cap ri s laudata brattïa ,-Hb. III, cap. 1 6; Les pitU-,
rages que les chèvres trouvent dan» cette île-don- '
nent en effet, non-feulement aux chevreaux y-mais ;
encore aux agneaux & au lait des chèvres- 8c des
brebis, un goût particulier, fupérieur à celui des
mèmès productions dans les autres pays. C ’eft par
cette-raifon que le fromage d e Bra^a èft recher- '
ché en Dalmatie , & qu’il s’ exporte à l'étranger.;'
Les habitans fuhftituent cependant actuellement
les brebis aux chèvres, comme moins nuifibles. '
Les laines de Bra^a font de médiocre qualité ;j
cependant d’habiles cultivateurs ont réuîfi à fe;
procurer de belles laines par [’introduction des!
races étrangères.
Les vignes, les oliviers, les abeilles, par les{
foins de ces mêmes cultivateurs, ont donnéi des;
produits meilleurs & plus abondans. Les ruches,,
dans cette île , font conftruites de- tables de marbre!,
C i fille, bien lutées & cimentées aux joints. Lai
table fupérieure , qui fert de couvercle y peut-être
enlevée à volonté § & pour la garantir, amft.quei
la ruche, de l’impétuolité des vents, on la charge]
d’une pierre pefante. L’ ouverture de la table fur!
le devant, par laquelle les abeilles forcent .&• ren-|.
trent, eft fort petite. Il y a une grande quantité! j
de ces ruches dans un même endroit. Les proprié-j
i taires intelligens ont foin furtout que ces abeilles!
ne manquent ni d'eau ni de nourriture, inconvé-i |
niens auxquels cet infeCle eft expofé dan$.cette île. »
L’île de Bra^a produit beaucoup de vin,-qui;
•pafîe généralement pour le meilleur de la Dal-[
matie. Get article, avec lessbois & les troupeaux,;
- eft la principale fource du revenu des habitans.'
■ Elle fournit aiiffî de l’huile, des figues, des aman-!
des , de la fo ie , du faftan & un peu de froment.;
11 y croît une quantité prodigieufe de lentftque.j-
Le peuple tire des baies-de cet arbufte une huile:
qui fupplée à la difette de l’huile d’olives; &
quoique cette huile ait une odeur un peu forte,;
on s’y accoutume cependant. La pêche n’eft pas'!
non plus une fource de revenu indifférente, quoi-]
que la mer ne fourniffe aucun poiflon particulier. !
L’ île de Solta, voifine dè Bra^a, peur être;
• confédérée comme une continuation de celle-ci.;
Solta peut avoir vingt-quatre mi les de circuit;;
•mais elle èft trés-peu peuplée , parce qu'elle eft
couverte, en-grande partie de bois, ou fe trou-j
-v e n t , comme dans ceux de Braçfa, une grande;
quantité de vipères. Le miel que. produifent les
; abeilles qu’on y entretient, a d e là réputation, Scelle
le cède en tien à celui d'Efpagne ni à celui de!
la: •Sicile.
BRÈCHES. Ces marbres ne font que .des âflem-
fclages de morceaux de pierres calcaires irréguliers,
collés-les uns aux autres par un ciment de
•différente nature : ce font des marbres qui ne font
pas veinés comme les marbres ordinaires leurs
couleurs font des taches circohfcrites par lesmor-
* «eaux réuni s & fondés enfemble.
h brèche-antique, les-morceauX'de pierres
lai fient entr’eux des inter valles-a-ffez confidérables.
La matière qui les lie , & qui eft parfemée de.pe-
tits cailloux, éft très-abondante. La pins-grande
partie des taches eft arrondie y elles font blanches,
bleues j rouges-Ôt noir-es.
La brèche 3 connue fous le nom-de brèche d'Alep,
reffemble beaucoup-à la brèche antique. Tous les
morceatix.de ce-marbre font calcaires & arrondis,
& -liés par un ciment coloré en rouge. Les taches
ont de-même des couleurs variées-& çirconfcrites.
Il eft -vifibie que les morceaux de pierres qui font
entrés dans leur eompofition ont-été roulés-par les
eaux, car ils font arrondis. ,
La brèche de Scravèfle èft compofée de morceaux
de pierres anguleux;& point arrondis. Ces morceaux
font très-fer rés.enfemble , & ne lai fient voir
entr’ eux que très-peu de-ciment. Outre cela, ces
-.morceaux varient beaucoup quant à la grandeur.
