
craie découverte, & dans des vallons fe c s , très-
plats 8c fort évafés fur leurs bords, comme tous
ceux qu'on obferve dans cette contrée.
CHAPN1E R S , bourg du département de la
Charente-Inférieure, arrondiffement & canton de
Saintes, & à une lieue 8c demie de cette ville. Le
territoire de ce bourg eft très-abondant en pâturages
: on y recueille d'ailleurs une grande quantité
de froment 8c de vin.
CHAPONOST , village du département du
Rhône , canton de Saint-Genis-Laval, & à deux
lieues de Lyon. Il y a dans ce village, des carrières
fort abondantes en pierres calcaires, propres aux
conftru&ions, & dont on fait un grand ufage à
Lyon.
CHAPPE (Pointe 8c Calanque de la) , département
du V a r , arrondiffement de Draguignan ,
canton de Grimaud , entre la calanque des Gavots
& plufieurs pointes & calanques fans nom.
CHARBON DE TERRE o« HOUILLE. C'eft
une fubftance inflammable qu'on trouve par couches
dans les entrailles de la Terre. Elle eft d'un
noir-foncé, & formée par un aflemblagede feuillets
ou de lames minces , étroitement unies les
unes aux autres, & dont la confiftance , les propriétés
j les effets & les accidens varient fuivarrt
les endroits d’où elle eft tirée. Quand cette matière
eft allumée, elle conferve le feu plus long-
tems, & produit une chaleur plus vive qu’aucune
autre fubftance inflammable. L’a&ion du feu le
réduit, ou bien en cendres, ou bien en une maffe
poreufe & fpongieufe, qui reffemble à des fco-
ries volcaniques, au rapillo du Véfüve.
On diftingue ordinairement deux fortes de charbon
minéral. La première eft dure, compacte &
gratte : fa couleur eft d’un noir-luifant comme
celle du jais j elle ne s'enflamme pas fort aifément,
mais quand elle eft une fois allumée elle donne
unefhmme claire & brillante, accompagnée d'une
fumée fort épaiffe. C'eft la meilleure qualité , 8c
elle reçoit le nom de houille grajje.
Les charbons de la fécondé forte font tendres,
friables & fujets à fe décompofer à l'air > ils s’allument
fort aifément, mais ils ne donnent qu'une
flamme paffagère & de peu de durée & d'adivrté.
Ils font inférieurs à ceux de la première forte, &
portent le nom de houille sèche.
Pour peu qu'on ait étudié les mines de charbon
•de terre, il éft vifible qu'elles doivent leur origine
rà des matières végétales ’qui ont été enfevelies
-dans certaines -parties de la Terre , ~&c à lune profondeur
plus ou moins conftdérable. Les veines eü
couches de charbon minéral font ordinairement
'couvertes d'une -efpèce de pierre feuilletée &
écaïlleufe ,Semblable à l'ardoife, fur léfqirelles on
trouve très-fou vent des efpètes déplantés des
forêts, & furtout de fougères 8f de capillaires,
dont les analogues ne font ni de notre climat ni
même de notre Continent ; c'eft ce qu'on peut voir
dans l ’excellent Mémoire que M. de Juflieu a
donné fur les empreintes qui tè trouvent dans certaines
pierres des environs de Saint-Chaumont en
Lyonnois.
D’adieurs, il arrive aflez fouvent qu'on remarque
une texture parfaitement femblable à celle des
couches ligneufes dans les feuillets ou lames dont
le charbon minéral eft compofo. Stedler nous a*. -
prend qu’on a trouvé près de Grumsbourg une
forte de charbon de terre qui éroit compofé de petites
lames 8c de filamons parallèles les' uns aux
autres, comme ceux du bois. Un autre auteur nous
aflure qu'au duché de Wirtemberg, près du couvent
de l'Orch, dans des lits d’argile aluminaire 8c g r ife , on a touvé du charbon foflile qui , par
l ’arrangement de fes fibres, prouvoit qu'il devoit
fon origine à du bois.
