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convaincu que toutes ces circonftances s'y font
trouvées conftamment réunies.
En réunifiant tous ces faits, toutes ces obfer-
vations, on peut remonter des te ms modernes aux
terns anciens, & retrouver cous les faits du même
ordre dans un ftu l, & toutes.les opérations fuccef-
fives dans un réfultat aétuei.
De même tous les endroits éloignés du cours
des eaux, & qui femblcnt cependant avoir été
excavés par les eaux, tels que les vallons fecs &
toutes les configurations de leurs croupes, en.don-
nant palfage aux eaux fournies par la fonte-des
neiges, ont prouvé que leur approfondifîement eit
dû a l'aâion des eaux courantes, comme les vallées
au milieu defquelles les ruifîeaux & les rivières
ont un cours foutenu & continuel. On obferve
au® les mêmes circonftances inflruétives dans les
effets, à la fuite des eaux qui viennent d'orages
très-abondans, tant il efl vrai qu'en fuivant avec
foin les opérations de la nature, même , ce qu'on
prend quelquefois pour fes écarts , on peut rendre
raifon d'une infinité de phénomènes qu'il eft difficile
d'expliquer autrement, parce qu'on ne peut
pas aifément en rapprocher les caiifes : ce font cependant
ces caufes que les écarts de la nature nous
montrent le plus fouvènt.
Au lieu d'étudier ainfi, on fait des hypothefes
où des agens imaginaires figurent d’une manière
miraculeufe, 8c dont rien, dans la nature, ne donne-
la première idée. ..
Dans les grandes montagnes on voit plus fou-
vent encore les caufes des anciennes dégradations
des eaux, lors des débordemens que produit annuellement
la fonte des neiges, ou qui fe monfreist
accidentellement à la fuite des orages violens. Il
y a peu de délimitions anciennes dont on ne voie
des exemples frappans de tems en tems par 1 action
des eaux, q u i, ayant plus d'énergie dans les
hautes montagnes, caufent des ravages plus marqués
que dans les cantons de la nouvelle terre où
il y a moins de pente.
Confidérez, fous ce point de v u e , que ce que
les gens peu inftruits regardent comme les écarts
de la nature , eft un relie de fon ancienne marche
qui fe montre plus ou moins rarement, fuivant
que l’état de la terre eft plus ou moins changé
en conféquence de l’habitation & de la culture
dans les cantons de la nouvelle terre. Ces deux circonftances
ont produit beaucoup de changement
dans les hautes montagnes : la nature y a encore
confervé ledeflus, 8c fon ancienne allure eft moins
altérée par les travaux des hommes, 8c il y a plus
encore d'ir.ftruttion à trouver lorfque, par l'étude
de ce qui fe paffe de nos jours, on prétend remonter
aux caufes de ce qui s eft pâlie, 8c dont les réful-
tats fe montrent partout. C'eft par les montagnes
qu'on doit commencer l'étude de ces opérations.
Débordemens de la Seine.
U y a dans Paris différens endroits où l ’on a
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marqué jufqu'à quel point la Seine étoit montée
dans les débordemens les plus confidérables. L année
17 19 , où la quantité de pluie ne fut que de
neuf pouces quatre lignes, au lieu de dix-neuf
pouces qui font la quantité moyenne , ayant été
extrêmement fèche, & par conféquent la nviere
fort baffe, on eut la curiofité de mefurer de combien
elle étoit pour lors au deffous des marques
de fes divers debordemens , 8c 1 on trouva qu elle
étoit à vingt-fept pieds & demi au deffous de
la marque du débordement de 171J > vingt-fix pieds
& demi au deffous de celui de 1658, & vingt-deux
pieds au deffous du débordement de 1 6 9 7 , & enfin
vingt-quatre pieds au deffous des debordemens de
la fin de février, & commencement ue mars 17 1 * >
j en forte qu’il refaite qu’en prenant le point de
1719 pour celui des plus baffes eaux, & celui du
débordement de 161J pour celui des plus hautes,
les variations de l’eau de la Seine fe trouveront
être renfermées dans les limites de vingt-fept
pieds & demi, &rcela fait une affez grande différence
dans la quantité d’eau. Si 1 un avoit un
nombre fuffifant d’ obfervations pareilles , on dé-
terminèroit affez. jufte les bornes des hauteurs des
rivières, & l’ on fe régleroit là-deffus pour plu-
fieurs opérations importantes. ( Mémoires de VA-
cadêmie , année 1720, page 10. )
On voit par les débordemens de la Seine , qu’elle
fe porte plus abondamment dans les parties de la
plaine fluviale, qui font plus proches des bords
efearpés ; que ce font là les parties les plus baffes
de la plaine fluviale , celles qui ont été abandonnées
les dernières, célles dans lefquelles elle ren-
: tre le plus tôt.
