
au deflus de la caverne près le village de C lu z e ,
renferment des lits très-confidérables de charbon
de pierre, encailTés dans un fchifte noir & comp
a re .
Ces exemples ( furtout ceux de Provence) font
fuftifans pour démontrer l’ exiftence du charbon dans
les bancs calcaires ; mais une chofe effentielle à
remarquer, c’eft qu’il s’v trouve compris , comme
celui des pays à grès, dans deux couches dont la
nature eft fenfiblement différente des autres. Les
charbons de Provence ont, pour toit & mur, un
fchifte calcaire j ceux dont on a parlé enfuite ont,
pour toit & mur, des couches d’argile, ou une
ierre tendre ou terre durcie, de couleur grife ou
rune, compofée d’argile plus ou moins mélangée
de terre calcaire. Il eft clair encore que ces couches
ont beaucoup de rapport avec celles qui enveloppent
les charbons de Provence, puifque les
unes & les autres contiennent une prodigieufe
quantité de coquilles marines.
Les montagnes calcaires qui renferment les charbons
de ces divers endroits, font dominées par des
montagnes plus élevées, de formation première,
qui influent fur elles comme les chaînes granitiques
influent fur les dépôts qui font dans des grès
& des fchifles que l'on trouve à leur pied. .
On ne croit pas que les qualités de roches calcaires
qui recèlent des veines de charbon, foient
.très-variées : leur plus grande différence eft dans
leur texture, leur dureté, leur poids, la propriété
d’être ou ne pas être bitumineufe, d’offrir un grain
partout homogène ou une plus ou moins grande
quantité de coquilles. Néanmoins on croit qu'il
feroit intéreffant de faire i'analyfe de ces roches :
il ne le feroit pas moins de décrire les montagnes
adjacentes.
C . Troifième divifion des mines de charbon qui ne
fe trouvent ni dans les grès ( pierre de fable ) ni
dans les pierres calcaires.
Plufieurs naturaliftes ont remarqué des veines
de charbon fous des matières volcaniques. On en
voit un exemple au lieu nommé Laubépin , dans le
Velay. Une grande & fuperbe coulée de bafalte
y recouvre une couche de charbon. Cette couche
de charbon doit être renfermée dans des couches
de certaine pâture : c’eft là ce qui intéreffe feul.
A Sanjac d’Aubenas en Vivarais, on rencontre
le même accident. On voit aufli en Auvergne plufieurs
exemples de ce genre j mais l’on n’en doit
pas conclure que le charbon puiffe fe trouver parmi
les bafaltes volcaniques. En effet, fi l’on examine
ces endroits avec un peu d'attention, on voit toujours
ces bafaltes fuperpofés au charbon. On remarque
encore une couche de fchifte plus ou
moins épaiffe, qui eft le véritable toit de la veine,
entr’elle & les matières volcaniques. Comme ces
veines rentrent dans l’efpèce de celles que l’on a
décrites dans la première divifion, on n’en parlera
pas davantage.
Mais il faut faire connoître une autre roche que
l ’on n'a jamais rencontrée avec des couches de
charbon, qui fert aux unes de mur, & aux autres
de toit.
A environ treize cents toifes de Souvigny en
Bourbonnois, fur la route de cette ville à celle
de Montmarot, eft un rocher nommé le Rocher
noir. Ce nom lui a été donné probablement à caufe
de fa couleur, qui cependant fe rapproche davantage
du vert-foncé. L’on remarque dans fon intérieur
des grains de fchorl d’une nuance plus terne.
Si l’on divife un bloc de cette roche à l’aide d’un
[ cifeau, l’on remarque que l ’une des caffures d’un
morceau eft concave, tandis que l’autre eft convexe
j mais ce qui n’eft pas moins fingulier, c’eft
que l’on voit fur ces deux faces des ftries en rayons
qui partent d’ un même centre, qui eft toujours le
j point de percuflion. Si l’on frappe l’un contre
i’autre des fragments de cette pierre, ils produi-
fent un fon d’autant plus clair, qu’ils font plus
minces.
La pointe de cette roche a fubi divers degrés
d’altération, qui font d’autant plus marqués qu’elle
étoit plus expofée aux injures de l'air : on en voit
des parties depuis l’état d’argile jufqu’ à celui de
la plus grande dureté, & depuis le jaune-tendre
jufqu’ au noir-foncé.
C e rocher n’eft apparent au jour que dans une
longueur d’une cinquantaine de toifes. C ’eft dans
cette dimenfion que courent trois veines de charbon
parallèles entr’elles, inclinées, comme fe s lits , de
55 à 60 degrés.
Quoique le combuftible qu’elles fourniffent, ne
foit pas d’une excellente qualité parce qu’il eft
immédiatement au jou r , on ne peut le mécon-
noître parce qu’il brûle bien ; que les couches
fchifteufes dans lefquelles il fe trouve, ont un
véritable toit & un mur, & que fous chacun de
ces derniers eft un banc de grès de plufieurs pieds
d’épaiffeur, où l’on voit beaucoup de cailloux
roulés. ,
Plufieurs minéralogiftes ont pris la fubftance
pierreufe dont on vient de parler pour une la v e ,
mais fans aucun fondement.
Les trois veines de charbon, leur to it, leur mur,
les bancs de grès que l’on y v o it , font ce qui nous
intéreffe le plus.
§. II. D euxiùme Se c t i o n .
Cette feêtion aura deux divifions.
Dans la première , M. Lefebvre d’Hellançourt
cherche à décrire les bancs qui, fans contenir du
charbon, fe trouvent ordinairement près des mines
de ce combuftible, & indique l’ordre du dépôt
de ces couches.
