCHES (Montagnes). Ces montagnes,
fituées dans les parties feptentrionales du Nouvel-
Hampshire, ont attiré, depuis l’établiflement de
cet É ta t , l’attention de tous les favans. Elles font
certainement les plus hautes de celles de la Nouvelle
Angleterre. Les vaiffeaux qui viennent de
l’eft les apperçoivent, dans le beau tems, avant
toutes les autres terrés, & on les a fouvent ptifes
pour des nuages à caufe de leur couleur éclatante.
On les v o it , du côté du fud & du fud-eft, à la
diftance de foixante ou quatre-vingts milles du
rivage; l’on affure même qu’elles font très-vifibles
dans le voifinage de Québec. Les Indiens ont une
vénération fuperftitieufe pour cexs montagnes ,
qu’ils regardent comme 1a demeure d’êtres invi-
fibles ; c’eft pour cette raifon qli’ ils ne fe hafardenc
jamais de monter fur leur fommet, & qu’ ils tâchent
d’en détourner ceux qui veulent y aller.
Ceux qui ont effayé de donner l’hiftoire de ces
montagnes, ont attribue leur éclat à des rochers
briîlans ou à des mouffes blanches ; mais ce que
nous allons dire fera plus vrai & plus fatisfaifant.
Les montagnes Blanches font la partie la plus
élevée d’une chaîne qui s’étend, du nord-eft au 1 fud-oueft , dans une longueur qu’on n’a pas fixée.
L’aire de leur bafe eft une figure irrégulière, ref-
femblant en quelque manière à un triangle ifo-
cè ie , dont le côté le plus long eft vers le fud. Le
circuit de toute cette bafe ne peut pas avoir moins
de cinquante milles. On voit diftinétement, du
côté du nord-oueft, fept fommets, dont quatre
font arides. En montant fur le plus élevé , ou
trouve d’abord le terrain compris entre les rivières
de Saco & d’Amarifcogin, après avoir par-
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couru une pente de douze milles, depuis la plaine j
de Pigwachet. A cette hauteur font des prairies j
qui ont fuccédé à un étang de caftors, comme on
le voit par une digue qui eft à chaque extrémité.
Il fort du flanc oriental de cette montagne plufieurs
fources, dont les produits errent à travers
la prairie ; Sc après s’être amaffés au milieu, ils fe
divifent à l’extrémité méridionale, & fe jettent,
une partie dans 1a rivière Ellis, qui eft une branche
du Saco, & , vers le nord, dans la rivière Péabody,
branche de l ’Amarifcogin.
Les flancs de ces montagnes font compofés de
rochers détachés, couverts d’une moufle verte
très-longue, qui s’étend de rochers en rochers,
& qui eft dans quelques endroits fi épaifle, qu’ elle
peut foutenir le poids d’un homme. C et immenfe
lit de moufle, étendu fur la furface de ces montagnes,
fert comme d’ éponge pour retenir l’humidité
qu’ y dépofent continuellement les nuages
& l--s vapeurs qui fejaffemblent autour. Les brou£
failles épaiffes qui y croiffent, empêchent le foleil
d’y pénétrer & de difliper ces vapeurs. C ’eft ainfi
que les eaux fe confervent pour entretenir les
fources nombreufes dont cette contrée abonde,
& qu’il fe fait une circulation perpétuelle fort
intéreffante pour le fpe&ateur j car il n’eft pas
plutôt tombé une pluie abondante, que les vapeurs
s’élèvent de deflus les feuilles des arbres de la
forêt voifine en d’ innombrables petites colonnes,
qui, ayant atteint une certaine hauteur dans l’at-
mofphère, fe raffemblent, & font attirées par la
montagne fur laquelle elles retombent en pluie ou
s’ imbibent dans la moufle, fe dépofent dans les
crevaffes des rochers, & de là portées fur une
couche impénétrable, jufqu’à ce qu’elles trouvent
une iflue pour fortir fous la forme de fources.
Les rochers dont ces montagnes font compo-
fées , fon t, dans quelques endroits, d’ ardoife ,
dans d’autres de quartz j mais, vers le fommet,
c ’eft une pierre d'un gris-obfcur, qui préfente
dans fes caffures des points briîlans de talc ou de
mica.
