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Que les lacs occupent les anciennes vallées,
c elt un fait bien conftàté encore par la pofition
du lac de Corne, dont le bajfui eft bien à décou-
vert » & annonce fur Tes bords des matériaux bien
caractérifés de la moyenne terre. On ne remarque;
lien de plus marqué que la nature de ces maté-
0?ÇFJ®! trouvent adoffés vers la digue du lac:
ils diffèrent outre cela de ceux qui forment cette
w g u e , & qui font des dépôts de l’ancienne mer,
laquelle a formé la nouvelle terre. Ces fortes de
faits également circonftar.ciés fe retrouvent partout,
dans leur plus grand développement, autour
des lacs Majeur, de Locarno, & c . : c’ eft là où les
prancipe* de cette théorie ont été recueillis ; c ’eft
la ou j invite à les aller reconnoître ceux qui cher-
cnent a s inftruire par robfervation.
Il ne me refte plus qu'à faire connoître les diffé-
rentes formes & difpofirions que nous préfentent
les bajjtns des lacs au milieu des eaux courantes qui
ent a fnrface du Globe. Je crois devoir en
diiimguer de quatre fortes quant à ces caradères.
La première eft celle de lacs qui ne reçoivent point
de n aïves ni ne donnent naiffance à des fleuves :
leursi iajpas font fujets à être inondés par les pluies
ou abreuvés par des fources abondantes. Il y en a
beaucoup de pareils,, qui font remplis par les dé-
bordemens du Nil & du Niger. Les lacs Parima &
Mexico font de cette première efpèce, comme lei
nombreux lacs de la Mofcovie & de la Finlande.
La féconde forte eft celle des lacs qui donnem
paiffance à des rivières, & qui n‘en reçoivent aucune.
Leurs bajpns fe trouvent figurés à la tête de
toutes les rivières & de tous les fleuves fur lesCar-
tes topographiques. Le nombre de ces lacs eft crès-
grapd en Mofcovie, en Finlande, enLapponie. Le
V olga a un femblable lac à fa tê te , ainfi que le
I amis, & 1 Adac, embranchement du T ib re , &c.
Le lac Chiamay eft très-célèbre dans les environs
du Gange ; il donne naiffance à quatre fleuves. Jen
trouve trois de cet ordre en Amérique : les lacs
I îticaca, Nicaragua & Iroquois : ce dernier donne
»alliance au fleuve de Saint-Laurent : fon balTm eft
très-grand. ■ "
La troifième forte eft de ces lacs qui font tes
égouts des fleuves, mais qui ne verfent au dehors
aucune eau courante. On peut ranger dans cet
ordre le lac Afphaltite ou la Mer-Morte , qui reçoit
■ f Jourdain, & ne donne naiffance à aucun fleuve
oans la contrée que ce lac occupe.' •'
La quatrième efpèce eft des lacs qui reçoivent
des fleuves, & donnent iffue à d'autres. Ges lacs
ont leurs baffins dans le lit des fleuves : tel eft le
iac de Genève Le Nil & le Niger rencontrent
plufieurs lacs dans leurs vallées, & la Divina en
traverfe dans fon, cours fix ou fept J & plüfieurs
rj vieies en Finlande 0 en Lapponie & en Suède
renferment de nombreux groapes-de lacs avant de
parvenir au golfe.de Bothnie ; de même Onéga &
Ladoga te çoivenr beaucoup d'eaux courantes avant
de verfer la Neva dans le golfe de Finlande. Le-lac ,
Ôfero reçoit le fleuve Koufan, & verfe le Sofnan
qui fe jette dans le Volga. Nous ferons connoître,
à l’article de chacun des lacs d’ane certaine e.en-
d u e , toutes les cireonftances qui méritent une
confédération particulière, & furtout relativement
à leurs émijfaires & à leurs digues.
J ajouterai ici qu’il y a une polïtion des lacs
omife dans celles que j’ ai préfentées ci-devant :
c’eft celle du voifinage des points de partage des
eaux. Je dois faire remarquer qu’ ils y font ordinairement
fort nombreux fur les premières pentes
de la diftribution de ces eaux. Je puis citer plusieurs
lacs de cette efpèce en Dauphiné.
