
le fond un grand nombre de foufflets j & dans les
jours très-chauds de l'été, on dit qu’on en voit for-
tir quelques exhalaifons enflammées.
Les terrains qui font entre les lagons & celui
qui forme les bords de chacun d’eux, font totalement
privés de plantes, & femblent être une matière
calcinée. En paffant fur ce terrain, on le fent j
craquer & s’ sffaiiTer fous les pieds comme fi c i - !
toit de la pierre ponce. On voit aufli çà & là des 1
croûtes de fonfre de différentes grandeurs & de '
couleurs différentes. La furface des rochers qui
font à nu entre ces lagons, eft toute rongée, s’é clate
facilement, & fe réduit en pouflière comme
les pierres à chaux calcinées.
Il y a d’ ailleurs dans tout ce terrain des trous
cylindriques, femblables à ceux que font les tarentules
dans les collines : il en fort une vapeur
chaude très-fenfible. Aux environs de ces trous ,
on trouve des morceaux d’ une fubftànce fembla-
ble à la pierre ponce : il y en a de rouges, de
jaunes, de noirs & de tranfparens. Il n’eft pas
étonnant que ces morceaux ne fe trouvent qu’aux
environs de ces trous ou foupiraux, parce que
l’ air qui en fort avec impétüofité les pouffe dehors.
11 paroît que l’eau fe maintient dans ces lagons
à peu près à la même hauteur, parce que cette
eau leur eft fournie par des fources foüterrai-
nes , & ils ne débordent qu'à la fuite des grandes
pluies : l’eau s’écoule alors dans la Poffera, torrent
voilin, & , par fon mélange avec l’eau de ce
torrent, les poiffons meurent dans une grande
partie de fon cours.
Les perfonnes qui font à portée d’ obferver
fouvent cesilagons, affurent qu’ils augmentent tous
les jours en nombre, & qu’il s’ en ouvre conti-.
nuellement de nouveaux, vraifemblablement fui-
vant la trace des couches ou filons de la montagne,
qui renferment les matières propres à leur entretien.
Les exhalaifons des lagons ne nuifent en aucune
manière aux animaux , comme nous l’avons
déjà dit j c’eft pourquoi dans l’hiver, & furtout
dans les tems de neige , les beftiaux s'y raffem-
blent en grand nombre pour y jouir de l’air tempéré
qui y iègne. Ce font non- feulement les anf
maux domeftlques, mais encore les lièvres &
différentes efpèces d’oifeaux. Dans l’é t é , les troupeaux
qui paiffent dans le voifinage, s’y retirent,
furtout à l ’heure de midi, pour s’y repoler & pour
fe garantir des mouches & des taons, car ces infectes
incommodes évitent l’atmofphère des lagons.
C E R CH IA G O , fource chaude & fulfureufe.
A environ un quart de mille de Monterondo,
s’élève une montagne qui a deux foffes à fes côtes
latérales : ces foffes reçoivent les eaux qui fortent
de cette montagne. Les fources font tout autant
d’ouvertures de la terre, par lefquelles J’eau fort
avec impétüofité > elle eft fi chaude & fi bouillante
en fortant, qu’elle brûle au feul tad autant que
peut brûler l’eau réduite au plus grand degré de
chaleur. Il exhale en même, tems de ces ouvertures
une quantité de fumée pouffée dehors avec
véhémence & avec bruit : cette fumée, de couleur
grife & humide , eft tellement imprégnée
d’exhalaifons, que par fes dépofitions elle colore
les pierres quijfont à l’entour, & remplit l ’atmof-
phère de l’odeur de gaz hydrogène fulfuré.
