
& au nord par la Manche ; au levant, par le Beflîn
& le Bocage, 8c au midi par l'Avranchin. Il a
vingt lieues dans fa plus grande longueur, fur neuf
lieues dans fa plus grande largeur, qui eft à peu
près la même depuis le midi jufqu'au feptentrion 5
il eft arrofé par plufîeurs petites rivières, parmi
lefquelles il n'y a que l i Vire qui foit confîdérable.
Effectivement, le Cotentin eft de l’ancienne terre
fchifteufe 8c graniteufe ,o ù l'eau pluviale abreuve
tous les petits vallons. Coutances eft la ville principale
de ce pays, qui renferme aufli les autres
villes confidérables de Carentan , Valogne, Cherbourg
8c Granville. La terre y eft fertile en grains
& principalement en pâturages : on y élève beaucoup
de chevaux, qui font fort enimés. Quant
au commerce qui fe fait d’ ailleurs dans ce pays,
il çonfifte en cidre, en chapons & en poulardes
qu’on envoie à Paris, en chanvre 8c en lin dont
on fabrique quantité de bonnes toiles : on y fait
aufli beaucoup de beurre. Quoique le Cotentin ne
manque pas de bois, il y eft cependant rare fur les
bords de la mer. Les pi incipales forêts font celles
de Briquebec, de Cherbourg, de Beauquenay Sc
de Saint-Sauveur.
Les habitans du pays nommoient Boca*e toute la
partie de cette contrée qui eft au levant, 8c principalement
lé territoire de Valogne. Les géographes
placent le Bocage dans le Beflin 8c beaucoup
plus vers le midi. ( Voyeç cet article. ) Le Cotentin-
eft environné d’un grand nombre de petites îles,
dont nous indiquerons les principales.
COTE-SAINT-ANDRÉ ( la ) , bourg du département
de l'Ifère, arrondiffement de Vienne , 8c
à fept lieues 8c demie fud-eft de cette ville. On y
fait commerce de vins 8c d’ eau de la côte, qui eft
très-eftimée. On y fabrique des cierges 8c des bougies.
Il y a une tannerie en cuirs forts. Après avoir
indiqué les objets d’induftrie dont on s’occupe dans
cette commune, il nous refte à indiquer les diffé-
rens rochers qui forment proprement la côte 8c
qui dominent fur la plaine.
C O T E -S A U V A G E , département de la Charente
Inférieure , canton de Saint-Martin-de-Ré,
à la côte fud-fud-oueft de l'île de Ré. Elle eft bordée
de plufîeurs rochers à fleur-d’eau, le long du
Pertuis-d’Antioche j elle a quatre lieues de longueur.
■ C ôte-Sa u v a g e , même département, arrondiffement
de Marennes, à la côte oueft de l’île
d’Oleron, à l’oueft de Saint-Denis. Elle a environ
une lieue 8c demie de longueur ; elle eft à Quatre
lieues de ux.tiers nord-oueft d’Oleron, 8c bordée de
rochers comme la côte précédente, qui font expo-
fés aux vagues de l’Océan.
COTES DU C I-D E V A N T LANGUEDOC.
Sur les eûtes du Languedoc on trouve d’abord les
plages produites par le refoulement des matériaux
des fleuves 8c des rivières le long des côtes par
les vagues.
2°. Les étangs: ce font les eaux retenues parles
plages dans l’ancienne embouchure des rivières.
3®. Les dépôts fupérieursdes rivières, le long
de leurs anciennes vallées: ces dépôts ne fe trouvent
guère que dans les endroits où ils n’ont pu
être enlevés par les eaux torrentielles.
4°. Les dépôts modernes de la mer, bien orga-
nifés par couches. Coupés par les vallées 8c s’étendant
affez loin des boras de la mer, ils s'enfoncent
affez avant, 8c furtout dans les vallons des rivières.
On pourroit figurer ces dépôts 8c leurs limites
qui régnent tout autour des bords de la Méditerranée
8c dans les anciens golfes furtout. Je les ai
retrouvés en Tofcane 8c dans l’État de VÉglife à
une certaine hauteur près des deux côtés de la
côte de l’Apennin : ce feroit l’objet d’une belle
obfervation à fuivre fur toutes les côtes de la
Méditerranée.’ N
50. Les dépôts anciens de la mer, qui font def-
fous ces premiers : ce font la plupart des maflifs
ou couches inclinées à grain fin 8c infiltré.
