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beaucoup de poiffon dans les environs de cette
v ille, encr’ autres des juliennes, des congres, des
merlans.
La baie qui porte le nom de Douarnene[ s’étend
de la pointe du «Ci o fiant jufqu’à la Corte }
elle a fept lieues de profondeur, fur quatre d’ouverture.
DOUBS (Département du). C e dép artement
tire fon nom de la principale rivière qui le tra-
verfè. 11 eft litue dans une efpèce de grande pref-
quîle dont je Juta forme l’enceinte. 11 eft un des
trois compiis dans l ’ancienne Franche-Comté. 11 a
pour bornes au nord oueft le département de la
Haute-Saône, & au nord celui du Haut-Rhin j au
fud-eft le mont Jura & la Suiflej enfin, au fud-
oueft le département du Juta.
La principale rivière eft le Doubs , _qui prend
,Ta fource au mont Jura, au fud-oueft de Pon-
tarlier } il dirige fa marche vers le pied des
Vofges , au nord-eft, puis il éprouve un rebrouf-
lement à la luite duquel il le porte du nord au iud , 1
depuis rile-fur-le-Doubs jufqu’ à Quingey. Dans j
tout ee trajet il traverfe le. lac de Saint-Point,
arrofe Pontarîier, Mont-Benoît, Morteàu, CLr-
v al, Beaume-lès-Dames, Befançon , Boullière &
Saint-Vit. Il ne reçoit que deux rivières , la De-
foubre, qui fe jette dans le Doubs à Saint-Hippo-
ly te , & la Lène, qui, après avoir arrofé Ornans,
& reçu enfuite le Lifon, va fe rendre à Quingey,
au deftous duquel cette rivière fe jette dans le
Doubs.
Les principales viües que renferme ce déparcer
ment font Befançon, Pontarîier , Quingey &
Beaume-lès- Dames.
Befançon , ancienne, belle & grande ville, très-
fortifiée , fur le Doubs qui la partage en deux. Son
commerce confiée en grains, vins, beliiaux Bc en
uftenfiles de fer.
Pontarîier eft Gtué fur le Doubs & à côté du
Jura. Son commerce confifte en bétail, & en fromages
très-eftimés. ^
Quingey, petite ville fur la Louve. Il y a dans
fon territoire une grotte remplie de congélations.
Ornans, petite ville fur la Louve. Il y a dans
les environs un puits profond, qui dégorge fi
abondamment dans les rems pluvieux, qu’il inonde
les campagnes voifines. Il jette en même tems une
grande quantité de poiifons appelés ombres.
D o u b s , rivière qui prend fa fource fur le fom-
met du Jura, à quelques lieues de Pontarîier. La
vallée de cette rivière eft creufée très-irrégulié-
rement dans le maflïf des couches calcaires de la
moyenne terre, qui ont fouifert plufîeurs boule-
verfemens : aufft une grande parcie des ruiffeaux
qui font distribués le long des bords de cette rivière
, & qui étoient dellinés à l’abreuver, fe perdent
au milieu des bancs de pierres déplacés. Cette
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rivière cependant continue fon cours du fud au
nord jufqu'à la hauteur de Gourmoy , après quoi
elle retourne du nord au lu i , toujours parcourant
le fommet du maflïf. Au milieu de ce cours, le
Doubs rencontre beaucoup d'inégalités, & fon
courant éprouve des fauts multipliés» enfin, il parvient
j-ulqu’à Befançon avec le volume d'eau qui a
échappé aux pertes que les entonnoirs fréquens
lui ont occafionnées j mais dès qu'il a quitté la
moyenne terre, il fe trouve , non-feulement dans
la nouvelle, mais encore il rencontre plufîeurs rivières
abondantes qui réparent fes peites, & le
rendent une rivière principale, en état de figuier
à côté de la Saône.
