
n’ égale pas l’autre en bonté. Il faut alors fe fervir 1
de machines pour détourner les eaux des pluies ,
qui pénètrent jufque dans ces fouterrains allez
abondamment.
L’air de la mine eft extrêmement froid ; il le
charge aufli de vapeurs inflammables qui prennent
feu à l’approche des chandelles. ( Voye% fur cette
mine j fur fa compétition, fur le détail des cou- !
ches de fel & des matières qui les accompagnent,
le mot Wiliska t où tous ces objets font décrits &
raifonnés comme il convient à la géographie-phy-
iique : ce qu’on voit dans le préftnt article font des
defcriptions préliminaires qu’ il eft toujours utile
de favôir. )
Le palatinat de Cracovie préfente une autre Angularité
dans ce que l’on appelle la Montagne mtr-
veilleufe, où fe trouve une fontaine dont l'eau a
des propriétés extraordinaires. C ’eft une fource
d ’une eau claire & limpide qui fort de terre avec
bruit, & a un écoulement intermittent. Quand
on la fait bouillir, elle rend une efpèce de bitume
noirâtre qu’ on applique avec fuccès fur toutes
fortes d’ulcères j ce qu’elle a d’ailleurs de particulier,
c ’eft que fi l’on préfente à fa furface un
flambeau allumé, elle s’ enflamme comme l’ efprit-
de-v in, & l’on voit voltiger à la furface de l’eau
une flamme légère qui fe foutient pendant long-
tems au même état. Ces phénomènes font communs
à plufieurs fources chargées, comme celle-
ci , de bitume, & qui brûlent de la même manière.
Il y en a furtout plufieurs dans l’Appennin.
( V'o y e i Piétra-Ma l a , & c. )
Tout ce que la nature produit en fait de mines,
comme mines d’or & d’argent, de cuivre, de
plomb, de mercure, d’antimoine, de fer, de charbon
de terre, de v itriol, d’alun, de fe l, de naph-
th e , d'afphalte , d’ambre, fe trouve fort abondamment
dans la Pologne. Elle peut fournir aufli
du marbre, de l’albâtre, du plâtre, des coquilles
foffiles, des agates, du jafpe , des calcédoines,
des améthyftes, des grenats ô du criftal de roche j
mais il manque à la Pologne un travail raifonné fur
l ’-hiftoirenaturelle de cette contrée, où tous ces
objets puiffent être placés dans l’ordre qui leur
convient, & qui faffent connoître ce beau & riche
pays, de manière qu’ on puiffe le comparer utilement
à beaucoup d’Etats en Europe, qui ont été
obfervés & décrits très-utilement; Ç e fl alors que
la géographie-phyfique pourra compter la Pologne
parmi les contrées qu’ elle embrafle dans fon domaine.
La Pologne offre très-peu de montagnes : les
principales fe trouvent dans les palatinats de Cracovie
, de Siradie & de Sandomir. Les monts Car-
pathes la féparent de la Hongrie. Il y tombe fou-
vent de la neige en plein été, &fur plufieurs fom-
mets de ces montagnes ; elle ne fond jamais. Les
hivers font longs & durs ; le printems, pluvieux
& incommode par les inondations que les dégels j
amèneni $ l’été eft court & tempéré. Quoiqu’une j
grande quantité de marais femble devoir nuire à la
température & à la falubrité de l’air, il eft cependant
en général pur & fàin.
C r a c o v ie (Fontaine fingulière dans le palatinat
de). Dans le palatinat de Cracovie > au milieu
d’une montagne dont la terre eft !imoneufe , pleine
de cailloux grifâtres, & ordinairement couverte
d’herbes & de fleurs odoriférantes, il y a une
grande fontaine dont l’eau eft claire , d’ une odeur
& d’un goût agréables à fa fource. Elle en fort avec
impétuofité, & bouillonne avec un bruit qui fe
fait entendre d’aflez loin.
Cette eau eft froide ; cependant fi l’on approche
de fes bouillons Un flambeau allumé, elle s’enflamme
comme l’efprit-de-vin; mais cela n’arrive
qu’à fa fource. Cette flamme, quoique très-fub-
t ile , brûle le bois qtTon en approche ; elle a duré
autrefois des années entières. On l'éteint en frappant
fur la furface de l’eau avec des balais faits de
branches d’arbres.
