
grafle , de l’argile, des fchiftes pourris ou autres
terres & roches.
3°. Si une veine eft coupée par un rocher d'une
nature quelconque » l’on cherchera à çonnoître le
mieux qu'il fera poflible fa pofition : il fe préfen-
tera comme une efpèce de mur droit ou incliné,
à angle droit ou obliquement à la dire&ion de
la veine.
Si une veine eft interrompue par un obftacle
étranger, elle peut être rejetée très-loin, fui-
vant une ligne de réflexion, changer de direction
ou garder fa première, ou bien elle peut encore
changer d’inclinaifon & de dire&ion, fan^ éprouver
de difcontinuité.
Le premier cas arrive lorfqué des veines de
charbon, font fituées très-près d’une chaîne de
montagnes primitives, de qu’une montagne de
cet ordre dépaffe la ligne générale, de s'avance
dans la vallée.
Le fécond cas eft affèz- ordinaire : on le voit a
Noyant en Bourbonnois, à Saint-Georges-Châ-
teloifon en Anjou, de ailleurs. Ce cas arrive à
l’extrémité la plus reculée d’ un vallon, oùfes côtés
fe réunifiant d'une manière plus ou moins arrondie
, obligént les veines à prendre cette courbure.
Il arrive encore dans l’embranchement de
deux vallons > mais il eft très-rare de trouver dans
ces endroits de bon charbon : il y eft ordinairement
dépofé par blocs.
j ° . Il eft très-commun d’obferver que le mur
d’une veine fe rèlève vers le to it , ou que le toit
s’abaiffe fur le mur: dans ces deux circonftances 1
le charbon difparoît entièrement. Alors, pour l ’exploitation
, le parti le plus fur à prendre eft de !
fuivre la petite trace qui eft appliquée contre le !
toit ou le mur qui n’a pas changé de pofition. Au
bout de quelques toifes on retrouve la veine , &
on fe convainc que l’abfence ,du charbon n’étoit
produite que par un étranglement de la couche.
6°. Une veine peut être interrompue dans toute
fa hauteur, fuivantune ligne oblique à l ’horizon.
On voit cet accident fur la veine du Grifon de
Saint-Georges-Châteloifon.
y ° . Enfin , il eft bien ordinaire de voir une
veine divifée en deux parties par un banc de grès
& de fchifte ; il peut être d’une très-petite épaif-
feür, & parallèle à une veine j il ne peut guère
alors égarer , mais il peut être incline dans la
veine, & la faire perdre.
§. IV. Q u a t r i è m e S e c t i o n . >
On a démontré dans la deuxieme fedtion, que
les fols„anciens ont un rapport confiant avec les
couches fecondaires, dans lefquelles font toujours
renfermés les charbons ,• que ceux-ci font
dépofés fut le flanc des montagnes primitives, ou
dans des baflins formés par leurs chaînes > qu,e
ces baflins communiquent toujours enfembîe , de
qu’on peut les divifer en trois efpèçes : vallées
principales, vallées latérales , vallons tranfver-
faux. On a encore fait voir que les charbons font
quelquefois reconnoître, par une épaifleur plus ou
moins confidérable de dépôts qui leur font étrangers,
que ces dépôts-font dans les parties baffes,
des vallées latérales& principales, tandis que ceux
qui renferment des charbons fe présentent ordinairement
à nu dans les parties les plus élevées
des vallées.
Beaucoup d’exemples donnent lieu de croire
qu’il eft plus ordinaire de trouver des charbons dans,
fefe vallées latérales, que dans les principales,, qui,
! étant toujours plus baffes de quelquefois recouvertes,
comme nous venons de le d ir e , de dépôts
étrangers aux charbons s ne permettent pas
que l’on voie aifément ce combuftibie foflile à
découvert.
Ces notionspeuvent de doivent guider dans l’ indication
d.e la meilleure méthode à fuivre pour
trouver le combuftibie précieux dont nous nous
occupons.
i° . On reconnoîtra toutesjes vallées latérales,
& meme leurs embranchemens jufqu'à la partie
la plus é le vé e , où le vallon fe termine, par la réunion
de fes côtes.
