
les craverfe enfui c e , fans qu'elles préfement rien
de remarquable.. En arrivant dans la plaine qui eft
au Aid de Barbautane , & où il y a un étang,
on obferve la roche coquillière. Qu La perd dans
un petit efpace > «jais on la retrpuve au nprd de
la colline fur laquelle le village eft b â ti, & on la
luit fur piufieurs collines qui s’étendent vers l ’eft.
La pierre coquillière de Barb,antane eft remar*-
quable par la grande quantité de madrépores &
d’ourfins qu’elle renferme. Les mêmes collines où
elle fe trouve, offrent différentes carrières de grès,
& on remarque que le terrain qui la (couronne,
quoiqu’élevé de plus de .cinquante to.ifes fur le
niyeau de la Durante , eft, dans une grande étendue
, entièrement compofé de cailloux roulés : on
y diftingue des grès , des quartz blancs & jaunes;
mais les pierres les plus communes font d'une ef-
pècè de roche quartzeufe, & entièrement fem-
blabjes à celles de Bonpas, de Malemort, de la
C rau , & c .
Tout le village de Barbantane eft pavé avec des
cailloux roulés, qu'on a pris fur le fornmer de la
montagne. Ce qui eft très-fingulipr, c'eft qu’on ne
trouve plus de ces caiiloux dans le refte au territoire,
non feulement dans des terrains moins ele-:
vés , mais pas même dans la plaine-
La plaine de Barbantane eft .très-belle & très-
fertile : le terrain y eft limoneux & fort profond.
On affiire qu’on peut ycreufer de.s puits & .avoir ,
de l’eau abondamment, fans rencontrer du gravier
, pourvu qu’on ne fouille pas trop près de
la Durance. C'eft là que cette rivière fe perd dans
le Rhône. Son lit n'eft pas à beaucoup près aufti
Large près de fon embouchure, que dans les parties
fupérieures de fon.cours. Son canal, au daffous.
de la dernière île qu’elle forme, n’a guère plus de
trente toifes de largeur. Elle eft fans doute alors
fort profonde. Ses bords font fort élevés ; ils ont
quelquefois plus de quinze pieds avant qu’on ne
trouve le gravier, & il eft rare qu'ils aient moins
d'une toife.
Il y a , au deffous du confluent, un gros banc
de cailloux roulés, beaucoup plus petits généralement
que ceux qu’on obferve dans la Durance ,
jyfqu’ à Bonpas. 11 s’en trouve de calcaires , mais
en petit nombre. On y voir des quartz, des grès,
& furtout beaucoup de granits.
La Durance coule fur le gravier jufqu'à fon embouchure
j mais en remontant cette rivière depuis
l ’endroit où elle fe confond avec le Rhône, dans
un efpace .de cinq à fix cents toifes, on obferve
que les cailloux fur lefquels elle coule, font extrêmement
différens de ceux qu’elle montre fupé-
fieuremeot dans prefque toute l ’étendue de fon
lit. On peut à peine compter, fur une toife .carié
e , cinq à fix cailloux de la groffeur d’un oeuf :
on en voit enfuite de la groffeur d’une noix ,
d’une amande, & ceux qui forment fans conjpa-
taiConle plus grand nombre, ont les plus petites
dimenfions. Cette obfervation prouve que la Du- J
' rance 3 malgré fa rapidité, ne charrie pas beaucoup
de cailloux ; autrement on en verroit, à fon
emboucbute, de même groffeur que ceux qu’on
obferve dans les partie^ plus élevées d e fon Lit.
En defcendant Je Rhône depuis BarbAntane,
on obferve rarement des graviers fur fes bords. On
en trouve pourtant beaucoup à Tarafcon., 8c ils
font en général beaucoup plus gros que .ceux
qu’on voit au voifinage de remboucbute de la
Durance,
La ville d'Arles eft bâtie fur un rocher de .pierre
calcaire, qui s’étend vers l'eft, dans Tenace de
quelques centaines de toifes : on y voit des carrières
affez belles. La colline la plus voifine d ’Arles
eft celle de Mont-Majour, formée de pierre
coquillière, qui va fe confondre aveç les bancs de
même elpè ce, qui font à Fontvieille.
La Crau commence à un quart de lieue d'Arles
vers l’eft. Les terres labourables font dors profondes,
& les.cailloux fe .trouvent .allez bas* mais
infenfiblement ils deviennent plus ap_p.are.ns, & il
.arrive enfin qu’on ne voit rien autre dans les
champs.
