la mer qui les a formées, tend toujours à les for-r
Vver ^on c° c® en y apportant de nouveaux
fables.
‘ Quant aux dunes, il relie à traiter des moyens
employés par les hommes pour empêcher leur dégradation
, foit pour prévenir la rupture totale,
foit pour obvier aux enfablemens que forment les
dégradations abondantes & lubites ; car la’ dégra-
xiation infenfible des terres des montagnes dans les
vallées ne peut s'empêcher par aucun moyen qui
Toit au pouvoir des hommes.
C ’eft par les pins que les fables fe fixent dans
les^ dunes de Guienne, & c’e ltp a r l’uya que les
hommes cultivent, & quelques arbuftes apportés
par la nature, dans les dunes de Flandre &c de
Hollande.
Je terminerai ce que j’ai à dire fur les dunes par
1 expofition des drfferens travaux qu’a entrepris en
dernier lieu M. Bremontier, ingénieur en chef des
ponts & chauffées à Bordeaux, fur ces groupes
de montagnes errantes , pour en fixer la marche
en effayer la fertilifation. Le premier Mémoire
que cet ingénieur publia à ce fujet traitoit des dur-
nes3 8c particuliérement de celles qui fe trouvent
fur les bords de la mer, entre Bayonne & la pointe
de Grave, à l’embouchure de la Gironde.-
Outre cela, les autres objets qu’embraffoit cet
ouvrage, & les avantages qui dévoient réfulter
de l’exécution des projets-de l’auteur, méritoient
Lartention des naturaliftes & des phyliciens, ainfi
que des propriétaires & des cultivateurs, aux
intérêts defquelsM. Bremontier s’étoit également
dévoué. • .
• L'étude que cet ingénieur avoir faite des dunes
lui avoit prouvé que ces amas de fables, pius ou
moins confié érables, que l’on trouvoit furies bords
de la mer, occupoient, dans la feule partie du golfe
de Gafcogne, entre la Gironde & l'Adour, f-im-
menfe efpace de plus de onze cents myriares ou kilomètres
carrés de terrain abfolùment aride , & que
fon extrême mobilité & fa nature purement quart-
fceufe avoient fait regarder comme n’étant fuf-
ceptible d’aucune culture.
• Il avoir reconnu que ces amas de fables, qui
formoient quelquefois des collines de diverfes
grandeurs ou des montagnes de pius de foixante
mètres d’élévation , avançoient progreffivement
dans les terres, furmontoient tout ce qui fe trouvait
à leur rencontré :• forêts , champs cultiv
é s , établiffemens , édifices, rien ne réfiftoit à
ce fléau deftruéleur. Il s’étoit affuréque fouvenr
pour furcroïc de maux, ces fables refoulés obf-
truoient & interrompoient entièrement le cours
d e s . ruiffeaux 8c des rivières qui- venoient des-
laqdes , dont les eaux arrêtées inondoient les f
prdpriétés riveraines 8c y formoient des lacs im- [.
menfes, & ces marais infeéts qui exiftoient cou- |
jouis en avant des dunes -, & qui -entretèrioient I
le foyer desP maladies dângèréufes, connues fç>us j
le fiom de fièvres de Médpc, ......... f
Daprès ces obfervations, M. Bremontier fait
connoitre I importance du problème de la fixation
des dunes, dont il avoit cru devoir s’occuper , en
y ajoutant la fertilifation des fables fixes. Son pre-
mier Mémoire renferme les moyens qu’ il avoit
imagines, & les premiers effais des expériences
qu U avoir tentées pour parvenir à fa folurion.
il commence par expofer en détail ce qu’ il
avoit connu fur la formation , les mouvemens ou
marche de ces tables , qui font continuellement
jouet des vents 5 & comme ces vents font plus
- f i animent-dans la partie de l’ouefl , & qu'ils
louttiem ordinairement avec plus de violence de
ce cote que du côté oppofé, la marche des dunes
le trouve neceflanement dirigée vers les terres,
t-es details iont dignes, d’iméreffer les naturalifies
àc les pnyficiens.