Bassins de culture. On a partagé la France
en quatorze bajfins de rivières, relativement à la
culture. L,es quatre premiers font les bajftas du
Rhône, de la Loire, de la Garonne & de là Seine.
Les dix autres font ceux de la ci-devant Provence,
du ci-devant Languedoc, de la Navarre, des landes
de Bordeaux, de la Saintonge, de la Bretagne, de
la Picardie, de l’A r tois , & ç . Ces bajfins peuvent
être confidérés comme autant de fyftèmes de vallées
creufées par les eaux courantes j mais dès
qu’on envifage les differens fols qu’on a confacrés
particuliérement à la culture, il femble qu’on doit
réunir, à la confidération des bajfins, beaucoup
d’autres cireonftances effentielles & comparables
avec les productions particulières dont on pouvoir
fe propofer de faire l’énumération.
11 n’y a pas de doute que l’ on ne dût joindre à
cette confidération des vallées approfondies, celles
des differens degrés dé leur température, de la
nature des differens fo ls , de leur élévation au
deffus du niveau de la mer, enfin des diverfes ef-?
pèces de productions qu’on en retire.
Comment n’ a-t-on pas fenti la néceffité de distinguer
les fols de ces bajfins & de ces vallées, des
terrains qu’offrent aux cultivateurs les plateaux,
les plaines élevées qui leur fervent d’enceintes?
Car en vain icroiroit-on devoir concentrer l’étude
des travaux de la culture dans les bajfircs des rivières
de France ou dès pays étrangers ; car aucune
culture particulière quelconque n’eft renfermée
exclufivemenc dans ces limites. Car combien ne
voyons-nous pas de b t l’es cultures & d’abon-
! dantes récoltes fur des plateaux & dans de vafte s
! plaines qui ne font pas partie des bajfins de nos
[ rivières ?
Je pourrois citer à ce fujet la Brie & la Beauce,
qui ne font renfermées dans aucun de ces bajfins
qu’ton a choifis & adoptés comme les centres naturels
de nos cultures les plus importantes j car la
Brie eft un plateau élevé entre les deux vallées de
là Seine & de la Marne. Il en eft de même de la
Beauce par rapport aux bajfins voiûm. Comparant
là nature du terrain de ce? plateaux élevés avec
celle des terrains qui occupent le fond des vallées
çôrrefpondantes, il eft aifé de fê convaincre que
le fui des plateaux eft en général bien fupérieu-r
B A S
i celui des vallées. Il eft donc évideht que cette
divifion de la France en bajfins, confédérés comme
les feuiscentres des cultures qui méritent l’attention
des agronomes, n’eft pas le partage le plus
méthodique & le mieux raifonné que l'on put faire
dans un Di&ionnaire d’agriculture. C e n’eft donc
pas une divjfion agricole.
D ’ailleurs, fi Fon vouioit l’adopter, il étoit fort
important d’y joindre plufieurs difeuffions, comme
je l'ai déjà obfervé , foit relativement aux terrains
élevés qui fe trouvent former des ceintures autour
des bajfins, foit relativement aux degrés de température
des différentes parties de ces bajfins, foit
relativement à la nature des terres qui revêtent lés
croupes de ces vallées, foit enfin relativement à
la nature des terres que les rivières ont entraînées
& dépofées fur les fonds de cuve des bajfins.
Toutes ces -cireonftances méritoient des diieuf-
fions particulières, parce que les agronomes les
plus inftruits les confidèrent toujours dans leur
en femble.
C ’eft le plan de travail que j’ ai fuivi dans mon
article Q u e b r a d a . On y verra qu’en étabüffant
cette diftin&ion, les habitans du Pérou ont mieux
fenti les raifons qui dévoient préfider aux partages
des terrains propres à la culture, que les ao&eurs
agronomes de la France > car je trouve dans le travail
de ceux-ci deux grands défauts : une fauffë
diftribution des bajfins de s rivières >en fécond lieu,
une defcription de ces bajfins fans aucune diftinc-
tion des terrains particuliers.