Les autres fources douces & faîées qui fe trouvent
en différens endroits de la même montagne,
n’ont point ces propriétés, qui font particulières
à cette fontaine ; l’eau en eft aufli très-bonne , prife
en bain & en boiffon, pour plufieurs maladies
d'hommes & de chevaux. Lé tranfport ne lui ôte
rien de fa yerru, & elle fe garde long-tems fans
fe corrompre. Lorfqu’ qn la fait évaporer, on en
tire une efpèce de bitume noirâtre qui eft bon
pour les ulcères. On attribue aufli plufieurs vertus
au limon qui fe trouve au fond de cette fontaine.
CRAIE. C ’eft une pierre calcaire, communément
blanchâtre, peu compacte & failant des
raies blanches. On trouve la craie formant des
traétus fort étendus, dont la plus grande partie tft
à découvert, & l’autre git fous des couches horizontales
de pierres calcaires plus dures , coquil-
lières, & même des couches de fable & de pierres
meulières.
Les maflifs de-craie n’ont aucune diftin&ion de
couches , cependant on voit difperfées plufieurs
rangées de filex de formes bizarres, qui fontexac-
tement affujetties au plan de l ’horizon. On rencontre
aufli dans ces maflifs, des coquilles & d’autres
productions marines, qui font plus ou moins bien'
confervées ; enfin plufieurs pyrites martiale« fous
toutes fortes de formes. Il paroït que la craie eft le
réfultat de la décompofition des productions marines,
du broiement des coquilles d’un grain fin ,
& propres à donner, par leur deftruCtion, une fubf-
tance analogue à la craie. Çes dépouilles des animaux
marins auront été broyées & réduites en
poudre par les eaux de la mer. Quant à la production
des filex au milieu des maflifs de craie, il n’y a
pas de doute qu’ils ne foient dus à des corps marins
qui ont été ftratifiés avec la craie elle-même, &
qui ont été infiltrés par une eau qui a traversé 1e
maflif de là craie, & chargée'du fuc filicifiant. La
forme bizarre des filex contenus dans la craie a
eu certainement pour noyau des corps marins du
genre des ficoïdes, & des autres corps marins
Semblables. Il y a de ces filex arrondis & bran-
chus, fuivant la forme primitive de ces noyaux.
Une preuve que l’infiltration filicifiante s eft laite
au milieu de la craie , c’eft qu’on trouve aufli dans
les fentes & dans les vides de ce maflif, des lames
de filex qui ont été dépotées par 1 eau qui a pénétré
la maffe totale avant que de parvenir a ces
fentes & à ces vides. Ainfi leur filieification eft pof-
tërieure a la retraite de la mer & à la découverte
des maflifs des parties de nos continens, dans lesquelles
la craie le trouve renfermée.
On trouve de la craie à découvert en Champagne
& en Bourgogne , dans l’Orléanois & en Picardie
> elle s’étend dans une partie de la Normandie
: on en voit aufli dans les environs d Aix-
la-Chapelle , dans l’Artois & dans la province de
Kent, au-delà du détroit de Calais.
Les environs de Paris nous la montrent a Nemours,
fous un grand amas de galets; à Meudon,
à Pafly , à Bougival, à la Roche-Guyon, & c. ;
Traftus de la craie de Champagne.
La pente primitive de la furfacé du maflif de
craie qui fe trouvé à découvert en Champagne, a
contribué bien fenliblemérit a la deftruCtion de fon
ancienne couverture. Les preuves les^plus remarquables
de cette deftruCtion font les îles de cette
couverture, qui fubfiftent encore , ayant été confervées
à l’origine des rivières dont les eaux circulent
à la furface de la craie. Outre les détails de
ces faits , nous trouvons la craie qui fe montré def-
fous les couches qui la couvrent, & la direction
des eaux courantes des rivières qui ont leur fource
dans la craie. Ce font ces eaux qui ont caufé ces
ravages ,à la faveur de la pente. L’ eau ayant cette
direction a entamé le,s bords de la couverture qui
fubfifte à un niveau plus élevé que le refte , parce
que les dégradations des eaux ayant abaiflé leur
niveau, il en eft réfulté la deftruCtion de la craie
avec celle de fa couverture.
