
montagnes primitives. O r , ces chaînes forment les
vallons : donc les veines de charbon courent aufli
comme eux.
Des exemples vont fuivre à l'appui du principe;
mais pour fe faire entendre , on doit prévenir que
Ton appellera grande vallée ou Amplement vallée
celle où coule un fleuve ou une rivière confidé-
rable ; vallées latérales, celles qui aboutirent à la
grande vallée ; vallons, les gorges plus ou moins
étendues, fituées fur les côtes des vallées latérales.
On va prendre pour exemple la vallée où Coule
la Loire. Tout lè monde fait qu'elle prend fa fource
dans les montagnes du Vivarais, à peu près au
centre d'un cercle qui palfe par les villes du Puy,
de Valence & d’Aubenas, & qu elle va fe jeter
dans la mer au deflous de Painbeuf, après avoir
arrofé le V e la y , le Lyonnois , le Beaujolois, une
partie de la Bourgogne, le Nivernois, l’Orléa-
nois, l'Anjou , la Bretagne, & parcouru un ef-
pace de cent foixante & dix lieues.
Les mines de Saint-Etienne & de Saint-Ram-
bert font dans une vallée latérale, arrofée par la
rivière du Furant, qui fe jette dans la Loire. La
direction générale des veines eft celle de la vallée
latérale.
Celles de Décife font à deux lieues, fur la gauche
de la Loire, & ont aufli une direction tranf-
yerfale à la grande vallée.
Celles de Montcenis n'ont point de direétion
déterminée, puifque leurs charbons font par maffes ;
mais ils fe trouvent dans un vallon lîtué fur le coté
de la vallée tranfverfale de la rivière d* Arroux,
allanr fe jeter dans la Loire près de Digoin.
Celles de Saint-Georges-Châteloifon en Anjou
font près de la rivière de Lagon, dont elles fui-
vent le cours pendant douze lieues de longueur,
c'eft-à-dire, depuis les Venhes jufqu’à Châlonne,
où cette rivière fe perd dans la Loire.
Les mines de Montrelaix font à une lieue de la
Loire, hors de la grande vallée, & ont une direction
qui lui eft tranfverfale.
Si l’on examine un autre grand baflin, celui de
l’Ailier, on retrouve les mêmes faits. Les mines
des Brands, des Gabeliers, celles de Fins & de
Noyant , courent comme la petite rivière de
Queune, qui fe jette dans l'Ailier au deffous de
Moulins.
Celles d’Alais, de la Grande-Combe dans les
Cévennes, font parallèles au Gardon , au bord
duquel elles font fituées. Ce torrent fe jette dans
le Rhône.
Celles de Saint - Hippolyte en Alface courent
comme le vallon qui les renferme : il aboutit à une
petite rivière qui fe jette dans le Rhin.
Celles de Saint-Eloi en Combrailles ont la direction
du C h e r , qui tombe dans la Loire au
deffous de Tours.
Celles de Rive-de-Gier & de Saint-Chaumont,
voifines de celles de SaiBt-Etienne, n’ont pas la
même direction, étant fituées fur deux grands baf-
fîns différens. Les premières font fur le bord d’une
rivière qui fe jette dans le Rhône, tandis que les
fécondés font, comme on l'a d i t , dans le baflin
de la Loire.
M. Lefebvre a retrouvé cette Angularité dans le
Bourbonnois. U connoiffoit dès-lors les mines de
Fins, de Noyant, & celles des Gabeliers dans !a
vallée de la Queune. il favoit qu’ il y avoit à quelques
lieues de là , près Montmareau , d’autres
mines de charbon. Partifan alors du fyftème de la
marche confiante des veines fuivant la même direction
, il crut que celles de Montmareau étoient
le prolongement des mines exploitées à Noyant
& à Fins. Il chercha inutilement leur paflage*
Arrivé à la partie la plus élevée du vallon de la
, Queune ( c'eft-à-dire, près de Montet-aux-Moi-
! n é s ) , il ne trouva , depuis cet endroit jufqu'à
Montmareau, que des granits, des gneifs & des
, porphyres. 11 imagina alors que les mines de Mont-
I mareau avoient été Formées dans une efpèce de
• lac. Ce ne fut que dans un autre voyage qu’il fit
quelques années après, que fes idées fe débrouillèrent,
& qu’il reconnut que ces mines étoient
, renfermées dans une autre vallée tranfverfale, dont
elles fui vent également les lois.
Les conféquences tirées de la première divifion,
& les faits que préfente la fécondé , peuvent fe
réduire à ces généralités :
i° . Les veines de charbon font dépofées, ainfî que
les couches qui les renferment, dans de grandes
! vallées, dans des vallées tranfverfales, & dans des
vallons fitués fur les côtés de celles-ci. 11 y a tou-
; jours communication entr’ elles»
i ° . Chacune des vallées latérales va en remontant
jufqu’ à fa partie la plus reculée.
3°. Les côtés des baffins où l’on voit des mines
de charbon, font ordinairement bordés de montagnes
primitives. Si l’on n’en apperçoit pas, c'etfc
u’elles font recouvertes par des dépôts fecon -
aires.
4°. Lorfqu’ il y a du charbon dans ün endroit de
la vallée, il en exifte dans toute fa longueur; mais
il eft plutôt vifible dans fon extrémité fupérieure
terminée en pointe plus ou moins arrondie, ou fur
les côtés du baflin dans la jonûion des dépôts avec
les montagnes primitives adjacentes.
j ° . Le plus fouvent les grandes vallées, & les
parties baffes des vallées latérales, ne présentent
point de charbon ; c’eft qu’elles font recouvertes
quelquefois, jufqu’à une certaine hauteur, par des
roches calcaires, des fables & autres dépôts.
