
fes méditations, & crut pouvoir former un? nouvelle
hypothèfe. C ’eft alors qu’en comparant en-
femble les obfervations faites fur la variation de
la déclinaison, il a cru pouvoir décider , i° . que,
de quelque caufe que puiffent provenir ces variations
, la force de l'aimant doit avoir une marche
d’orient en occident ; i ° . que ce mouvement ne
fe fait pas brulquement & par faut, mais qu il eft
graduel & continu, puifque la déclinaifon de l’aiguille
change partout régulièrement & par degrés*
3°. que la caufe de ces effets doit être très-puif-
fante, puifqu’elle eft capable de produire un effet
femblable dans des lieux fort éloignés 5 40. q ue ,
comme on ne connoît aucun fluide qui ait tant foit
peu de vertu magnétique, il n’ eft pas probable que
la variation de la déclinaifon vienne du mouvement
d’aucun fluide qui circule dans les entrailles de la
Terre. | ,
Il réfuîte de tout ceci , fuivant les dernières
idées de M. Halley, qu’un certain corps folide &
grand , contenu dans la T erre , & léparé de tous
côtés , comme ayant un mouvement qui lui eft
propre , & renfermé comme une amande l’eft
dans un noyau, tourne circulairement de l’eft à
l’oueft, par où il eft aifé d’expliquer les quatre
pôles magnétiques attribués ci-deffus a la 1 erre.
Il fuffit d’en donner deux au noyau & deux à l’enveloppe
extérieure ; & comme les deux premiers
changent continuellement de fituation par leur
mouvement circulaire, leur vertu, comparée avec
celle des pôles extérieurs, doit être différente en
différens tems, & confequemment la variation de
l'aiguille, modifiée par ces forces , doit changer
perpétuellement.
M. Halley attribue au noyau le pôle du nord
d’Europe & le pôle du fud d’Amérique * il a cru
cette fuppofltion nécefîaire pour expliquer la variation
de la déclinaifon que 1 on éprouve près de
ces lieux, & qui eft beaucoup plus grande que dans
le voifinage des deux autres pôles. Il va plus loin *
il conjecture que ces pôles finiront leur révolution
dans le période de fept cents ans, & qu apres ce
tems les pôles reprendront la même fituation qu’ils
ont à préfent, & qu’ainfi les variations dans h
déclinaifon de l'aiguille aimantée feront les mêmes,
partout le globe , qu’elles font a jr-éfeiat * de
forte qu’il faudroit plufieurs fiècles avant que tous
les points de cette théorie fulient établis & confirmés
d’après 1 expérience.
Pour expliquer la révolution circulaire du noyau,
il penfe que le mouvement journalier, étant iîn-
primé du dehors , ne fs communiquent pas affez
exa élément aux parties intérieures* qu’elles rectifient
par cette impulfion la même vice fie de rotation
que les parties extérieures^: d’où il rélultoit
que le noyau magnétique, étant laifié en arrière par
l ’enveloppe extérieure , fembloit fe mouvoir lentement
dans une direction contraire ou de l’oueft
à l'eft par rapport à la marche de cette enveloppe,
qui va de l’eft à l’oueft.
DÉCOMPOSITIONS DES PIERRES. C ’eft
furtout dans les pierres volcaniques que j’ai été à
portée de remarquer ces fortes de décompoftions ;
car tous les agens atmofphérîques y ont imprimé
chaque jour leurs effets : j ’ai été furtout à portée
d’y reconnoître l'aétion du tems. C ’eft là un des
principaux élémens de mes époques des volcans :
c’eft par les décompoftions que j’ai déterminé les
époques, bien convaincu que le tems avoit contribué
aux différentes nuances de ces décompoftions
, à leurs multiplications, à leur étendue.
Il y a encore une circonftance particulière qui
s’eft montrée parallèlement à ces décompoftions :■
ce font les déplacemens qui s’en font fuivis * air,fi
nous trouvons tranfportés fur les hauteurs les dé-
pôrs qui ont occupé primitivement ies fonds des
vallons anciens.
