
f
5 8 6 D A X
au deffus du niveau de la rivière, dont les débor-
demens d’ ailleurs font fréquens & dangereux.
Le commerce principal de Dax coniifte en
planches de pins, en pains de goudron & de ré-?
fine, en vin & en eau-de-vie qu’ on charge à
Bayonne. Des particuliers riches y formèrent, en
.1766, une fabrique de fergettes pour doublure
d’habits, de cordelats, de cannelés, de flanelles &
de petites étoffes à la façon d’Angleterre.
Les eaux thermales de Dax font précieufes quant
à leurs qualités & à leurs effets. Oh y prend des bains
chauds 8c des boues arrofées par les eaux naturellement
chaudes & minérales, fauve rai nés pour la guérifon
des rhumatifmes, dont les douleurs les plus vives
difparoiffent à la fimpleapplieation. Elles étoient
en réputation chez les Romains. La fontaine d’eau
-minérale chaude, qui eft une des plus renommées
du canton, a fa fource précifément au milieu de
la ville. C ’eft un grand baffin à cinq faces irrégulières
, très-profond & d une étendue très-vafte. Il
^eft toujours plein d’une eau prefque bouillante qui
en fort abondamment par cinq ou fix gros tuyaux.
Leur réunion forme un ruiffeau allez confidér, ble
qui va Te jeter dans l’Adour, au bord duquel la
.ville de Dax eft fît liée. A environ cinq cents pas
au deflous, 8c affez près des bords de la même
rivière , fe trouvent des bains qui fervent à beaucoup
de malades. Ce font dé grands trous pleins
.d une eau bourbeufe , beaucoup moins chaude que
celle de la fontaine de la ville. Elle provient cependant,
félon toute apparence, du même réservoir.
_ 11 y a dans la ville de D a x , au lieu dit l’Abejfe 3
.une forge exploitée au moyen d’ un feu bifcayen.
Tout près eft une mine de fer , d’ où l’ on tire de
fuperbes madrépores en aftroites , chargés de
cette mine de 'fe r que l’on trouve par couches.
Elle donne du £er dans cette forge de l’Abeffe.
On a extrait, pour l’ufage de cette forge , de la
mine de fer coquillière à côté du moulin de Prouf-
tignac & d’Ardy 5 mais l’une & l'autre étoient
trop fabionneufes.
Je me propofe d’ajouter à l’atticle de D a x , cm
.je préfente tout ce que renferme l’intérieur de
cette ville , trois objets d’hiftoire naturelle, qui
figurent à une certaine diftance dans les environs.
Le premier offrira la collection des coquillages 8c
autres dépouilles d'animaux que renfermoic, fèn
1762, le cabinet de M. le préfident de Borda} le
fécond des amas de plâtre , & le troifième une
mine de fer qui, outre les filons fort riches 8c fort
•abondans, s’ eft répandue fur de nombreux amas
de coquillages , & les a recouverts d’ une couche
de ftalaêbques qui les a ferrifiés fans en faire dif-
paroître les formes générales.
Ces coquillages fon t, i° . des efpèces de petits
rouleaux qui le trouvent dans une pierre mar-
neufe , blanche, grife, &c. La furface de ces
corps marins eft femblable à celle des limaçons.
IJ eft à préfumer que ce font ces efpèces de co-
D A X
quilles qui ont fait ces trous dans la pierre, qui en-
fuite ont été détruits , de manière que leurs moules
ont été remplis d’une matière pierreufe plus
compaéte que le relie.
20. Il y avoit beaucoup d’os , de vertèbres t
de côtes, de dents d’animaux marins,, entr’autres
une mâchoire de vache_ixia.rine, dont les dents
étoient rondes. Il y avoit d’ ailleurs des dents de
chien de mer , des peignes de différentes formes j
enfin des dents de vache marine , qu,i étoient
creufës à leur bafe. Au refis , nous renvoyons à
ce qu’a dit M. Cuvier fur les différentes efpèces
d’animaux dqnfc les dépouilles ont été recueillies
aux environs de Dax , & qui m’étaient peut-être
pas bien connues en 1762.
-30. Il y avoit autli des madrépores étoilés,, fem-
blablés à ceux de Mérignaç des environs de Bordeaux
5 des madrépores branchus , petits & grandsj
des boules avec des étoiles épar les} des hémifphè-
res avec des points-de- Milan 5 des cunolithes, &c.
