
prompteraênt difparu de ces contrées, fans quoi
elles fe feroient remplies de vafes qui couvriroient
aujourd'hui ces régions arides de terres fertiles 8c
propres à la végétation.
L’Afie a encore plufieurs grands baffins qui font
ainfi couverts de terres, 8c qui offrent des plaines
immenfes couvertes d’excellens pâturages. Comme
ces lieux-là ne font pas le moins du Monde déchirés
8c ravinés , 8c qu'ils ne font ouverts vers aucune
mer, il y a quelqu'apparence que les eaux
n’en ont difparu qu'infenfiblement 8c par une longue
fucceffion de tems. Ces lieux auront été d'abord
des lacs, puis des marais 8c des bourbiers
immenfes, 8c enfin ce qu'ils font aujourd'hui,
c’eft-à-dire , fertiles , unis 8c fans aucun de ces
traits qui caraétérifent les autres contrées de la
Terre, où les eaux fe font retirées fubitement, foit
par un écoulement fouterrain, foit par un écoulement
fuperficiel, comme il a dû arriver dans plusieurs
autres baffins. Ceux, par exemple , qui oc-
• cupoient le contour du nouvel hémifphère terreftre
ont pu fe deffecher promptement de cette dernière
façon. Leuts eaux auront rempli les parties les
plus foibles de leurs fommets, pour fe réunir dans
l'hémifphère mar itime à la maffe des eaux écoulées.
Il a pu en arriver de même a quelques-uns des baffins
du centre de nos continens. Quelques-uns fe feront
au(fi rompus 8c verfes les uns dans les autres,
& par ce moyen les èaux de plufieurs auront pu fe
réunir dans ceux qui étoient les plus profonds, 8c
t ont éprouvé un écoulement à travers le fein de
a terre, ou s’y font trouvés defféches par une
longue évaporation, ou y ont fubfifté dans le
même état, ou enfin ont reçu’ de nouvelles eaux
que les rivières 8c les fources y ont portées. C eft
fans doute à quelques-unes de ces opérations que
nous devons lesTacs qui exiftent encore en A fie ,
ou ceux qu’on fait avoir exifté, quoiqu’ils ne foient
plus.
Toutes ces différentes opérations, tant générales
que particulières de l’écbulement des eaux lors
de l’apparition de la Terre , pomroient peut-être
être regardées comme capables d'avoir feules pu
former, fur la furface de nos continens, toutes
les vallées 8c les efcarpemens réguliers que nous
y remarquons , fans qu'il foit néceffaire de recourir
, comme nous avons fait, à des déluges 8c à des
inondations arrivées fur les continens depuis cette
apparition ; mais outre qu’il eft difficile de fe ré-
préfenter comment, dans des terrains moins flexibles
8c récemment fortis des eaux, tous les rochers
tranchés à plomb , 4 c tous les efcarpemens
hideux que nous voyons dahsnos vallées >cauroient
pu fe former , ce feroit de plus détruire tous les
monumens hiftoriques les plus refpeéhbles 8c les
plus certains, puifqu'il n’y a point de nation qui
ait confervé des traditions confiantes fur les déluges
, fur les inondations 8c fur divers autres acci-
dens qui font arrivés dans leurs contrées depuis
l’apparition de la Terre hors des eaux.
Tout notre hémifphère étoit peuplé de nations
quand les accidens caufés par le feu 8c par les
eaux les ont inquiétées 8c dévaftées, 8c ontaltéré
l'ancienne difpofition de la furface de notre hémifphère.
Avant le déluge, nous y avions une Ta-
probane, une Atlantide , une Europe jointe à
l’Afrique ; l’une 8c l’autre étoient jointes à l'Amérique
: nous avions des lacs qui depuis fe font unis
à l’Océan, comme le Pont- Euxin ; la Mer-Rouge,
la Méditerranée 8c d'autres lacs qui fe font deffé-
chés par des ruptures plus récentes , comme la
Theffalie, la Béotie, le Cachemire, 8cc.
Les terribles ravages que les eaux des torfens
! ont fait's fur la Terre en rompant leurs baffins 8c
en fubmergeant unciers de notre hémifphère, font
donc auffi eonftans que l’ancienne confinaêlion de
nos terrains fous les eaux , 8c que leur apparition.
