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fermés par des portes que Ton n'ouvre qu'à mer
haute, pour faire entrer ou fortîr des vaiffeaux au
moment où la mer étale : les Anglais les appellent
dry dock, bajfin qui afse'che, & en général bajfin,
ou b afin ou bafon. On donne auffi la dénomination
de bajfins aux formes, bafin o f a dock ou dry dock,
qui font des foffés creufës dans la terre à une profondeur
au délions du niveau de la Haute-mer,
dans lefquels on introduit des vaiffeaux pour être
radoubés; quelques-uns fervent pour des conf-
tru&ions entières.
BASTENNES, village du département des Lanc
e s , canton. d’Amon. Le territoire de ce village
roduit une efpèce de terre qui a la propriété au
itume quand on l'emploie avec le b o is , & du
ciment quand on l'unit à la pierre. On la pétrit
aifément comme on pétrit le bitume échauffé, &
cependant, comme lui, elle ne s'attache pas aux
doigts. Elle eft impénétrable à l’eau, qui ne la
décompofe point. On s’en fert avec füccès pour
Iceller les vafes qui contiennent quelques liqueurs.
On peut en ufer comme du manie, & c’eft fur-
to ut pour lier les pierres dans la maçonnerie, qu'elle
eft d’ un précieux ufage. Elle acquiert à l'air &
avec le tems une telle dureté, qu'on ne peut plus,
dans les démolitions, féparer les pierres que cette
terre a unies, & qu’on eft obligé de les brifer. Il
faut dire qu'il y a une mine d afphaîre & de bitume
dans les environs, 8c qui peut être co’nfidérée
comme le foyer de cette terre. On voit encore
fés veftiges des anciennes fouilles faites fur cette
mine, & les ruines des anciens fourneaux.
B A ST IA , ville & chef-lieu du département du
G o îo , fur la côte orientale de la C o r fe , avec un
bon port & un fort château , qui eft établi fur un
fol appelé Terra-Nova. Les environs font fertiles
en froment, en v in , & un grand nombre de fources
ne permettent pas à la féchereffe d’affliger ce terrain.
Près de Bafti a on trouve une forte de minéral
appelé vulgairementpetra quadrata, qui, fous cette
forme carrée, a prefque la dureté du marbreavec
la couleur du fer & le poids du plomb. Notis entrerons
dans de plus grands détails fur ce pays à
l’article de la Corse.
BASTIDE DE C LARENCE ( l a ) , ville du département
des Baffes-Pyrénées, arrondiffemenr de
Bayonne. Le territoire de cette ville renferme une
mine de cuivre fituée fur la pente méridionale d’une
ravine creufée par le ruiffeau d’Arreftfchoulegui.
On y a rencontré, dans des bancs de fehiftes argileux
inclinés au nord, une veine, dont la pente
à l’oueft, compofée de quartz, de fpath & de
rocher calcaire, mêlés de belle mine de cuivre
jaune & de mine de fer fpathique qui coupe le
banc de fehifte fans épontes diftinétes. ■
Ce même territoire renfermé encore une autre
mine, appelée U fiel y. Celle-ci eft la plus confidé-
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rable par la bonté 8c la puiffance de fon filon , qui
produit une mine de 1er fpathique blanche pure,
fur trois toifes d’épaiffeur.
Bastide de Seron , ville du département de
l'Arriège, arrondiffernent de Foix. Cette petite
ville ne contient qu’une forge. Dans le voinnage
il y a plufieurs ruiffeaux aurifères. Le ruiffeau de
la Beoufe, fitué à quatre cents toiles nord-nord-
oueft de li Bafiide, eft à fec lorfqu'il ne pleut pas.
Il a formé une ravine dont les bords offrent ùnè
argile rougeâtre, une argile grife, & des cailloux
roulés quartzeux 8c fehifteux. Cette ravine eft
d’ailleurs entourée de terres fortes, propres au
labour. L’argile grife eft d’une très-bellè couleur :
on s*en fert pour peindre les maifons. Les verreries
d’Arbas, de Pointis & de Sainte-Croix en viennent
chercher pour la compofition de leurs creu-
fets. Cette terre eft mêlée de fragmens de jay.et,
difperfés 8c point en veines.
