
qui alloit aboutir ju(qu'aux extrémités de l’Ef-
papne.
Nous nous occuperons maintenant à faite con-
noirre les phénomènes les plus intéreffans que nous
a offerts la vallée du Rhône au deffus & au deffous
de Beaucaire julqu’à la mer.
Toutes les teires qu’on rencontre le long du
cours du Rhône depuis Beaucaire jufqu’ à la mer,
dms l’efpace de huit à dix lieues, font vifib'e-
ment des atn-riffem-ns formés par les dépôts
de ce fleuve, & qu'on nomme crémens dans lè
pays.
Ces crémens different entr’eux par des caractères
affez marqués , les uns étant doux & fertiles
comme tous les dépôts de rivières, les autres
étant falés comme tous les remoux de la mer. Le$
premiers crémens le reconnoiffent très-ai(ëment
a1.1 deffus de Beaucaire, & même depuis Beaucaire
jufqu à la mer, dans les endroits qu’on appelle
IJles du Rhône..
Quant aux crémens falés, on les diftingue de
même à leur ftérilité & à l’amertume du fol. Nous
allons expo-fer maintenant, dans tout leur jour, les
circonftances qui nous paroiffent avoir concouru
aux differens états où fe trouvent ces deux fortes
de crémens.
Le loi des crémens qui environnent la ville de
Beaucaire n’eft élevé que de fix pieds au deffus du
niveau de la m e r fu i vaut la détermination qui en
a été faite par des opérations géodéfîques très-,
fû r e j, & l’epaiffeur de ces crémens a plus de
quinze pieds de profondeur ; ce dont on s 'eft affuré
par la fouille de s puits qu’on a creufés dans leur
ïmffif : d’où il fuit que le fond du crément de
Beaucaire étoit au moins de neuf pieds plus bas
q ie la mer, & que par conséquent la mer a pu j
s'étendre autrefois jufqu’ à ce point avant que les i
aterrifiêmens fulient formés.
Cette conféquenee eft encore confirmée, avec ;
la dernière évidence, par la nature même des crémens
falés, qui n’ont acquis & confervé cette
qualité que parce qu’ils ont été formés dans l'eau
de la mer, où les fubftance-s limoneufes, amenées
& dépofées par le fleuve, ont pu s’imprégner des j
principes falins- & autres qu’y mêloit l'eau de la
mer qui les baignoit pour lors.
■ Ainfi nous devons être convaincus qu’à une
certaine époque l’efpace de la vallée du Rhône,
compris depuis Beaucaire jufqu’ à la mer, étoit un
golfe dans lequel le Rhône fe déchargeoit j &
comme ce fleuve, dans ces points voifins de fon
embouchure aétuelle, a toujours entraîné, dans
fés crues, beaucoup de limon, ce g olfe , occupé
par l eau de la mer, a été comblé par les dépôts
du Rhône, formés furtout à la fuite du refoulement
des eaux du fleuve par les eaux du golfe j
mais comme ces dépôts font l’ ouvrage, de part
& d’autre, d’une longue fuite d’années, il n’eft
pas étonnant que ces terres', en fe précipitant fort
lentement & par petits lits , fe foient chargées des
principes falins & bitumineux que renfermoient
les eaux de la mer.
