
T o u te s les mediterranées fe font formées fur le
P^an. j &r> ^ je paile à la Baltique, j’y trouve
des émiflaires femblables à celu i que je piace au
Pont-Euxin. C e tte analogie é c a r te , comme on v o it,
tou te idée d’ irru ption , tou te opération merveil-
leu fe. Je vo is des émiflaires de tous côtés.
A in f i , pour prouver que l’ émiffaire du Pont-
E u xin ou le Bojpkorc de Tkrace date des premiers
fa form a tion , il iuflit de comparer les
émiflaires femblables de la Baltique , ouverts é g a lement
entre les lacs Onéga , Ladoga & le g o lfe
de Finlande j on v o it par-là des vallées^ qui fe
prolongent depuis le badin terrertre jufqu au baflin
d e l’ in térieur, fans o b fta c le , fans qu’ on l'oit obligé
d avoir recours au merveilleux des Anciens.
BO S SU S , v illa g e du département des Ardenn
e s , arrondiflement de R o c r o y , canton de Ru-
n r ig n y , fur le T a rn . 11 y a une forg e & un fourneau
pour le feryie e de l’ an iller ie. Il y a de femblables
uflnes près d’une autre commune, connue
fous le nom de BoJfus-en-Fagne.
B O S T O N , ville agréablement fituée dans une
péninfule de quatre milles de longueur , au fond
de la baie de Maflachufet. E lle elt défendue cont
re l’ impétuofité des flots de la m e r , par une
quantité de réc ifs ^ui font au deflus de ï ’e a u , &
par d ou ze petites îles la plupart fertiles & habitées.
L ’entrée de la baie a fi peu de la rg eu r , qu’ à
peine trois vaifleaux peuvent y entrer de front ;
mais l'in térieur peu t contenir cinq cents voiles.
A y an t la guerre de l’independance, il en pa rtoit
près de fix cents vaifleaux chargés pour l’ Europe
& l ’Amérique. C e t te v ille a , du co té de la mer ,
un fort château fitué fur une Î l e , qui défend l'ent
ré e du port. Du cô té de la terre , elle eft d é fendue
par divers forts placés fur trois hauteurs
voifines, & depuis le commencement de la guerre
actuelle les Anglo-América ins y ont encore ajouté
de nouveaux ouvrages qui la rendent prefuu’im-
prenable.
Pour l ’avantage du commerce , il s ’y tient un
marché tous les je u d is , & deux foires par an ,
l ’une le premier mercredi d e mai, l ’autre le p remier
mercredi d’ octobre : chacune de ces foires dure
trois jours. Bofton enfin eft la principale & la meilleure
colonie des Anglais dans l’Amérique. Elle ne
peu t q u’acquérir une nouvelle grandeur lc r lqueles
Anglo-Américains auront forcé la métropole à re-
connoître leur indépendance. C e t te v ille , qui a
la forme d’ un croiflant autour dn p o r t , contient
près de quatre mille maifons & environ trente
naile âmes. On lui donne deux milles de longueur
& près d’ un mille dans fa plus grande largeur, i l
n 'y a prefque point de différence entre les habitons
de Bo/ion & ceux de Londres : ce font les
mêmes moeurs & les mêmes ufages. La baie de
Ma fla ch u fe t, au fond de laquelle ce tte ville eft
f it t ié e , s’étend d’ environ vin g t milles dans les
terres-
B O T A N IQ U E (B a ie ) . C e tte baie a é té ainfi
nommée à caufe de la quantité de diverf-s plantés
qu’ on y trouve. Elle eft fituée au 54e. deg. de latitude
fu d , & au 208e. deg. 37 min. de longitude
oueft (méridien de G re en w ic h ) . Elle eft étendue,
fure & commode : on peut la reconnoi’tre à l’af-
peét de la te r r e , q u i, fur les bords de la m e r , eft
prefqu’ unie & médiocrement élevée . En g én é ra l,
la cô te eft plus haute que dans l’ intérieur du
pa ys, & il y a près de la mer des rochers efca r-
p e s , qui ont l’apparence d’une longue île fituée
au defîous de la cô te. L e havre fé trouve à peu
près au milieu de ce tte t e r r e , & lorfqu’on en approche
en venant du fud , on le découvre avant
que le vaiffeau arrive en fa ce ; mais on ne l'apper-
ço it pas fitôt en venant du nord. L’entrée a un peu
plus d un quart de mille de la r g e , & fa direction
eft oueft-nord-oueft. Pour faire v o ile dans le hav
r e , il faut cô to y e r la rive fud jufqu’ à ce que le
bâtiment foit en dedans d’ une petite île ltérile
qui eft fous la cô te feptentrionale. En dedans de
c e tie île , la plus grande profondeur de la mer eft
de fept braffe s, & même il n’y en a que cinq dans
un a fiez grand efpace. On trouve à une diftance
confidérable de la cô te méridiona le, un bas-fond
qui s ’étend depuis la pointe fud la plus intérieure ,
jufqu’ au fond du havre. Vers la cô te nord & nord-
o u e ft, il y a un canal de d ou ze ou tre iz e pieds à la
marée baffe : ce canal eft de trois ou quatre lieues
de long jufqu’ à un endroit où la fonde donne trois
ou quatre braffe s, mais on n’y trouve que très-peu
d eau douce. Il y a un très-beau courant fur la
cô te du nord , dans la première anfe fabloneufe ,
qui eft en dedans de l'île , devant laquelle un vaif-
feau pourroit mouiller prefqu’entiérement enviro
n n é de la terre , & s’ y procurer de l ’eau & du
bois en très-grande abondance.