J’ai Yiiîté , le 9 février, les débordemens de la
Seine vers Chaillot & Paffy , & j’ai vu l’eau fe répandre
dans le Cours-la-Rcine jufqu'à la nouvelle
chauffée, & refluanr par l’égout. La Seine dèvroit
fe répandre fur tout le faubourg Saint-Honoré,
mais principalement depuis le bord efearpé de
Montmartre à l’Étoile i mais cela ne commence,
à caufe de l’exhaufferoent du terrain dans Paris &
des quais, qu’à la place de la Concorde } de là , cala
life le bordéfearpé de Chaillot & de Paffy, en-
fuite forme une circonférence qui, par un arron-
diffement infenfible qui fuit la montée du milieu
de Vaugirard, fe porte à Iffy, enfin va baigner les
bords elcarpés de Bellevue. J’ai confidéré que
l’eau a été plus grande, puifqu’ily a des parties qui
ont été recouvertes par une feule nappe d’eau qui
les a applanies ainfi jufqu’au bord efearpé contre
le plan incliné. Le canal eft fouvent au milieu du
dépôt, & déborde des deux côtés dans ce cas.
L’effet d’un débordement devroit être defliné pour
donner une idée de ce que peuvent faire, les anciens
états des rivières , &c pour détromper ceux
qui railonnent fur les^effets de l’eau d’après l'idée
de l’eau fluviale qu’ ils voient continuellement réduite
à un petit yolume.
J’ai
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m J’ai vu la Seine au deffus de Paris, jufqu à la
hauteur des Carrières, & j’ai remarqué que toute la j
plaine fluviale étoit couverte d*eau.,On fe convainc j
aifément, d’après ce fpeélacle, i° . qu’un petit i-
accès torrentiel fuffitoit pour couvrir toute l’éten- ;
due de ces plaines fluviales} 20. que c’ eft la même j
eau qui a formé le dépôt de la plaine fluviale. On 1
apperçoit lés embouchures des deux rivières, la j
Marne & la Seine > formant une très-grande éten- j
due débordée comme elle l’étoit dans lés accès j
torrentiels. Cette eau alloit rafèr les anciens bords
d’efearpement ou de réa&io-n dans les endroits libres.
Paris fait exception à caufe de l’exhaufle-
ment du terrain & des quais.
Lorsqu'on voit l’étendue des plaines fluviales
& qu’on veut faire fcomprendre à ceux qui n’ont
jamais fuivi les effets naturels, qu'un état un peu
pluvieux dans’ces cantons du Globe a fuffi pour
remplir les plaines fluviales entières , ils ne peuvent
comprendre que la rivière foit capable de •
s’étendre ainfi ; mais qu’ils fuivent les' débordemens
dé la rivière, & ils-feront étonnés des effets & du
peu d’eau qui les produit.
Débordemens périodiques de certains fleuves*
Il y a des fleuves qui grofliffent tellement dans
certaines faifons de l’année , qu’ils débordent &
qu’ ils inondent les terres adjacentes. Parmi cous ces
fleuves, le plus célèbre eft le N il, qui s’enfle fi considérablement,
qu’ il inonde toute l'Egypte, excepté
les montagnes. L’inondation commence vers le 17
juin, & augmente pendant quarante jours, & puis
diminue pendant quarante autres : durant ce tems
•les villes d’Égypte, qui font bâties fur des montagnes
, paroiffent comme autant d’îles.
