
Nous n'avons parlé de’ces quatre villes & pays
à mines en fai Tant la defcription des monts Carpa- \
thés y que pour donner une idée de la richeffe.;
minéralogique du pays fur lequel ces montagnes
font élevées, & pour nous difpenfer d'entrer dans
de nouveaux détails fur les mines confidérables
que l'on connoît, & que l’on exploite dans leur
intérieur.
La portion de chaîne qui termine cet amphithéâtre
, & fur laquelle.les voyageurs dirigent leur
attention parce qu’elle eft formée des montagnes
les plus élevées, eft auflî compofée de granit, de
porphyre, de jafpe , de fchifte, de pierres calcaires
, de cailloux roulés & agglutinés, & de
grès. Quelquefois ces efpèces de pietr.es confti-,
tuent, chacune en particulier., des montagnes ;
d'autres fois les cinq premières efpèces. font mélangées.
On y trouveplufieurs filons métalliques,
tenant o r , argent, cuiv re, plomb , fer , antimoine
, & c . Plufieurs de ceux qui .ne font pas
éternellement couverts par les neiges font exploités
j les autres ne font connus que des voyageurs.
Les premières montagnes que l’on apperçoit
près de Vinfcherdorf, dans le terroir duquel fe
trouve de l’ambre jaune, font la Loçkarna,. la
Tour-des-Agneaux, le Grand-Cim.etière, le Haw-
ran , la Caverne-aux-Ours & le Muran. A peu de
diftance de celle-ci eft le territoire de Huiler--
haufeu, fur lequel, quoique déjà très-élevé, croif-
fent des mûriers qui rapportent des fruits. Ici commencent
les hautes montagnes de Sternberg & de
Schachtenberg j où fe trouve un pafiage, de Hongrie
en Pologne , par lequel on peut aller à cheval 5
enfuite eft le Goffelsberg, le Koefmarck, le Stein-
bach, le Kahlen , montagne impraticable ; le Schla-
gendorf & le Grod-alt-Valdorf. Sur la fommité
plane de cette montagne eft la plus belle vue des
Carpathes: on y découvre à la fois une grande
partie de la Hongrie, de la Pologne, de la Siléfie
&: de la Moldavie ; enfin, le B o t z d o r f l e Mengf-
dorf, entre lefquelles eft le fameux lac dans lequel
la Poprad prend fa fource. Ici les hautes montagnes
font un angle, & l'on trouve la Vifoka, la Pilky,
le Grand-Krivan, le Toranova & l’Hina , entre
lefquelles eft un autre paffage pour traverfer, à
cheval, de Hongrie en Pologne ; enfin, la Zoko-
pana, la Ternovitz, &c. & c . Nous croyons inutile
de donner les noms de toutes ces montagnes, qui
r.e formeroient qu'une nomenclature ennuyeufe :
il fuffit d'avoir donné ceux des principales.
Il paroît que perfonne n’a encore mefuré ces
montagnes, ni même fait d'obfervations barométriques
fur leurs fommités élevées. La feule ob-
fervation qui puiffe donner quelques idées fur leur
hauteur, eft celle que la neige & les g]aces s’accumulent
dans quelques endroits, fur quelques
fommités > ce qui prouve qu’elles font au moins
comparables aux monts Pyrénées.
Quelques-unes de ces montagnes on t, comme
celles qui environnent le Mont-Blanc, les Commets
aigus, déchirés & tellement inaccefiïbles, que la
neige même ne peut y féjourner ; de manière qu'ils
paroi fient à n u , & élevés au deffus de quelques
autres extrêmement couverts de glaces;
La hauteur où la neige fe conferve éternellement
étant, d’après les obfervations de divers
favans, entre treize cents fie quatorze cents toifes
pour la latitude dans laquelle fe trouvent les Car” ,
pathes, & les hautes montagnes du comitat de
Zypfer en étant non-feulement continuellement
couvertes, mais encore ayant des fommités très*-
élevées au deflus de la région des neiges, il s'enfuit
que ces montagnes ont néceffairçment plus de
quatorze cents toiles.