Sur le revers de la côte de Beoufe eft le ruiffeau
d eT a lio l, qui eft aurifère, 8c dont les produits
font entièrement femblables à ceux du ruiffeau de
la Beoufe.
Le ruiffeau de Pitrou, près de la métairie de.
Mazelles ou Mazères, eft également aurifère.
En montant la côte de la métairie de Sourre,
. on trouve un filon de mine de cuivre qui traverfe
■ lei chemin. Au deffus 1 en montant la côte & fur
des rochers dont il y a de grandes parties couvertes
de vert de montagne, on a fait une ouverture
au milieu sd'un fpath pefant. Dans le même
quartier, nous ajouterons qu’on a découvert, en
1749, les mines d’argent & de cuivre de Méras &
de Montegalle.
Bastide des Jourdans ( l a ) , village du département
de Vauclufe, canton de Pertuis. Le
territoire poffède des moules d'eau douce 3 perles :
il y a auffi des couches de Alex ou pierres à fufil
au milieu des pierres blanches & tendres.
Bastide de Congoust, village du départe*-
ment deJ'Arriège, canton de Mirepoix-fur-l’Eers',
à trois lieues fud-fud-eft de Mirepoix : il y a des
manufactures de jayet.
BAT ( Roc du ) , montagne du département des
Hautes-Alpes, arrondiffernent de Briançon, à deux
lieues un quart fud de Ville-Vieille : elle a du
nord-oueft au fud-eft un quart de lieue de longueur.
- Bat ( la ) , rivière des Baffes-Pyrénées, arron-
diffement de Pau. Sa fource fe montre à une lieiie
deux tiers nord-oueft de Nay, puis cette rivière,
coule au nord, & fe rend dans l’Asbareits après
une lieue de cours.
BATAILLE ( l a ) , rivière du département du
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Var > arrondiffernent de Toulon. Sa fource, à une
demi-lieue du Roc-Rigaud, coule au fud-oueft ,
puis au fud-eft, paffe à un tiers de lieue fud-out ft
de Bormes, 8c fé jette dans la mer, a une lieue :
fud-eft de Bormes, fur la plage de la Vielle.
BATAVIA ( Ville de). Batavia, la capitale des
domaines hollandais dans 1 Inde, a laquelle on ne
peut comparer aucune autre ville des poffcflions
européennes en A fie , eft fituée fur le cote fep-
tentrional de 'file de Java, dans une plaine baffe
& marécageufe, ou plufieurs petites rivières, qui
prennent leur fource dans les montagnes, à^environ
quarante milles dans l’ intérieur du pays, débouchent
dans la mer, & où 3a côte forme une baie
appelée Baie de Batavia, à huit lieues du détroit
de la Sonde. Elle gît par 6 deg. 10 m. de latitude
fud, & par 106 deg. 50 m. de longitude oueft
( méridien de Greenwich ).
Les Hollandais femblent avoir choifi ce terrain
pour la commodité de la navigation intérieure, 8c
a cet égard c’eft véritablement une fécondé Hollande
, fupérieure à tous les autres endroits du
Monde. Le havre de Batavia paffe pour le plus
beau de l’ Inde, 8c c’eft avec rai fon. Il eft affez
vafte pour contenir la plus grande flotte, & le
fond en eft fi bon, que l’ancre y tient jufiju’à ce
que lè cable pourriffe. La mer n’y eft jamais incommode,
& il n’a d’autre inconvénient que le
bas-fond qui eft entre la rade & la rivière. Quand
la bife de mer foufle frais, elle produit une mer
moutonneufe, dangereufe pour les bateaux. En dehors
8c autour du havre il y a plufieurs îles que
les Hollandais confacrent à différens ufages : dans
l'une, on y relègue les coupables; dans l’autre,
on y a établi des magafins : il en eft une que l ’humanité
a fait thoifir pour y fonder ùn hôpital, où
les malades refpirent un air plus falubre qu’à Batavia.
. . .
Le climat de ce pays eft très-chaud 8c fi maî-
fain, qu’en peu de tems les vaifTeaux .qui y abordent,
éprouvent lès malignes influences. Plufieurs
caufes ajoutent à fes effets naturels, & on les indiquera
dans la defeription de cette ville célèbre.
