
y ont des vallées bien diftin&es, bien limitées,
quoique leurs bords aient été un peu dégradés par
les eaux pluviales & courantes.
La pente primitive du maflîf de la craie y jointe
à la direélion des eaux courantes fuivant cette
pente, a favorifé confidérablement cette deftruc-
tion. C ’eft en fuivant cette pente que toutes les
eaux des rivières qui prennent, comme je viens
de le dire, leur fource dans la craie , 5c qui ont
une partie de leur cours à la furface de la craie
n u e , ont creufé infenfiblement leurs vallées. ;
Bordure de la craie de Champagne.
J’ai remarqué depuis Iong-tems que la bordure
orientale de la craie étoit un fond d’argile affez
épais & d’une largeur fort confidérable qui varioit
entre deux & trois lieues, à partir du fond de
craie jufqu’ au banc de roche qui renferme des
huîtres & d’autres coquillages d’ un amas fort curieux
, que j’ appelle Y amas des huîtres. Cette bordure
offre des forêts affez étendues. Il y a aufli
plufieurs ruiffeaux dont la plupart coulent fur la
craie ; mais dans certaines contrées ces ruiffeadx
y prennent leur fource pour revenir dans l’intérieur
de la bordure. Comme cette bordure eft
plate, le fol favorifé les retenues des eaux > aufli y
trouve-t-on un grand nombre d’étangs, dont quelques
uns font fort grands 3c d'un bon rapport.
Il y a dans cette bordure, des pote ries, des tuileries
& des briqueteries , parce que l’argile qui
en fait le fond eft d’une très-bonne qualité, 3c
même une grande partie cuit blanc. Les étangs ne
font nombreux & ne forment des fuites de badins
non interrompus que dans la bordure orientale :
c ’eft là que la bande argileufe fe foutient, comme
je l’ai d it , entre le maflîf de la craie & l’amas des
huîtres, des griphites , des vis à double rampe,
& des nautilites } c’ eft là où l’ on peut prendre une
jufte idée des amas, de la régularité & de l’étendue
de leurs limites.
Ces étangs fe trouvent furtout fur la planche de
Troyes : j’ en donnerai le détail dans fa notice. Les
indications de tous ces objets font bien importantes
iorfqu’ on connoît les circonftances qui ont
concouru aux différentes formes du terrain , mais
encore à la conftitution phyfique du fol <le ces
contrées} car ces deux confidérations doivent être
préfentées également dans l’examen "général des
maflifs de la craie, de la bordure argileufe , & enfin
de l’amas des huîtres. Ceci ne peut offrir qu’un
enfemble intéreffant qui donnera la folution de
deux ou trois problèmes qui n’ont pas encore été
difcutés comme ils le méritent, & par conféquent
réfolus ; car des occafions aufli favorables ne fe font
pas préfentées, & que d’ ailleurs aucun observateur
n’ a réuni des vues raifonnées fur aucun des traétus
comparables. Je puis dire que toutes ces contrées,
«atre qu’elles m'ont offert des maflifs très-dif
tinéls fc très-variés, 3c dont la dîfpofition relative
ne peut que jeter du jour fur un grand nombre
d'autres maflifs difperfés à la furface de la France,
les vérités que nous tirerons de ces examens nous
fourniront des réfultats à tous les tra&us de la
nouvelle terre des environs. Ceci nous prouve
qu’un certain enfemble de maflifs bien connus,
comparés avec foin , peut ouvrir la porte à de
femblables objets très-multipliés & fort étendus,
& guider, non-feulement l’examen intérieur de
chacun de ces maflifs, mais furtout la détermination
de leurs limites. C'eft enf perfectionnant ce
travail, que l’on mettra en évidence les principes
élémentaires des grands maflifs.