Mais ce qui prouve encore d’une manière plus
convaincante que c ’eft à du bois que le charbon
de terre doit fon origine , c'eft le bois foflile qui
a été trouvé dans ces derniers tems en Allemagne,
dans le comté de Naflau & en Autriche j il eft
arrangé dans la terre, 8c y forme une couche qui
a la même difpofition que celle du charbon minéral
, c ’eft-à-dire, qui eft inclinée à l'horizon. A
la furface de la terre on rencontre un vrai bois
réfineux, afFez feinblable à celui de gayac , & qui
n’eft cèrta-incment point de ces contrées ni même
de notre Continent. Plus on enfonce en terre,
plus on trouve ce bois décompofé, c’eft-à-dire,
friable, feuilleté, & d’une confiftance peu foiide }
enfin, en fouillant plus bas encore, on rencontre
un vrai charbon minéral.
Il y a tout lieu de croire q u e , par une fuite
d'événemens qui fe font paffés dans les différentes
parties de notre G lo b e , à peu près de la même
manière, 8c dans des tems fort reculés, des forêts
entières de bois réfineux ont été englouties & enfevelies
dans des bas-fonds, dans d?s vallées, ou
peu à peu, ou pendant une longue fuite de fié-
•clés, & que c'eft dans cette difpofition fouter-
raine que ces bois ont acquis l'état & les qualités
de charbon minéral.
On trouve du charbon de terredans prefque toutes
les parties du Monde : c'eft cet enfemble 8c
ce raccordement de toutes les mines de charbon
de terre que nous nous fommes attachés à décrire
& à préfenter avec les détails que nous avons pu
recueillir, foit dans les auteurs qui nous ont précédés,
foit dans les obfervations qui nous font
propres.
Si-nous voulonsdter en général des exemples
de difpofitions'du 'charbon »miwéraldans le fein de
la T e r re , nous verrons que les traces qui nous
font le mieux connues, font celles de la mifle qui
's'étend, en partant d’Aix-la-Chapelle, par Liège ,
Hui, Namur, Charleroi, Mons , Valenciennes,
Tournai, jufqu'en Angleterre, en pattant fous
l ’Océan.
D ’un autre cô té , en partant d'Aix-la-Chapelle,
la même trace va fe rendre en Allemagne par la
.Bohême & la Hongrie, &c.
Cette traînée de couches , qui eft d’ une lieue
& demie & jufqu’à deux Jieues de largeur, varie
quant à l'épaifleur des veines , qui n'eft quelquefois
que de deux ou trois pouces, & qui pour
lors ne valent pas la peine d'être exploitées j mais
d’autres veines au contraire ont une épaiffeur de
quatre, de fix 8c de huit pieds. On ajoute qu’en
Scanie, près de Helfinbotirg, il y a des rnaffes de
charbon de terre qui ont jufqu'à quarante-cinq pieds
d'épaifleur.
Ces différentes couches ou veines fuivent toujours
une direction parallèle aux di.-^rens lits de
pierre ou de terre qui les accompagnent ou les
féparent. Au refte, leur inclinaifon varie d'une
nvafle à l’autre de plufieurs degrés.
On trouve de même dans cette traînée de veines
charboneufes des dire&ions fort différentes.
Quelques veines de charbon ont leur direction de
l’eft à l’ oueft , avec une inclinaifon de plus de
36 degrés à l'horizon 5 quelquefois ces couches
fe relèvent 8c prennent une nouvelle direction ;
rarement elles font horizontales, mais pour lors
elles décrivent une courbe en remontant jufqu'à
la furface de la terre, du côté oppofé à la couche
principale ; elles montent & defeendent ainfi fur
des plans plus ou moins inclinés.
Les mines de charbon les plus profondes que l’on
connoifle en Europe, font celles du ci-devant comte
de Namur (départemens de Jemmapes & de l'Our-
the) , qu’on aflure être fouillées jufqu’à deux mille
pieds de profondeur. L'exploitation des mines de
White-Haven eft très- étendue, puifque, depuis
l'entrée de la fouille, les travaux font ouverts pendant
une demi-lieue toujours en fuivant la pente des
couches: ce qu'il y a de fingulier, c’ eft qu’ une partie
des ouvrages où l'on travaille journelle ment, fe
trouve plus d'un quart de lieue entièrement fous la
mer, & ces travaux fe continuent fans danger, pa^ce
que les Cochers qui font entre l ’eau & les gai- ries
d’exploitation, ont plus de cent toifes d’épaifleur.