Suivant diverfes remarques ' qu’avoir faites
M. hrerooncier, le progrès des dunes, des étangs
ou des marais fiir les terres étoit d’environ vingt
métrés par an. De valtes forêts & des villages
qu on favoit avoir exiité fur la côte étoient déjà
envahis , & d’autres villages & une multitude de
propriétés précieufes attendoient le même fort.
Chaque année les pertes augmentoienc, & le péril
devenoit plus preffant. Nous fupprimons plu&urs
conjectures fur divers objets, pour paffer à l’objet '
principal dont s occupoit M. Bremontier!
il développe d’abord les moyens qu’il propofe
comme rempliflanr le. double objet de la fixation
des amas de fables & de leur fertilifation. Ces
moyens confittoienc d’abord à établir, à la furface
des dunes, des plantations ou des ferais', én prenant
les précautions néceffaires pour garantir les
plantes naiflanres. de l ’effet de la mtr , jufqu’à
I époque où elles auroîent été en état de lui réfifter
par leurs propres forces. Pour remplir ce dernier
objet M. Bremontier .propofe l’ouverture d’un
large folie ,-parallèle au rivage, auquel il préfétoit
un cordon de fafcines d'environ un mètre de hauteur.
Ce cordon, devoit être établi à peu près à
vingt ou vingt-cinq mètres de diltance de la laide
des plus hautes marées, & conduit, fans inter-
ruption, parallèlement au rivage , lur -ouïe la
° te j j 1'1 pmnte de Grave jufqu’à l’ embouchure
de 1 Adour. Le tollé ou le cordon devoir
recevoir ou arrêter allez long-tems les fables qui
lortoient journellement de la mer , pour que les
gFaines du bois de pin , dont ces femis étoient
d abord exclufivement compofés , euffènt le rems
de germer Se de prendre affez de force pour n’être
pas endommagés par ces nouveaux fables, dont
il évalue le volume annuel à quinze ou dix-huit
métrés cubes par mètre cornant. D ’autres.cor-
dons , arriftement distribués g & plus ou moins
rapproches les uns dés autres , fuivant que les
pentes du terrain etoient plus ou moins fortes,
ou la turface plus ou moins expofée à Taéiion
f es- ventsr> ôevoient également abriter pendant
trois ans les ferais faits fur .les plages, fur les
Sc | vaii. Effeélivement, le défaut de branchages d’ar».
Commets des montagnes & fur les rampes
contenir les fables pendant ce même intervalle
de tems ; & dans le cas où les parties de ces rampes
les plus expofées n’ auroient pas été fuffifamment
protégées, ' il propofoit d’y( fuppléer par des couvertures
en branchages de pin , fixés avec des piquets
enfoncés dans lé terrain.
Il obfervoit que toute plantation faite entre
l ’origine des fables vers la mer & leur extrémité
du côté des terres,devant être infailliblement détruite,
ce devoit être une règle dont on ne pou-
voie s’écarter , de ne commencer aucune efpèce
de travail que dans les parties qui étoient immédiatement
fur les bords de la mer. Il établiffoit en
confequence l ’ordre qu’ il convenoit de fuivre pour
allurer la germination des graines 8c le fuccès de
ces plantations. Enfin , il ajoutoit définitivement
que fi toute la partie des dunes qui touchoit aux
bords de la mer étoit enfemencée feulement fur
deux cents mètres de largeur moyenne, la fixation
des dunes s’opéreroit d’elle-même , vu la trèi»
grande facilité qu’a le pin de fe reproduire 8c de
fc propager par les graines. Ce moyen n’auroit eu ,
à la vérité, fon entier effet qu’après plufieursfiècle$.
Mais le premier travail dont nous venons de parler
, 8c qui, fuivant l’évaluation de l’auteur, ne
devoit guère coûter que trois cent mille francs,
étant une fois exécuté , fa continuation pouvoit
être abandonnée fans aucun inconvénient.
