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Je vois quej dans cette recherche des cratères,
quelques obfervateurs ont intention d’en.faire
ufage, non-feulement pour s’ affurer de l’exif-
tance des volcans par la reconnoiffance de leurs
anciennnes bouches , mais encore pour y placer
des lacs. Le plaifir fingulier d'indiquer des amas
d’ eau dans de vaftes trous où la flamme a fondu
tant de laves les a féduits fans doute : cette idée
philofophique leur a plu. Ils n’ont pas penfé que
plus ces comraftes & ces révolutions étoient
étonnans , plus auffi il étoit important de les bien
conftater , 8c qu’ une difcuffion févère des faits de-
voit les préfenter plutôt comme des conféquences
néceffaires qui en découloient , que comme une
hypothèfé ingénieufe qu’ils auroient imaginée.
Parmi les culots il y en a plufieurs qui ont peu
d’élévation , parce que les centres d’éruption ont
verfé beaucoup de laves ; en forte qu’il en eft
très-peu refté qui aient confervé une certaine
élévation au deffus des plates-formes de cou-
rans ,dont ces culots font entourés de tous côtés :
cela prouve que le creufet pouvoit peu contenir
de matières fondues.
D’ un autre côté 3 on voit de ces culots fort
élevés au deffus des maffifs de laves qui font forties
des centres d’éruption 3 8c qui les enveloppent,
en formant d’immenfes terraffes dans-tout leur
contour, fans aucune interruption marquée. Tel
eft le culot du Mezin en V e la y , qui eft auffi
célèbre dans cette province, que le Mont-Dor
en Auvergne j enfin, il y en a de très-gros, de
très-élevés, & qui ne paroiffent pas avoir donné
aucun courant au dehors : tel eft le beau culot de
l’Amble.
Toutes ces circonftances peuvent fe rencontrer
dans la forme des culots dont j’ ai conçu 8c expliqué1
la formation. Effeétivement, on ne pourroit pas
concevoir comment de gros maffifs, la plupart du
tems très-folides & fans aucune enveloppe defco-
ries ou de terres cuites pulvérulentes , fe trouvé-
roient élevés au milieu d’ un fol intaél 8c a plus de
deux ou trois cents pieds au deffus de leurs bafes,
fans avoir été contenus par quelque forme de
creufet qui les empêchât de fe répandre fur les
terrains inférieurs : les reftes de ces amas de fcories
& de terres cuites qui enveloppent ou la bafe ou
certaines parties de ces culots font des preuves de
cette difp<-fition primitive.
Dans les mêmes centres d’ éruption on trouve
fouvent réunis les veftiges de culots de différens
âges ; mais pour lors les fcories, les terres rouges,
produits d’une dernière éruption moderne , ont
mafqué les reftes des premières fontes , & il n’eft
relie de témoins de ces événemens anciens qu&
les courans dépouillés de fcories , & réduits à
leurs noyaux de laves compactes & aux terres
cuites pulvérulentes.
Au refte, i! y a tant de culots bien caraétérifés,
que toutes les petites anomalies ne pourroient
former des faits contradictoires : ce font pour
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lors, comme on voit, des effets compliqués, quant
aux caufes, en conféquence des accès du. leu à
différentes époques.
Il conviendra de diftinguer tons les culots de
la fécondé époque, lefquels doivent être affez
dégradés , mais cependant beaucoup moins que
ceux qui appartiennent à la troifième , & plus
ancienne, 8c qui font bien dépouillés de fcories 8c de terres cuites, même éboulés dans plufieurs
parties de leurs centres.
Il fera bon en même tems de rapprocher de
ces culots l’état où peuvent fe trouver les courans
qui font fortis des anciens cratères, & qui peuvent
appartenir a la même époque à peu près.
11 n’y a rien de plus inftruétif que ces rappro-
chemens : ainli, par exemple , les maffifs de laves
du Mont-Rognon font bien dû même tems que le
culot. Les maffifs de laves adoflès à la bafe du
puits de Girou font bien du même tems que ce
beau culot. Il n’y a pas veftiges de fcories au milieu
de ces laves, feulement des terres noires bien
comminuées : les laves fe trouvent placées’ les
unes fur les autres, avec des points quartzeux
feulement.
