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toute l'étendue de fon baffin, communique à la ?
Méditerranée par le canal de Martigues. On y
Taie, chaque année, jufqu’à quatre cents quintaux
ci anguilles, fans compter celles qu’on mange fraîches.
On y fait encore près de quarante quintaux
de boutargue, efpèce de fa u ci (Te compofée d’oeufs
de poilfon falés, féchés au foie il. (
BERRIEN, village du département du Finif-
terre, arrondi(fement de Châteaulin. On élève des 1
moutons dans Spezel & Berrien. Les porcs y font ;
fort nombreux. Il1 y a une mine de plomb près de
cette commune. {
BERROG AÏN, village du département des ;
Enfles- Pyrénées , arrondiflement & canton de j
Mauléon, à trois quarts de lieue de cet endroit. \
11 y a des couches de terre argileufe friable près j
de ce village.
I
BERRU, village du département de la Marne, i
an ondoiement de Rheims, & à deux lieues de I
•cette ville. On trouve à Berru une fource d'eau ]
minérale. Cette eau, d’après les obfervations des i
officiers de fanté, eft très-falutaire pour les maia- I
dies chroniques. Il y.aaufli une fontaine qui donne
une eau fenugineufe, laquelle dépofe beaucoup
d'oxide de fer. ^
Je confidère suffi Berru comme une île terrellre
ou continentale y fituée dans le voifinage de la ville
de Rheims. Cette île m’a paru fort intéreffanre,
ainfi que deux autres, celles de Brimont & de
Prouva y , dont je parlerai à leurs articles particuliers.
On retrouve dans le maffif de Beau le
fyflème de toutes les-couches qui cornpofent la
montagne de Rheims, établies fur la même bafe
crayènfe. Je crois être autorifé, d'après cette confédération,
J conclure que cette île eft une portion
du maffif qui l emplilfoit autrefois la plaine de
Rheims, & q ue , par conféquerit, c'éft un témoin
qui fubfifte au milieu des déblais confidérables que
les eaux ont faits dans toute l’étendue de ce baflîn.
( Voye^ Bassin de Rheims ) Nous avons figuié
cette île dans la Carte où fe trouve tracé le tràdhis
de la craie fuperficielle de la Champagne.'Nous
renvoyons à cette Carte pour qu'on puiffe faifir
la fïtuaiion de cette île terreftre, relativement aux
différentes parties du baftîn de Rheims (Feuille 30,
N°. 79 de la Carte de France ), & l'arrangement
des matériaux qui font entrés dans fa compofition.
Nous allons maintenant faire connoître tous ces
matériaux . & l'ufage qu'on en fait.
En parcourant la plaine baffe qui conduit de
Rheims à Cernay , on trouve un fol formé de débris
de craie, mêlés de terres jaunes & de fables
tranfportés des hauteurs de Pile de Berru. Les
vignes de Cernay, furcout les baffes vignes, font
■ établies dans ce fol. On les marne , comme toutes
les autres vignes du baflîn de Rheims, avec des
terres qu'on tire de certaines couches. Le vin de
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Cernay efüeflimé, furtout celui qu'on récolte dans
les clos où la vigne a le pied au milieu de la
craie.
Au-delà du village de Cernay, on trouve les
premières rampes qui conduifent au fommet de la
montagne, 8c fur lefqueiles fe montre d'abord le
maifff de la .craie, en partie à découvert, 8c en
partie recouvert par les marnes & les autres fubf-
tances terreufes entraînées des hauteurs par les
eaux pluviales.
En continuant de monter, on trouve fur cette
bafe cràyeufe, en couches fui vies 8c dans l’ordre
que nous allons indiquer en commençant par le
haut, i° . des fables & des débris de meulières;
plus bas, de la rouffette compofée de gros fables
liés enfemble par une mine de fer : ceci reffemble
a 1 alliofte des landes de Bordeaux, 8c à la rouf-
fètte du Maine. Au deflous eft un lit de fables
purs; enfuite viennent quelques couches de terres
noires, fépcirées par de petits lits de fables jaunes
fpathiques. La première couche de terres noires
eft par lames inclinées à l'horizon ; plus bas vient
une couche de terres noires mêlées de cames, de
viffes, de rouleaux 8c d’autres coquilles marines ;
enluite celle des terres noires inflammables; puis
un lit de fables jaunâtres, auquel fuccèdent une
couche de terres noires vitrioliques, un lit de
fables, & enfin un lit de marnes jaunâtres.