Si l’on fe repréfente le Rhône débordé & voi-
turam dans ce g o lfe , ainfi que les crémens nous ont
autorifés à l’établir, une quantité d’eau immenfe ,
on conçoit que le courant aétif du fleuve occu-
poit feulement le milieu de la vallée, pendant que
les eaux du débordement s’étendoient à droite &
à gauche, fe mêloienc à l ’eau du g olfe , bz dépo-
foient, à mefure qu’elles raienti{foient leur mouvement,
toutes les fubftances dont elles étoient
chargées, c’eft-à-dire , les fables & les limons ,
avec cette crconftance que les fables & les limons
les plus groflîers fe dépofoient dans les premiers
momens de la grande ceflation du mouvement,
reftoient en conféquenee plus près du courant de
la rivière, le limon le plus fin ayant befoin d’un
plus long-tems pour fe dépofer, l’eau qui en étoit
chargée pouvoit fe porter à une lieue de Beaucaire
, à l’eft ou à l’oueft, avant de former un
précipité j & , fuivant ce fyftème de dépofition,
les endroits les plus éloignés du cours du Rhône
ne recevoienr qu'un très-léger dépôt de limon fin
& délié. C ’eft à toutes ces circonftances que nous
devons attribuer les marais dont le fol eft fi bas,
pendant qu’à côté les bords de la vallée du Rhône
font fi élevés. On a une preuve de cette marche
qu’ ont fui vie les eaux du Rhône, ainfi que leurs
dépôts, en examinant la nature & la difpofition
de ces differens terrains ; car le fol des bords du
Rh one eft beaucoup plus élevé , plus"fabloneux
& plus groflier que celui des marais, qui eft vifi-
blcment plus fin bc formé de matériaux dépofés à
un niveau très-inférieur
On a encore une preuve que l’ eau du Rhône,
avant de former fes dépôts, s’eft trouvée mêlée à
l’eau de la mer. Ces preuves fe tirent de la falure
que ces eaux ont communiquée, plus ou moins
abondamment, à rous ces vaftes dépôts. Tous e s
terrains ont été falés fur la partie du baflîn de la
mer dont ils ont pris la place. On (Croie- que ceux
qui ne le font plus, ont été moins fa és que k s
autres : foit que les inondations furvenues depuis
y aient porté enfuite plus de fel| il s’enfuit qu’ il
y a beaucoup de terrains plus falés que d’autres:
On reconnoît fenfiblement cette falure ou ces
plus grands degrés de falure à deux fymptômes
bien remarquables, & qu’on diftingue facilement.
Le premier eft la couleur brune & l’état d’humidité
qui y régnent pendant les tems pluvieux ,
tandis que les terrains environnans font fecs &
moins colorés en brun.
D un autre cô té , pendant les féchereffes, ces
mêmes terrains plus ou moins falés font couverts
de criftaux falins plus ou moins confidérables j ce
qui rend leur furface toute blanche. Ainfi les terrains
au deffous de Beaucaire ont de quoi fe faire
diftinguer & reconnoître, comme les anciennes
révolutions des embouchures du fleuve & des
inondations de la mef nous autorifent à expliquer
les réfultats tels qu’ils s’offrent à nos yeux dans les
momens préfens.
B É A RN , ci-devant province qui faifoit partie
d’ un gouvernement militaire t elle eft fi tuée au
pied des Pyrénées, & bornée à l’orient par le
ci-devant comté de Bigorre^au couchant par une
partie du pays de Soûle & la Baffe-Navarre , au
midi par les montagnes d'Arragon & de la Haute-
Navarre , & enfin par le Bas-Armagnac & la Cha-
loffe au feptentrion.
Le pays eft montueux, & par conféquent fort
fec. Les plaines y font affez fertiles par l’induftrie
des habitans. On n’y fème guère de froment ni- de
feigle, mais le pays abonde en manioc qui fup-
pîée aux grains ordinaires, & dont ie peuple fe
nourrit. Les coteaux font couverts de vignes, qui
donnant, en certains vignobles, d’excellens vins.
Ceux de Jurançon entr’ aùtres ont la meilleure réputation.
Dans les montagnes de Moncius, il y a
des mines de plomb, de cuivre & de fe r , & quantité
de fapins dont on fait des mâts de navire &
des planches. Dans la vallée d’Oflêau on trouve
des mines de cuivre qui. tiennent un peu d’argent
, & les eaux minérales d’ Aigues-Caudes, très-
fai ut aire s'contre les mauxd'eftomac 8e très-bonnes
pour les plaies. Dans la même vallée, près du
bourg d'Arudy, on rencontre une ancienne carrière
de marbre appelée Yejpalange , & une marne
noire près des villages d’Ogon & deBufy ton voit
a t» flî une mine de p lombappelée foris, paroiffe
de Souze &r A-as, à une lieue de Laruns, fur la
montagne de Habas. Les montagnes de Bslonca.