Si l’on confidère cette bordure orientale relativement
à fes différens degrés d’élévation au def-
fus ou au deffous de la furface de la craie découv
erte, on voit que , dans certaines parties, la
craie verfe les eaux de fa limite fur ia bordure
argileufe, & que de là ces eaux retournent fur la
craie en gagnant les vallées des grandes rivières}
que dans d’autres parties les eaux delà craie n’ont
aucune détermination vers la bordure, & même
n'ont, de cette bordure , aucune direction fur le
maffiT de la craie. Ces observations qu’on peut vérifier
fur les planches de la carte topographique de
France prouvent que le niveau relatif, tant de
la bordure orientale, que de la limite intérieure
de la craie3 varie beaucoup } mais j’ajoute que, fi
l’on fuit la marche des eaux courantes par rapport
à la Situation des trois maflifs 8c à leur intérieur,
on trouve que les pentes font conftamnient
de l’eft à l'oueft 3c dans la direction des rivières
principales.
Dès qu’o n . eft placé fur la bordure orientale
de la craie, on voit une fuite de vallées toutes
formées par une bande argileufe que les eaux ont
rongée : telle eft la vallée de Bourg, qui fe continue
jufqu’ à la vallée dé la Marne , 3c qui règne
dans tout le Perthois. Enfuite vient la vaffée de
l’embouchure de la Blaife 3c celle de la rivière de
Voire , qui fe prolonge jufqu’à Bétignicourt ; 3c
; après, lorfqu’on a traverfé la large vallée de
l’Aube , on retrouve la bande d’ argile aux environs
de Ville-Hardouin, de Brantigny, de Roflon,
& lorfqu’ on a franchi la double vallée de la Barfe
& de la Seine réunies, où l’on voit des amas
d’argile qui vont palier à Saint-Thibàult, à Saînt-
Jean-de-Bonneval, à Saint-Phal, & fe continuer
par Ervi 3c Saint-Florentin.
Cette lifière argileufe fe retrouve conftamment
entre la craie & la pierre calcaire à grain greffier ,
dans toute l’étendue de la limite orientale. Cette
lifière a plus de deux cents pieds de profondeur
dans les parties où elle paroît avoir confervé toute
fon épaiffeur. La bordure de la pierre calcaire
dure, femée d’huîtres , de nautilites, de cornes
d’ammon, fe trouve à trois ou quatre lieues de
celle de la craie. J’ai même remarqué que la lifière
d’argile fe continuoit le long-des parties de la
craie ,
craie ,’qui font encore couvertes ; c’ eft ainfi qu’elle
fe montre vers Saint-Florentin 3c même jufqu’ au-
delà de Joigny. A
La lifière de pierre à chaux farcie d’huîtres a
aufli une allure particulière très-:fixe & très-
diftinCte; e lle ‘paffe à Chaources, Fouchères ,
Montieramey, Vandoeuvre, Mâtaux, Efclance,
Fuligny, Soulaines, Sommevoixe, Vaffy 3c Saint-
Dizier. .
C e qu’ il y a de remarquable, c’eft que des
fôurces très-abondantes, & qui font les têtes
d’autant de rivières , dominent cette lifière. Ces
rivières coulent fur la bande argileufe, 8c gagnent
le maflîf de la craie. ( Voye^ Sources. ) Je citerai
furtout les belles fources de Vandoeuvre , de
Soulaines 3c de Sommevoire. Je renvoie à ces
articles.
La furface de la craie , à partir de la limite
orientale , s’abaiffe vers l’ oueft, de telle force
qu’elle’ s’enfonce deffous la bordure correfpon-
dante ; 3c à juger par ce qu’on voit à découvert
au pied des coteaux du baflîn de Reims , du cap
d’A ï, des coteaux d’Épernay, de Vertus, de Vil-
lenoxe 3c de Nogenc, le maflîf de .craie fert de
bafe à un fyftème de couches foufmarines en fort
grand nombre 5 & fi l’on fuit la vallée delà Marne,
la craie continue à s'abaiffer deffous ces couches
jufqu’à ce quelle ait atteint le fond de la vallée
vers.Dormans.
Rivières qui coulent fur la eraie de Champagne.
je dois confidérer fous un point de vue général
les quatre rivières confidérables qui coulent
fur la craie, parce que je defire faire connoître
certains phénomènes correfpondans , qui font
communs aux cours de ces rivières, & dont le
rapprochement doit jeter un grand jour fur les
effets des eaux courantes lorfqu’elles rencontrent
& traverfent des maflifs femblables, & difpofés de
la même manière, relativement à leur marche
connue. J \ i recueilli ces détails inftruétifs en
fuivant les vallées de ces quatre rivières , la
Marne , l’A u b e , la Seine 3c l’ Yonne , 3c j’ ai
cru qu’il convenoit de les expofer ici.