Ce font deux révolutions diftin&es 8c féparées, 8c
deux faits irrévocables. Nous devons feulement
reconnoître ici que, dans l’âge des torrens, les eaux
de chaque baflin ont fuivi, ainfi que je l’ai dit ailleurs,
un frayé qui leur avoit été anciennement
tracé î qu’elles n’ ont fait qu’augmenter , élargir
& approfondir nos vallées ; qu’elles les ont a longées
en réunifiant fous un feul cours les vallées
des différens baffins , en culbutant leurs fommets,
en démoliffant les bancs fuperficiels, en portant
dans des lieux bas les dépôts 8c les débris que ces
eaux ont arrachés des lieux élevé s, 8c enfin en
réunifiant dans les mers les eaux qui fe rendoient
auparavant dans une multitude de puifards 8c de
baffins féparés.
D épôts sousmàrins (Bafe des). On doit être
curieux de connoïtre quelles ont été en différens
tems les bafes fur lefquelles les dépôts fouj'marins
ont été faits, même les dépôts de différens ordres,
parce que cette connoiffance répand du jour fur
, une infinité d’opérations de la nature, dont on
n’avoit qu’ une idée très-imparfaite, 8c dont on .ne
connoiffoitpas la fucceffion. Pour aller par ordre, je
diftinguerai deux fortes de fuperficies de la Terre ,
qui ont fervi de bafes aux. dépôts [oufmarin s.
La première que nous puiffions indiquer font
les maffifs de granits, fur lesquels font établies les
couches inclinées de la moyenne terre, foir pierres
de fables, foit calcaires. Ailleurs les mêmes maf-
fifs fervent auffi de bafe à la nouvelle terre, mais
depuis des tems beaucoup plus voifins de nous
que ceux où les dépôts de la moyenne terre ont été
formés. -
La fécondé bafe eft formée des maffifs de la
moyenne terre, fur lefquels on trouve en plufieurs
endroits la nouvelle terre appuyée. On voit bien
que cette moyenne terre a été la furface de la
T e r re , i°. parce que dans ces parties on y trouve
des vallons fuivis, creufés dans les pierres à grain
| fin de la moyenne terre : il y a auffi de grandes
j coupures 8c de grands vides remplis par les dépôts
de la nouvelle terre. Je puis indiquer dès parties
de la fuperfioie de la moyenne terre qui fe trouvent
dans cet état.-& à moitié découvertes pari enleve-
roent & la deftruâion des dépôts foufnarins de la
nouvelle terre, & ces parties font fort étendues ;
2,°. parce que ces parties de la moyenne terre ont
été dans de grandes vallées, 8c coupées par les eaux
courantes des grands fleuves ; ce qui prouve qu’elles
ont été expofées à l’aêlion des eaux courantes avant
d’être recouvertes. J’ai oublié de dire que certains
maffifs de granit qui ont reçu les fuperpofi-
tions de la moyenne terré ont été vifiblement découverts,
8c ont fait partie de la furface de la le rre
à fec 5 car ces parties de la moyenne terre font appuyées
fur des maffifs de granit creufés en vallées
larges 8ç profondes par les eaux courantes. Je trouve
fouvent les mêmes circonftances pour la nouvelle
terre. Je n’ ai point vu de portions de la nouvelle
terre, qui aient fervi de bafe à une terre plus nouvelle;
ainfi voilà tout ce que l’ obfervation nous
montre à-ce fujet.
L’examen de ces bafes m’a paru mériter la plus
grande attention ; car leur état ancien , comparé
à leur état aèfuel, doit impofer iilence a ceux qui
ontvules dépôtsfoufnarins fe formera la fuite des
plus grands éboulemens 8c fracaffemensdela croûte
du globe. Si les parties de la furface de la Terre ,
qui ont été recouvertes par les eaux de la mer 8c
par fes dépôts , plus ou moins épais font encore
comme elles étoient avant fes operations 8c,après
la retraite de la mer, que deviennent toutes ces
inclinaifons de l’axe , toutes ces déclinatures imaginées
pour rendre raifon des variations de la mer
dans fon b a (fin ? Les mêmes vallons qui ont ete creu-
,fés avant l ’invaiion de la mer dans ces cantons, ayant
été déblayés Semis à découvert, fervent comme
ils fervoientautrefois, à l’écoulement des eaux de
plufieurs rivières.: 8c quand les fuperfétations de
la nouvelle terre comblent encore dés parties de
ces vallées, elles n’empêchent point la circulation,
qui s’y trouve rétablie au même état où elle étoit.