Tels font l’ordre & la difpofition relative des
matières qui entrent dans la compofition de l'île
ou montagne ifolée de Berru, lefqueiles fe voient
à découvert fur les faces dé l'excavation profonde?
où Pon exploite les terres noires inflammables,
les marnes dont on fait ufage pour l'engrais des
vignes, & des terres qu'on confacre aux prairies
artificielles.
Pour exploiter les terres noires inflammables ,
on les tranfporte avec des brouettes, 8c on les
diftribue, au centre de l ’excavation 8c autour d'un
noyau de terres déjà brûlées, fur des lignes concentriques
, & on y met le fèu. Lorfqu'une de ces
ceintures concentriques eft bien enflammée, on la
recharge d'une nouvelle couche en commençant
par le bas , & , à mefure qu’on Pelève davantage ,
le feu qui s'eft communiqué, gagne toute la malle
par ues progrès affez rapides. Cette combuftion
uécompofe les pyrites martiales, qui fe trouvent
en très-grande quantité dans les terres noires :
aufiî voit-on, a la furlace des terres qui brûlent,
une croûte de vitriol martial calciné à blancheur*
& quelques parties de foufre qui n'ont pas été
détruites. Lorfqu'après la combuftion on remue
les îéfidus, on .y trouve, non-feulement des cendres
& des terres argileufes plus ou moins cuites,
mais encorfe des terres noires qui, en grande partie
j ont réfifté entièrement à la combuftion, Sc
qui jettent encore de la fumée. On met à part les
fubftances terreufes qui font réduites en poudre, 8c on en fepare les argiles cuites dont on forme
; des tas : elles éprouvent en cet état, par Paétion
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d'e l’air, une comfninution fort grande , en ccnfé-
quence de laquelle on peut les mêler avec les
autres principes terreux bien divifés dont nous
avons par’é.
Je dois faire obferver ici que le vitriol martial
fe montre, en très- grande quantité , dans les couches
naturelles des terres noires qu'on exploite,
& qui reftent quelque tems expofées au foleil : il
paroît, à l'extrémité de ces couches, en croûtes
aflfez épaiffes de criftaux verdâtres, & il y a grande
apparence que c ’eft en partie ce fel qu'on voit
calciné à blancheur, comme je l’ ai dit, fur les tas
des réfidus de la combuftion des terres noires. On
ne profite pas de ce vitriol criftallifé ainfi naturellement
; cependant on retireroit peut-être du profit
de le dépurer & de le faire criftallifer fuivant les
procédés connus.
Les eaux qui pénètrent les couches de terres
noires vitrioliques, & dont on fe débarrafle par le
moyen d'une tranchée profonde, font chargées
du même fel vitriolique, & dépofent un peu de
terres martiales produites par la décompofition de
ce fel. C'eft avec des morceaux enflammés de la
couche la plus profonde des terres noires qu’on
met le feu aux amas des zones concentriques. Au
deffus eft la couche de terres noires renfermant
des coquilles marines , & dont on fait ufage pour
marner les vignes. Enfin , c’eft dans la couche fupé-
rieure & épaiffe de ces terres noires que fe voient
les criftaux verdâtres de vitriol martial.
Les vignerons des environs de Berru enlèvent
les fables jaunâtres 8c les terres noires qui renferment
des coquilles marines, les mêlent en parties
égales, & après que ces mélanges ont féjourné,
pendant quelques mois, au bout des vignes, ils
s’en fervent pour les marner. On fuit à R illy , &
dans les vignobles limitrophes de la bordure du
baflîn de Rheims, la même méthode d'engrais,
parce qu’on trouve dans toute cette bordure les
mêmes fubftances terreufes, & la même diftribu-
tron par couches qu’ à Berru.