Quelques-uns ont quelquefois plus-d’un pied &
d’ un pied 8c demi de longueur, fur un pied de
largeur. Cette eompofition & cet afiemblage de
•morceaux de pierres porteroient à croire que tous
ces élémens auroient’ fait corps enfemble , & n’au-
roient été féparés,&.diftingués que par des gerçures
multipliées qu’une infiltration générale adroit
remplies en pénétrant également ces élémens
& le.çiment q.ui s’y eft infinué. Beaucoup de taches
de la brèche de Seravèffe\font blanches, d’autres
de couleur ifabelle j mais le plus grand nombre eft
de couleur violette. (Voye^ Daviler.) '
La brèche violette diffère’ beaucoup de la-précédente
: les cailloux en font communément afiez
gros & bien liés par un ciment qui eft parfemé de
petits morceaux de brèches Quelques-uns des petits
cailloux, commela plupart des grands, font.blancs ;
les autres font violets. Cette brèche ne diffère de
la brèche d'Italie, dont les morceaux font noirs,
blancs & gris, que par la couleur violette.
La groffe brèche, comme celle des colonnes qui
î portent la chiffe de fainte Genevieve , renferment
des cailloux-d’un médiocre volume, mais ils réunifient
les couleurs de toutes les autres.
La brèche des Pyrénées eft prefqu’ aufli variée que
la précédente. Le fond en eft brun, & mêlé de
diverfes couleurs quant aux élémens.
La brèche Florennes en Hainaut, proche Na-
mur, a.de grandes taches noires, blanches, couleur
d’agate y fur un fond rouge.
Ainfi , d'après ces détails, on pourroit-définir
les brèches. des pierres compoféés de morceaux de
pierres fufceptibles.de prendre le p oli, différemment
colorés, &. liés enfemble par un ciment da
- diverfes nature: & couleur.
Quelque liés,que foient ces élémens des brèches,
on apperçoit aifément qu’ils ne forment pas une
feule maffe faite d’une, feule pâte.’ Il y a entre ces 1 cailloux de petits efpaces que les marbriers appellent
des terrajfes lorfqu’ ils ne prennent pas le poli
«ufii bien que le refte des parties du ciment. Aucun®
des brèches que j’ ai examinées, n’a ce défaut plus ;
que la brèche antique & la brèche d'Alep.
La figure ronde des cailloux de la brèche antique
& de la brèche <£Alep force, en quelque forte, à
faire regarder comme des cailloux roulés ceux qui
compofent ces brèches, & à les diftinguer de ceux
qui font entrés i dans la eompofition des autres
fortes, & qui ont des formes irrégulières 8c angu-
leufes.
Pour peu qu’on ait vu les carrières d’où l’on
tire ces pierres, il eft aifé de décider la queftion.
On reconnoît que les brèches à cailloux arrondis
font dans dès vallées, où leurs élémens ont pu
être dépofés par les eaux qui les ont roulés & ainfi
polis à leur furface; au lieu que les brèches formées
de cailloux irréguliers & anguleux fe trouvent
partout où ces débris de rochers calcaires
ont pu :s’accumuler conjointement avec la terre
de leur ciment, Sc-ont été tellement recouverts, j
que l’eau qui circuloit dans ces amas, a pu les
infiltrer &• les lier folidement enfemble ; car ces
fortes de pierres rie peuvent avoir acquis une certaine
liai fon que par le travail de l’ eau qui a durci
le ciment, & même quelquefois pénétré & coloré,
les cailloux de la brèche. Plufieurs échantillons prouvent
que le travail de l’eau , dans l’infiltration du
ciment, a duré long^tems, & perfectionné même
la totalité des élémens de la brèche. C ’eft ainfi qu’on*
voit de gros blocs de brèche d.’Alep qui font fuf-
ceptibles du plus beau p oli, pendant que les bords
de ces mêmes blocs , qui n’ont reçu qu’un travail
imparfait, terreflent dans la plupart des intervalles
des taches où fe trouve le ciment.
Une des plus belles preuves que l’infiltratibn de
l’eau qui a pénétré le ciment s’eft étendue enfuite
dans les cailloux, c’ eft que la couleur foncée de
ce ciment y a formé une teinte dégradée depuis
les bords des cailloux jufqu’au centre ; ce qui n’a
pu arriver ainfi que par le travail de l’eau, tel que
je l’indique;.