La marée eft h au te, dans ce pa rage, fur les huit
heures dans les pleines & les nouvelles lunes , &
le flot s’élève & retombé perpendiculairement de
quatre à cinq pieds.
L ’ intérieur du p a y s , au fond de la b a ie ,, pré-
fente un fol riche : il eft compote d’un terreau profond
& n o ir , très-propre à produire des grains
de toute efpèce. On trou ve dans les bois un arbre
portant un fruit de la couleur & de la f^rme d’ une
ce rife , & dont le jus a un goût aigrelet & agréable,
quoiqu’ il ait peu de faveur. Les bois font entrecoupés
des plus belles prairies du monde. Il
y a quelques endroits J mais en petit n ombre, dont
le fond eft de rocher. La pierre eft fabloneufe ,
& on pourroit l’employer avec beaucoup d’ avantage
pour bâtir. En pénétrant dans la campagne ,
on trouve que le fol eft d’ une terre marécageufe
ou d’ un fable lég er. Partout on vo it des bois
& des plaines qui diverfifient agréablement la
fcène. Les arbres font grands, d ro its , fans brouf-
failles au d e ffou s , & placés à une telle diftance
l’ un de l’autre , que tou t le p a y s , fi l’ on en excepte
les endroits où les marais y rendent le labourage
impoflîble , pourroit être cu ltiv é fans les abattre.
Ou tre les arbres . le fon d eft c ou ve rt d ’ une grande
quantité de gazon qui y c ro ît en touffes ferrées
les unes près des au tre s, & qui font auflï groffes
que la main en pourroit contenir. L e cô té fepten-
trional de c e tte terre eft dénué de bois ; le fol
reffemble un peu aux terrains marécageux d ’A n g
lete rre. La iurface eft cependant cou ve rte de
brouffàiiles. c lair-femées & de la hauteur du genou
: les collines près de la côte font baffes; mais
il y en a d’ autres derrière qui s ’é lèv en t par degré
jufqu'à une diftance confidérable , & qui font
entrecoupées par des marais.
Parmi les différens arbres qui embelliffent c ç tte
c o n t r é e , il n ’y a que deux efpèces qui puiffent
être regardées comme bois de conftru&ion. Les
arbres font pour le moins auflï grands que les ch ê nes
d’Europe : celui qui-y reffemble affez diftille
une gomme rouge , pareille au fang-de-dragon ; le
bois en eft pefan t, dur & brun comme le lignum
viu. L ’ autre a la tig e grande & droite à peu près
comme le p in , & le b o is , qui a de la reffemblance
avec le chêne d’ Am é r iq u e , en eft dur & pefant
auflï. Il y a quelques arbriffeaux & plufieurs fortes
de palmiers: les palétuviers croiffent*en grande
abondance près du fond de la baie. Le p a y s , autant
qu’ on en peut juger , eft en général u n i , bas &
cou ve r t de bois remplis d ’oifeaux d’ une extrême
beauté. Il y en a de différentes e fp è c e s , & en
particulier des loriots & des catacouas qui volent
en troupes très - nombreufes. A u to u r du fond
du havre , où font de grands bancs de fable &
de v a f e , il y a beaucoup d’ oifeaux aquatiques ,
dont la plupart font entièrement inconnus. Un
des plus remarquables eft noir & blanc , plus gros
qu'un cygne , & d’ une figure un peu approchante
de celle du pélican.
L e nombre des cailles eft prodigieux ; elles
font de la même efpèce que ce lles qui fe trouvent
en Europe.