Quand on a franchi les rochers les plus efearpés,
on arrive à ce qu’on nomme la plaine 3 où la rampe
devient douce & facile. Cette plaine eft compo-
fée de rochers couverts d’herbes & de moufles,
& reffemble à la furface d’un pâturage fec. Dans
quelques ouvertures de ces rochers on trouve, ou
de l’eau, ou du gravier fec. La plaine eft d’une
figure irrégulière; elle a, depuis fon bord oriental
jufqu’ au pied du pain de fu t r e , plus d’un mille
d’étendue ; du côté de l’oueft, elle s’étend davantage.
Le pain de fucre eft un amas pyramidal de
rochers détachés & grifâtres, qui n’a pas moins de
trois cents pieds de hauteur perpendiculaire ; mais
la montée n'ën eft pas fi difficile que celle des rochers
efearpés au deflus de la plaine. Du fommet
de cette pyramide on jouit d’une vue qui s’étend,
au fud-eft, jufqu’ à l’Océan ; à l’oueft & au nord,
jufqu'aux montagnes qui féparent la rivière de
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Çonnefticut des eaux du lac Champlain & de
Saint-Laurent. Par des obfervations du baromètre,
on a trouvé que la hauteur de ce pic étoit de cinq
mille cinq cents pieds au deflus de la prairie, &
que la prairie étoit de trois mille cinq cents pieds
au deflus du niveau de la mer.
Sur les flancs de la montagne on voit de profondes
crevaffes qui commencent aux rochers efearpés
, & s'étendent au deflus de la plaine. En
hiver les neiges, pouffées par les vents de nord-
oueft fur le fommet de ces montagnes, s’accumulent
dans ces crevaffes, & forment un corps
compa&e qui fe fond difficilement par le foleil du
printems. Ces montagnes commencent à fe couvrir
de neige & de glace vers la fin de feptembre
ou au commencement d’o&obre, & ne fe fondent
qu’en juillet. Pendant cette période de neuf ou
ûix mois, elles ont plus ou moins cette apparence
brillante qui a fait donner le nom de Blanches aux
montagnes qu’elles couvrent. Dans le printems,
quand la neige eft en partie fondue, elles paroif-
fent d’ un bleu-pâle mêlé de blanc. Lorfqüe la
neige eft fondue prefque totalement, ces montagne
s paroiffent, à la diftance de cinquante ou
foixante milles, d’ un bleu-célefte ; & lorfqu’on
les regarde feulement de dix milles de diftance,
elles font d’une couleur grifâtre tirant fur le brun.
Ces changemens ont été obfervés par des per-
fonnes qui jouiffent conftamment de la vue de ces
montagnes.
On peut aifément conclure de ces faits, que la
blancheur de ces montagnes doit être attribuée à
la neige & à la glace dont-elles font couvertes, &
non à aucune autre fubftance blanche que réellement
elles ne contiennent point. Il y a à là vérité
quelques parties qui paroiflent plus brillantes dans
les mois d’ été ; mais ces parties ne font autre chofe
que les bords des crevaffes éclairés par le foleil.
Ces places brillantes changent de place félon la
po,fition de cet aftre & la fonte des glaces.
11 n’eft pas inutile de rechercher fi une fi grande
quantité de neige, accumulée & retenué fur ces
montagnes , ne peut pas augmenter l’aélivité des
vents qui foufflent de ces hauteurs ? Combien ne
peut-il pas y avoir de montagnes, vers le nord &
l’oueft, couvertes de neige & de glace , qui no
fe diffolvent jamais dans les régions les plus éloignées
? Et ne pouvons-nous pas attribuer le froid
perçant de nos vents d’oueft à leur paffage fur ces
chaînes nombreufes de montagnes glacées, plutôt
qu’aux lacs & aux forêts?
Ces hauteurs immenfes que nous avons décrites
comme réfervoirs d’eaux abondantes , préfentenc
une grande variété de magnifiques cafcades , donc
quelques-unes tombent en nappes perpendiculaires
, d’autres ferpentent en ruiffeaux étroits; quelques
unes s’étendent fur la furface unie de vaftes
rochers , & tombent de deflus leurs bords en
nappes majeftueufes.
1 Trois des plus grandes rivières de la Nouvelle-
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