6°. Les fehiftes, qui font le fol primitif dans lequel
le premier baflin de cette mer a été creufé
peut-être avec les maflifs des couches inelinéesqui
précèdent, car ces maflifs ne paroiffent pas affu-»
jettis aux mêmes formes que les dépôts modernes
du n°. 4. Ce feroit effeéfcivement par les limites
de ces dépôts modernes que je defirerois
qu’on recherchât les limites de l’ancien baflin de
la Méditerranée, de l’ancienne inondation des
golfes dont la réunion a fait le baflin a&uel par
1 agrandiflement 8c l’élargiffement des embouchures.
Les fehiftes dont il eft queftion me paroiffent
bien un dépôt, furtout fi j ’y trouve des couches
avec des intervalles 8c des impreflions de plantes,
de coquilles 8c d’animaux marins de la dalle des
cruftacées.
COTIERES ( Montagnes ) . Je ne fais mention
de ces montagnes que parce que M. Buache les a
rangées dans la troifième claffe decelle^qu’ il a distinguées
, fans faire connoître ni la nature des
matériaux qui les compofent,ni leurôrganifation.
Les montagnes côtières de M. Buache font celleè
qui fui vent la fituation qu’il leur affigne fur les
bords de Jamer. 11 paroît qu’il n'a eu en vue , dans
cette _diftindion, que les montagnes de la Normandie
, qui ne font que des collines commé
celles de la Picardie, de l’Ile-de-France 8c de la
Champagne. <
Mais s’il a voulu comprendre fous cette dénomination
de montagnes côtières toutes- celles qui
font placées fur les côtes de la mer, il eft vifible
qu’il n’ a pas pu en faire une claffe- particulière i
car, pour peu qu’on ait obfervé ces côtes 8c ces
hauteurs qui s’y trouvent placées, on yoit qu’ofi
ne peut pas partir de cette fituation pour caraété-
:rifer des montagnes; En fuivant les côtes de la
Normandie je vois d’abord, dans le pays de Caux,
des collines calcaires, ainfi que dans les environs
de Pont-Audemer, de Lifîeux, de Caen. Dès que
je fuis parvenu dans le Cotentin, ce ne font plus
de ces collines, mais des maflifs de granits, comme
tout le long des côtes de la Bretagne > enfuire dans
Je paysd’Aunis, en Saintonge, ce font des maflifs
compofés de couches calcaires bien horizontales >
mais dès que j’ai atteint les côtes de la mer à Saint-
Jean-de-Luz, à Bilbao, je trouve des couches calcaires
inclinées, compofées de pierres à grain fin *
8c qui n’ont rien de commun avec les collines calcaires
que j’ai parcourues précédemment : ce font
-des maflifs de la moyenne terre. Comme M. Buache
a prétendu donner, par la diftinétion de ces
-montagnes, une idée de la compofition du Globe,
8c furtout de fon oflature, je puis dire ici qu’il
s’eft trompé, qu’ il a même induit en erreur ceux
qui ont adopté fes diftinétions de montagnes fans
examen. Effeétivement, il réfulte du détail qui
précède, que les montagnes côtières peuvent être
compofées de maflifs plus anciens que les montagnes
fecondaires, 8c même que les hautes montagnes.
Nous avons vu que les maflifs de la baffe
Normandie 8c de la Bretagne , quoique montagnes
côtières, font de l’ancienne terre, 8c d'une compofition
bien antérieure à celle des maflifs des collines
calcaires que M. Buache range aufli parmi les
•montagnes côtières. $
Je vois que, dans la charpente du Globe de
M. Buache,^ il n’y a que des diftinétions vagues 8c
fuperficielles. 11 ne connoiffoit aucun de ces caractères
qui nous ont fervi de bafe pour déterminer
la nature, 8c les limites des différens maflifs du
Globe. Puifque M. Buache s’étoic occupé de la
compofition du G lobe, il femble qu’ il auroic dû
étudier les cara&ères des maflifs fuperficiels qu’il
a pu voir partout : mais en général il a manqué à ce
géographe les connoiffances du naturalifte obferva-
teur. C e ne pouvoit être qu’avec un fonds d’obfer-
vations variées 8c foutenues, 8c furtout dirigé fur
un plan raifonné , qu’on étoit en état d’entreprendre
des cartes de géographie-phyfîque 8c de publier
des principes fur cette feience $ ce ne pouvoit
être que d’après ces détails que l'Académie des
fciences étoit autorifée à les adopter 8c à les
publier.
