
696 D U,R
fable coquillier, réuni par un ciment naturel , on
aura l'idée la plus exaéle des rochers donc je veux
parler. Rien n'eft pourtant fi ordinaire que d'y rencontrer
des corps marins d'une parfaite conferva-
tion. Il entre conftamment du fable dans leur com-
pofition, & on y voit auflî quelquefois des cailloux
arrondis de toute grandeur , 8c qui font indifféremment
quartzeux, filicés 8c calcaires.
Ges rochers forment Couvent, fans interruption ,
des collines étendues. On remarque prefque toujours
qu'ils font difpofés par couches parallèles.
Ils préfement plufieurs variétés. Lorfqu’ils font
principalement formés de débris fort petits de
Coquilles, on les taille comme lé tuf 5 ils font alors
affez tendres dans la carrière , mais ils durciffent
à l'air 8c ils refiftent parfaitement aux injures du
tems. ~ . • '
• Lorfqu'ils renferment beaucoup de coquilles
entières , ils font alors moins durs , 8c fujets à
fe décompoler. Lorfqu'enfin il y a du cailloutage
mêlé avec les coquilles, ils forment une maffe fort
dure, qu’on ne peut pas tailler facilement. |
Au refte , il y a peu de collines formées de
pierre coquiilière, qui ne renferment à la fois des
bancs de toutes les variétés que je viens d'indiquer.
Il efi fort ordinaire dè voir des lits de pierre
coquiilière fur des couches de fable & de cailloux
roulés , 8c réciproquement.
■ -Je me réferve de parler, avec quelqu’ étendue,
des' collines formées de pierres coquillières. Je
me borne à préfent à dire qu'on y Trouve principalement
des huîtres, des ourfins, des madrépores,
des cames j des coeurs & des vis.
Le terroir dé Lure n’offre que du fable, des
Cailloux roulés 8c de la pierre coquiilière. De
Pierrérue 'à Forcaiquiei: le terrain eft toujours fa-
blônneux ; & il eft fou vent appuyé fur de la marné.
Les collines voifines de Forcaîqtiier font couronnées
de pierres coquillières.- .
A Mâne le terrain efhenCoïe fablonneux dans
une grande étendue- : on y trouve de la pierre
coquiilière dans plufieurs endroits, 8c il y en a
meme une belle carrière qui fournit aux contrées
voifines.
II y a au nord de-Mane des montagnescaîcaires
avec des lits marneux. On voir dans ces rochers
■ une quantité immenfe de buccins & de limaçons
plats1. Lès coquilles nej fubfiftenr plus : on ne remarque
que leur noyau. Je ne faism-rntiôn dè cette
efpète de piferre que parce qu'elle fe trouve fou-
vent au voifinage des autres rochers coquilliers.
• ?Le Leberon eft une montagne à couche : fes
lits font entièrement diftindts j ils font ou calcaires
, ou ; marneux , ou féléniteux. Il renferme
beaucoup de b.mcsl de houille;: I f fe termine ] dit
côté;de lteft, vers Voix. On voit ainfi qu’il eft environné
de collines qui. n'ont pas été formées de
fes.eb'ris.
• iA Manofque. tout c e qui. n’appartient pas au Leberon
ne préfente que des pierres coquillières,
D U R
des fables 8c des cailloux roulés. De Manofque
aux Jourduns on trouve fouvent la pierre coquil-
lière-, des bancs de grès, de la roche marneufe 8c
des coteaux de cailloux roulés. Les mêmes objets
fe préféntent «à Grand - Bois : on y remarqué dè
plus des mafias épaiffes de fable argileux rougeâtre,
dans lefqueJJes les eaux pluviales ont formé des
ravins profonds , jufqu'à ce qu’elles aient rencontré
les bancs de cailloux roulés. Les fables légers font
abondans à l a Tour-d'Aigues, ainfi que la pierre
coquiilière 8c les graviers de la Tour-d'Aigues.
A Permis le fable eft là terre ordinaire : on en
voit des bancs qui renferment une quantité infinie
de détrimens de coquilles. En fuivant le torrent
qui vient à Permis, on remarque que les fables
repofent fouvent fur de la marne bleue.