6°. Les charbons t foit qu’ils gifent dans les grès
& les fehiites, foit qu’ils fe trouvent entre des
bancs de pierres calcaires, prennent la direction
des vallées qu’ils parcourent, & fuivent les lois
de l’inclinaifon que leur prescrivent les montagnes
environnantes & le fol primitif fur lequel
elles fe font moulées.
M. Lefebvre d'Hellancourc contrarie les.idées
de ceux qui prétendent que les veines de charbon
courent fur fix heures, o u , ce qui eft la même
chofe, de l’orient à l’occident, parce que ce fyftème
peut induire en erreur, & faire faire des
recherches inutiles.
Pour prouver que les directions ne font point
confiantes , il fuffit de jeter un coup-d’oe il fur le
Tableau joint à cet article, & l'on verra que, fur
trente exemples de directions qu’ il préfentè, il y
en a neuf du nord-eft au fud-ouèft, cinq du nord-
oueft au fud-eft, onze de l’eft à l’oueft, quatorze
du nord au fud, & une du nord-nord-oueft au fud-
fud-eft.
§. III. T r o i s i è m e S e c t i o n .
Cette feCtion eft divifée en trois parties : dans
la première on parle des différentes inflexions ou
plis des couches dé charbon dans leur direction &
leur inclinaifon.
Dans la fécondé on décrit les dérangement des
veines de charbon , les crans, les failles & les bar-
remens qui occafionnent les interruptions de ces
Veinqs.
Dans la troifième on indique les moyens convenables
pour retrouver le combuftible précieux que
l’on auroit perdu.
A. Première partie ou divifion.
La certitude que l ’on a acquife que les grandes
chaînes de montagnes & le fol des anciens baflins
influent beaucoup fur la direction des couches de
charbon & fur^ les pentes de ces matières qui les
comblent, cette certitude va nous donner préfen-
tementles moyens de rendre raifon des principales
courbures & inflexions des veisrés de charbon. En
effet, les vallons primitifs offrent, furtout près
des hautes montagnes, beaucoup d’inégalités, & !
les dépôts ayant dû fe faire d’une manière à peu
près uniforme, les couches auront pris les diffé- |
rentes courbures de l’ancien fol. Les veines fe
feront donc moulées fur les monticules de leurs
baflins, & aurontpris la forme d’une efpèce d ’onyx
fi l’on peut employer cette comparaison.
Ces exemples font très-fréquens. Si les côtés
d’un vallon primitif n’étoient pas parallèles , les
veines qui auront été moulées fur eux feront chacune
une inflexion finueufe , où l’on trouvera des
anglès folides, dont la direction & l'inclinaifon
feront celles qu’offroit le fond de la vallée avant
d’être comblée. On -peut faire cette obfervation
dans les mines de Valenciennes.
Lorfque ie vallon primitif étoit étroit & bordé
de montagnes ou de monticules efearpées, les dépôts
fe font faits fuivant une ligne qui approche
plus ou moins de la verticale* On a eu lieu de confirmer
cette obfervation dans plufieurs mines, &
rincipàlement à celle des Gabeliers en Bouronnois.
.
Si un vallon primitif,.avant d'être comblé, étoit
bordé feulement d'une chaîne de montagnes efear-
pées, que fon fond fût uni & étendu, les dépôts
s’y font faits à peu près horizontalement.
Si le baflin etoit entouré de montagnes primitives
de à 50 degrés d’melinaifon, & que l’intervalle
compris entre le pied de ces montagnes
fût uni, les dépôts fe feront faits fuivant les courbures
des pentes de ces montagnes.
Enfin, fi les montagnes primitives formoient
entr'elles. une gorge très-irrégulière & étroite,
les dépôts en ont pris les différentes courbures :
on y rencontre une maffe informe 'de charbon qui
a quelquefois, plus d'une centaine de pieds d e-
paiffeur,mêlée foùvent de fchiftes&de grès. L'on
remarque que les feuillets qui les composent, font
contournés de diverfes manières. Cet exemple eft
tiré des mines de Montcenis ( Saône &: Loire) ,
& de celles de la Taupe , dans la ci-devant province
d’Auvergne.
B. Seconde divifion.
Les accidens que peuvent éprouver les veines
de charbon, font de plufieurs efpèces,.
1 ®. Elles peuvent faire un angle dans leur pente,
foit en s'enfonçant en terre, foit en fe relevant
au jour. '
2°. Elles peuvent fe trouver inrerrompues fans
que là coucne qui les renferme, ait changé de
pente ni de direction.
3°. Elles peuvent être coupées par un rocher
fans changer de pente ni de direction. Cependant
les deux parties de la veine peuvent être chacune
dans un plan différent.
40. Elles peuvent changer de direction ou garder
la leur, être rejetées fur le côté par un obf-
tacle étranger aux dépôts fecondaires.
50. Elles peuvent être interrompues par l’in-
clinaifon du toit fur le mur ou par le relèvement
du mur vers le toit.
6 ° . Elles peuvent être interrompues dans leur
direction &: fur toute leur hauteur par une ligne
oblique à l'horizon.
7 0. Elles peuvent être divifées dans leur épaif-
feur, pendant quelques toifes, par Une roche intermédiaire.
C . Troifième divifion. ‘
1®. Lorfqu’tine veine fait un reflaut ou une inflexion.,
le to it , le mur & la roche environnante
font le même angle. Il peut être plus ou moins
aigu , mais il ne peut avoir que deux Situations :
ou l'angle eft en bas & fes côtés en haut, ou1 bien
l’angle eft en haut & fes deux côte's en bas. '
Si une veine eft interrompue fans que fon toi: &
fon mur aient changé de direction ni d’inclinaïf
c ’eft une Ample folution de continuité de ch .-bon
. de terre, qui alors eft remplacé par de la té: