
à la règle que nous avons pofée. On peut con-
fulter ce que dit M. Bergman dans fa De/cription
pkyfique du Globe j partie lre. pag. y39.
Bords de la mer & côtes,
La mer a&uelle pratique & façonne un nouveau
rivage tout à l'entour des cominens, comme
on en trouve les vefliges autour de l'ancienne &
de la moyenne terre, qu'il elt aifé de fuivre &
de reconnoître. Ses fa lai Tes deviennent de plus en
plus efcarpées : on v o it, d'un autre côté, fes pia-
gcs & fes côtes plates fe combler, s'élever & fe
prolonger, & former des plaines littorales, fem-
blables à celles qu'elle a taillées à fec au dcflous
de fes anciens bopds, mais que les eaux pluviales
des ruiffeaiix & des rivières ont fillonnées enfuite.
Sur ces plages elle accumule les galets, les co
quilks & les fables de toute efpèce. Ce font ces
amas de fables qui, avec le fecours des vents, forint
nt inceflàmment fous nos yeux des dunes 8c
des montagnes de fables pareilles à celles que
l'ancienne mer a biffées au milieu des continens ,
fur la ligne de fes limites. On peut fuivre ainli la
comparaifon de l’un & l’autre bords ; mais il ne
faut pas s'y méprendre, & confidérer tous ces
amas de fables formés au milieu des terres, comme
d'anciennes dunes, & par conféquent en conclure,
d'après.ces fignes équivoques, que le rivage de la
mer a exifté dans les environs de ces amas. C'eft
pour n'avoir pas fu apprécier au jufte les deftruc-
tions opérées par les eaux, les déplacemens des
matériaux qui compofoient les couches détruites,
& qui tous ont été ftratifiés régulièrement dans le
baffin de la mer, qu'on a placé plufieurs rivages
fur l'étendue de nos continens > qu'on nous annonce
d’une manière vague plusieurs retraites qui
ont eu lieu les unes après les autres, à differentes
hauteurs 8c à de longs intervalles de te ms. ( l'oye^
D epots l it t o r a u x . On y expofe les fignes auxquels
on peut reconnoître les véritables limites
de la mer. )
Souvent les côtes de la mer font interrompues
fur une grande étendue de terrain, & font place
aux bords qui font bas & couverts de fables ou de
vafes. Les côtes au contraire reparaiffent dans les
parties où la mer vient baigner les pieds des ef-
carpemens , & le bord ne diffère point de la côte ,
d'eau venant battre fon pied. C'eft au pied des
côtes que le baflîn de la mer eft profond en raifon à peu près de fon élévation ; au contraire, les parties
de ce que je nomme bords de la mer Xont le
commencement d'un plan incliné , qui s’abaiffe
jnlènfibiement dans le badin de la mer.,
C'eftdans les parties des bords de la mer que
fe trouvent les barres , à l’embouchure des rivières.
Tous 1 es bords de la mer font factices plus
eu moins; toutes les côtes font d'une ancienne
organifation -, 8c font dues, au travail journalier
des eaux courantes, foit de l'intérieur du baflîn
de la mer, foit des rivières qui s'y jettent.
Quelquefois les bords de la mer font au pied des
côtes, quelquefois ces bords ne s'y trouvent plus ;
on n'y voit que les côtes formanc un efearpement
qui s'enfonce fous l'eau, ou verticalement, ou
par une légère inclinaifon.
C ’eft d'après ces confidérations que je diftin-
gue les parties des limites du baflin de la mer,
qui font de nouvelle formation, de celles qui
font d’ancienne formation , que j'appelle côtes»
Celles qui fe forment actuellement 8c fe prolongent,
méritent d'êcre diftinguées de celles qui fe
détruifent 8c fe refferrent.
Bords des ri-vieres & côtes.