Je n’ai point parlé ici delà brèche africaine, & je
ne fai/fi Daviler en a fait mention, comme il s’eft
occupé des autres brèches,• mais je la confidère
comme la eompofition la plus belle & la plus
curieufe qu’il y ait parmi cette forte de marbre.
Ce ciment eft fouvent abondant & coloré; il
forme même des ondes dans les vides plus ou
moins étendus qui fe trouvent entre les morceaux
de pierres. Il eft vifîble que l’eau-a entraîné ces
matières, a.continué à les infiltrer, à les lier, &
qu’elle, a en même tems coloré les cailloux en
tranfportant la couleur du ciment.
Brèches (Marbres). Les marbres brèches font
compofés de morceaux de pierres brifées, liés
par un ciment particulier. Les pierres brifées diffèrent
, par leur grain & par leurs teintes, de la-
matière du ciment qui les lie. Ils font rarement
par bancs, mais par maffes & par blocs entafies
les uns fur les autres, & ifolés. Il n’eft pas difficile
de nous retracer le plan des époques que ces amas
de marbre nous font connoître. En les examinant,
je vois , i° . qu’ il fut un tems où les eaux ont fait
un dépôt en un lieu quelconque; 2°. qu’il fut un
tems pendant lequel ce dépôt s’eft durci & pétrifié;
3°. qu’ il tut un tems où ce dépôt a é té ;
décompofé & réduit en différens morceaux qut
ont été roulés long-tems & arrondis par les flots
de la mer, & enfin abandonnés au milieu d'une
vafe totalement étrangère à ces débris ; 40. qu’ il
a été un tems où ce dépôt, mélangé de vafe & de
débris de pierrailles folides, a été couvert, & , à
la fuite d’ un long travail de l’eau, s’eft durci, con-
folidé & pétrifié de manière que les morceaux
folides fe font trouvés empâtés par un ciment
prefqu’a-uffi folid e, puifque l’une & l ’autre matière
ainfi élaborée s’eft trouvée également fuf-
ceptible de poli. Le premier de ces tems eft extraordinairement
ancien; outre cela , depuis la
dernière époqtie,les maffifs de brèches, qui font
les réfultats de toutes ces opérations, ont été mis
j à découvert par des eaux courantes qui ont creufé
des vallées au milieu d’eux ; ce qui a exigé encore
une longue fuite de fiècles. Qui pourroit contefter
la force de toutes ces démonftrations fi Amples, fi
luminéufes fur l’antique exiftence de la Terre &
des travaux de la nature qu’elle renferme dans fes
entrailles ?
La fixième chaîne de montagnes que l’abbé Sauvage
a décrite, renferme tous les faits que nous
venons de rappeler avec des cara&ères très-frap-
pans. Cette chaîne n’eft pas compofée de bancs
pofés régulièrement les uns fur les autres; c'eft’
un amas immenfe de blocs de pierres à chaux, au
defibus duquel règne un maftif de pierre morte ,
où il ne paroît aucun veftige de corps marins
foffiles. Ces blocs dé l’amas font compofés de
pierfes de différens grains & de différentes couleurs,
& font ufés & arrondis comme les galets
des bords de la mer ; ils font noyés dans une terre
ou ciment rouiïeâtre, où fe voient aufli une grande'
quantité de coquillages étrangers à nos climats ,
qui ne font pas diftribués par couches comme partout,
ailleurs, mais mêlés & confondus avec les
blocs de pierres , & femblableraent ufés & arrondis.
Tous les matériaux qui compofent cette
chaîne,annoncent un certain défordre qui a mêlé
les pierres avec les coquillages qu’on trouve indifféremment
dans toute l’épaifieur & la longueur
de l’amas. D’après ces indices, il eft évident,
i° . que la pétrification des blocs de pierres à
chaux & des coquilles qui s’y trouvent mêlées,
eft de beaucoup antérieure à la pétrification du
ciment terreux qui les lie ; 20. que tous les matériaux
de l ’amas font étrangers à l’emplacement
qu’ils occupent ; 30. que les blocs de l’amas ont
été ufés., polis, arrondis & roulés les uns fur les
i autres par les flots de la mer avant d’avoir été dif-
! pofés comme ils le font dans le rocher ; mais avant
{ toutes ces opérations, à juger de l’état primitif