Nous devons obferver d’ ailleurs les circonftan-
ces qui ont concouru à tous ces événemens dont
nous voyons les réfultats. La première eft le peu
de folidité de cette couverture & fon peu d’e-
paiffeur, par l’élévation de la craie qui lui fervoit 4e • . ,F(X, , |
La couverture, comme on v o it , n a réfute que
dans les parties où elle avoir une épaiffeur & une
folidité fuffifante ; & d’ailleurs, comme je l’ ai d it,
à mefure que les eaux pluviales ou courantes des
ruiffeaux ou des rivières ont agi contre la couverture,
elles ont creufé la craie , qui fe prêtoit à ces
deftruCtions. Les bordures de la couverture, outre
la deftruCtion des eaux, fe font décompofées par
l’aCHofi de.l’air 8e des eaux pluviales, & les mêmes
agens deftruCteurs continuent leur travail fous nos
yeux.
Les parties qui font fur les limites orientales da
la craie y font tort élevées , & ne paroiffent pas
s’enfoncer fous les autres couches ; en forte qu’on
feroit tenté de croire, d’après cette difpontion
générale, que les bancs des matières qui entrent
dans la compofition de cette province, fe plongent
vers l’oueft, & fe relèvent à l’eft , & que cette
inclinaifon eft plus grande que n’eft la pente des
rivières qui traverfent ce maflif.
Cette élévation plus grande a fait que cette limite
a été expofée au choc des rivières qui defeen-
doient des arêtes les plus élevées. C ’eft aufli pour
cette raifon que ces coupures énormes qui regardent
l’ eft fur la limite intérieure, femblent être les
reftes d’un autre ordre de dépôts qui a été appuyé
fur Ta craie, 8c qui l’eft encore.
Cette difpofition des couches de la Champagne
n’eft peut-être pas particulière à cette province 5
elle fera furtout une diftribution générale depuis
l’arête de Langres ou de Chanceaux ou d’Arnay-
fur-Arroux ; en forte que toutes les rivières ne
roulent pas leurs eaux fur un banc qui foit parallèle
à l’horizon & à leur l i t , mais fur les têtes &
les revers inclinés vers l’Océan , de plufieurs fyf-
tèmes de ces dépôts fucceflifs.
C ’eft par les efforts que les eaux de la Marne,
de l’Aube & de la Seine ont faits fur la tête da
l’amas de la craie, qu’ils l’ont détruit jufqu’au-delà
de Vitry-le-Français> ce qui a baiffé tout le fol &
en a fait~une plaine inférieure, & la même eau
qui a dégradé la craie & ce fol infertile y a dé->
pofé des terres fupérieures des pierres roulées
& ufées par les tranfports. C ’eft après cette def-
trudlion, qui n’a été pouffée que jufqu’ à quinze à
vingt pieds de profondeur, que ce fol a été. recouvert
de bonnes terres , lefquelles ont fait de
ces contrées les pays les plus fertiles de la Champagne
: tels font le Perthois, les environs da
Brienne , ceux de Rofnay, de Fouchères & de
Bréviande au deffus de Troyes.
On voit que, dans le cas où les eaux torrentielles
ont pénétré fur les limites orientales du maflif de
la craie, elles ont entamé ce maflif, & ont mis à
la place de bons dépôts : c’eft ainfi que la Seine a-
étendu ces dépôts quelques lieues au deflous de
Troyes. 11 en eft de même de l* Aifne, qui a formé
de femblables dépôts depuis le finage d’Amagne
jufqu’à Rhétel.
On peut Cuivre les graviers comme les témoins
de ces tranfports : ils ont été fi abondans à Troyes
& dans le canal de la Seine, qu’ on en trouve qui
ont été voiturés jufqu’aux Granges. Par la même
raifon les limites orientales de la craie, en s’é--
tendant par la deftruétion de la tête d’un nouveau
fyftème de bancs fuperficiels , ont reculé ces limites,
& mis à découvert un mauvais fol; & d’ailleurs
» dans les parties mêmes des vallées où la craie