Il y a une variété fingulière dans la gcoftêur de
ces cailloux j mais ils font en général plus gros à
im.efure qu'on s’éloigne d'Arles. Au-delà de Saint-
IMattin de-Crau , on a été obligé d’enlever: du che-
fmin ceux qui avaient des dimenfions trop grandes.
’ Le .diamètre des cailloux qui paroiffent former Le
plus grand nombre, eft d’environ fix pouces; mais
il s’en trouve qui ont jufqu’à un pied & demi. Il
!y a , parmi ces cailloux, des pierres calcaires, des
grès, des variolites, des fejrpentines, des quartz,
des granits; mais l’ efpèce qui eft fans. (Comparai-
fon la plus abondante, eft une pierre de roche
quartzeufe fort dure, d’uD blanc-faje. Sa couleur
extérieure eft rougeâtre communément.
La plaine de la Crau eft environnée , du côté î
du nord , de rochers de pierre coquillière. On en
trouve à Fontvieille, aux Baux, à Aureilles, à
Mouriès, à Aiguières. On fait la même obfervation
du côté de l’eft. La pierre coquillière eft commune
à Salon, à Peliffane, à. Lançon, à Califane,
à Grans, à Iftres j mais la Crau en renferme pro-
digieufement. On en voit fur le chemin avant d'arriver
à $aint-Martin-de-Crau, Dans beaucoup de
quartiers, elle exifte à trois ou quatre pieds de
profondeur, & elle eft connue fous le nom de tuf.
Enfin , dans des fermes fituées au milieu de U
Crau , on rencontre avec étonnement une quantité
prodigieufe de coquilles dans des rochers
tendres.
On trouve des amas de cailloux roulés & des
bancs de pierre coquillière au-çlelà du Rhône. A
Saint-Gilles on ne bâtit qu'avec des cailloux
ronds. La pierre coquillière .que le terroir de Beau-
caire fournit, ne diffère de celle de Fontvieille
que par la couleur.
Le rive gauche du Rhône, au deffys d'Avignon
, offre des plaines immenfes de cailloux roules.
Il y a très-grande apparence qu'ils ont la même
ôvig'ine que ceux qüi font au voifinagé dë la Durance
y 8c l’on ne douce pas cju'on ne pârvièhne ,
én faifant des obfervations füivies, à s'affûter quë
que ces bancs de cailloux font réellement continus.
Cîn laide , en allant de Salon à Aix , la pierre
(Êoquilfièïe à Peliffane. On trouve enfuité dés montagnes
calcaires ; mais eft approchant de Saint-
Canat, près du château de M. Demorts , on voit
un grand nombre de collines formées de cailloux
roulés, qui font prefque tous calcaires. A la Pile,
même terroir , on retrouve la pierre coquillière ,
& on la fuit jufqu’à Rognes.
Près d’A ix , fur le chemin d’Avignôn, eft coupant
des collines on a trouvé des bancs de cailloux
roulés. AU-delà de cette v ille , fur lè chemin de
Marfeiile, on obferve auffi un très-grand nombre
de collines qui en font formées ,& qui offrent des
bancs de; grès. Les mêmes objets fe préfentent fi >
en s'élevant vers le nord, en paffant par le.ter-
ritoife de Venelles, on s'approche de la Durance.
Lorfqu’On eft au fomrnet des plus hautes montagnes
des Mëes, où i’ôri voit des terres profondes
, on ne foupçonneroit pas qu elles repofeftt fur
On v o it, danslë torrent des Mées, ces cailloux
cafeairés arrondis, fur lefqùels font des empreintes
de portions de groffes cornés d’aramon. Il eft donc
évident qu’il y à eu un tems où ces cailloux appar-
tenôierft à des maffes plus confidérables , 8c où
ils n'étoient qu’une matière molle plongée dans
! la mer.