C E R D A G N E . C ’ é to it un petit pays du ci-devant
Rouffillon, formant la partie la plus o c c identale
de ce tte province . Il fait partie aujourd’ hui
du département des Pyrénées-Orientales. II pou -
v o it avoir environ fix lieues dans fa plus grande
lon gueu r, fur quatre lieues de largeur. La rivière
de T e th & la Sègre y ont leurs fources. La rivière
de T e th traverfe le ci-devant Rouffillon dans fa
plus grande lo n gu eu r , & fe je tte dans la M éd iterranée
après avoir abreuvé Ville franche, Prades,
Millas & Perpignan. La Sègre dirige fon cours
vers I’Efpagne. C e pays eft rempli de montagnes 5
j il abonde cependant en excellens pâturages. C e tte
j contrée j i ’ é to it qu’ une petite partie de la Cerda-
| gne efpagnole 5 elle en a é té démembrée, & cédée
à la France par la convention paffée entre ces deux
puiffances lors du traité des Pyrénées. ( Voye[ le
département des PYRENEES-ORIENTALES.)
C ER E STE , village du département des Bou-
ches-du- R hône, canton de la Ciotat. Les environs
de Çérefie font très-agréables, & abondent en
bons vins mufeats & en fruits excellens.
C É R Ê T , ville du département des Pyrénées-
Orientales, à fix lieues de Perpignan. Cette ville
eft fituée au pied des Pyrénées, à un quart de lieue
de la rive droite du Tec. Le feul objet qui mérite
l’attention des voyageurs eft une grande fontaine
bien décorée, conftruite en marbre blanc : elle
jette particuliérement par huit côtés, en forme
d’a rc, une grande quantité d’eau dans un baffin
conftruit en pierres. La ville eft entourée dé hautes
montagnes. On paffe le T e c auprès de Céret,
fur un pont d’ une feule arche de cent trente-huit
pieds d’ouverture, bâti fur deux rochers. L’élévation
prodigieufe de ce pont fait l’admiration
des connoifféurs : on le confidère comme le plus
haut, le plus large & le plus hardi qu’il y ait en
France : on ignore l’époque de fa conftru&ion 5
on trouve feulement qu'il fut réparé en 1333. Le
territoire de Palol, à une lieue de Céret, renferme
une mine de pyrites cubiques. Céret eft le fiége
d’une fous-prefeélure.
C É R IG O , autrefois C Y T H È R E . C e tte île a
environ foixan te m illes de circuit 5 elle offre pref-
que partout des rochers arides & dépouillés de
terre. Quatre objets principaux ont fixé l’attention
des obfervateurs qui ont vifité cette île. Ils y ont
* vu d’abord des vefliges de feux volcaniques qui
dominent de tous côtés! Outre cela, il paroît que
fur cette bafe altérée plus ou moins par le feu , il
s’eft formé une fuperfétation, un dépôt confidé-
rable de teftacées d’une grandeur remarquable,
& furtout beaucoup de peétinites, les uns & les
autres dans un état de pétrification parfaite, &
n’ayant fouffert aucune altération par les feux fou-
terrains. On trouve auffi parmi ces dépouilles d’animaux
marins, des maffes affez confidérables d’of-
femens femblables à ceux de Cherzo & d’Ozero :
ce font des offemens humains pétrifiés , qui n’ ont
rien perdu de leurs formes. Enfin, fur une des
faces de f i l e , on rencontre une grotte dont les
parois intérieures font garnies de ftalaétïtes extrêmement
curieufes & inftru&ives. ( Voye£ Mémoires
de la Société italique, tome VIII.)
CÉRISY (F o r ê t d e ) , département du Calvados
, canton de'Balleroy, & à une demi-lieue de
cet endroit : elle a trois mille fix cents toifes de
long, & deux mille quatre cents toifes de large>
elle eft près de la Drôme.
C é r i s y -l a -Sa l l e , bourg du département de
la Manche , arrondiffement de Coutances , & à
deux lieues à l’eft: de cette ville. Il y a dans ce
bourg beaucoup de métiers où l’ on fabrique des
toiles de coutil. C ’eft fans doute ce qui elt caufe
que la plus grande partie des terres des environs
eft femée de lin. C ’ eft le plus grand arrangement
de l’induftrie lorfqu’on donne aux denrées que
l’on récolte le dernier degré de préparation : en
cela le lin eft préférable au coton.
CERNAY , ville du département du Haut-
Rhin, arrondiffement de B éfort, ail bord de la
Thuren, à une lieue un quart eft de Thann. Il y
a dans cette ville des manufactures où fon fabrique
des toiles, tant indiennes que moûchoirs ; un
martinet pour le fer & une falpétrière.