Le culot de la Serre eft affaiffé 8c oblitéré affez
pour que le courant de la Serre ait été. non-feulement
dépouillé de fcories, mais encore enveloppé
de couches horizontales.
Si je compare les courans du puy de Charade
avec le culot, je trouve qu’ ils font très-anciens, 8c
le culot tellement oblitéré, qu’ il eft prefque réduit
à rien 5 car primitivement il y a ici1 trois cas:
i° . toutes les fois qu’il y a eu, des courans il ne
doit pas fe trouver un culot à leur origine, car la
dernière éruption a tout verfé au dehors ; i ° . toutes
les fois qu’ il y a un culot, il ne doit pas toujours
fe trouver des courans : il y a eu éruption
fans épanchemens dé lave; 30. le troifième cas eft
le plus commun & le plus ordinaire; c’eft celui où
le volcan ou le centre d'éruption a jeté au dehors
des laves abondantes à plufieurs reprifes , 8c a laiffé
une maffe de lave plus ou moins abondante fe refroidir
dans le foyer fous une enveloppe de fcories
& de terre cuite. •
Je diftingue les centres d’éruption par leurs formes
: les uris/ont couverts de fcories , offrent à
leur cime un cratère ouvert, 8c ne font point couverts
de bois ; d’autres ont des cratères encore plus
ouverts , plus affaiffés, & font couverts de bois,
avec des fcories 8c des terres rouges, qui font d*f-
perfees dans la moitié des produits deâ anciennes
inflammations.
A mefure que les cratères fe détruifent, leiir
forme s’arrondit, la partie terreufe-y domine, &
les bois font beaucoup plus forts 8c plus épais.
Dès que les cratères ont difparu totalement*,
que la forme de ce qui refte à leur place eft arrondie
en dôme, 8c que la partie de terre cuite domine,
alors on obferve les rayons difperfés autour
du dôme.
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Auffitôt que les laves commencent à fe découvrir
par le haut, foit qu’ il refte ou qu il ne refte
pas de terres au pied du dôme, je trouve les débris
tracés par les lignes concentriques. Il y a plu-
fieurs de ces formes , couvertes de bois ; d autres
font à nu entièrement , fans aucune production
végétale ; mais alors il y a des terres 8c des couches
propres à ces productions.
D’autres centres d’éruption ont pour noyau un.
culot de laves fans aucune partie terreufe, mais;jont
été recouverts dans une grande partie de leurs j
contours & de leur élévation par des couches ho- j
rizontales , 8c dans ces cas il n’y a rien ni au
fommet ni à la bafe recouverte de couches ; mais
quelquefois il y a quelques brouffailles dans les
deux parties, ou bien il y a beaucoup de bois dans,
la partie inférieure de ces collines ou montagnes.
Les productions des bois s’obfervent dans les terrains
qui appartiennent aux premières époques des
. courans modernes.
J’ai vu Danife, culot en dôme, couvert de fcories
abondantes, & qui n’ a point encore de bois ;
c’eft un culot remarquable du Velay.
Cependant il y a des culots ronds, couverts de
beaux bois, & il y en a qui ne lont point couverts
de bois. Danife eft, par exemple, comme je l’ai
dit, en tête arrondie, fans etre couvert de bois.
Eyflenac eft en tête arrondie, offrant un groupe
d’arbres élevés. Le Puy de Clary eft en tête arrondie,
plus moderne que le Puy d Eyffcnac ;
auffi n’ eft-il pas boifé. Les têtes de Mons font couvertes
de b o is , quoiqu’elles n’aient donne que
des courans à demi modernes.
Le Puy de Raches n’ eft point b o ifé , quoique
culot aucien , parce qu’il eft entièrement dépouillé.