La fource du Doubs eft confidérable, & il par
tit que c’ell le débouché des eaux fouterraines
d une grande fuperficie de terrain , fur laquelle il y
a plufîeurs combes ou vallons fermés, qui abfor-
bent l'eau des pluies. Outre les eaux de cette
fource, le Doubs recueille aufifi dans le même endroit
les eaux d'un ruifteau ou biefaffez. long j plus
loin encore deux biefs l’abreuvent} après quoi il
fe jette dans le lac de Saint-Point, qui a une lieue
& demie de longueur, ou plutôt il forme ce lac,
qui ne reçoit d’ailleurs fes eaux que de d; ux ruif-
leaux d’ un cours peu étendu. Au-delà le Doubs reçoit
les eaux de quelques biefs & de quelques
fburces iuiqu’aux Brenets, n’ ayant qu’un vallon
’ mal defliné & d'une très petite largeur jufqu'à
Gourmoy. C'eft alors qu'il change de direction &
qu'il forme un grand coude qui le porte à l’eft ,
& le ramène à 1 oueft jufqu’à Saint-Hippolyte. On
eft étônné enfuite de le voir prendre la direction
du fud au nord jufqu'à Audincourt, enfuite ra-
} pidement celle de l’ eft à l’oueft, & après envi-
ron une lieue de cours il reçoit les eaux de trois
rivières, dont le cours, étant du nord au fud, contribue
à modifier le lien, qui prend la dire&ioh
du fud-oueft jufqu'à Befançon, & même au-delà
jufqu à Offelle ; puis- il reprend celle de l'oueft
julqu à D o ie } aptès quoi on voit que fon cours,
qui avoir repris la direction vers le fud, fe trouve
retourné à i oueft par 1’aCtion des eaux de trois
r iv iè u s , la Claufe, la Louve & le Dorain, qui
coulent dans la direction de l’eft à l’oueft. Enfin
il reprend la ditéCiioii fud-ou.ft avant de fe jeter
dans la Saône. .
Depuis long tems on foupçonnoit que les eaux
du Doubs avoient pafle autrefois par le lit de la
Loue, & qu’elles l'avoienc creufé jufqu'à la profondeur
ou il fe trouve à préfent. La fource de la
Loue, qui eft au bout d’un eul-de-fae, fe trouve
furmontee par un rocher perpendiculaire d’environ
cinq cents pieds de hauteur. On a peine à croire
que ces eaux enflent pu abattre & entraîner toutes
les matières quî la furmontoient. On voit de plus,
en partant de cette fource comme centre , un
demi-cercle de quatre à cinq lieues de rayon, dont
les eaux tendoient à le réunir au bas de Pontarîier,
pour couler naturellement du côté de la Loue !
comme
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comme elles y couleroient encore fi le paflage du
Doubs , Remonot & Morteau étoit fermé. On
voit aufli une petite combe qui fe dirige depuis
les environs de Pontarîier , vers la fource de la
L o ue } & à côté de cette fource il y a une échancrure
dans la montagne, par où les eaux paroiflent
avoir defcéndu. Toutes ces raifons portent à croire
que les eaux du Doubs ne faifoient pas alors le
grand circuit par Saint-Urfane, mais qu’elles def-
cendoient directement du côté de Quingey.
A environ cinq lieues plus bas que Pontarîier on
voit le Doubs encre les roches perpendiculaires &
bien confervées , fûr la hauteur d’environ cent
pieds & fur la longueur d’ un quart de lieue. Ces
roches font lavées, arrondies & fillonnées par les
eaux; & ce qui peut furprendre, c’ eft que ces
filions penchent du côté de Pontarîier, contre
le cours aCtuel du Doubs. Ce fait fingulier rappelle
l’idée qu’ on a eue fur le paflage de cette rivière
par le fit de la Loue. Pour s’en aflurer davantage,
en remontant, on voit partout les roches fillonnées
dans le même fens que celles de Remonot,
& furtout dans l’endroit dit les Entre Roches , où
les filions font encore très-bien marqués} en forte
qu’à préfent on n’a prefque plus de doute fur le
cours ancien du Doubs avec le lit de la Loue.