C ’eft en fuivant ces mêmes confidérations qüe
je puis indiquer beaucoup de contrées femblabiés
à celles des environs de Rochefort, parce que des
changemens femblables s’y font opérés dans le
même ordre que le fyftème des vallons nouveaux
ont fuccédé aux vallons anciens, & que toutes les
formes fe trouvent indiquées dans les cartes que
j’ ai publiées.
C ’ eft aufiï dans les pays de l’ancienne' terre que
s’obfervent ies décompoftions des granits rayes ,
des gneff, des fehiftes. Il r é fu l t e d e ces débris,
des terres végétales fort abondantes. C ’eft à la fuite
de ces décompoftions qu’en Limoufin on rencontre
ces terres végétales dans toutes les centrées où
dominent ces granits rayés, qui font furtout com-
pofés d ’un feldfpath, fur lequel agit très-for te ment
l’humidité de l’atmofphère.
DECOURS (Canaldu), département du Nord.
Il tire fes eaux des marais de la Scarpe , entre
l'Allaing de Vred , communique au canal de Mar-
chiennes , qu’ il traverfe, & , fuivant fon cours dans
les marais, va finir au deffus de Saint-Amant dans
des ruiffeaux qui fe rendent dans la Scarpe à Thun.
Il a quatre lieues de longueur.
DÉGEL. 11 feroit fort utile de déterminer à quoi
peut appartenir le dégel. Je trouve qu il y a deux
caufes de cet effet vraiment fingulier dans la nature.
Le premier dégel eft celui qui fe fait très-rapidement
dans les cantons qui font voifins du niveau
de la mer * aufli arrivent-ils,très-fréquemment à la
fuite des gelées qui ont lieu à certains degrés de
latitude des zones tempérées. Je vois que tout cela
s’opère très-rapidement, mais par Le feul changement
des vents chauds & faction de la chaleur
acquife dans cette zone. Les féconds dégels font
produits par la marche lente & régulière du loleil,
qui agit fous deux directions, d’abord dans celle
de l’équateur au pôle. Les dégels'S obtient à me-
fureque le foleil s’approche, du tropique , à lafurface
de laTerre. Outre cela les dégels s’opèrent fur
les glaces & les neiges qui font établies à differentes j
hauteurs, & leurs progrès fe font depuis les plaines 1
jufqu’ à certains fommets, jufcju’à ce qu’enfin la
chaleur atteigne une certaine ligne confiante. Il y
a , par rapport aces dégels, deux lignes conftantes ,
l’une fixée à certains degrés de latitude où la glace
réfide toujours, même à la lurface des plaines >
1 autre à certains degrés de hauteur qui vont toujours
en diminuant jufqu’au cercle polaire.
Dégel. C ’eft l'adouci ITement du tems, qui fait
fondre dans un pays les glaces & les neiges, fur-
tout dans les ©laines où règne ordinairement une
température oien douce. Les caufes générales du
dégel font le retour du foleil vers les pays où la
glace s’eft formée par fon éloignement * lés vents
du fud, chauds ou tempérés, & humides.
Dans certaines parties des zones tempérées il y
a des dégels qui ont plufieurs retours * mais fur les
limites des zones tempérées & froides les dégels
s’exécutent plus régulièrement, & à des époques
plus certaines & moins variables que dans les zones
tempérées.
Il y a des glaces & des neiges qui ne fondent
qu’ à certaines époques , furtout lorfqu elles réfi-
dent à de certaines hauteurs, fur les fommets
élevés, même fous la zone torride.
Il y a de ces dégels qui s'étendént fur certaines
mers, & qui débarraffent les côtes des glaçons,
ainfi que les rivières.
Quant aux dégels lents & réguliers, ils paroiffent
les effets de la marche du fo le il, afiujettis à deux
directions * d’abord à celle des différens degrés de
latitude, en commençant par les zones tempérées,
& fe portant de là jufqu'aux zones glaciales* la
fécondé direction dans le progrès des dégels fe prend
depuis le niveau de la mer jufquà une ligne affez
conftamment fixe, où la glace & la neige tiennent
& ne fe fondent point. Ces deux dirigions peuvent
être confidérées comme étant combinées en-
femble & décrivant une courbe depuis un certain
degré d’élévation au deffus du niveau de la mer,
pris dans Ls Cordillières jufqu’aux plaines de la
Sibérie , où les dégels n’ont pas lieu.