'
Il y a des culots dont le noyau, n étant pas unet
lave folide, fournit toujours un amas de parties
terreufes abondantesmais fans fcories. Dans ce
cas, quoique les courans foient très-anciens &
réduits à la feule lave, la forme du culot qui eft
reftée arrondie reffemble a celle des culots plus
modernes ; cependant on y trouve des bois 8c
des brouffailles qui fuppofent toujours un certain
fonds de terre.
Les bois qui couvrent les Puys qui font les centres
des éruptions volcaniques ont contribué fou-
vent à retenir les terres, débris des fcories , &
en même tems qu’ ils .facilitent la décompofition
de ces fcories ils en confervent les réfultats, 8c
s’oppofent ainfi au dépouillement du culot. Toutes{
ces circonftances m’ont paru avoir lieu dans bien
des cas. Lorfque les bois ont peu de terre, il leur
arrive de couler fur les revers rapides des dômes
ou culots qui fe dépouillent lors des pluies abondantes
de l’hiver., ,
Les culots diffèrent beaucoup , comme nous
l’avons déjà remarqué, par la forme extérieure
fans veftiges de cratères. C ’eft un mélange de cou-
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chès délavés folides avec des lits de fcories fous
formes pulvérulentes. , ‘
Il y en a qui font dépouillés totalement; alors la
forme qu’ont prife les laves en fe refroidiffant, ont
influé fur celles que ces Puys offrent de loin. S'ils
ont été décompofés en partie, c’ eft une ruine. Il y
en a qui fe délitent par des fentes verticales qui
font de larges prifmes ; quelques-uns fe délitent
auffi par lames très-propres à couvrir les toits, &
peur lors les hommes ont 'contribué à ces def-
truôàions.
On ne peut rien voir de plus vieux que ces culots,
tant ils annoncent partout les effets du tems.
Les fcories ont difparu totalement ; les maffes de
laves font en quartiers culbutés au loin. La totalité
de ces maffes fe décompofe par fragmens, &
rien n’annonce une deftruétion auffi marquée &
auffi étendue que ces culots.
Lorfque les culots ont pris une forme arrondie
en fe refroidiffant, les maffes à découvert ont
toutes cette forme fans aucun revêtement de terre
ou de matières qui loient les reftes des cratères
qui n’ont pas eu lieu tels font les Puys des environs
d’iffengeaux en Velay 8c furtout la montagne
des Rameaux & Mont-Bernier.
.On compte aux environs du plateau d’Auteuil,
proche Iflengeaux , feize Pays dépouillés ainfi , 8c d’une forme bizarre & délitée , pendant qu’U
1 y en a parmi eux douze qui ne fe délitenr pas, &c
dont quelques-uns font couverts de terres cuites.
Il y a des culots différens par les matières & par
leur arrangement relatif & intérieur : ces culots
. font des mélanges de terres 8c de laves compactes;
ils font arrondis 8c de forme conique fort
régulière » bien ilolés de tous côtés, & établis fur
des maffes de courans bas, qui font les produits
des premières éruptions , car les produits des dernières
font les plus élevés, & ceux qui fe font
trouvés bien guindés dans les culots font de cés
derniers.
Jufqu’ à préfent aucun obfervateur des volcans
ne s’eft occupé d’examiner 8c de décrire les culots
3 ni de faire fentir la difficulté de les raccorder
avec l'état primitif ; aucun n’a expliqué , comme
je l’ai fait, comment des laves folides, qui étoient
efearpées ds tous côtés, étoient reliées fufpen-
dues fans s’ébouler & fans quitter des gîtes fort
élevés.
Dans l’expofition des divers objets dont l’examen
doit entrer dans la détermination des époques
des volcans, j’ai introduit les différens états
| des culots ; nnais fi j’euffe bien examine les diffé-
| rens noms dont on fait ufage ,• furtout dans les îles
volcanifées , pour défigner les. maffes montueufes
1 fort anciennes , • dépouillées de terres cuites & de
fcories, & qui font connus fous le nom de pitons ,
je n’aurois pas introduit le nom de culots. On en voit
effectivement, foit à la Martinique , foit à Saint-
Domingue , qui font détachés d.s chaînes , ifoîés,
divebfement groupés # conjme. ceux d-’Auvergne