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abondant en fources. Ces montagnes font fuite
depuis la vallée de Natron jufqu'à l’oafis d’Ham-
mon ou Syoûah. Au-delà de cet oafis elles continuent
à fe diriger vers l’oueft jufqu’ à l’oafis de
Andjelah , 8c enfuite jufqu’aux montagnes de Mo-'
raije ou Maraï, qui s’étendent au fud-fuckoueft.
Au-delà de Syoûah elles s’élèvent brufquement
du niveau de la plaine, avec la roideur d un précipice
, & elles offrent l’afpeét d’ un rocher nu ,
fans le moindre revêtement de terre ou de fable.
Leur forme extérieure , jointe au fable marin qui
couvre le défert, indique que cette vafte étendue
a été fubmergée. On voit dans la plaine fablon-
rieufe qui s’étend au pied de ces montagnes, la
faperficie d’un immenfe rocher calcaire, qui ne
renferme aucune trace de pétrification, tandis que
les montagnes adjacentes font compofées de pierre
calcaire remplie de débris d’ animaux marins 8c de
coquillages. Les couches de toutes ces montagnes
font horizontales.
A l’oueft de Syoûah, Hornnemann trouva deux
bancs ou monceaux de coquillages pétrifiés, dont
quelques-uns avoient plus de deux pouces de longueur.
Son interprète lui dit que, marchant à quelque
diftance de lui, il avoît vu une montagne ifolée
& fans connexion avec d’autres, qui étoit entièrement
compofée de coquillages. On rencontre
dans tout cet efpace plufieurs de ces grands amas
ifolés , 8c les jointures ou interfticés de leurs couches,
toujours horizontales, étant remplis d’ une
fubftance rougeâtre , friable 8c calcaire, ils ref-
femblent à des pyramides.
Andjelah, fitué à dix journées de marche à l’oueft
de Syoûah ,eft une ville connue dès le teins d’Hé-
rodore. Elle couvre un efpace d’ un mille environ
de circonférence. Les maifons font de pierre calcaire
tirée des montagnes voifines. Les environs
_ font des plaines fablonneufes ; cependant le fol
y eft afîez fertile lorfqu’il eft bien arrofé. On ne
cultive pas une quantité de blé fuffifante pour la
confommation dès habitans. Les Arabes de Bengali
importent chaque année du froment & de
l ’orge. Tout l’efpace compris entre Andjelah &les
montagnes de Maraï eft entièrement privé d ’eau,
& fi complètement ftérile, qu’ il eft impoflïble d’y
trouver un fçul brin d’herbe. La plaine eft compofée
de pierre calcaire, quelquefois-toute nue, mais
plus fouvent couverte de fable mouvant.
Les montagnes de Maraï femblent devoir leur
origine à une bafe ronde de rocher calcaire, où
les vents ont accumulé des monceaux de fables,
fouvent à une très-grande hauteur. Cette chaîne
s’étend fort loin au fud-fud-oueft , & paroî.t aufli
prolonger les ramifications vers le nord j elles font
principalement formées par l’ amas de gros rochers
de forme bizarre, qui portent l’empreinte de grands
bouleverfemens arrivés dans ces lieux.
C ’ eft dans cette pofition , environ par dix-neuf !
degrés de longitude eft & par vingt-huit degrés de j
latitude nord, que fe rencontre la région mon- *
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tueufe d’Harondje , fi connue 8c fi redoutée
des voyageurs. Son afpeci eft noir 8c dépouillé
de végétation. Le fol eft pierreux, & les pierres
font calcaires. La forme de ces montagnes eft généralement
conique : leurs couches, jadis horizontales
, ont éprouvé une révolution qui les a
brifees , bouleverfées & confondues comme elles
le font aujourd’hui.
La fubftance dont elles font formées refiemble
au bafalte ferrugineux par la couleur & la nature
de fes fragmens.