Ces madrépores étoient, ou dans l’état ordinaire
de Fofliles, ou. dans l’état fpathique , ces fpaths fe
trouvant dans une couche plus profonds que celle
qui conrenoit les corps purement fofliles. Nous
renfermerons dans cette quatrième chffe les c -
quilles que nous indiquerons d’abord fous, les dénominations
de vis , de rouleaux, de peignes 3 de
cafques, de grojjes huîtres 3 femblables à celles de
Saint-Émilion, à quoi nous ajouterons les nom-
breufes familles femblables à celles de Grignon
proche Verfailles. Nous diftinguerons suffi des
peignes & des ourfins de h plus belle forme, &
des variétés les plus curieufes. A côté , on obier-
voit des noyaux de toutes ces coquilles , dont les
uns étoient de la plus belle conservation, & les
autres étoient aplatis avec des débris ;de coquilles
à leur.furface. On voyoit au‘fi d.es noyaux envelopT
pés d’une criftallifation fpathique dans le vide ré-
fidant entre le noyau & la pare qui l’envoloppoit,
& étoit de même nature. L’efpace vide étoit plus
confidérable que l’épai fleur de la coquille. .Tous
ces fofliles ont été furtout recueillis dans la partie
des landes qui avoifine la ville de Dax au nord,
dont les couches font imprégnées d’un dépôt ferrugineux
, qui eft connu fous le nom dÇalliofie;
en forte que toute la charpente des madrépores &
les noyaux des coquilles étoient ferrifiés entièrement.
Nous avons enfin remarqué en même tems
des lenticulaires à fpirales bien fuivies; des nauti-
lites groffes 8c petites, fort bien confervées avec
leurs noyaux.
Il y a beaucoup de plâtre aux environs de Dax
& de Bayonne, & voici la marche &c. la diftribu-
tion des gites dans lefquels on le trouve en mafles
ifolées & mêlé avec les couches de pierres qui lui
fervent de bafe : on le trouve à Gaujac, le long du
Lien en tournant vers Dax , le long de.l’ Adour •,
vers Biodos, 8c enfin vers Biarits, fur les bords de
la mer. Il eft deflous le bitume,qui eft furtout fort
abondant à Gaujac.
D É B
On remarque des fontaines Calantes dans tout le
trajet que parcourt le plâtre, & le bitume eft plus
communément deflus le plâtre.
Le plâtre eft par couches en filets parallèles &
perpendiculaires à l’horizon, comme celui de Lunéville.
Enfuite il y en a en criftaux fort clairs,
qui font des pris mes tronqués} les autres font d un
blanc non tranfparent 8c informes, comme celui
des Pyrénées. La plus grande partie eft rouge , &
paroît tirer cette couleur du bitume qui 1 accompagne.
La difpbfîtion du plâtre paroît favori fée par
celle de fes criftaux diftribués parmi l’argile, à Mé-
rignac pioche Bordeaux» & par la fuite des amas
qui fe trouvent arrangés depuis l’ancienne terre des
Vofges jufqu à Paris, en traverfant la Lorraine, la
Champagne & la Brie.
J’ajoute qu’ on tiouve beaucoup de bois foffile 8c pétrifié aux environs de Dax.
Les récoltes qu’on a faites dans les premiers
tems qù’on étudioit les dépôts fuperficiels de la
mer, doive'ntencourager, maintenant cju on eft plus
inftrùit, à reprendre par ordre les mêmes recherches
pour déterminer ,les animaux dont on a recueilli
les dépouilles, furtout dans les. contrées
qui environnent la ville de Dax , & à Merignac
proche Bordeaux.
DÉBÂCLE : c’ eft la rupture des glaces, qui a
lieu après qu’une rivière a été prife pendant quelque
tems, lorfque le dégel ou d’autres circonftan-
ces y produifent la défunion des glaçons. Pour
avoir une idée de la manière dont s'opère une débâcle
, il faut connoître comment une rivière fe
trouve prife , ou comment les glaçons fe raffem-
blent pour la couvrir > car c eft par la combinai-
f m des forces qui défunilfent & défaffemblent les
glaçons, que la débâcle fe déclare._
Lorfqu’une rivière a commencé à charier, fi le
froid augment,, -leà glaçons fe multiplient & fe ferrent
au point que leur convoi fe ralentit & ne
peut fe continuer fans qu’ il n’y aj't pas d obftacle.