La conftitution de l’île de Berru fe raccorde ,
non-feulement avec celle des côtes élevées de la
montagne de Rheims, mais encore avec celles de
Montaigu & des environs de Laon : auffi tire-t-on
de ces mêmes lieux des terres dont on fe fert éga-1
lement pour amander les vignes. C eci prouve combien
ces trois fols fe raccordent, malgré leur éloignement
& leur réparation, par de larges baflîns
& de grandes vallées. On voit qu'ils formoient
autrefois un maffif continu 8c organifé de la même
manière fous la mer, puifqu'on retrouve les traces
du même travail, 8c des dépôts femblables, dans
la montagne de Rheims, à l'île de Berru, & le
long des côtes de Montaigu à Laon.
Ce ne font pas feulement les terres, dans leur
état naturel, qu'on emploie à l’engrais des cultures
: on v ien t, de tous les environs de Rheims ,
enlever les réfidus de la combuftion des terres
noires de Berru, fous le nom de cendres de Berru ,
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pour fertilifer les terres à fond de craie &r autres
qu'on deftine aux prairies artificielles, & la ref-
fource de cet engrais précieux contribue chaque
jour à multiplier, dans la Champagne cràyeufe ,
les cultures de ce genre. J’indiquerai comme une
induilrie correfpondante déjà connue depuis long-
tems, les mêmes terres'inflammables vitrioliques
réduites en cendres, comme à Berru, dans les
environs de Laon , 8c lervant au même ufage.
Comme l'amas de Berru eft le plus éloigné de
tous, on rire de ces cendres à plus de douze à
quinze lieues de Rheims, 8c ce débit foutenu attelle
plus que tout rationnement les bons effets de
cet engrais.
Cependant il eft aifé de voir que cet engrais ,
contenant des cendres, doit produire le même effet
que le mélange des terres bien divifées.Cequi refte
des terres noires naturelles qui a échappé à la combuftion,
peut être confidère comme un fumier de
débris de végétaux. Ajoutez à cela les terres cuites
argileufes, qui , fe mêlant à la craie, la divifent
& i'ameubliflent comme nous voyons que cela a
lieu dans l'écobuage. Ces terres cuites ont outre
cela la propriété de fe pénétrer d'eau aiiement
pendant l'humidité , & de la retenir affez long-
tems & affez abondamment pour fournir aux be-
foins des plantes pendant la féchereffe.
Telle eft à peu près la petite théorie que je me
fuis faite des bons effets de cette forte d'engrais,
& des différentes fubftances dont il eft compofé.
On doit fentir que la combuftion le rend bién plus
propre à l'amélioration des terres crayeufes , qu'il
ne le feroit dans fon état naturel de fumier ; au
lieu que, pour la vigne , le mélange des fables jaunâtres
fpathiques avec les terres noires coquillières
difpenfe de brûler ces dernières, qui font fuffifam-
ment divilées par les fables, & même par une petite
addition des fumiers qui s'y fait. C et engrais
entretient les vignes dans un état continuel de
verdure jufqu'à la maturité des raifins ; ce qui donne
une bonne qualité aux raifins, qualité que ce fruit
perd lorfque la vigne fouffre l’alternative des températures
humides & fèches.
Je renvoie à l’article du Bassin de Rheims
pour ce qui concerne ces îles terreftres & les
autres inégalités du terrain. En attendant j'indi-
nerài les îles terreftres les plus confiderables qui
gurent à côté de celle de Berru, 8c qui pourront
faire connoître ces différentes formes de terrain,
lefqueiles fe préfentent à la furface de nos plaines.
D'après cette lifte on pourra prendre une idée des
motifs qui m’ont engagé à introduire dans la Géographie
Phyfique la nomenclature nouvelle des lies
j terreftres, laquelle donne lieu de noter des collines
intéreflantes qu’on avoit nég’igées jufqu’à prêtent,
foit fur les Cartes topographiques , foit dans la
defeription des di ver les contrées.
Je trouve d'abord , fur la planche de Rheims,
j les trois îles de Prouvai. de Loye ou Brimont y &
? de Moronvilliers, dont les enceintes font bien