Ces montagnes, qui ne donnent naiffançe qu’ à
quelques rivières dans le nombre defquelles fe
trouve la Vagus qui traverfe la Hongrie & va fe
jeter dans le Danube à Comorin, & la Poprad,
q u i, traverfant la Pologne, va joindre le fleuve
d'Unovitz qui lui-même prend naiffançe dans les
Carpathes y <k fe réunit, près d’Opotovka, dans la
Vie h«, litrons ; ces montagnes font pleines de lacs.
Plufieurs fe jettent les uns dans les autres par des
ruiffeaux que l'on peut Cuivre , fans interruption ,
depuis leur fortie d'un lac jufqu'à leur rentrée dans
un autre j d'autres que l’on ne peut fuivre qu'un
certain efpace, après lequel ils difparoiffent pour
fortir de nouveau un peu-plus loin. 11 eft des lacs
dont il eft impoffible de deviner l'endroit par lequel
les eaux louent ;. d’autres, celui par lequel
elles entrent. La defcription feule des lacs de ces
montagnes, qui feroit trop longue pour cet ouvrage,
formeroit un article intéreffant. Là plupart
de ces lacs portent des noms rehtifs à leur couleur
, comme les lacs Blancs, lacs Noirs, lacs Rouges,
lacs Verts ; la couleur de quelques-uns eft due aux
matières qui tapiffent leur fond ; d'autres, à la réflexion
des plantes & des -rochers ou des neiges
qui les environnent ; car toutes leurs eaux font
claires,limpides, & nourriffent d'excellentes truites.
11 eft un de ces lacs, près, le Court-Baron, qui
n'eft coloré en vert que par bandes. Quelques lacs
portent des noms dépendans de l'efpace qu'ils
occupent, comme le Grand & le Petit lacs : d'autres
par rapport à leur é ta t, comme le lac Glacé ; il en
eft dont le nom eft pris de la forme qu'ils ont, le
lac.du Crapaud ; d'autres en raifon du rems de leur
découverte , le Nouveau lac. On donne à quelques-
uns les noms des rivières qui y prennent naiffançe,
le lac Poprad ; enfin, il eft des lacs qui ont des
noms indéterminés, comme le Trechter, &c. &c.
Les montagnes calcaires de .cette chaîne , lorf-
qu'elles ne font formées que de cette feule efpècé
de pierre, contiennent très-fouvent de grandes
cavités, plufieurs font connues des voyageurs,
comme celle qui eft fous la porte de fer. .Ces ca-
| vités font affez ordinaires dans les montagnes calcaires
qui font partie des chaînes alpines. 11 ne
faut cependant pas les confondre avec quelques
galeries qui ont. été creufées dans les Carpathes
pour faciliter l'exploitation des mines qu elles
contiennent, &r qui font le plus fouvent dans une
autre efpèce de pierre. On trouve encore dans
cette chaîne beaucoup de belles cale ad es qui for-
tent ou des lacs ou de quelques ruiiieaux. Quelques
unes de ces cafcades tombent de fi haut,
qu elles font, avant d'être arrivées au terme de
leur chute , dans un état de divifibïlité telle
qu'elles reffemblent à une fine rofée. Les autres
tombent en un jet continu, ou lai fient couler
leurs.eaux fur une pente rapide, d’où elles n’é chappent
que par intervalle.
De l'autre côtéd e cette chaîne, à quelque diftance
du pied de ces hautes montagnes, dans la
luire de montagnes moyennes qui vont en de-
croiffant de hauteur jufqu’à la plaine, eft la fa-
meufe mine de Vieliczka, que l'on exploite depuis
fi long-tems fans pouvoir en trouver la fin.
Ce que cette chaîne de montagne a de bien particulier
, c'eft que de l'autre côté , en Hongrie ,
dans le comitac de Mormarofch, à quelque diftance
à l'orient de la mine de Vieliczka, font pim
fleurs autres falines moins confidérables à la vér
ité , mais tout-à-fait femblables à celles de la Pologne.
Nous, parlerons de toutes ces mines aux
mots Sels , Sa l in e ^. ^ ..><
Indépendamment des mines que l’on exploite
dans ces montagnes r on y trouve des rubis, des
topazes -, des agates, des carnioles , des grenats ,
d=s hématites & du fteinmilch : on y rencontre
des fontaines d'eaux aérées, minérales & thermales.
C ’eft encore dans ces lieux élevés que l’on
fabrique le fameux beaume de Hongrie, qui a une
fi grande réputation. Ce baume n'eft autre chofe
qu’une huile par expreflion , tirée d'un arbre ré-
fineux , lelînbaume, qui croît fur ces montagnes.