Alors ils s’arrêtent à certains points où l’obftruc-
tion eft complète j & pour peu que le froid continue,
ces glaçotrs fe foudent entr eux de maniéré
que leur réunion forme une glace folide 8c continue,
fur laquelle on peut paffer avec des traîneaux
& des voitures , quoiqu’ellè foit faite de
pièces 8c de morceaux ; mais comme la foudure
n’a pas acquis la même épaiffeur que le corps de
chacun desglacons, il eft vifible que c’ eft par cette
foudure que le dégel doit fe faire fentir fut cet af-
femblage de glaçons qui couvre prefque toute la
furface d’une rivière. Ainfi l’on voit que ces glaçons
fe défuniflent fenfiblement à raefure que ,1e
dégel fait des-progrès plus marqués. ,
Outre cela, dans le tems du dégel ou quelques
jours après qu’il s’ eft déclaré, les rivières éprouvent
une crue affez confidérable, à la fuite de laquelle
la totalité des glaçons fe trouve foulevée de
quelques pieds , & fe courbe 4,® telle forte que,
D É B 587
dans cet effort, une grande partie des foudure*
fe rompt j ce qui forme de gros quartiers de
glace défunis. Il en réfulte donc un nouveau convoi
de glaçons qui fe meuvent d abord difficile—
men, mais qui par la fuite font chariés avec
d ’autant plus de vîteffe, que les quartiers de glaces
diminuent davantage, & que la crue fournit
plus de véhicule pour dégager les glaçons & favori
fer leur transport.
C ’eft donc à la rapidité & à l'abondance de la
crue qu’éprouve une rivière lors du dégel ^ que
font dues les débâcles, ainfi que les défaftresqu elles
produifent le plus fouvent, & dont nous avons
été témoins plufieurs fois à Paris & le long de la
Loire.
Pour donner une idée de ces cataftrophes dé-
faftreufes, nous joindrons ici les deferiptions
qu’on en-a données en différens tems , & où tous
les éyénemens ont été préfentés Amplement &
clairement.
Il arrive fort rarement, & même il n’arrive
prefque jamais que la rivière de Seine & .celle de
Marne débaclent en même tems : c ’eft un grand
bonheur qu’elles ne partent que l’une après l ’autre :
le canal même de la Seine ne fe fermeroit jamais
parles glaces fi les glaçons netrouvoient, aux piles
des ponts , des obftacles qui en arrêtent les con-
voisi mais s’il fe trouve, comme cela ne manque
pas d’arriver, des glaçons difpofés à s’arranger de
manière à former une arcade couchéq, qui s’appuie
fur deux piles, alors les convois dé glaçons
font arrêtés au deflus des ponts, & continuent à
s’accumuler 8c à fe ferrer les uns contre les autres.
En même tems toute la partie de la rivière qui eft
au deffous ou, comme difent les gens de rivière,
à l’ aval de- l’endroit où l’embarras s’ eft formé,
cette partie , dis-je, refte vide de glaçons.
Souvent les glaçons qui defeendent d’amont en
certaine abondance , & qui fe trouvent arrêtés par
quelques-uns des obftacles dont j’ai parlé, s’amoncellent
tellement les uns.fur les autres, qu’ils forment
des maffes dont les efforts, animés par le
courant, font très-redoutables lors des débâcles ;
c’eft ce que les gens de rivière appellent .ren-
charge.
D’abôrd les rivières commencent à charier une
crème de glace ou de très-petits glaçons fpon-
gieuxj c’ eft ce que les gens de rivière appellent
butiner. La rivière continue enfuite à charier en
augmentant toujours, & trois ou quatre jours
après elle fe trouve arrêtée fi 8 le froid redouble 3 c fi les glaçons, augmentent en volume 8c en
nombre. Au deffous de l’endroit où Ls glaçons
font arrêtés, la rivière refte libre & non couverte
de glaçons , & cela arrive en plufieurs endroits
des rivières fi les glaçons y font arrêtés , 8c dans
bien des circor.ftances la rivière , arrêtée par les
premiers ponts de Paris, fe trouve couverte dans
une grande étendue de fon cours au deflus.
Il y a , des deux côtes de la rivière, des gla» 3 Eeee 2