Dégei.. C ’ eft la fonte des glaces ou des neiges
dans les différentes parties de la furface de la
T,erre, par le retour de la chaleur ou d’une température
douce qui fuccède au froid , qui produit
la congélation.
Je confidère que les caufes des dégels ont „deux
marches différentes * l’une , rapide , fe montre
dans les cantons qui font voifins du niveau de la
mer, & particulièrement dans les plaines des zones
tempérées. Ces fortes de dégels s’ opèrent dans un
intervalle peu confie!érable, & par le feul changement
des vents qui amènent les pluies & un certain
degré de chaleur.
Ces dégels ont plufieurs retours pendant certaines
faifons de l’année, fuivant que les vents
chauds, tempères & humides fuccèdent aux vents
froids &i fecs.
Les dégels qui ont une marche lente paroiffent
plus réguliers , car ils font afiujettis à ia marche
du fo le il, & dans ce cas ils fui vent deux direc- »
d on s , celle des différens degrés de latitude, en
commençant par les zones tempérées U s’étendant
jufqu’aux zones glaciales : cts effets fe mani-
feftent à certaines époques allez conftamment les
mêmes.
La fécondé direction à laquelle les dégels font
afiujettis, eft celle qu’ ils fuivent depuis le niveau
de la mer jufqu’à une certaine ligne allez confiante,
où la glace & la neige tiennent toujours Se ne fe fondent
point. Telle eft la ligne neigée que M. Bouguer
a remarquée en Amérique, dans la chaîne des Cor-
diliières, & qui fe foutient toujours à un degré
confiant au delfus du niveau de la mer. 11 en eft de
même des glaces & des amas de neiges fur les fommets
des Alpes & des Pyrénées , & de certaines
montagnes qui le maintiennent toujours , fans fe
fondre , à une certaine hauteur.
Ces deux directions du dégel lent & régulier
étant combinées enfemble , il en réfulte que leurs
limites décrivent une courbe, dont i’ origine parcourt
un certain degré d ’élévation au deffus du
niveau de la mer ,'fous la zone torride , vient s’approcher
enfuite de ce niveau aux Canaries & aux
Pyrénées Se dans les A lp e s ,& enfin finit par venir
rafer les plaines de Sibérie & les côtes de la mer
Glaciale, où le dégel n’a lieu dans aucune faifon de
l’année, même lorfque le foleil parcourt le tropique.
M. de Mairan parle des dégels 5c de leurs retours
comme tenant à plufieurs caufes régulières , apparemment
dans d’autres pays que celui-ci. Il y a
des contrées de la Terre où cqs^dégels font plus
réglés que dans la zone tempérée, où rien, quant
à ces effets, ne paroît aflujctti à des circonftances
régulières.
Les dégels s’élèvent jufqu’à une certaine hauteur
fur le fomrnet des montagnes, & la régularité de
ces effets fe démontre par des réfultats qui font
conftamment les mêmes : telle eft la ligne neigée
que Bouguer a remarquée en Amérique , dans la
chaîne desCordillières, & q ui fe foutient àla même
ligne toujours confiante.. 11 en eft de même des
amas de neiges fur les Pyrénées , fur les Alpes ,
fur les hautes montagnes en général, où le dégel
ne peut pas parvenir.
Les dégels s’élèvent progreflîvement à certains
degrés de hauteur , qu’ ils ne franchiflent guère
dans les plus grandes chaleurs de l’été : cette
marche du dégel eft depuis les plaines bafies jufqu’à
la limite la plus balte de la neige Se des glaces.
M. Bouguer a remarqué que la ligne neigée
étoit conftamment fixée dans la zone torride, à
une hauteur confiante, qui eft infinimemplus élevée