La Durance, après avoir ferpenté dans des
plaines étendues depuis les Mées, fe rétrécit vers
Mirabeau, 8c elle eft contenue alors entre des
montagnès peu éloignées. Sur la rive droite ori
ne v o it , dans Un efpace d’environ deux lieues j
que des rochers calcaires, qui finiffent-vers la
partie du terroir de Permis, où font établies les
digues qui défendent le territoire de cette ville j
mais dès que ces rochers ont difparu, il leur ftte-
cède des collines de cailloux roulés, qui s'étendent
dans tout le terroir. Il y etl a un baric très-co'nfi-
dérpble , qui eft prefqu’entiérement compofé dé
pierres vicrifiables. D’ailleurs , le territoire dè
Permis' fournit de belles carrières de pierre eo-
quillière, des rochers de pierre blanche pleine
de noyaux de buccins & de limaçons plats, & des
bancs de fable 8c de grès. Les remparts de la villê
font appuyés , du côte du nord , fur un rocher dè
cette dernière efpèce j mais qui eft mauvais &
feulement remarquable, en ce qu’il contient beau-,
coup de coquillages marins décompofés, 8c qui fe
réduiÇent, lorfqu’on les touche, en une pouflièrë
blanche extrêmement fine.
- Les bancs de pierre coquiilière , de fable & de
cailloux roulés ne font pas bornés du côté du
nord 8f du nord-oueft par le territoire dé Permis :
on les fuit encore dans les villages voifins qui font
dans les directions que je viens de mâiqüér. Lè
Leberon eft alors affez éloigné. • m
En parcourant fuccêffivément les terroirs de
^Ville-Laure , de Gadenet & de,!Lauris, on voit
la continuation des cailloux roulés, des fables &
des roches coquillières.
De Lauris à Merindol le Leberon fe rapproche
beaucoup de la Durance. Dans plufieurs endroits’,
de petites pierres calcaires , détachées de la montagne
par les eaux pluviales , couvrent l’anciëh
fo l , mais on ne laiffe pas dë voir de tems én têtus
des bancs de cailloux roulés avëc des màffes dè
.roche coquiilière.
En allant du côté, dé Cavaillon on voit une
petite . plaine formée : de pierrés «defcendtiës du
cLeberon. Ces piehes repofent fur des cailloux
■ îoulés'qui.paroiffent dans le lie des ravins & daffs
les
D U R
les lieux où l’on a fait des tranchées un peu pro-^
fondes.
A un quart de lieue de Merindol on ne voit
plus de collines auprès du Leberon. Cette montagne
refte alors ifolée : elle préfentè l’ afpeél le
plus défagréable ; elle eft prefqu’entiérement nue.
Les rochers dont elle eft formée, font fort durs &
difpofés fur un pente rapide.
Il nous refte à décrire la rive gauche de la Durance,
depuis Jouques. La pierre coquiilière y eft
fort commune, ainfi qu’àPeyroles. Ce dernier village
eft bâti fur un rocher de cette efpèce, & on
en trouve de très-belles carrières à une petite
demi-lieue vers le fud-eft. En allant les vifiter on
remarque beaucoup de cailloux roulés quartzeux
fur les coteaux voifins.
De Peyroles à Meyrargues les collines qui font
vers la Durance, ne renferment guère que des
cailloux roulés. Cette rivière vient battre quelquefois
contre des rochers formés de ces cailloux
réunis, 8c qui fe trouvent dans la plaine.
Les coteaux de Fons-Colombe reffemblent à
ceux de Meyrargues. Vers Janfon il y a des montagnes
calcaires , qui ne fe terminent qu’à la Durance.
De la .Roque à Malemor't il y a beaucoup de
cailloux roulés. Ce dernier village eft bâti fur une
colline où l'on trouve des fables, de la pierre
calcaire 8c de la roche coquiilière. Dans toute la
plaine qui s’étend vers le bois de Taillade on trouve,
à une petite profondeur, des cailloux roulés : la
pierre coquiilière y eft abondante. C'eft de là qu’on
a tiré celle qu’on a employée à la prife d'eau du
canal de Eoisgelin & à d'autres ouvrages fur le
même canal.
La plaine de Senas, qui joint celle de Male-
m or t, & qui s'étend jufqu'au-pied des montagnes
d’Allein, de Lamanon , d’Aiguières 8c d'Orgon ,
n'eft prëfque compofée que de pierres roulées. A
roefure que le fol eft plus élevé fur le niveau de la
Durance, la terre labourable a moins de profondeur
& les cailloux font plus apparens. On trouve
dans le terroir de Senas, du côté où le fol eft plus
élevé fur le lit de la rivière, des rochers étendus
de pierre coquiilière, qui ont fourni les blocs qu’ on
a employés à la conftruélion des digues.