On ne peut donner que des indices fur les quadrupèdes
qui habitent cette terre.. On a vu de
lo in , & en, paffant, un animal de la groffeur à peu
près d ’un lapin. Les excrémens d’ un autre qui fe
nourrit d 'h e rb e , firent juger qu’ il é to it au moins
d e là groffeur d'un dain. On ap ptrçut les traces
d'un autre animai qui avo it les pattes comme ce lles
du chien , & qui paroiffoit être à peu près de
la groffeur d’ un lo u p , & celles d’ un quatrième
animal plus p e t it , d o n t ie pied réffembloit à celui
d ’un puthois ou d’une belette ; La mer de ce parage
fournit beaucoup de poiffons. Parmi leur
nombre on diftingue celui appelé par les marins ,
jaquette de cuir, parce que leur peau eft finguliére-
îuent épaiffe ; & les grandes paffenades, dont le
poids excède fouvent plus de trois cents livres.
On trouve fur les bancs de fable & de v a f e , de
grandes quantités d’h u ît re s , de m o u le s , de pétoncles
& d’aurres coquillages; ils femblent être
la principale fubfiftance des hab itans, qui vont
dans les bas fonds avec leurs pirogues , & les
pêchent à la main. Ils ont cependant d’autres
moyens de nourriture ; ils prennent quantité de
poiffons qu’ ils harponnent a vec des fouanes , ou
qu’ils pêchent à l’ hameçon ou à la ligne.
Il eft impoflîble de donner des détails bien fa-
tisfaifans fur les individus épars de c e tte contrée.
Leur approche eft difficile & dangereu fe, car ils
paroiffent déterminés à défendre leur rivage ju f qu
a la dernière extrémité. Effrayés enfuite par
Lexplofion des armes à f e u , ils fuient dans les b ois,
& ne fe montrent qu’à une diftançe qui interdit
tou te e fp èc e de communication. Ni les lignes
d’ amitié ni les préfens ne peuvent les attirer
auprès des étrangers qui abordent fur leurs côtes.
Ils ont la peau d'un brun trè s-foncé fans ê tre noire.
Quelques nns d’entr’ eux offrent une figure fingu-
lière : leurs vifages femblent être cou ve rts d ’une
poudre b lan ch e , & leurs corps font peints de
larges raies de la même c o u le u r , q u i , paffant o b liquement
fur la poitrine & fur le dos , ont la forme
des bandouillères de nos foldats. Ils portent a u flï,
fur leurs jambes & fur leurs cuiffes , des raies d e
la même efpèce , qui ont l ’apparence d e larges
jarretières. Ils font tous armés de longues piques
& d’ une piè ce de b o i s , dont la forme eft ref-
femblante à ce lle d ’un c imetère. Ils ont des g e f-
tes menaçans, pouffent des cris a ig u s , & parlent
d’un ton de vo ix t rè s -é le v é , & dans un langage
rude & défagréable. Hommes & fem m e s , ch e z
ces Indiens fa rou ch es, ne font ufage d’ aucun v ê tement
, pas même de la feuille de figuier.
Ils ne paroiffent pas ê tre en grand nombre , ni
vivre en fo c ié té ; m a is , comme les an in a u x , ils
font difperfés le long de la cô te & dans les bois.
Leurs maifons ou plutôt leurs huttes font en petit
nombre , & éparfes çà & là.
Leurs pirogues ont beaucoup de rapport aux
plus petites de la N o u v e lle -Z é lan d e ; elles font
plus mal travaillées que celles de ce p e u p le , &
que celles de tous les Infulaires qui ont été vifités
par les Européens. C e s pirogues ont de d ou ze à
quatorze pieds de lo n g , & font faites d’une feule
pièce d ’écorce d’arbre jointe & attachée aux deux
b o u ts ; le milieu refte ouvert au moyen de que lques
bâtons mis en travers dans l’ intérieur, depuis
un de s côtés jufqu’ à l’ autre.
B o t a n iq u e ( I le d e ) . C e tte petite île eft une
portion des différentes terres qui compofent la
N ouvelle Calédonie : elle n’ e ft, à proprement parler
, q u ’un banc de fable qui n’a pas plus de trois
quarts de mille de tour ; elle p ro d u it , outre les
p in s, l’ arbre que les Taïtien s nomment etos, &
beaucoup d ’au tre s, ainfi que des arbuftes & d 'au tres
productions qui enrichiffent l’ hiftoire naturelle
: c ’ëft ce qui l’a fait appeler lie de Botanique.
On y compte trente efpèces de. plantes, & plufieurs
qui étoient inconnues ju fqu ’ ic i. Le fol eft
très-fabloneux fur les côtes ; mais il eft m ê lé , dans