
regard oient comme le pays le plus riche & le plus
beau de l'Univers.
CAPR AJA , petite île adjacente & dépendante
ue l’îie d 'E lbe, dans la mer de Tofcane, entré la
côte de Tofcane à l'orient, & l'île de Corle au
couchant. Son circuit eft de dix-huit milles. Elle
a un fort château pour la défendre contre les
pirates,
CAPRÉE ( lie de ). L'île de Capréc a environ
trois mille cinq cents toifes de long ; elle contient
deux villages, Capri & Anacapri, & environ neuf
mille habitans qui font indufirieux, aétifs, pêcheurs
& conftruéieurs.
La partie occidentale eft abondante & cultivée j
elle produit tout ce qui eft naturel au beau climat
du royaume de Naples.
j Le village ou la ville de Capri eft dans le fond
d’une anfe, défendue par des rochers, & dans une
fituation fort agréable.
; Une roche élevée & d'un efcarpement prodigieux
fépare l'île en deux , & en laifferoitles deux j
parties abfolument étrangères l'une à l'autre fi l'on
n avoir fabriqué un efcalier de cinq cents marches,
par lequel on gravit pour arriver à une plate-forme,
lur laquelle eft bâti un bourg prefqu'auflî grand
& plus riche que celui de Capri j il s'appelle Ana-
capri ou Captée fupérieure, nom que les Grecs lui
avoient donné à caufe de fa pofition fur le fommet
l*ile.
>On affure cjue, dans certains tems de l'année,
les cailles arrivent en fi grande abondance dans
cette belle île , qu'on en prend pour plus de cent
ducats par jour.
CAPSIR. C ’étoit autrefois une petite contrée
du Roulfillon , qui peut avoir quatre lieues dans
fa plus grande longueur, fur deux de largeur.
Quoiqu'nériffé de montagnes, il y a néanmoins de
très-bons pâturages. C'eft dans ce pays que l'Aude
prend fa fource. Capfir fait aujourd'hui partie du
département des Pyrénées orientales.
CAPUSE ( î l e ) , département d uG o lo , arron-
diftement de Baftia, près la côte occidentale de
Pile de Corfe. Elle a environ une demi-lieue de-
longueur, & fait partie de nombreufes dentelures
que préfente cette côte battue par les flots de la
mer & par le vent d'oueft.
CAR AM AN TR AN (Calanque d e ) , département
du V a r , arrondiffement de Toulon, à la côte
feptentrionale de l'île de Porteros, entre la pointe
de la Palu & le rocher de la Galère.
C ARCANS ( Ëtang de ) , département de la
Gironde, arrondiffement de Lefparre, & à quatre
lieues fud-oueft de cette ville. 11 a du nord au fud
tiiois lieues & demie de longueur, fur une lieue
de largeur. C'eft un des étangs des bords de la
mer dans les landes de Bordeaux, & qui ont été
digués par les fables des dunes.
Ç AR C ASSEZ.. C ’étoit un petit pays qui for-
moit l'évêché de Carcaffonne. 11 a environ douze
lieues dans fa plus grande longueur, fur fept de
largeur. Il eft borné, au levant, par l'évêché de
Narbonne j au mid i, par celui d'Aleth s au couchant,
par celui de Saint-Papoul, & au fepten-
trion par celui de Lavaur. L’Aude & le canal du
; Languedoc divifenc cette contrée en deux parties
égales. Le fol n'en eft pas fertile, mais le vin en
eft excellent & abondant. Les habitans y font pref
que tous occupés à carder, à filer & à préparer,
les laines, lefquelles font employées à la fabrication
des draps deftihés pour le Levant. Ce pays
fait partie aujourd'hui du departement de l’Aude.
CARCASSONNE. Dans la Carte de l'Académie
, n°. 19 , CarcaJJonne, on remarque le ruiifeau'
de la paroiffe Miflëgre, lequel fe perd dans un
vallon ouvert. C e ruiffeau a fix cents toifes de
long.