Ce d é f i tmontueux d’Harondje eft à fept journées
d’étendue du nord au fud, & cinq de l’eft à l’oueft, 8c fépare le Fezzan du défert de Libye. Une de les
branches même entoure le Fezzan au nord, & fe
rend jufque fur les limites du défert de Saahra. Le
tableau, brifé, fauvage & terrible à la fois que préfente
cette région, fait fuppofer au voyageur Hornnemann,
qu’une révolution volcanique imprima dans
un tems quelconque, à fa furface, fon apparence actuelle
de bouleverfement. Nulle part ces inégalités
du fol n'y font d’une grande élévation. L’afpeél
général delà contrée offre des chaînes continuelles
de collines prolongées en différens lens, ne s’é le vant
que de huit à douze pieds au deffus du niveau
du fol intermédiaire , & entre les ramifications
1 desquelles de hautes montagnes ifolées , dont les
flancs font très-èfcarpés dès leur bafe, s’élèvent
d’un terrain abfolument plat, fans aucune pro-
greffion de pente.
Les intervalles qui féparent ces montagnes font
le plus fouvent couverts dë fable mouvant, blanc,
fur lequel font irrégulièrement épars de gros blocs
de pierre de la même nature & de la même fubftance
que les pierres généralement répandues dans ce
défert. Au rapport d’Hornnemann , la terre qui fe
trouve fous ce fable mouvant reffemble à des cendres
vomies par un volcan. Ce voyageur obferva dans
le même lieu des pierres moins groffes & de couleur
rougeâtre, fembJables à celles des briques
cuites : il y en a voit dont une moitié étoit rouge, &
l’autre noirâtre. La partie rouge n’avoit nila même
denfîté ni le même poids que la noire : la première
eft plus poreufe & plus fpongieufe , & refiemble
en général aux fcories des métaux.
La fubftance pierreufe qui conftitue la maffe
de ces montagnes , varie en couleur 8c en épaif-
feur 5 elle eft, en quelques endroits, lourde & compacte
j dans d’autres, elle a de petits trous & de
petites cavités. Ces fortes de pierres font entremêlées
, & l’on n’ apperçoit ni dans l’une ni dans
l’autre aucune matière ou fubftance hétérogène.
Le gïffement de ces pierres eft parfaitement horizontal,
mais fouvent dérangé. Des parties de la
première couche fe mêlent avec la fécondé, &
celle-ci avec la troifième : tantôt les couches
prennent une direction oblique , tantôt elles font
mêlées confufément, quelquefois il n’en paroît
pas du tout. On voit aulfi , de loin en loin , dans
les portions^plates qui font dépourvues de fable ou
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de terre végétale, des rochers à fleur de terre, dont
la fubftance eft la même.
Toute cette région de monticules, de collines,
de rochers 8c de montagnes eft en même tems
entrecoupée de vallées où l’on rencontre par fois
de l’eau ; & quoique le fol ne foit que du fable
blanc , il eft aflez fertile pour produire des arbres
ifolés & du fourrage pour les animaux. Ces ef-
pacvs productifs offrent çà & là des indices de
gibier.
Dans une caverne de ces montagnes,! interprète
de M. Hornnemann remarqua que les pierres noires
qui la formoient, repofoient fur une couche de
pierre blanche argiieufe. M. Hornnemann lui-
même, dans un voyage poftérieur qu il fit de Fezzan
à T rip oli, & craverfant le défert, qu'il prenoit pour
une continuation du Harondje, vit des rangées de
collines de bafalte , qui alternoient avec des collines’
calcaires.
Le Harondje, tel que nous venons de le décrire,
porte la dénomination de noir. Le Harondje blanc
y eft contigu à l’oueft, & n’eft qu’uqe vafte plaine
entre-mêlée de monticules ifolées > ir^étend, jufqu’aux
montagnes qui commencent près oqFezzan.
Les pierres qui couvrent la furface de cettèqûaine
ont l’ air d’être vernies : il en eft de même de tmiçes
les autres fubftances , & même des rochers qui"
interrompent de tems en tems le niveau. On trouve
parmi les pierres, des débris de grands animaux ma- ,
tins pétrifiés , & plus fouvent encore des coquilles
fermées & converties en maffe folide.Ces coquilles,
frappées avec force], rendent un fon aigu, & leur
caffure a l’apparence de celle du verre.
