
nérales, une forte de gangue formée du mélange
des matières pierreufes qu’ elles féparent, gangue
auflî facile à retrouver par fa fituation, que facile
à reconnoître par fa compofition.
En tranfportanc ces obfervations fur le pic
d’E y r é , d’où fortent les eaux de Barege, il elt
facile de retrouver ces roches, tant du côté du
vallon de l’A r t , que du côté du vallon de Lientz.
Nous allons déterminer, par une fuite d’obfer-
vations qui fe réunifient aux précédentes, à laquelle
des deux faces du pic peuvent appartenir
les fources minérales.
i° . Les bandes conftituantes du pic d’Eyré forment,
avec la direction de la vallée, un angle très-
aigu , qui décline au levant par le fud, & au couchant
par le nord. 11 eft naturel de croire que les
bandes qui fuivent néceffaifement^ le cours des
couches, au moins dans l’origine, viennent du
levant j car en fuppofant qu’elles fuffent au couchant
, il faudroit qu’elles defcendiffent d’abord
vers le lieu de Betpoëy, & qu’ elles quittaffent
fubitement cette routé pour rétrograder vers
Barege, en faifant un angle très-obtus avec leur
première direction } ce qui eft contraire à toute
vraisemblance.
i° . Il y a une fource chaude dans le Haut-
Barege, au deffus du niveau de la fource des bains :
•on peut donc en conclure que la veine générale
vient de ce côté } car il eft plus naturel de croire
ciu’ une forte fource jette latéralement quelques
filets d’eau avant d’atteindre à fon iffue, que de
fuppofer qu’étant parvenue à cette iffue, elle n’y
débouche pas en entier, & pouffe des filets d’eau
plus avant.
3°. La partie orientale du pic d’Eyré eft plus
humide que fa partie occidentale, parce qu’elle eft
la moins efcarpée , & que les neiges y féjoürnent
affez long-tems pour remplir les réfervqirs intérieurs.
C'eft donc à cette face qu'il faut attribuer
l’origine des fources les plus confiantes, & , en
effet, on en Voit jaillir beaucoup de ce c ô té , &
point de la face occidentale.
4°. Une longue expérience a démontré que les
fôurces de Barege étôient fenfiblemem moins chaudes
durant le printems, & jufqu’après le folftice
d'été. C e reftoidiffement eft vifiblement dû à l’infiltration
des eaux froides que produit la fohte des
neiges, & à la fin du printems la face occidentale
du pic n’ a plus de neiges : fon expofition aux
rayons du foleil & là chute des lavangès l’en ont
débarraffée depuis long-tems. C e n’eft donc pas
avec cette face que les fources de Barege côrref-
pondeht à la même époque : au contraire, il y a
beaucoup de neiges fur la face orientale, & ce
qui en eft une fuite remarquable, c’eft que les
fources froides y dégorgent long-tems après la
fonte de ces neiges. C ’eft donc de ce côté que les
eaux thermales fe refroidiffent, & c’eft avec cette
face qu’ elles communiquent.
Ceci pofé, il refte à déterminer à quelle diftance
de la marbrière paffe la roche génératrice
des eaux ; ce qui n’eft pas aifé, vu que toutes ces
parties font couvertes de terre d’herbes & de
bois > mais des indudtions conduifetit affez fuie-
ment dans ces routes fouterraines.
La marbrière eft certainement limitrophe de ces
roches : la partie verte qui colore ces marbres eft
argileufe & magnéfienne} elle eft la caufe de leur
délitefcence. Cette compofition annonce le vom-
nage des roches de corne.
Mais, i° . les couches de la marbrière font allez
épaiffes pour faire juger que le paftage des roches
calcaires aux roches argileufes eft éloigné, i . Une
obfervation faite du haut du chemin de Lientz
confirme cette préfomption, en démonrrant que
les marbres occupent une grande épaiffeur de ce
côté de la montagne. -
LesToches génératrices des eaux de Barege font
donc fuffifamment éloignées ; mais indépendamment
de cet éloignement, les fources s’approchent
de Barege par une crevaffe faite dans les marbres.