J’ai trouvé d’ abord. que chacune de ces rivières
eft encaiffée 3c coule dans des vallées fort
refferrées, 3c dont les côtes ont été coupées au
milieu des mêmes affemblages de bancs calcaires 5
que l’extrémité de ces couches eft dégradée en
forme d’ efcaliers, depuis les fourc.es de ces rivières
jufqu’ à l’extrémité de ces affemblages. Il
eft vifible que les dégradations de ces couches
font dues à l’a&ion des eaux pluviales qui ont
détruit les parties faillantes des lits , expofees a
leurs cours.
En fécond lieu, j’ ai vu les vallées s’élargir , &
de larges dépôts s’ y former vers la ligne où les
bancs de pierres à gros grains , renfermant des
huîtres , des nautilites , .des cornes d’Ammon, fe
Géographie-P hyfique. Tome I I I •
trouvent coupés par les vallées de ces quatre r ivières.
1 '
En troifième lieu, j’ ai rencontré la bande d argile
, enfin le maflîf de la craie à découvert,
où les vallées font larges 3c évafées. C ’eft fur la
largeur de ces trois ordres de chofes que je
trouve des dépôts de bonnes terres jaunes, des
amas de graviers plats , calcaires : ces graviers
font dépofés dans certaines parties des vallées
de ces rivières , où les eaux courantes ont commencé
à diminuer de viteffe par l’adouciffe-
menx de la pente des terrains} ce qui a favorifé
leur accumulation à la fuperficie de plaines fort
larges. J’obferve ces dépôts, fi remarquables
dans la vallée de la Marne; ils fe montrent d’abord
à Saint-Dizier, & , s’étendant fur une grande plaine
au deffus de V i t r i, jufque dans l’angle intérieur
du confluent de la Marne & de la Saule, ils fe
prolongent jufqu’au-delà de la craie fans discontinuité.
Un femblable dépôt correfpondant, de
gravier plat, calcaire, fe voit dans la vallee de
l’A u b e , aux environs de Brienne , & occupe la
fuperficie d’une large plaine. {Voye% Brienne , où
les plus grands détails font préfentés de maniéré
à faire connoître les différens états de ces dépôts 3c de cette plaine. )
Je dois dire ici que c’ eft particuliérement à l’abondance
des dépôts de graviers que font dues les
ofcillations des eaux de ces rivières, dont le cours
s’eft déplacé à mefure que le courant je t a i t fur
fes bords de ces:graviers qui les forçoient de
fe détourner. Il eft vifible aufli que les noyaux
de ces graviers plats, calcaires, font des débris
des pierres que les eaux courantes de ces rivières
ont entraînés des parties fupérieures de leurs val-;
lé e s , & qu’elles ont ufés & polis par les tranf-
ports qu’elles en ont faits.
Je puis indiquer maintenant les mêmes dépôts
de terres jaunes, de graviers plats dans .les vallées
de la Seine & de l’Yonne , depuis Fouchères jufqu’à
Montereau pour la Seine , & depuis Auxerre
jufqu’ au même confluent , remarquable pour
FYonne. "V.- .. - ' • ; : . - v - . . :
Il convient donc d’indiquer les limites des graviers
plats, calcaires , lefquels occupent le fond
des vallées de la craie 3c la fuperficie des plaines
qui les accompagnent : ainfi celles de la Marne
commencent avant Saint-Dizier, 3c fe prolongent
jufqu’à Damery 3c au-delà} celles des graviers de
l’Aube commencent à Trane, & fe prolongent
jufqu’à l'embouchure de cette rivière dans la
Seine ; celles des graviers plats de la Seine commencent
à Breviande, 3c fe prolongent jufqu’ à
Montereau ; celles de l’Yonne & des rivières
parallèles commencent au deffous d’Auxerre, 3c
s’étendent dans les plaines au deff.us de cette
v ille , 3c fe terminent à Montereau.
Rivières qui ont leur fource dans la craie.
Il eft intéreffant de faire connoître les rivières
X x x