Dans la fécondé, il effaie de déterminer leur fitua*
tion par rapport aux baflins qui les renferment.
A . Première divifion._
Si l’on confulte le Tableau joint à cet article,
on verra qii’ il eft très-ordinaire de trouver des
granits, des porphyres & autres roches primitives
, des charbons de terre, des ardoifes, des
pierres calcaires, des brèches & des marbres cir-
confcrits dans un très-petit efpace. On a quel-
uefois vu ces paffages dans un trajet de moins
e cinq cents toifes. Des yeux ordinaires diroient
que la nature ne fuit jamais d’autres lois que celles
de fon caprice.
Cependant plufieurs favans ont cherché à découvrir
fes fecrets. On va en citer quelques-uns.
De Drefde à Freyberg on rencontre, en paffant
par le territoire de Plouen , de la pierre a chaux
par couches horizontales, au deffous defquelles il
y a du charbon de terre.
Derrière Leffelfdorf, versGertzogfwald & Mo-
horn, les montagnes s’ élèvent de plus en plus,
& l'on trouve fous le gazon des couches d’ardoife
dont la pente va communément vers la plaine.
Si l’on parcourt la Siléfie & les monts Carpa-
thes, on voit qu’à d’endroit où ils fe terminent,
c'eft-à-dire , près de Béraun, de Pleffe & de Ni-
colaï, on trouve une grande quantité de charbon
de terre, de pierre à chaux & de fontaines falantes.
Vers Opezode & Manfdorf, dans le comté
de Mansfeld, on trouve des couches de charbon
de terre 3 enfuite de l’ardoife & de la pierre à
chaux.
En gagnant le côté de la plaine dans le comté
de la Marck en Weftphalie, on y trouve une grande
quantité de montagnes, au pied defquelles on rencontre
, près de Boëlhorft & de Schneiker , du
charbon de terre.
Les couches de fchiftes, infiniment plus confi-
dérables & plus communes que les lits d’àrdoifes,
font généralement adbffées aux flancs des montagnes
primitives, & defcendent avec elles pour
s’enfoncer dans les vallons, & fouvent reparoïtre
au-delà en fe relevant fur la montagne oppofée,
les grès ne fe trouvant communément que près
des contrées de quartz & de granit, & rarement
au milieu des terres où il y a des pierres calcaires.
C ’eft un fait bien important, à ce qu’on cro it,
pour la théorie de la Terre-, que prefque toujours
entre les dernières couches fecondaires & les premières
primitives, on trouve des bancs de grès
ou de poudingues. Ceci s’obferve dans les Alpes,
dans les Vofges, dans les Cévennes, dans les hautes
montagnes de la Bourgogne & du Forez.
Les montagnes de la Stirie inférieure, de toute
la Carniole jufqu’ à Vienne en Autriche, font formées
par des couches horizontales, plus ou moins
épaiffes, de pierres calcaires entaffées les unes fur
les autres, & ont pour bafe un véritable fchifte
argileux, c’eft-à-dire, une ardoife bleue ou noire,
ou bien un fchifte de corne mélangé de quartz &
de mica, pénétré d’une petite partie d’argile.
On croit que toutes ces obfervations autorifent
ces conféquences générales :
i° . Que le grès & les fchiftes dans lefquels fe
trouvent les charbons de terre, font dépofés fur le
flanc ou au pied des montagnés primitives i
2°. Que les poudingues , les ardoifes, les roches
feuilletées & quartzeufés lés recouvrent enfuite;
3°. Que ceux-ci font fouvent cachés fous des
bancs d’argile, de minerai, de fe r , &c. ;
4°. Que les roches calcaires font ordinairement
fupérieures à tous ces dépôts.
D’après ces obfervations l’on feroit tenté d’imaginer
que les pierres calcaires doivent toujours fe
trouver dans les parties les plus élevées des'pays
de dernière formation. Ici on confond les couches
calcaires du travail intermédiaire avec celles de la
nouvelle terre, & c’eft cependant dans le travail
intermédiaire que fe trouvent les dépôts qui accompagnent
les charbons de terre.
Mais ceci n’ eft pas exaéb dans tous les cas ; car
on remarque affez fouvent, dans les parties les
plus hautes, les grès à découvert paffer enfuitç
fous les ardoifes, & celles-ci s’enfoncer fous les
pierres calcaires.
Il en eft de même des couches fecondaires : elles
approchent d’autant plus de la ligne verticale,
qu’elles font plus près des montagnes primitives j
& , au contraire, elles approchent d'antant plus
de la ligne horizontale, qu’elles font plus éloignées
des chaînes primitives.
La pierre de la plaine où font les charbons de
Saint-Étienne, ne s’écarte de l’horizontale que
pour prendre l’inclinaifon des coteaux.
Ces couches de charbon font placées, à la manière
des dépôts, entre des grès ou fchiftes. Ces
couches ne font elles-mêmes que des dépôts, &
font de même plus épaiffes à mefure qu’elles s’éloignent
du coteau contre lequel elles font appuyées.
Les montagnes primitives qui bordent un pays
fecondaire, c’e ft-a -d ire , intermédiaire, influent
donc fur la difpofition de fes lits.
B. Deuxième divifiotj..
On a rapporté ci-deflus plufieurs obfervations
qui prouvent que les montagnes primitives influent
fur la pente des couches fecondaires. Cela
fuppofe néceffairement qu’elles influent auffi fur
leur direction : il fuit donc de là que les veines de
charbon, leurs enveloppes & les lits qui leur font
intermédiaires, courent comme les chaînes des
A a a a