O r , cette crevaffe ne fuivant point une loi déterminée,
il refte à écarter toute idée qu’elle parcourut
les couches de la marbrière au voifinage de
fon efcarpement aCtuel.
Il fort de la marbrière plufieurs fources d’ eaux
froides } elles ne fe mêlent point avec les eaux
chaudes. Leur cours eft donc anterieur a celui des
fources chaudes, & par conféquent celles-ci arrivent
à Barege dans une direction divergente de
Celle du marbre. ^
Cette divergence même doit être confiaerable >
car les efcarpemens faits dans le marbre au voifinage
des bains, n’ont point éventé les conduits
des foüttes.
Les fources de Barege, échappent au marbre ,
comme on voit j mais dans cet endroit où les bancs
de marbre difparoiffent, ils font remplacés par un
amas de débris principalement granitiques, parmi
lefquels les fources fe font épanchées.
La caufe de l’interruption des bancs de marbre',
de l’accumulation des blocs de granit & du difper-
fement des fources n’eft pas éloignée. C eft un
ancien ravin formé originairement, aux dépens
des bandes du marbré, par les eaux & les pierres
que charrioient ces eaux. Ces marbres ont laiffe
entr’eux une vafte lacune, qui s’ eft remplie des
débris que rouloit le torrent. Le ruiffeau de Mourë
eft le refte de ce torrent : fon ravin aêtuel eft le
nouveau lit qu’ il s’ eft creufé après avoir encombré
le premier. C ’eft la marche de tous les ravins
de fe replier peu à peu vers la pente de la vallée
principale. ( Voye\ La V an ge s , N°. 2. B .)
Nous fournies, au refte, autorifés à conclure de
cet enfemble d’ obfervations, que le réfervoir dés
eaux chaudes de Barege eft à l’eft ; que les fourcés
fe minéralifent & s’échauffent en defcendant à travers
des roches qui occupent la partie moyenne
antérieure du pic d’ Eyré j qu’ejles en débouchent
latéralement par la route que leur préfente une
rupture tranfverfale de la marbrière , (8c qu’elles
delcendent vers Barege dans une direction qui fait
un angle afiez ouvert avec celle de la vallée du
Baftan.
. B A R E I T H , principauté dans le margraviat
d’Anfpach. Une chaîne de montagnes du premier
ordre traverfe l’Allemagne prefqu’entiérement,
en courant à peu près dé l’eft à l’oueft. Le Hartz,
les montagnes de Thuringe , le Fichtelberg en
Franconie, appartiennent à cette chaîne , & fes
derniers rameaux forment le Riefenberg, & atteignent
les monts Krapachs. Les Commets & les
maflîfs de cette chaîne font granitiques} mais ce
qui eft fort remarquable, c’ eft qu’ils font flanqués
de part & d’autre, c ’eft-à-dire, fur les faces du
nord & du fud, par des maflifs de montagnes ftra-
tifiées & d’alluvion, qui font, tantôt calcaires,
tantôt marneufes, & tantôt compofées de pierres
de fable. Telle tft du moins la chaîne des collines
dans lefquelles fe trouvent les cavernes dont on
va donner une defcription , & qui traverfe la ;
grande route d’Erlang ou de Nuremberg. On
trouve, à moitié chemin de cette dernière ville
à Bareitk , la pofte de Streitberg, & les cavernes i
dont nous allons nous occuper, n’ en font dif- .
tantes qu’à trois milles anglais, ou deux mille
quatre cent foixante & quinze toifes de France. ■
Elles font voifines, en un mot, dé Gaylenreuth
& de Klauflein, deux petits villages auxquels les
découvertes faites dans leurs environs ont donné
quelque célébrité.
La chaîne des collines eft ici interrompue par
plufieurs petites vallées fort étroites, & pour l’ordinaire
bordées de rochers coupés à p ic , & qui,
furplombant quelquefois, femblent prêts à écrafer
le voyageur qui les côtoie. Tout indique aux environs
les effets de grands mouvemens dans les
eaux courantes.
Les bancs qui conftituent les collines font principalement
compofés de .pierres calcaires, dont le
tiffu & la couleur varient beaucoup} de marne
de pierres de fable. Les bancs calcaires abondent
en pétrifications, qui font les dépouilles de diver-
fes efpèces d’ animaux marins.