CER TA LDO . Certaldo eft un village de la Tof-
cane, qui eft remarquable par la colline qui eft
auprès, & dont le fommet eft une plaine ornée de
deux allées plantées de vignes & d’ arbres fruitiers.
La colline eft fi abondante en pétrifications, que
la culture en fouffre confidérablement.
CERVIA. Cervia eft à deux lieues de Cefena-
tico. Cette petite ville fournit du fel à prefque
tout l’État eccléfiaftique : les habitans des environs
vivent de ce commerce & de l’argent qu’il y
répand.
Près de Cervia y il y a une forêt de pins d’ une
demi-lieue de longueur.
..CERVIÈRES , bourg du département de la
Loire > arrondiffement de Montbrifon , canton de
Noiretable, fur un mont. Il y a une fonderie au
deffous de 1a_ montagne, qui eft toute remplie de
différens minéraux, &qui peut fournir à plufieurs
fouilles intéreflantés.
C E S I , petite ville fituée dans l’Apennin , à fix
milles au nord de T erni, & qui eft remarquable
par les bouches d’Êole. Ces bouches d’Éole font
des crevaffes & de petites cavernes ouvertes naturellement
dans le flanc d’une montagne, d’où il
fort en été des vents ou fouffles qui font d’autant
plus forts & d’ autant plus froids, que la chaleur
de l’air extérieur eft plus grande, & fon dit qu’ en
hiver elles afpirént ou pompent l ’air extérieur &
le réchauffent en même tems. Les habitans de ces
lieux favent tirer un très-grand parti de ces vents ;
ils bâtiffent leurs caves à l ’entrée des foupiraux
d’où ils fortent. Les vins auffi s’y confervent très-
long-tems, & les fruits, même ceux d’é t é , y ré-
fiftent pendant très long-tems à la pourriture. Ils
conduifent par des tuyaux cet air fraïs jufque dans
leurs appartemens, & les rafraîchiffent plus ou
moins à leur g ré , en ouvrant plus ou moins les
robinets placés à l’extrémité de ces tuyaux. Lorf-
que les chaleurs de l’été- ou de l’automne font modérées,
ce phénomène n’eft pas à beaucoup près
auffi fenfibie que lorfque les chaleurs font vives &
foutenues. Cependant il l’eft toujours affez pour
qu’on puiffe aifément reconnoître qu’il ne dépend
pas de la même caufe qui maintient l’égalité de
la température dans les caves ordinaires 5 car cette
caufe, quelle qu’elle fo it , foutient la chaleur de
; ces lieux profonds au degré pour cela appelé tempéré,
au lieu que l’air qu’on fent fortir des bouches
i d’É o le , au milieu de fê t é , fait defeendre le thermomètre
jufqu’ à 4 degrés au deffus de h glace,
[ tandis que dans les lieux qui n’étoient pas refroi-
I dis par ces vents ni expofés aux rayons du foleil,
le thermomètre s’élevoït à près de 14 degrés. La
montagne de Ce fi, dans laquelle font les bouches
d’É ole , eft compofée de couches de pierres calcaires
d’un grain ferré , comme les rochers de
Terni. ( Voye^ V ents p é r io d iq u e s . )
CESSIÈRES, village du département de l’Aifne,
arrondiffement de Laon ,, canton d’Anify-ie-Châ-
teau. Il y a dans le térritoire de ce village des
couches de pyrites.
C E T T E , ville du département de l ’Hérault, à
une lieue Yud-eft de Meze. Cette ville eft fituée
dans la partie baffe du Languedoc, avec un port
de mer d’où l’ on entré dans le canal du Languedoc,
appelé le Canal du Midi. La côte maritime,
diftahté de Montpellier de deux lieues un quart
environ, y eft affez fingulière , d’abord par T é-
tan g de Thau qui fe prolonge dans une grande
étendue, & enfuite par la langue de terre extrê-'
mement étroite qui commence à Aigues-Mortes,
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