Les mines de charbon n’ ont rien de commun
avec les bitumes engagés dans les différentes couches
de la terre, & qui fe trouvent en différens
états , parce que ce font les réfultats des differentes
operations de la nature fur les charbons de terre
ou fur les arbres réfineux qui ont été enfevelis dans
les couches de la terre comme les charbons de terre.
Les mines de charbon s’embrâfent quelquefois
d’elles-mêmes, au point qu’il eft très-difficile 8c
même impoflible de les éteindre j c’eft ce qu'on
peut voir en plufieurs endroits d’Angleterre , où
il y a des mines de charbon qui brûlent depuis
long-tems. Lamine de Zwickau en Mifniebrûle
depuis plus d'un fiècle. Près de Saint-Étienne en
Forez eft une mine de charbon qui brûle depuis plus
de cent cinquante ans. Ces embrâfemens font cau-
fés, tantôt par l'approche des lampes des ouvriers
qui travaillent dans les mines , 8e qui mettent le
feu à des vapeurs inflammables qui en fortent ;
tantôt l’embrâfement fpontané eft dû à la décom-
pofition des pyrites qui s’y trouvent, 8e des fehiftes
qui renferment de la terre d’ alun. ( Voye[ ci-aprcs
l'article fur les mines de charbon de terre du département
de la Loire. )
Le charbon minéral eft répandu dans toutes les
parties du Monde. On fait qu’à la Chine le charbon
de terre eft aufli commun 8e aufli connu qu'en
Europe , 8e que de tout tems les Chinois en ont
fait un grand ufage, parce que le bois leur manque
prefque partout. Il en eft de même au Japon.
On en connoît aufli des mines en Afrique 8e à
Madagascar, celle du cap Breton , de Cumana,
de l’île de la Providence, du Canada. Il y en a
aufli dans l’ intérieur des terres, à la baie de Difco,
8e fur la côte du Groenland 5 8e l’on po 11 rroitaufli,
fans crainte de fe tromper, en placer partout où
il y a des volcans en feu.
La France poffède aufli une gran.le quantiré de
charbon minéral dé la meilleure qualité. Il y a des
mines dans les ci-devant provinces de Haïr au t,
Flandre, Lorraine , Normandie, Bretagne, Lyon-
noi's, le Forez , Marche , Limoufin, Dauphiné,
Languedoc 8c Provence.
Nous en ferons ci-après l’énuméracion département
par département.
De tous les auteurs qui ont écrit juTqu’à ce jour
fur le charbon de terre, celui qui à fes propres obfervations
a joint le relevé le plus exaét 8c le plus
fuccint de toutes les obfervations faites avant lui
par les différens minéralogilles qui ont fait une
étude particulière du charbon de terre 8c de fa dif*
pofition géologique 8c géographique , c'eft M. Le-
fébvre d’Hellancourt. Après avoir concouru au
prix propofé par l’ Académie des fciences , il a
publié, dans le Journal des Mines , plufieurs Mémoires
dont nous nous favons gré de donner un
extrait raifonné dans cet article.
Dans fon premier Mémoire ( Journal des Mines ,
n°.7 , p. 136)11 divifeenquatrefe&ionsla matière
qu'il fe propofe de traiter.
Dans la première il elfaie de déterminer quelle
eft la nature 8c la difpofition des différentes fubf-
tances qui non - feulement fervent d’enveloppes
aux couches de charbon fuiyant leurs qualités, mais
‘ encore forment les bancs de roches interpofés entre
ces couches.
Dans la fécondé il cherche à indiquer ces fubf-
tances de manière à guider tous ceux qui peuvent
faire des recherches de ce combuftible.
Dans la troifième il parle des dérangemens des
veines de charbon, des crans , des failles 8c barre-
mens qui occafionnent les interruptions de ces
veines, de la nature & du gifement des matières
qui donnent lieu à ces accidens, des différente*