Les Arabes comprennent dans le Harondje blanc
les collines baffes , nues & calcaires qui bordent
la plaine j mais leur nature eft très-différente : elles
contiennent beaucoup de pétrifications. Ces montagnes
fortent de terre pat un efcarpementqmme-
diat. La fubftance dont elles font formées, n’ eft que
de la pierre à chaux friable , où les pétrifications ;
ont fi peu d’adhérence , qu’on peut les^ arracher j
fans effort. Ce font des conques, des limaçons,
des poiffons & autres fubftances marines. On y
trouve des têtes décoiffons , qui fuffiroient pour
faire la charge d’ un homme. Il y a dans les vallées
adjacentes une grande quantité de coquillages de
la même efpèce que ceux qu’on trouve dans la
grande plaine, & qui femblent également vernis.
( V o yei F e z z a n . ) , _, .
* - Au milieu de cet immenfe océan de fables mou-
vans qui féparent l’Égypte de la portion occidentale
de l’Afrique, font difperfées des efpèces d îles
habitées & cultivées, que nous défignerons, à
l ’exemple des Anciens, fous le nom d'Oafis. Il
s’en faut de beaucoup que les auteurs anciens &
modernes foient d’accord fur le nombre des oafis i
cependant ni les uns ni les autres ne les ont portées
au-delà de trois. Nous nous propofons de revenir
fur ce fujet à l’article Oafis. ( IBB « mot. )
Défert de Sélima.
Il appartient moitié à la Nubie & moitié à
l’É gyp te, fur le revers des montagnes qui deflînent
les bords de la rive gauche du N il, & à la hauteur
des petites catara&es de ce fleuve ou de la ville
de Syenne. Il eft prefque contigu à la pointe fud-
eft du défert de Libye. Les grandes cataraéles du
Nil font au fud de ce défert, qui eft fitué entre le
4.7e, & le 52e. degré de longitude e f t , & entre le
24e. £< le 2 j c. de'gré de latitude nord.
Il eft de forme alongée, dans la direction du fud-
oueft au nord-ett. Ce aéfert a été traverfé dans le
fens de fa largeur par le voyageur Brown.
Défert de Nubie.
Le défert de Nubie eft dans la dire&ion du fud-
eft au nord-oueft. Il eft fitué fur le revers des
montagnes qui forment la côte fud oueft de la
Mer-Rouge, & entre ces montagnes & la rive droite
du Nil au deffus des ^grandes catara&es. Il eft bordé
dans une partie de fa longueur par des rochers
qui le féparent de la province de Dongola.
Ce défert, vifité par Bruce , eft fitué entre le
yoe. & le 0 Î . degré de longitude eft , & entré le
i X7e. & le 23e. degré de latitude nord : fa pointe
; nord-oueft s’étend jufqu’ à la ville d’Ibrim , fur
I les bords du Nil. ( Voye^ les articles Ar a b i e ,
N ubie> Syr ie , Sibérie , S t e p s , Per s e , T ar -
TARIE , &C.)
D é s e r t ( Le') , du département de Seine
& Oife , jardin dans la commune de Verfailles ,
près de la ferme des Eflarts, où l’art & l’ induftrie
ont fait difparoître l’aridité du fol. Ce jardin a été
noté dans le poème des Jardins de l’ abbé Delille-»
ce qui peut donner l’idee du mérite de cette retraite
champêtre.
DE S 1X (La ) , département des Pyrénées-Orientales
, canton de Sournia. Sa fource confifte dans
la réunion de plufieurs ruiffeaux, à une lieue 8c demie oueft de Sournia ; verfe fes eaux à l’e ft,
remonte.au nord-eft, reçoit la Malaffas, & fe rend
dans la Gly , à trois lieues 8c demie à l’ eft de fa
fource.
DESOUBRE ( La ) , petite rivière du département
du Doubs , canton de Pierre-Fontaine. Elle
prend fa fource près de Loray, village à trois quarts
de lieue d’Orchamps, & va fe jeter dans le Doubs
à Saint-Kippolyte , à treize lieues nord-eft de
Befançon.
DESPINGON ( Lac de ) département de la
Haute-Garonne, canton de Bagnères-de- Lu ch on ,
fur le G o, où il forme une cafcadede huit cents pk ds
: de chute § dont les eaux fe rendent dans le Uc de