Comment croire enfuite que les invafions de la
mer-font la fuite de l’ affaiffement du fol qui eft devenu
fon baflin , puifque voilà une fuite de vallons
dont les eaux coulent 8c fe déchargent dans une
grande riviere, 8c - finifient par fe rendre a la mer
a&uelle, comme ce même fyftème de circulation
a été autrefois lovfque ces vallons ont été creufes
à la furface du fol de la moyenne terre , qui fait
des opérations qui montrent partout les plus grands
réfultats.
Dira-t-on que ces effets tiennent à un débordement
local de la Méditerranée ? Je réponds que
je connois de femblàbles bafes de dépôts pareils
faits par l’Océan dans des vallées creufées au
milieu de l’ ancienne terre, 8c qui, depuis la retraite
de la mer, ont été recreufées de nouveau 8c
fervent à peu près à raflèmbler les mêmes eaux
courantes par les mêmes vallées latérales 8c la
même vallée principale: .
Il réfulte de là que les-parties de la furface de
la Terre, qui ont été envahies par la mer 8c par fes
dépôts, n’ont changé ni de niveau ni de difpofition
générale quant aux pentes , puifqu’elles cor-
j refpondent avec toutes les autres qui les environnent.
Une vérité qui vient à l’appui de.ces réfultats,
c’eft qu’après la retraite de la mer toutes les couches
, tous les dépôts de la nouvelle terre font encore
horizontaux comme ils ont été formes ;
ainfi, foit avant l’ invafion de la mer, foit pendant
fon fejour, foit après fa retraite, il n’y a eu aucun
changement de fituation dans les bafes de fes dépôts
ni dans fes dépôts.
Ceci nous ramène à des époques très-éloignées,
pendant lefquelles le globe n’a éprouvé aucune de
ces cataftrophes 8c de ces révolutions imaginées
pour expliquer des défaftres phantaftiques; te il fe
trouve auffi malheureufementque ces époques renferment
dans leurs limites les âges les plus tumultueux
, ceux des malheurs du Monde.
Le globe n’a donc pas fotiffert dans fes formes
8c dans fa conftitution primitive malgré les invafions
& les retraites de l’Océan , dont les caufes
font auffi inconnues, que le fait eft certain 8c général.
Je pourrois parcourir une grande partie de la
Tofcâne, j’y trouverois les mêmes phénomènes,
8c toujours annonçant les mêmes vérités. Les environs
de Turin 8c d’ Alexandrie font auffi inftruc-
tifs. La plus grande partie du fol intérieur, qui fert
de bafe aux dépôts 8c aux fuperpofitions de la mer
les plus récens, ceux en un mot de .la nouvelle
terre , appartiennent à la moyenne en Tofcane 8c
dans le Piémont, 8c l’on y voit de même des vallées
anciennes comblées par des dépôts de toutes fortes,
dont une grande partie , ayant été enlevée , a mis
toutes ces circonftances à découvert.
l’objet de cette réflexion i .
Il eft difficile de rencontrer des circonitances
■ aufli précieufes que celles qui nous font offertes,
dans les environs du Pont-Saint Efprit, d’Uzes.
& de Montpellier. On y trouve l'ancien fol de la
moyenne terre calcaire, en partie couvert par les
- dépôts foufmarins de la nouvelle terre. & en partie
rendu entièrement à notre examen par la deftruc-
tion de ces dépôts. offrant d ailleurs un trajet allez
étendu pour montrer la même économie. la même
difpofition générale des lieux, qui exiftoitavant
Dépôts é* tranfports des fleuves dans la mer.
Les fleuves qui fe jettent dans les mers; y entraînent.
fui'tout lors de leurs débordemens & de
leurs, crues annuelles , des matières qu'ils portent
plus ou moins loin de leurs embouchures, fuivant
la force de leurs courans ; en forte que les dépôts
diminuent d'épaiffeur, parce qu'à une certaine dif-
tance l'eau n'eft plus chargée que de parties légères
& très-divifées, & que moins loin les parties