: Le canal de Crapone paflè entre deux montagnes
affez voifines de Lamanpn. Celle qui. fe
trouvé à l'eft du canal eft calcaire, 8c elle ne montre
de rochers différens qu’auprès de Salon, où la
pierre coquiilière eft extrêmement abondante
La montagne de Lamanon eft formée de grandes
maffes de grès 8c de pierre coquiilière. Ces deux
efpècës de roches font fouvent mêlées 8c confondues.
La montagne s’étend vers Aiguières, 8ê elle
paffé au nord de ce village.
On fait que la Crau commence à Salon & à
Aiguières > mais cette plaine tient aux bancs de
cailloux roulés de Senas. S i , en fuivant le chemin
de Salon, oh les voit difparoître', ce n’èft pas
qu'if ne s’ en trouvé à une certaine profondeur.
Géographie Pkyjique. Tome IlL,
1 D U R % '
Les lits de ces efpèces de pierres font d’autant
plus éloignés de la furface de la terre, qu’on s'approche
davantage de la montagne calcaire, dont
es déblais le font étendus dans la plaine, & ont
couvert les pierres roulées qui formoient l ’ancien
fol.
A Orgon les montagnes font calcaires , élevées
& nues. A leur bafe &c fous les maifons on trouve
une pierre blanche coquiilière d’un grain fin, &
qu'on polit facilement.
En allant d’Orgon à Bonpas on marche pendant
quelque tems fur des éboulemens de montagnes
calcaires voifines. On obferve pourtant bientôt
des cailloux roulés. La terre végétale qui couvre
ces efpèces de pierres, n’acquicrt de l’épaifleur
qu'à mefure qu’on s'approche de la Durance &
qu'on traverfe les lieux fertilifés par le canal de
Crapone.
La colline fur laquelle étoit bâtie la chartreufe
de Bonpas offre, à fa partie inférieure , vers
l'e ft, des bancs de marne > vers le couchant ce font
des grès un peu micacés ; enfin on trouve épars çà 8c là des cailloux roulés, quartzeux. En s’élevant
on continue de voir des cailloux de même efpèce.
. Le grès devient moins commun. On obferve quelques
bancs de marne b leue, fablonneufe 8c mi-
: cacéè. On remarque des carrières de pierre co-
quilliére, où l'on diftingue des lits de fable. En
\ montant encore plus haut on voit une autre car-:
; rière de pierre coquiilière plus blanche, plus
dure & moins fablonneufe que celle qui eft plus
voifine de Bonpas.
Les collines de Noves , quoique fort voifines
de Bonpas, ne préfentent pas la mêqie efpèce de
pierre 5 elles font calcaires : on voit pourtant à leur
fommet des cailloux roulés.
On trouvé fur la route de Noves à Saint-
Andéol un banc fort étendu 8c prefque fuperficiel
d’un tu f argilo-calcaire formé évidemment dans
des eaux ftagnantes, & qui repofe fur la pierre
coquiilière.
En allant d’Orgon à Saint-Remy on laiffe fur la
gauche une chaîne de montagnes calcaires , qui
vont fe terminer dans le territoire de Tarafcon.
Le fol de la plaine eft, dansune affez grande étendue
, couvert de leurs déblais. Oh ne laiffe pas
pourtant dp découvrir, d'intervalle en intervalle,
des cailloux roiilés. En creufant à une profondeur
fuffifance on en trouve conftamment.
Ce qui prouve d'ailleurs que l’organifation du
terrain ne change point, c'eft qu’on trouve au
pied des montagnes de Saint- Remy du grès & de
la pierre coquilli.ère. A l’extrémité de ces mêmes
montagnes, dans le territoire de Tarafcon, on
trouve beaucoup de cailloux roulés5 8c ces amas
de graviers ont donné lieu à beaucoup de gens du
pays, de croire que la Durance lés y avoit dépofés
' dans des tems reculés.
En allant de Tarafcon à Barbantane on trouve,
. à une lieue environ, des montagnes calcaires : on
T 1 1 1