C’eft à ces. inondations que l’Egypte doit fa fertilité
,* car il ne pleut point dans ce pays , ou au
moins il n’y pleut que fort peu. Ainfi chaque année
eft fertile ou ftérile en Egypte, félon que l’inondation
eft plus grande ou moindre. La caufe du débordement
du Nil vient des pluies qui tombent en
Éthiopie } elles commencent au mois d’avril, &
ne finiffent qu’en feptembre : durant les trois premiers
mois le ciel eft ferein pendant le jo u r , mais
il pleut toute la nuit, Les pluies de l’Abyffime contribuent
auffi à ce débordement j mais le vent du
nord en eft la caufe principale , i ° . parce qu’il
chaffe les nuages qui portent cette pluie du coté
de l’Abyffmie } i° . parce qu’ il fait refouler les eaux
du Nil.
DÉBOUQUEMENT. C e mot eft en ufage dans
l’Amérique , pour défigner un détroit formé par
plufîeurs îles entre lefquelles les navigateurs font
déterminés à paffer, parce que les courans font
favorables à la marche des vaiffeaux. C e terme de
débouquement s’applique particulièrement aux Antilles
& aux îlésqui font au nord de Saint-Domingue.
Les principaux font ceux de K rooked, de Mogane,
Géographie-Phyflque. Tome 111%
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des Caïques, des îles turques & des îles de Baha-
ma. ( V o y e i cet article Bah a m a . ) L e s debouque-
mens dont nous venons de parler font vifiblement
l’ouvrage des courans qui, le portant dans ces parties
, ont ouvert d’ abord les paffes entre les îles
| notées ci-deffus, & q u i, continuant le meme tra-
j vail , favorifent en même tems la navigation par
j ces iffues.
On peut appliquer auffi ce mot à un débouché
quelconque d’ une certaine maffe d’eau contenue
dans certains baftins de l’Océan, circonfcritsnon-
| feulement par des côtes élevées, mais iurtout par
une fuite d’écueils à fleur d’eau, & furtout de bas-
! fonds. J’en donnerai par la fuite l’ indication 6c le
dénombrement, qui doivent intereffet ceux qui
s ’occupent de l’hiftoire de la fuperficie géographique
du globe, que plùfieurs géologues ignorent.
DÉCHIR E-CULOTTE ( Rocs de ) , îles du
département du Va r, arrondiffement de 1 ou Ion,
au fud-fud-oueft de la prefqu’ ile de Giéns. Ce
A font deux petites îles éloignées d’environ cent
toifes delà terre ; elles ont le cap de Vielle à l’ eft.
C’eft ainfi que les bords de la mer fe rendent in-
téreffans en Provence.
D E C IZ E , ville du département de la Nièvre.,-
dans une île formée par la Loire, à fix lieues & demie
fud-eft de Nevers. Lafituation de cette ville eft fin-
gulière & pittorefque. Ordinairement les îles que la
nature a femées dans le lit des fleuves font plattes ,
plus élevées, & n’ont de bord que,ce qu’il en faut
pour échapper à l’inondation : celle au contraire
où Décidé eft fituee, eft un rocher , une véritable
montagnes & comme un de fes flancs eft coupé
à pic , quelques perfonnes ont préfumé quelle
avoit été détachée du continent par la main des
hommes. Il ne refte plus que des piles ruinées d’un
pont d’une longueur prodigieufe , qui traverioit
les deux bras de ia Loire , & où venoient aboutir
toutes les communications de l’oueft de la France
avec la Bourgogne. Sur les débris de ces.piles on
a établi un pont de b o is , dont l ’ufage eft dangereux
pour les voyageurs.
On trouve à Décidé une grande forge, où l’on fabrique
du gros fer. Les mines de charbon de terre
de ce département font autour de cette v ille, dans
une montagne fur la L o ire , où i! ya deux exploitations.
C e charbon eft noir, gras & vifqueuxj il
s’allume auffi facilement que le charbon de bois ,
& le feu qu’ il produit eft encore plus ardent. C ette
ville fournit beaucoup de charbon de terre } elle
fournit auffi beaucoup de pierres meulières. On
y fait du fer-blanc auffi bon que celui d’Allemagne.
A une demi-lieue de Décidé, & à quelque distance
de la Loire, eft une carrière de plâtre blanc,
veiné d’un rouge couleur de rofe : cette carrière
eft très-remarquable. Il y a dans cette ville un fous-
infpeêteur des forêts. Elle eft dans le fyndicat de
F f f f