Je crois qu’on peut admettre avec autant de
raifon la^diftinétion des côtes & des bords , tant par
rapport aux rivières 8c aux fleuves, que par rapport
à la mer. Ainfi, fuivant la même analogie,
j'appellerai côtes des rivières les faces des maflifs
entamés par les eaux des rivières lorfqu elles ont
creufé la vallée; en un mot, la limite de ces
maflifs tels qu’ils font organisés primitivement,
foit par maffes dans les pays de l'ancienne terre,
foit par couches dans les pays de la moyenne" &
de la nouvelle terre. On peut défigner les côtes
de l'ancienne mer lorfqu'elle occupoit les vallées
où fe trouvent ces fleuves , & qu'elle en formoit
autant de golfes anciens. C ’eft ainfi que , dans la
vallée du Rhône , j’appellerai bords des rivières &
des fleuves ceux formés le long de leur lit ou de
leur canal aôtuel, par les -dépôts de ces mêmes
rivières ou fleuves, au milieu des plaines, ou bien
à une certaine diftance du pied des côces. Ces
bords font allez fouvent dégradés depuis la côte
jufqu’au lit de la rivière. CcS fortes de bords fe
voient dans toute l’étendue du plan incliné, fur-
tout vers fa pointe , & tout le long de Ja limite
du flanc.
On remarque des côtes bien diftinétes fur la
face du plan incliné, & le long de cette face. Il
eft vrai que les bords fe montrent fouvent vers la
partie la plus baffe de la face , à l'endroit où elle
vient fe réunir à la plaine. Il s'y trouve quelquefois
des bords au pied des côtes efcarpées, & elles
font d'autant plus larg s , qu’il eft tombé plus de
matériaux de la côte efearpée, depuis fon dernier
éboulement.
Souvent il fe trouve deux bords égaux , formés
des mêmes dépôts, au milieu des plaines fluviales
, 8c on les nomme berges. (V o y e z cet article,
où toutes les circonftances qui concernent ces
bords font expofées d'après l'examen fait en plufieurs
endroits.) J’en ai trouvé de grandes étendues
au deffus 8c au deffous de Paris ÿ le long de
la Seine. J’ajoute à ce que j'ai déjà dit fur la dif-
tïn&ion de ces differentes formes de terrain , que
les côtes ont éprouyé un grand nombre de coupures
8c d’inégalités par l’effet des eaux latérales
qui aboutiffent dans la vallée principale; au lieu
que les bords des rivières ont bien plus d'égalité
8c de continuité, attendu que les eaux latérales
les ont bien moins tourmentés 8c altérés : feulement
ils ne font coupés que par les ruiffeaux qui
fejettent dans la rivière principale.
Je crois que ces mêmes caractères de diftinôtion
des côtes 8c des bords peuvent avoir une application
auflî fondée aux côtes & aux bords des me ts.
Combien n’ap perçoit-on pis de formes bigarres
dans ces c ô te s , foit lotfqu'on les apperçoit de
quelques îles ou de quelque portion .1 an tante des
continens. Les marins mêmes f l font-attachés à
étudier les formes des côtes , à les décrire 8c à
les figurer, pour diriger la manhe des vaitfeaux
dans l’entrée des golfes * des anfes & des ports ,
8c l'on doit dire qu'ils en ont tiré de grands fecours
: il eût été feulement q defirer qu'ils ne fe
fuffent pas contentés de les obferver de loin &
de les figurer d’après un apperçu fouvent rrom-
peur, mais qu’ils euffent réduit ces formes à des
règles précifes, en déterminant les différentes
causes qui ont contribué à ces formes, comme je
l'ai fait dans plufieurs vallées, où j'ai fuivi dans le
plus grand détail les formes que préfentent leurs
côte s , & où je me fuis attaché a reconnoître les
caufes des différentes formes des croupes , ainfi
que le progrès du travail des eaux dans l'appro-
fondiffement dés vallées. ( Voye[ C ôtes , C rou-
res & V allées. )
Il y a des côtes de réaction à l’extrémité des
plans inclinés lcrfque l'eau de la' rivière a émouffé
dans le v if leurs extrémités, les a efearpés plus
ou moins : dès-lors cette côte , ou conferve à
fon pied l'eau courante de la rivière, ou bien la
rivière en eft écartée depuis par une côte plus ou
moins large, formée de dépôts entraînés de la
fur face du plan incliné, ou bien accumulés par
les eaux de la rivière , fous forme d'ailuvion.