2°. On examinera dans ce trajet toutes les natures
de pierres que l ’offl rencontrera > on tiendra
note de leurs qualités, de leur organisation , & c .
3°. On fera enfuite plufieurs vqyages tranfver-
falemenc à la vallée, de l’on examinera avec la plus
grande attention les variétés] fenfibles des bancs
q,ue l’on traverfera j on n’affeétera aucune route j
on fuivra les chemins creux , les ravins , on vifî-
tera les carrières, les puits de tous les endroits où
' i on appercevra la roche à nu ; on détachera des
échantillons de toutes les variétés caraéiériftiques j
on numérotera chaque échantillon » on notera la
direction de la pente qu’obferve le banc dont il
faifoit partie ; mais afin de pouvoir le rapporter
fur une Carte, on aura un inftrument quelconque
a laide dtiquèl on mefurera'l’angle que. fait, ce
point avec deux autres angles déjà connus de
tracés fur la Carte. On en fera de même de tous
les points d’obfervations.
Un point bien effentiel, c ’eft de fuivre le plus
ftri&ement poflible la ligne de jonélion des pays
fecondaires avec les contrées de l’ancienne terre,
de de figurer fur la Carte leurs fïnuofités.
Tous ces,renfeignemens pris, on doit çonnoître
parfaitement la vallée, & favoir quels font les
?ancs fupérieurs & inférieurs, quelle eft leur direction
& leur inclinaison, quelles font leurs variétés
, &c.
. Si l ’on a rencontré des grès & des fchiftes, on
ira les, examiner encore de nouveau, mais bien
plus attentivement j on grattera la tej-re avec un
pic toutes les fois que l’on verra quelques bancs
de fchifte pourri : s’il eft encaiffé entre deux lits
de grès pu d'une autre, roche /econdaire^ s’il fe
préfence comme une terre grife ou bleuâtre, de.
renferme des noyaux de minerai de fer limoneux j
s’ il refïemble encore à une terre noirâtre1, feuilletée
de micacée ; fi elle renferme de petits points
noirs, fi , lorfqu’on les preffe entre les dents , ils
ne fe difïolvent pas dans la falive, il y a lieu de
croire que l'on trouvera du charbon de terre dans
cet endroit. Pour s’en affurer on fondera cet
affleurement de manière à le couper à cinq ou fix
toiles de profondeur. Si la tarrière rapporte quelques
morceaux de tharbon , on fe déterminèra à
creufer un puits de recherche, de quinze à vingt
toifes de profondeur, au moyen duquel on pourra
reconnoître les veines , leur direction , leurs pentes,
leur puiffance, de difpofer des travaux plus
confidérables avec fureté & économië. ? '
On ne fauroit trop répéter que lorfque l’on
veut faire des recherches de charbon, il eft prudent
de les faire préalablement avèc la fonde de mines,
& de fonder de préférence les lits de fchiftes
& de grès, dont la direction & la pente font les
mieux réglées. En général , on peut affurer que
les veines de charbon fituées aux environs des pays
granitiques fe préfentent au jour dans une terre
noire, encaiffée dans une efpèce de fchifte écailleux
, recouvert d’une roche grenue , plus ou
moins tendre, plus ou moins compoféè. Au contraire,
lorfque l’on trouve des fchiftes pourris fur
une grande étendue, de fans forme ni dïréàion
déterminées j lorfque leurs lits font arqués, què
leur pente eft en plufieurs fehs j lorfqu’ils préfentent
de grandes maffes roulées , c ’eft une preuve ■
que les dépôts fe font faits dans cet endroit d’une
maniéré confufe : il feroit imprudent d’y faire des
recherches difpendieufes.
* Si la vallée que l’on a examinée, ne renfermoit
ni grès à charbon, ni fchiftes, ni ardoifes, ni pou-
dingues, mais feulement dehçpiérre calcaire, l’on
examinerait fi cette roche eft dépofée par lits
bien réguliers s fi l’ intervalle des bancs ne préfente
pas quelque lit étranger : on s’appliquera pour
lors à bien reconnoîre fa nature. Si c’en une terre
grife ou bleuâtre qui enveloppe une terré noirâtre
ou efpèce de fchifte, on fondera ce lit pour
s’ affurer pofitivement de fa qualité. Si la pierre
calcaire, lorfqu’on la frotte, exhaloit une odeur
de foie de foufre , ce feroit une indication de
charbon.