L’entrée .commune des cavernes de Gaylenreuth
s’ouv.re, vers le fommet d’une colline calcaire , j
du côté de ,1’eft. Une arcade d’environ fept pieds !
d’élévation conduit à une forte d’antichambre de
quatre-vingts pieds de longueur, fur trois cents
pieds de circonférence. C ’eft ici le veftibule de !
quatre cavernes. J1 eft élevé & aéré} mais il n’eft
éclairé que:par la lumière qui vient de l’ouverture.
Son fol,eft horizontal & couvert d’ un terreau noir,
quoique le fol des environs foit une terre végétale
ordinaire, mêlée de marne.
Il paroît, d’après diverfes ciEconftance.s, qu’on
a fait de ce fouterrain.un lieu:de refuge dans des j
commotions,politiques ou guerrières,} mais ce n’eft
pas dans ces vues que nous devons.ie confidérer. I
De ce veftibule ou première caverne on arrive
dans une fécondé par une allée étroite & fotnbre,
qui fe préfente à l’angle méridional. C e lle -c i a
environ quatre-vingts pieds de long , quarante de
la rge, & dix-huit de hauteur. Les parois & le
plafond font garnis de ftalaétites & de colonpes,
dont les unes defcendent delà voûte, & les autres
s’élèvent du fol comme pour les rencontrer. L’ en-
femble de ces objets préfente des formes auxquelles
l’imagination peut prêter des reffemblan-
ces} mais les naturaliftes ne fe bornent pas à ces
jeu* de la nature.
La température de ces cavernes eft toujours
fraîche, 8: même, au fort de l’été , elle eft constamment
au deffôus du tempéré} ce qui n’eft pas
étonnant, puifque l ’eau y éprouve un certain mouvement
qui n’eft pas fans évaporation. Il faut à cec
égard prendre certaines précautions lorfque l’ on
vifîte ces fouterrains} car on a remarqué que toutes
les perfonnes qui viennent de les parcourir, en
fortent très-pâles : phénomène qui peut provenir
de la fraîcheur de Pair & des exhalaifons particulières
qui y féjoürnent.
Un paffage très-étroit, qui va en ferpentant,
conduit à une troifième caverne de forme à peu
près circulaire, & de trente pieds de diamètre :
elle eft prefqu’entiérement garnie de ftalaCtices.
Près de l’entrée eft l ’ouverture d’ un Ipuits d’environ
trente pieds de profondeur. On y defcend
au moyen d’ une échelle, en prenant des précautions
pour ne pas gliffer ni fe heurter contre les
ftalaêtites. On trouve au fond du puits, & fur les
côtés , une cavité d’environ quinze pieds de diamètre
, & de trente pieds de hauteur, qu’on peut
confidérer comme un appendice à la troifième
caverne.
Dans le paffage qui a conduit à celle-là , on
rencontre quelques dents & quelques fragmens
d’os} mais lotfqu’on defcend dans le puits, on eft
environné de toutes parts par des entaffemens de
dépouilles d’animaux. Le fond de la troifième
caverne eft outre cela pavé d’ une croûte de dépôt
calcaire, qui a près d'un pied d’épaiffeur. On y
apperçoit çà & là des fragmens offeux, de toute
efpèce, répandus confufément à terre, ou qu'on
retire facilement d’ une forte de terreau dans lequel
ils parôiffent enfevelis. Les parois mêmes de
la caverne préfentent une quantité innombrable de
dents & d’cffemens brifés. La croûte de dépôt
calcaire qui recouvre ces parois en forme de fta-
laêlites , ne defcend pas tout-à-fait jufqu’au fol ;
ce qui porteroit à croire q u e , dans un tems antérieur
, cette vafte collection de dépouilles d'animaux
s’élevoit davantage j & que fon volume a
diminué peu à peu par la décompofitiori.
C et endroit reffemble à une carrière confidé-
rable de .pierres de fable , & l’on pourroit en tirer
les plus beaux morceaux de concrétions fi l’entrée
en étoit facile. -On a fondé ce roc offeux dans plu-
fieur;s endroits, & partout on a reconnu que cette
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