( Voyeç ce mot. )
• ïl y a furtour des bords plus ou moins étendus
le long du canal de la rivière , vers l'embouchure
d'une vallée latérale , 8c les eaux de cette vallée
ont le plus contribué à leur formation dans les
différens accès qu'ont éprouvés les eaux courantes
des rivières du fécond ordre , fuivant leur
abondance, la rapidité de la pente 8c la facilité
que les eaux ont trouvée d’entramer les différentes
matières de la valiée ferondaire.
Souvent on voit une même continuité de bords
comme de côtes , en partant de la mer , 8c remontant
par les rivières principales & enfuite par
les fecondaires, affez haur. Ceci fe remarque partout
où les vallées ont une certaine largeur, &
offrent une fuite de plaines non interrompue ; c'eft
en obfervant ces bords 8c ces côtes , en les comparant
enfemble, qu’on peut 1e convaincre de la
néceflité de diftinguer les côtes des bords dans les
vallées des rivières, 8c même dans les vallons les
plus petits ; qu'on en faifit les caractères diflinc-
tifs , relativement à la nature & à la difpofitioti
des matériaux qui les compofent , d’après ief-
quels on remonte facilement aux différens âge ns
qui ont contribué à leur formation : ainfi l'on voit
dans les-côtes les coupures laites par les eaux courantes
torrentielles, au milieu des maflifs d'une
formation régulière primitive , lors de l’excavation
de la vallée ou du vallon. ( Voyc% L'article
VALLEE. )
BORDURE DE LA CRAIE. J’ai fuivi avec
grand foin les bordures de la craie qui eft a découvert
8c fi aifée à diftinguer des autres fubftances
pierreufes & terreufes, 8c j'ai cru que par cet examen
on pouvoit prendre une idée jufte de la dif-
pofition des différens maflifs qui compofent la fu-
perficie de la terre, 8c particuliérement dans les
cantons affeCtés à la nouvelle terre.
Une des circonftances les plus remarquables que
j’ai eu lieu d'obferver le long de ta bordure orien-
\ taie de la craie , c ’eft qu'elle dominoit fur toutes
les paities qui formoient la limite extérieure ; que
cette bordure fe tertninoit par une coupure tort
efearpée 8c nette, 8c au pied de laquelle s'ap-
puyoit une bande d’amas argileux, d’une lieue &
demie à deux lieues de largeur. Je me fuis alluré
qu'au-delà fe trouvoit un maflif de pierres coquil-
lières, dans lequel les huîtres dominent, tant par
leur nombre, que par leurs formes variées. C'eft
dans l'intervalle de ces deux bandes que fe trouvent
des amas de glaife 8c .d'argile que j-’ai fuivis depuis
la vallée de la Seine , à l ’oueft de Fo-uchères,
jufqu'à la vallée de la Marne, au-delà de Saint-
, Dizier. J’ai remarqué que les eaux torrentielles ,
tant des rivières principales, que des rivières fe*
co.ndaires 8e latérales, avoient cauie de grandes
deftru&ions’à ta lurface desrteirains & des fols les
plus folides: C 'eft par l'aCtion que les eaux de l'Aube
fc de la Seine ont exercée fur la tête de l'amas dç
la craie, qu'elles ont non-feulement abaiffé & détruit
ce maflîf, mais encore enlevé une grande
partie des labiés & des argiles qui occupoient
l’intervalle entre les deux bandes de craie 8c de
pierres coquillières dont j’ai parlé.
J'y trouve encore des veftiges de l'argile dans
le Perthois, àV a fly , à Sommevoire, à Soulaines,
à Ville-au Bois, à Efclance, à Tranne, à Amance,
à Vandoeuvre , à Briel, à Villenrraude, à Brienne *
aux environs de Rofnay , à Fouchères, à Bre-
viande, à l’eft de Troyes.
Dès qu'on eft placé fur la bordure orientale de la
craie, on voit une fuite de vallées dont les croupes
offrent une bande d’argile que les eaux ont rongée
: telle eft la vallée de Bourg, qni fe pro’onge
jufqu'à celle de ta Marne, 8c règne dans toute l’enceinte
du Perthois ; enfuite la plaine de l'embouchure
de la Blaife , 8c celle de la petite rivière de
Voire ^ qui s'étend jufqu’ à Betignicours.