C AR CER , village du département du V a r ,
arrondiffement de Brignoles, près de L'Argence,
à deux lieues de Brignoles. Il y a deux fabriques
de foie. La plaine au deffus de ce village offre, fur
les bords de la rivière d'Argens, une couche im -i
rrtenfe de marne à très-peu de profondeur, & qui
pourroit fervir à l'engrais des terres voifines.
C AR EN T AN , ville du département de la Manche
, arrondiffement de Saint-Lo, à trois lieues de
la mer. Cette ville eft fituée dans des marais qui la
défendent contre toute attaque. Le climat, quoique
humide, en eft affez dou x, & le te r r ito ire ,1
entre coupé de bois , produit beaucoup de fruits
& unè grande quantité de^graïns, dont les habitans
font commerce , ainfi que de cidre, de chanvre,
de lin, de m iel, de beurre falé, de poifton de mer,
de beftiaux & de chevaux. Cardan a'd’ailleurs des
manufactures de dentelles & de toiles de coton.
| CAR EN TOIR, village du département du Morbihan
, arrondiffement de Vannes. On trouve dans ■
cette commune, au lieu dit la Coffais, des criftaux
blancs tranfparens, fouvenc héxagones, & q ui,
étant tailiés, approchent de ceux du Rhin.
C AR G A V IR A CO , volcan de la Cordilière, du
Pérou-, écroulé en11698, & qui, d$ns cette érup.
tion, ayant produit une grande fonte de neiges,
occafionna une. inondation cohfidérable. Cette
maffe volcanique eft un prolongement de Chim-
boraco vers le nord. Les feules pointes de fon
fommet font couvertes de neiges, & il a , par une
I fuite d’éruptions, éprouvé de fi grands affaiffe-
\ mens , que fa hauteur n’eft plus que de deux mille
quatre
quatre cent cinquante toifes au deffus du niveau
de la mer.
• Ce fut à la fuite de ces événemens, qu'un tremblement
furieux renverfa la petite ville de Lata-
conga, & plufieurs bourgs & villages, jufqu'à
Ambato. Une montagne fort haute prefqu'adja-
cente à Chimboraco , s'écroula de même que d’autres
moins élevées qui étoient fur la même ligne.
Il en fortit une fi grande maffe d'eau , qu'il y eut
une inondation terrible dans les environs, fi l'on
peut nommer inondation des terres éboulées qui
fe délaient & qui fe convertifîent en boue, mais
en boue àffez liquide pour couler fous la forme
de ruiffeaux & de rivières dont on voit encore les
veftiges. Cargaviraco, la plus haute de ces montagnes
, n'a plus maintenant qu'une hauteur médiocre.
D’autres s'écroulèrent en partie ; une moitié
tomba, & l’autre fubfifta avec un talus qui la
rendit inacceffible du côté de l’éboulement. Le
fommet de l'une de ces montagnes, nommée
Pugnalic, préfenta à Bouguer une infinité de différentes
crevaffes qui l’obligeoient de marcher avec
précaution , & il lui parut que la terre y étoic
d'une extrême Iégéreté. Cargaviraco > en perdant
fa hauteur, a pris une forme conoïdale très-aplatie.
Quoiqu’il s'en manque beaucoup au'il n'atteigne
la ligne de niveau qui paffe par le bas des neiges
des autres montagnes, il a néanmoins fon fommet
continuellement neigé. Il forme feul une exception
bien marquée. On vit des . champs entiers &
plantés d'arbres fe détacher, & paffer à quelques
lieues de diftance. Le malheur de Lataconga principalement
fut extrême. Des familles entières furent
enfevelies fous le même to it , & il n’y eût
abfolument aucune maifon où on n’eût à pleurer
la mort de quelqu'un. Cette terrible fcène arriva
le 20 juin 1698 , vers une heure après minuit, &
prefque tout le mal fut caufé par la première fe-
couffe.
C A R H A IX , ville du département du Finifterre,
arrondiffement de Châteaulin. Cette ville eft darts
une contrée fertile , particuliérement eh pâturages.