Il en réfulte d’abord que toute la furface de la
France fe trouve couverte par ces bajfins, & par
conféquent n’offre aucune dîftiriétton de terrains
qui n’y Soient pas compris. D’ailleurs, on ne peut
pas confidérev. chacun de ces bajfins comme renfermant
une naturé de fol propre à une forte de
culture. Pourquoi faire des partages qui ne fervent
pas aux diverfes confédérations qui ont pour objet
l’agriculture? Ainfi la Carte des bajfins des rivières
de France, telle qu’elle eft rédigée, ne peut être
d’aucun avantage pour faire connoître l’état des
cultures dé ce vafte Empire ; car les limites de ces
bajfins ne font point celles de la culture de telles
©u telles plantes. Outre cela, ces bajfins n’ offrant
pas, dans leurs circonfcriptions, 1» même nature
de terrains, ils ne peuvent fervir à fixer le choix
des cultivateurs ni à déterminer leurs travaux.
Enfin, il eft vifible que les différentes contrées de
ees bajfins ne jouiffent pas de la même température,
tant parce qu’elles ne font pas expofées à la
même aètion du foleil, que parce qu’elles ne font
pas fituées au même degré d’élévation au deffus
du niveau de la mer, où ces bajfins ont leurs débouchés.
Ainfi aucune des cireonftances qui doivent
être envifagées comme pouvant fervir a la diftine-
tion des tra&us propres à telle ou telle culture,
ne fe trouvent indiquées dans les bajfins grands &
petits qu’on a diftingués dans le Dictionnaire de
[’agriculture.
B A S
Pour peu qu’on ait étudié ces differens bajfins,
on ne reconnoîc pas, dans la defcrîption qu’on en
a faite , ces plans méthodiques fur la diftinébon
des differens fols que nous avons indiqués dans
plufieurs articles de ce Di6tio;.naire, & que la
géographie-phyfique nous fait connoître. Je puis
citer à cette occafion les bajfins du Rhône, de la
Loire & de la Garonne, qui nous offrent tant de
terrains hétérogènes , & qui appartiennent aux
différens tnaftîfs de l’ancienne, de la moyenne &
de la nouvelle terre. Le bajfin de la Garonne., par
exemple, renferme, dans certaines contrées, les
fubftances qui ont été détachées de s Pyrénées, &
qui n’ont rien de commun avec les matériaux entraînés
des enviions de Saint-Fleur & de Mende,
& font encore plus éloignés des débris des matières
volcaniques qu’on trouve dans Içs premières
vallées de la Dordogne.
11 y a , comme on v o it, un plus grand eontrafte
entre les terrains appartenans aux premières vallées
de la Garonne & de la Dordogne, quoique ces
rivières aient une embouchure commune'. Elles
ne peuvent naturellement être comprifes dans un
même bajfin. ( Voyeç CULTURE. )
Je renvoie ce qui me refte à dire fur les bajfins
de chaque rivière un peu confidér.able, aux articles
de cés rivières. Il en eft de même fur les bajfins
têrrejtfes & maritimes des golfes & des nréditerra-
nées. Je puis déjà citer à ce fujet la mer Baltique
& le golfe de Bothnie.
Bassins de certaines mers du Nord. Fn
partant du détroit de Bering , & en prolongeant
fa marche à travers les îles & les golfes découverts
par cet habile navigateur & les Ruffes, on trouve
un grand bajfin qui mérite l’attention des navigateurs
& des naturalises. Si l’on ajoute à ces découvertes
celles des Hollandais, & particuliérement
celles de laPeyroufe., on verra de vafte s étendues
de détroits , de manches, & des terres qui
les bordent & en font les limites j & pour peu
qu’on s’étende au fud, on rencontrera deux nouveaux
bajfins qui fe réuniront fans difficulté au
premier, c’eft-à-dire, qu’on aura fous les yeux le
bajfin du nord, celui du fud & celui du midi. Ce
font les détails qui concernent ces trois bajfins que
je ferai figurer dans notre Atlas, & qui mettront
dans leur développement les découvertes les’ plus
récentes que nous devons aux navigateurs de no*
voifins & aux nôtres;
Bassins des Ports. Quelques ports renferment
des bajfins qui font de deux formes particulières
: les uns font ouverts, tels que ceux qui fa
voient à Toulon , au Ferrol, à Carthagène d’Europe,
& c . Ils font appelés darces ou darfes par les
Français, & wet dock par les Anglais, comme indiquant
un bajfin où il y a toujours de l’eau. Les
autres bajfins capables de recevoir plufieurs vaif-
leaux, rel que le tajjî« du Havre-de^G1 a c e , font