Mais en augmentant le travail 8c la dépenfe, &
en appliquant les procédés qu’on vient d’indiquer
à une plus grande fuperficie , on auroit confidéra-
blement rapproché l’époque de l'entière fixation
& fertilifation des dunes. M. Bremontier, en
faifaut connoître l’utilité de cette accélération,
donnoit la dépenfe totale de l’entreprise/. Au moyen
d’ une fomme d’environ huit millions, toutes [es
dunes auroientété fixées & fertiliCéès dans le court
efpace de trente années j 8c une fois en bonne va*
leur, elles auroientproduitannuellement , d’après
fes Calculs, quatre à cinq mü'lioris de revenu: l’auteur
per.foit même , d’après "divers effais faits
entre la grande & la petite forêt d’Arcachon, que
cette dépenfe de huit millions étoit fufceptible de
réduôlion. v
Tel eft le précis de ce que m'a offert de plus im^.
portant fe premier Mémoire de M. Bremontier j
mais le fupplément de cet ouvrage eft d’ un plus
grand intérêt encore , en ce que , présentant Jes
réfultats de i’expérience, il eft propre à fixer l’o pinion
fur la poflibilité & le mérite de l ’entreprife:
Cet ingénieur y développe de nouvelles idées fur
les avantages qu’on peut retirer des dunes, 8c rend
un compte fatisfaifant & très-circonftancié des
moyens qu’ il a employés avec le plus de fuccès,
& qui confiaient principalement à étendre fur les
parties enfemencées des couvertures de branchages
couchés 8c fixés fur le terrain avec des
piquets. L’auteur ne rejette cependant aucun des
ipoyens qu’ il avoit propqfés dans fon pre»ie* tra-
bres verts, effentiels pour protéger les femis dans
les rampes les plus immédiatement expo fées à l’action
des vents, pourroit en rendre l’emploi né-
ceffaire dans quelques parties 5 mais il a reconnu
que le large foffé ou le cordon de fafcines, affez
coûteux, qui devoit être établi le long 8c tout près
du rivage, pour retenir les fables qui for:oient
journellement 6c immédiatement de la mer, d e -
Venoit abfolùment inutile , ainfi que ceux qui dévoient
être conftruits dans les vallons 8c fur les
plages , & qu’au moyen du firnple mélange de-
quelques graines de genêt avec celles du pin on
pourroit luppléer à ces conftrufiions couteufes ,
non-feulement dans ces deux cas, mais diminuer-
affez confidérablement encore l'épaiffeur, & par
conféquent le prix des couvertures, même dans
les parties des dunes où elles devenoient les plus
indifpenfabiès. La germination & l’accroilfement
des genêts font, fuivant M. Bremontier, d’abord
beaucoup plus prompts que ceux des pins. D’ailleurs,
il a reconnu que cet arbriffeau touffu deve-
noit, dans le court efpace de deux années, affez fort
pour protéger efficacement les jeunes pins , dont
la végétation eft beaucoup plus lente pendant ce
premier intervalle de tems.
L’auteur indique la quantité de graines, fo it
de pin , foit de genêt, dont ce mélange doit être
compofé j & quand ces graines font bien choifies ,
un grame pefant de celles de genêt fuffic pour
trente à trente-cinq grames de celles de pin.
Douze ou treize kilogrames de ce mélange fuffifent
pour enfemencer trente-cinq ou quarante ares de
terrain. . %
Cet ingénieur parôît perfuadé que la fupprefllon.
des cordons de fafcines, jointe à la découverte
heureufe du bon effet du mélange des graines ,
produiront une économie de moitié à peu près fur
la fomme à laquelle la fixation générale des dunes
avoit été primitivement évaluée 5 ce qui eft très-
important.
Il paffe enfuite à l’énumération des différentes
plantes qui viennent fpontanément ou qui peuvent
profpérer dans lès dunes. Ces plantes font en grand
; nombre j mais il diftingue celles qu’on doit em*
j ployer de préférence pour confolider la furface
de ces fables.
Parmi les. plantes graminées, l’élyme (e/ymnus
arenarius ) , & le rofeau des fables ( arundo arenar,
ria ) , fur lefquelles il donne quelques détails inté-
refians , lui femblent les plus propres pour fixer-
la furface des allées feulement ou des intervalles
qu’il laiffe de diftance en djftaoce , afin d’empêcher
les progrès du feu , qui feraient incal-?
culables dans une forêt aufli immenfe , toute corn-
pofée d’arbçes rélineux i & dans le cas ..où ces
deux plantes feules feraient infuffifames pour remplir
cet ob je t, il a recours aux ononis 8c aux
genêts.
11 rejette abfolùment les plantations de tous les
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