f Ce qui le prouve encore davantage, ce font les
chênes qu’on trouve enfouis dans la terre, dans
des régions purement de fapins, près d’urie grange
dite le Grand-Saint-Denis ,au deflus des montagnes
de G illey, fur la paroifle de Long-Maifon, vicariat
de Flangebouche , enfuite. aux environs de Bifot,
au bout du village dit Sous-Réaumont , entre,ce-
village & les feignes ( ou marais), & même
dans les feignes. Il y a de ces chênes qui font à
fleur de terre : la charrue les découvre. Ceux
qui fe trouvent dans les endroits un peu Cecs.,
font très-bien confervés} d’autres approchent de
la couleur & de la dureté de l’ébène} d’autres, ;
dans les endroits plus humides, font réduits en
charbon de terre, & on s’en eft feryi avec avantage
dans les petites forges} d’autres enfin font
en charbon de terre feuilleté & déeompôfé. Ce
ne font pas là les feuls endroits où l'on ait trouvé -
des chênes enfouis dans la terre, dans des régions de
fapins, où il ne croît plus de chênes à préfent. On a
expliqué ce fait par le tranfportde ces arbres Cela
eft poflîble. Nous avons beaucoup;d’autres matières
plus pefantes, évidemment tranfportées fort loin.
On pourroit croire cependant que ces chênes
auroient pu croître dans les endroits où ils fe
trouvent, mais dans un tems où ces régions de
fapins n’étoient pas fi froides} favoir : quand le fol
des vallées voifines n’étoit pas fi profond, & quand
la mer n’étoit pas fi éloignée des montagnes du
Jura,
D O U É , ville du département de Maine-&-
Loire , remarquable1 par fa belle fontaine & par
Géographie-Pkyfîque. Tome H L
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les mines de charbon de terre qu’on exploite aux
environs.
Son commerce le plus abondant connue en
beftiaux, to ile , fer & blé.
DOUVRES. Après avoir rendu compte, à l’article
C alais , de ce qui concerne l’ ifthme & fa
deftru&ion, nous allons nous occuper, en partant
du très-refferré détroit de Douvres, des enange-
mens qui ont eu lieu fur les côtes de l’Angleterre,
depuis l’ouverture de ce détroit. Ces change-
rrïens font intéreflans pour fuivre une révolution
dont les veftiges ont été obfervés avec foin , &
achèvent de nous inftruire d’un long travail de
l’Océan , qui a commencé par l’ouverture de la
Manche. D’énormes chaînes de falaifes en précipices
& de montagnes de craie fuivent la côte
depuis Douvres , vers l’eft , & c’ eft leur couleur
blanche qui a valu à l’île de la Grande-Bretagne
le nom d’Albion. Céfar mit à l’ancre au deftous
d’une d’ elles cinquante-cinq ans avant J. C . , &
affer près du rivage pour être incommodé des
dards des Bretons} & après avoir levé l’ancre,
il entra dans une baie aujourd’ hui occupée par
des prairies, & débarqua à Rutupium , Richbo-
rough. A l’oppofite du Sandwich aCtuel, les murailles
de la première ville montrent encore fon
ancienne force} & les veftiges d’ un quai, borné
| par un fond, indiquent l’ancrage du commerce
des Romains. L’adjacente Thanet, la Thanatos
des Anciens, à préfent impoflibie à diftinguer de
la terre ferme , étoit anciennement une île féparée
par un canal profond, large depuis un mille &
demi jufqu’à quatre, & le centre des établifle-
mens romains. En 449 elle fut célèbre pour avoir
été la première place de débarquement des Saxons
dans leurs invafions , & elle leur fut aflïgnée par
l’imprudent Vortigerne comme une place d’afile
& de fureté. Mais le tems y a produit de fi grands
changemens, que Thanet n’exifte plus comme
île , & le Portus Britanniorum , où entroient les
navires romains, eft aujourd hui comblé par des
prairies marécageufes. Après qu’ on a pafle le haut
promontoire de craie de Nordh-Forland, s’ouvre
l’embouchure de la Tamife, enfermée dans un lit
par des rives très-baffes , & dont les canaux font
partagés par de nombreux bancs de fable. La perfection
aétuelle de la navigation fait qu’ ils font
navigués avec sûieté par des milliers de vaiffeaux
qui fréquentent annuellement Londres, ce marché
de l’Univers, encore envie, dit l’auteur, près du
déclin qui le menace.
Sur les côtes projetées de Suffolk & de Norfolk
s’élèvent, par intervalles, des éminences compo-
fées de matières différente^. Les collines de Loany
paroiflent autour de Leoftoffe, Dunvith, & c . :
les crag-piis, vers Woodbridge, font de prodigieux
puits de coquillages de mer, dont plufîeuris
font entiers & tout-à fait folides : fonds inépui-
* -fable d’engrais pour les terres’ en culture. Vers
p p p p