C O T IG N A C , ville du département du Var, à
deux lieues 8c demie à l’eft de Barjols, 8c une lieue
trois quarts fud-eft de Salerne. Cette ville tire des
profits confidérables des figues 8c des autres fruits
qu’on y prépare en confiture. On croit même que
c ’eft de ce lieu que nous font venues les premières
confitures fous le nom de Cotignac. Outre ce commerce,
il y a , dans cette v ille, trente-une tanneries
où l’on prépare des cuirs forts 8c des vaches.
Son territoire fournit beaucoup de foie.
CO TO PA X 1, volcan qui n’eft éloigné que de
fix lieues de Latacunga, capitale de ce corrégi-
rnent au Pérou. Lors de la conquête de ce pays par
les Efpagnols, ce volcan éprouva une violente
éruption. Depuis ce tems il s’ eft embraie avec des
effets encore plus terribles. Le bruit d'une de les
explorons, arrivée en 1744, fe fit entendre très-
loin : les eaux des neiges fondues par la chaleur
du feu fouterrain, en fe précipitant du Commet de
la montagne, firent plufîeurs bonds dans la plaine
voifîne avant de s’y répandre uniformément; ce
qui fauva la vie à plufîeurs perfonnes près def-
quelles cette maffe d'eau paffa fans les toucher. On
affure que la flamme qui forcit de ce volcan s’éleva
à dix-huit cents pieds de hauteur, 8c lança de gros
quartiers de pierres à plus de'trois lieues. Les cendres
furent portées jufqu’ à la mer à plus de quatre-
vingts lieues de diftance, 8c dans l’efpace de dix à
douze lieues' elles couvrirent les prés 8c les moif-
fons jufqu’ à dérober la vue de toute la verdure.
Cette couverture, qui fubfifta pendant plus d’un
mois, fit périr un grand nombre de beftiuux.
Inondations du Cotopaxi.
Le. dernier incendie de Cotopaxi a produit deux
inondations qu’a opérées la fonte des neiges dont
cette montagne étoit couverte dans certaines parties
, 8c que l’éruption des feux a pu atteindre.
Comme dans les inondations extraordinaires, l’eau
tomba.au moins de fept à huit cents toifes ; elle
caufa des ravages très-confidérables, dont nous
croyons devoir préfenter les principaux effets.
Dans fa première impétuofité, l’eau bouîeverfa
entièrement ce qui s’oppofoit à fon paffage. Les
vagues qu’elle forma dans la campagne avoienc
plus de foixante pieds d’élévation, 8c elle monta
même en certains endroits à plus de cent vingt
pieds. Sans parler d’ un nombre infini de beftiaux
qu’elle enleva, elle rafa cinq à fix cents maifons,
& elle fit périr huit à neuf cents perfonnes. Toutes
ces eaux avoient dix-fept à dix-huit lieues à parcourir
ou plutôt à ravager vers le fud de la Cordillère
avant que de pouvoir en for tir par le pied
deTongouragoua. Elles ne mirent pas plus de trois
heures à faire ce trajet. C ’eft .ce qui peut donner
une idée de leur viteffe moyenne, celle qui tient
le milieu entre la rapidité qu’ elles avoient d’abord,
8c la moindre viteffe qu’elles eurent dans la fuite;
mais fi l’on en juge par divers effets produits à
trois ou quatre lieues de la montagne, elles dévoient
parcourir alors quarante ou cinquante pieds
par fécondé. Il y eut des pierres très-pefantes, de
plus de dix à douze pieds de diamètre qu’elles
changèrent de place, 8c qui furent tranfportées
quatorze ou quinze toifes de diftance fur un terrain
prèfqu’horizontal.
. Tout le monde étoit perfuadé -à Quito, que l’eau
étoit fortie de l’ intéiieur de la montagne. On fe
trouva d’autant plus porté à le croire, qu’oa pré-
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