Il y avoit une collégiale très-ancienne. La
pierre dont font conftruits les clochers eft d'un
granit très-fin. On y voyoit une tombe de Kerfan-
ton, qui étoit célèbre. Cette pierre prend le poli,
& eft fort dure. Les environs de Carhaix offrent
des champs bien cultivés. Le gibier en eft excellent.
Près de cette ville fe trouvent les deux mines
de plomb de Poulavren, qui donnent plus d'une
livre d’argent par quintal. Çes mines fe tirent des
lieux nommés Bérien , Sarugnat, Lafeuillée, Carnot
& Loquefré.
CARLSBAD eft une petite ville en Bohême,
remarquable par des fources d’eaux chaudes. Elle
eft fituée dans un fond, entre deux montagnes fort
élevées. Une rivière, nommée Toppel, la traverfe
Géographie- Phyjique, Tome 111•
du fud-eft au nord-oueft. La principale fource for t,
du côté du nord, à vingt pas environ de la rivière,
& à cinq ou fix pieds de la furface de l'eau. Elle
s'élance, d'un tuyau de bois, avec une force con-
fidérable j ce qui lui a fait donner le nom de
Sprondle , c'eft-à-dire , de Fontaine furieufe. Elle
vient de la montagne qui eft de l’autre côté du
vallon, & paffe deffous la rivière dans un canal
qu’elle s'eft formé elle-même avec le fédiment
de Tes eaux. C'eft ainfi qu'elle parvient jufqu’à
l'endroit d’où elle fort. Il arrive quelquefois que
cet aqueduc fe remplit & s'obftrue par le tu f , de
manière qu’ il crève, & que le cours de la fontaine
fe trouve interrompu. L'eau fe répand pour 1ers
dans'la rivière ; ce qui oblige les habitans à fa re
de grandes dépenfes pour réparer cette conduite.
On prévient cet accident en nétoyant, tous les
ans , l’aqueduc, & en l'ouvrant dans les parties
voifines de la fontaine. Cette fource forme, la
long des bords de la rivière, de grands maffifs de
tuf, compofés de couches de différentes couleurs.
Ce tu f eft fort compare & d'un grain ferré, de
manière qu'il peut prendre un beau poli. 11 y a
quelques années qu'en creufant, pour les fonde-
mens d’une églife, quarante ou cinquante pas plus
haut fur le penchant de la montagne, on trouva
une grande quantité de ce tu f qui é to i t , en plufieurs
endroits, dans, un tel état de deftruétion,
qu’il reffembloit à de l ’argile > ce qui força de
creufer plus avant pour trouver un fol plus foiide.
On tira de cette excavation une grande quantité
de pifolithes, compofées de la même matière que
le tu f , mais d'une ftru&ure différente. Le tuf eft
formé de couches planes j les pifolithes font des
corps globuleux formés de couches concentriques.
Il y a de ces globules qui ont plus d ’un pouce
de diamètre 5 mais plus communément ils font de
la groffeur d'un pois: on en trouve parmi quelques
uns qui n'ont que le volume des grains d'un
Tablé fin.
Le long de la rivière Toppçl il y à plufieurs
autres fources d'eaux chaudes qui diffèrent entre
elles, ainfi que de la fontaine Sprondle. La plus
remarquable eft celle qu'on appelle la Fontaine du
mouliny qui contient beaucoup moins de matière
crétacée que l'eau de la fontaine Sprondle, & dont
l'eau eft beaucoup plus douce.
Ces fources ont différentes origines. II y a grandeapparence
que la fource principale fe divife, dans
le corps de la montagne, en plufieurs filets d'eau.
Outre cela, on préfume que plufieurs de ces ramifications
q u i, félon la nature des lieux où elles
paffent, s'emprégnent de différens principes, les
dépofent enfuite plus ou moins abondamment,
fuivant quelles font plus ou moins froides. L’eau
de la Sprondle en eft fi chargée, quelle recouvre,
en peu de jours, les corps qu’on y dépofe d'une
couche de tuf fort épaiffe, & d’une couleur jaunâtre.
Quand on met de cette eau dans un vafe,
elle fe couvre bientôt d’ une pellicule femblable à '