Les monts Carpathes ont jufqu'à préfent été
peu vus Ôc peu oblarvés. Les voyageurs qui les
ont parcourus ou traverlés , ne nous en ont
• donne que des relations inexactes ou feulement
des généralités, ils auroient befoïn d'être mieux
connus, de il feroit à defirer que quelques miné-
ralogiftes inteiligens voulurent nous en donner
une nouvelle defcription auflî détaillée que celle
du Mont-Blanc. On auroit, pour comparer ces
deux mafles ,• des données qui pourroient très-
probablement contribuer à augmenter nos con-
noifiances fur le Globe terrefire. Ce que de nouvelles
obfervations pourroient nous apprendre,
feioit fi l’on ne trouveroit pas fur ces hautes
montagnes quelques traces de volcan ; ’ce qui le-
roit très-probable d'après celles que l'on rencontre
dans les montagnes fecondaires de la Hongrie.
CARPENTERS R O C S , rochers volcaniques,
qui fe-prolongent du pied du cap Sierra-Léone
vers i’ oueft, & qui forment écueil.
C ARPENTRAS', ville du département de Vau-
clufe, fur l'Anfon, au pied du montVentoux, à
cinq lieues d'Avignon. Cette ville a plufieurs.fontaines,
dont les eaux y font conduites par un bel
aqueduc de quarante-huit arches, qui forment une
longueur de quatre cent foixante-neut toifes.
Les environs de Carpentras font fertiles en rai-
fins & en olives. On y recueille aufii du fafran, des
légumes & des fruits excellons. Toutes les terres
font bordées de mûriers pour la nourriture des
vers à foie. Il y a des moulins pour moudre la
garance, & une fabrique de favon blanc. C ’eft lè
fiége d'une fous-préfeéture. _
CAR QUAIR ANNE (Càp de la ) , département
du V a r , arrondiffement de Draguignan, au
fud-eft de la belle & grande rade de Toulon, & à
deux lieues fud-eft de cette ville , entre le cap de
la Garonne & la plage du Bord-Rouge , toutes
formes & détails intéreffans de cette côte.
CARRARE. Carrare eft une petite ville ou un
bourg de trois mille cinq cents habitans, qui eft à
une lieue de la mer, à vingt-cinq lieues de Gênes
& de Florence, & à trois lieues de Sarzana. C et
endroit n'eft remarquable que par les carrières de
! marbre qui l’environnent, & par le grand commerce
qu'on en fait. On compte à Carrare & dans
! les environs douze cents perfonnes employées à
tirer le marbre , le tranfporter , le dégroffir, le
feier , le polir ou le fculpter.
Ces fa me u fe s carrières étoient connues des
Anciens : on voit encore celles qu'ils avoient
ouvertes , &. d’où l'on tira le marbre du Panthéon.
Spallanzani a examiné la ftrudure de ces montagnes
& les différentes matières qui les compo-
fent ; il s'eft affuré que les carrières abandonnées
depuis le tèms des anciens Romains n’ont point
été régénérées : ii s'eft formé feulement dans quelques.
endroits une croûte de ftala&ite. Il n'y a
point trouvé de corps marins, mais des pyrites
ferruginéufes de trois lignes de diamètre, j&j du
Grillai de roche en petits grains, qui cependant
fe trouve rarement fur une bafe calcaire. : on af-
fure en avoir vu de travaillés , qui avoient beaucoup
d’éclat.
La plus grande partie de ces montagnes , fur
une longueur de deux lieues , eft de marbre , depuis
la bafe jufqu’au Commet, & elles ont jufqu'à
- quatre cents toifes de hauteur. Le marbre fe tire
d'en-haut, ou du moins à cent cinquante toifes
de hauteur; mais peu à peu les fouilles parviendront
au bas de la montagne, & la plus belle carrière
eft effondrée.-
La carrière de Polvaccio eft h meilleure de toutes:
celle*de Betoglio donne un marbre très-blanc,
mai s "qui a moins de confiftance. Les trois gorges
principales où l'on tire le marbre, font à un quart
de lieue l'une de l'autre.
On trouve fouvent une bande verticale de
• blanc-veiné, à côté du beau blanc : le bardiilo