dés maffes éhormes dé cailloux Foulés : ort n en eft
convaincu que lorfqu’on a obfefvé les magnifiques
ban'cs dé poudiftgues, au pieddefquèls la ville eft
bâtie. . é
' Comme lés collines Voifine^ d'AiX font coû-
vertes de terres profondes, elles n ont pas ürtè
Organifàtïdn auffi décidée qu'un grand nombre' de
Celles qui font p'rès de la Duràtice,• mais lé natü-
falifte , en' reconnoîffartt les mêmes efpèces de
pierres qu'il avoit trouvées fur- lés bords de cette
rivière, fié peut guère doutet’qu elles n aient toutes
une origine commune. C e qui achevé de le convaincre,
c'eft la continuité 8i la réunion des memes
s’exclüént pour ainfi dire mutuellement. O r , ici
les pierres des montagnes à couches fe trouvent
Confondues avec lès productions des montagnes à
filons. L'orgahifàtion des premières s’annonce
pourtant de la manière la plus marquée. On voie
très-fouvent les cailloux arrondis difpofés fur les
collines par lits, 8c repofanc fur des couches de
fable, de marne, ou fur lés débris d’anciens corps
marins vivans.
matières qu'il avoit conftammettt obfervéés ailleurs'.
En effet, le territoire d’A ix , vêts Saint-Marc,
offre la pierre coquillière dont la vrlfe eft bâtie,
& qiii ne diffère ert aucune manière dé celle dé
PeyrOfeS. /
Les cailloux arrondis qü On voit dans le irt de
la Duràhce , dans k s plaines & fur lés collines Vôi-
fiiiéS dé fes bords, font-ils deS côVps primitifs , &
qui foient fortis dès mains dê la nature, telsqù ils
font , & dans la p!are: qu’ ils occupent?
J’ ai’ remarqué qu’ il y a la plus grande variété
darts la nature dé ces cailloux; que les quartz de
différentes côüîeürs, les pierres de roche , les 1
fefpe'ntinés, lés grès, les filex , lès gr'anits, étoient
confondus & ^placés indifféremment à côté les uns
des autres; què ces Cailloux font ordinairement
dëfùnïS, & que lorfqu'ift forment dès rochers, ils
font liés par des matières éfrangèrès ; enfin , que
chaque'caillou âp^artreht, dé’ là manière la plus
déterminée, à un genre- diftihdt dè' pierre.
il feffit dê cbniioîn-e îa manière dont font ofe
ganifees les mdntagrteS formées dé chacune dé
cesdiverfes'éfpèteSde prerrè^, pour favoirqufelles
On peut donc affûter que les cailloux qui forment
le$ plaines & lès collines voifines de la Durance
y ne font ;pas des corps primitifs; qu’ils 2p-
partenoient originairement à des rochers de-di.ffé1
rentes efpèces ; qu'ils ont été’ tranfportés à la place
qu'ils occupent, & que leur forme arrondie 8c
le poli de leur futface font des indices certains des
mouveméns qu’ils ont efftiyés.
Ces cailloux ont-ils été fournis par les montagnes
voifines des endroits où on les voit accumulés?
NOUS l ’avons déjà dit : on n’obferve fur
les montagfiêS de la Hatite - Provence que des
marnes 8c des pierres calcaires; auffi tous les tor-:
rens qui y ont leur origine, & qui fè jettent dans
la Durance 3 ne tràfifporfent pas une pierre vitri-
fiable. Il faut pourtant excepter le Verdon , qui ,
traverfant quelques contrées où le fable quartzeux
eft abondant, a des grès dans fon lit ; mais d’ailleurs,
les cailloux calcaires , charriés par les tor-
fens, différent effentièllenient de ceux qui font
réunis en niàffe 4u voifinage de la Durance. Ceux-
ci font beaucoup plus durs, mieux arrondis, &
ils donnent urte dhaux fort fupérieure à celle que
les âüttes fourniffént.
' Comme les cailloux calcaires font placés près
des granits, & confondus avec un grand nombre
d’autres efpèces de pierres étrangères à la partie
de la Provence où elles font rafiemblées, il n’eft
pas douteux que toutes cespiérres arrondies n’ aient
été transportées. 8c accumulées par la même caufe ;■
mais il éft évidèflt auffi que les montagnes aéluel-
lément exiftante’s , qui environnent ces amas de
cailloux, n’en ont fourni aucun, quoiqu’ elles foient
beaucoup plus élevées.
Ces cailloux Ortt-ils été tranfportés par la Durance
?
C'eft une opinion ancienne & généralement
adoptée, quê' le tranfport du gravier ne dépend
que de la' rapidité dés eaux courantes , & que les
rfvièrês qui ont toujours beaucoup de viteffe, en
1 charrientCoHtfhuëlljment. Ilfaucavouer que cette idée 8c eft ën apparence très-conforme à la raifon; lors même que des phénomènes mulupli Ss la
démentent de' là manière là plus formelle, on a de
T t t t 1