. Batavia eft bâtie d’une manière convenable à
fon degré de latitude. Les rues font fpacieufes &
belles, & les bords des canaux font plantés de
rangées d’arbres qui forment un charmant coup-
d’ ceil ; mais les canaux 8c les arbres concourent à
rendre cette ville tnal-faine. L’eau ftagnante des.
canaux exhale , dans la faifon fèche, une puanteur
infupportable, 8c les arbres empêchent le renouvellement
de l’air qui pourroit difftper, jufqu’ à un
certain point, les émanations putrides. L’inconvénient
eft égal dans la faifon pluvieufe ; car alors
ces réfervoirs' d’ une eau corrompue l'ortent de
leurs lits, inondent la partie baffe de la v ille , 8c
rempli fient les étages inférieurs des maifons , où
ils laiffent une quantité d’ordures & de vafe. On
nétoie quelquefois ces canaux ; mais cette opération
mal faite entraîne des fuites aüffl funefles que
fi on y laiffoit une eau croupiffante. La boue qu’ oh
tire du fond & qu’on laiffe fécher fur les bords
dès canaux, étant.compofée du détriment des matières
animales, empoifonne l’ air à une diftance
confidérabie. Les eaux courantes elles-mêmes font
nuifibles, a leur tour, par la mal-propreté des
habi taris, qui traînent de tems en tems fur le r ivage
les animaux morts de maladie, 8c les y laiffent
jufqu’ à ce qu’ils foienc confuinés ou qu’une
inondation les entraîne plus loin.
Le pays des environs de Batavia, dans un e-fpace
de quelques milles, eft femé partout de maifons
de campagne 8c de jardins. La plupart de,ceux-ci
font très-grands, & , par une étrange fatalité, ils
font tous plantés d’autant d’arbrt s que le terrain
peut en contenir, de forte que l’île ne tire aucun
avantage d’avoir été débarraffée. des bois qui la
cou vt oient-autrefois, fi l’on en excepte les fruits
que lui procurent ies arbres fubflitués aux anciens.
Ces impénétrables forêts.occupent un terrain plat,
qui s’étend à plufieurs milles au-delà des jardins,
oc qui eft entre-coupé par des rivières & des canaux
navigables pour les petits bâtimens. Ce n’eft pas
encore le plus grand inconvénient : tous les champs
8c jardins font environnés d’un fo lié , Ife, au milieu
des terres truies en Culture, on trouve partout
des marais, des fondrières 8c des amas d’eaux fau-
mâtres.
Il 11’eft point étrange que les habitans d’un pareil
pays foient familiarifés avec la maladie 3c la mort;
ils prennent des médecines de précaution pref-
qu’auffi régulièrement que des repas, & chacun
attend le retour des maladies comme nous atttn-
I dons les faifons de l’annee. On ne voit pomt à
Batavia un feul vilage qui indique une fanté parfaite
: les joues des hommes 8c des femmes ne
font animées d’aucune couleur. Les perfonr.es du
fexe feroient pourtant très jolies fi , avec up ai r
de maladie, on pouvoit avoir quelque beauté.
L’idée de la mort, fi affligeante en general , ‘ne les
affeéte en aucune manière, 8c l’on en parle avec
autant d’ indifférence que dans un camp.
Il y a peu d’exception à la defeription que l’on
vient de faire des environs de Batavia. Tout le
terrain eft plat, fi l’on excepte une hauteur qui
s élève à peu près d’une trentaine de pieds au
deffus de la plaine. Le pays , dans une étendue de
trente à quarante milles, eft exactement parallèle
à 1 horizon. Pâlie cette diftance, il y a deux collines
d’une élévation cor.fidérabir, ou Ton dit que l ’air eft
fain & frais relativement à celui des bords de la côte.
Les végétaux d’Europe, & en particulier les frai fes
qui ne peuvent fupporter la chaleur, y croiffent
fort bien. Les Infulairés qui habitent ce canton y
font vigoureux, & ont des couleurs. Qutlques-
uns des principaux perfonnages de Batavia poffé-
dent des maifons de campagne fur ces collines,
où ils vont une fois par année réparer les torts
que caufe à leur phyfique l’air dangereux qu’on