& de Ludens renferment d’un côté deux mines
de plomb avec de beau ta lc , & de l’autre une
mine de cuivre enfin , on apperçoit plufieurs
filons de ce dernier métal fur la montagne de Mal-
peftre. La fontaine & le puits d’eau falée de la
ville de Saillies s dans la commune de Sauveterre,
fburniffent d’excellent fel au Béarn. & à la Navarre
: il y a une autre fource d’eau fàlée du côté
de Saint-Jean-Pied-de-Port& une troifième à
Revenac. Dans la vallée d’Afpe fe trouvent une
mine de cuivre près du bourg de Bodens, & 1-.-S eaux minérales d’E fc o t, qui font-fort rafraî-
chiffantes & près d’Oléron celles d ’Og.on , qui-
ont les mêmes qualités. Nous parlerons encore des
mines de Bêlions, de Diriré, de Bourrins, toutes
de cuivre aufli & nous y ajouterons celles de
bitume, fi tuées dans les environs de Gaujeac. On
tire du goudron de celles-ci,,& l’on en obtient
de l’àfphalte. Dans une des montagnes, dé ce
pays & des environs, appelée Auvejîa,.on trouve
des carrières de trè s -be.au marbre.. Au refte
lé commerce principal de ce pays confifte dans le
débit qu’on y fait des vins que produit le canton
de Morlaas : ils fouffrent facilement le tranfport, :
Les deux rivières principales,du-pays font nomm
é e s - L ’ une eft le Gavehéaena£si>..ite.l’autre
h. Gave £ Qléron^, Ces rivièr.es.De font goim navi~ ,
gables, mais fort poiffonneufes. Plufieurs ruiffraux
: qui s’y jettent, roulent des paillettes d’or. Nous
; rendrons par la fuite un compte plus détaillé de
plufieurs des objets dont nous avons fait mention:
dans cet article. Cette ci-devant province fait
actuellement partie du département des Baffes-
Pyrénées. Ainfi I on verra reparoître aux article» Saillies, G a u j e a c , Ju r a n ç o n , G a v e s , tou»
les détails qui nous rendent intérefians ces differens
lreax, ainfi que le**rs productions-
BEAUCE : c’eft un pays qui avoit fes Km i tes
dans la partie méridionale de l’Ilt-de-France à
huit ou dix lieues de Paris, & s’érendoit au nord
i de l’Orléanais d’un côté jufqu’à la Lo ire, & de:
l’autre jufqu’à. Btiare. Cette grande contrée pouvoit
avoir vingt-cinq lreues dans fa plus grande*
longueur, & dix-huit dans fa plus grande largeur,
C ’eft un pays de plaines élevées, au milieu desquelles
on ne rencontre aucune montagne, h eit
très-fertile en froment : on n’y voit que très-peu
de vignes- L’ eau courante & les prairies y font
rares j cependant k s pâturages y font excelle ns-.
On y nourrit une très-grande quantité de mou*»
tons. Comme il n’y a prefque ni fontaines ni rivières
, les habitans font obligés de fe fervir de-
citernes & de mares profondes pour confervef
l’eau des pluies. Ils ont néanmoins quelques puit»
extrêmement profonds yattendu-l’élévation du fol^
mais dont l’eau n’eft pas bonne.
La Beauce fe divifoit en pays Chanrain , en
Dunois & en Venuôniois. Nous renvoyons à ce»
articles, & d’ailleurs au département d’ Eure Hz
Loire & à celui de Loir & C h e r , dont la Beauce:
fait maintenant partie,
B EAUCEN, village du déparrementdcsHautes-
Pyrénées*, canton d Argelès. On voit une fource
hépatique dans la vallée de Davantaigue , près de
Beaucen. Les habitans du pays l'emploient en boif-
fon j elle eft fulîureufe , mais- froide j. & comme
elle fe préfente en cette température à.la fortie de
fon rocher, il eft à préfumer qu’elie doit fon re-
frôidiffement à des caufes auxquelles il-eft difficile
de parvenir.
Il y a une mine dé plomb dans un rocher qui
fert de bafe au château de Beaucen, Ce rocher,
formé dé fehifte calcaire, renferme de la pyrite,
de la-galène & de l-’ôcre. Les veines de galène fe
montrent fur une étendue de cinq à fix toi fes. Il
y a de même une mine dé cuivre dans le voifîna°e
de Beaucen au fein-d’ une petite butte nommée
Aigue- S alau
B E A U C H A M P , village du département de
Saône & Lo ire, canton de Gueugnon, commune
de Neuvy à trois lieues de Bellevue-les-Bains,
& à deux lieues & demie de Gueugnon. Il y a dan»
fes-environs, des for ges de fer. for t bien tenues-.