Lés houillères de la Provence offrent tous ces
caractères : ils pourraient bien n’être pas aufli
vrais dans d’autres endroits j mais réunis à d’autres
lignes , ils augmentent la préfompion. En
effet, l ’odeur que cette pierre répand , n’étant
due qu’ à une matière bitumineufe, on doit ef-
pérer de rencontrer les maffes qui y ont donné
lieu. Il feroit poflible que ce caractère fût plus
général qu’on ne croit. Les mines d’Herdinghen
ont près d’elles de la pierre calcaire puante j
celles d’Alais préfentent encore les mêmes phénomènes.
Les pays calcaires dans lefquels courent les
reines de charbon, recèvânt des montagnes pri-
mitivès'les mêmes lois que les pays de grès de de
fchiftes, on fe conformera, pour la recherche
des couches de charbon dans la pierre calcaire ,
aux principes que nous avons pofes pour celles
des pays à grès.
Il n y a pas de doute que le charbon ne foit
beaucoup plus commun qu’on ne fe l’imagine ordinairement.
Il eft jaeu de, grandes vallées , &
furtout de celles cjui leur font latérales , qui n’ en
contiennent * niais quelque général qu’on le fup-
p ofe, on'ne peut être de l’avis de ceux qui lui
font faire le tour de Ja Terre entière, & encore
moins de l’opinion de * ceux qui , parce qu’il
exifte une veine de charbon qui va de l’effà l’oueft,
fe reportent plufieurs lieues au-delà , & y font
faire des travaux ^ônfïderables dans cette direction.
Cë fyftème ne feroit Supportable que dans
le cas où les recherches fe feraient ‘ dans les
mèmès vallées f encare l’ application du principe
étant fauffe, le réfultat peut être dangereux. En
effet , fuppofant que les veines de charbon, dont
on a pris la direêlion , foient fur fix heures,
qu elles ne fe dévient pas d’ une ligne , de quelles
panent a quatre lieues plus loin, dans le pays où
1 on a fait des,recherches, peut-on fe flatter que
le point ou l’on e f t , foit le prolongement de la
ligne ou la direélion des veines a été prife ? N’eft-
r“ " S P ^ £ôt à craindre que l’on foie fur une parallèle
allez ecartée de la véritable ligne, pour ne
pas retrouver }ès lignes que l’on cherche? Dans
ces circonftances, il faudroit non-feulement jalonner
fur les fix heurts , depuis le point de l’ob-
fervation jufqu a 1 endroit où l’on veut faire un
puits, mais encore niveler le terrain, afin d’avoir
égard à fa pente de au pendage des veines.
Notre intention n’eft pas de faire entendre qu’il
eft toujours mutile de prendre la direction de
quelques veines connues pour faire des recherches
au-delà : cela peut faciliter, il eft vrai, mais
f e J?e Reut 4 ue ^ans I I prolongement d’ un
baflin dont les côtés préfentent à peu près une
ligne droite. On fe çropofe feulement ici de faire
voir combien il eft imprudent de tenter des tra-
vaux confidéraWes d’après une fîmple donnée de
direction. '
M. Lefebvre, après avoir donné aux Anglais
le tribut de louanges gu’ils méritent relativement
a leur manière d'exploiter le charbon de u n e , nous
fait le petit reproche fuivant, que nous ne fau-
rions omettre tant il nous femble fondé.
^ J e fuis bien perfuadé qu'en Angleterre on
n auroit pas dépenlé autant d'argent qu'on l'a fait
pour la recherche du^charbon à Luzarche & fur le
mont Calvaire. A coup fùr les Anglais n’auroient
pas ete placer un puits près de la partie la plus
élevee de ce monticule, dont les lits prefqu'ho-
rizontaux facilitent les moyens de les çonnoître
au jour en une demi-heure -, à coup fùr ils n'au-
roient pas fait une trentaine de puits à Luzarche