
principal des exhalai Tons pernicieufes eft fous une
grande couche de pierres, vis-à-vis de laquelle il
y a une folphatare. C ’eft un fol formé d’une terre
g rafle un peu dure, fembiable à la marne entre les
bancs de pierres. Cette terre renferme de petits
& de gros fragmens de pierres anguleux, mêlés
avec du fable dont les grains l'ont liés & unis avec
une pâte fulfureufe. Quelques-uns de ces morceaux
font fi noirs, qu’ ils paroiffent être du charbon
j mais on reconnoît aifément, parmi ces morceaux
, la pierre de fable colorée par le foufre, &
imprégnée d'un fel vitriolique.
Ces mofêtes n’exhalent point de fumée : aufli
ne contiennent-elles point d’eau, excepté dans les
terris de pluie. Si l’on pouvoit y faire palier quelque
ruiffeau, cet.endroit perdroit vraifemblable-
ment la nature de mofète , & deviendroit peut-
être un lagon ( voye[ cet article) ou au moins une
folphatare, parce que c’elt la même qualité de
terrain. Nous avons beaucoup d’exemples de lieux
qui ne deviennent des mofètes que lorfqu’ils manquent
d’eau qui fe charge de ces vapeurs nuifibles
des mofètes.
On a retiré du foufre de la petite mofète qui
eft la plus voifine de. Caftelnuovo ; mais on ne s’eft
jamais hafardé d’en tirer de la plus grande, parce
qu’elle eft plus dangereufe , furtout dans les tems
de pluies ; car il s’en exhale alors des vapeurs d’une
odeur infupportable, qui font périr tous les animaux
qui font à une certaine diftance de l’ouverture.
On trouve fouvent dans cette atmofphère,
des lièvres , des renards & des oifeaux que les
vapeurs méphitiques ont tués. ( Poyeç et autres
articles de MOFÈTES fous les mots de GROTTE-DU-
nChien , de Puits de Pérols , &c. & l'article Mofète. )
C A S T E R A -V IV E N T , village du département
du Gers, cantonade Valence. Ce village eft près
de l’A lo u e , dans le ci-devant pays d’ Armagnac 3
où font deux fontaines minérales dans un vallon
fertile. Elles font connues fous le nom d’eaux minérales
de Perdufage. Les vertus médicinales de ces
eaux ont été reconnues, de tous les tems, pour
être une refîource heureufe contre un grand nombre
de maladies chroniques rebelles aux moyens
connus de l’art.
C A S T E T , village du département des Baffes-
Pyrénées, canton d’Arudy , près le gave d’Offau.
On trouve de la mine de fer en chaux brune &
folide , en montant le col de Cafiet, dans le penchant
méridional de la montagne de Rey. Les environs
de Cafiet renferment aufli de la mine de fer
en chaux rougeâtre. On ne fait aucun ufage de ces
mines à caufe de leur mauvaife nature.
CASTIGLIONE. Caftiglione eft une petite ville
de quatre à cinq mille âmes, fituée à dix lieues
de Vérone, fix de Brefcia, & huit de Mantoue:
on l’appelle Cafiiglione del le Stiviere pour la distinguer
des autres villes d’ Italie qui portent le
nom de Cafiiglione. Cette ville appartient à l’Empereur
d’Allemagne.
Le terrain entre Brefcia & Mantoue eft plein de
cailloux & planté de mûriers 5 celui entre Cafiiglione
& Brefcia eft uni & commode : le chemin eft
très-beau, bordé d’arbres, de ruilTeaux■ & de prairies,
comme la plupart des routes de la Lombardie.
Des vignes en guirlande, qui vont d’ un arbre
à l’autre, ombragent agréablement les chemins
fans occuper beaucoup de place, & les mûriers
qui les foutiennent, forment une autre efpèce
de produit, fans préjudice du grain qu’on fètne
fous ces arbres.
Dans l’efpace qui fépare Mantoue de Caftiglione,
on trouve le lac de Garde , qui a onze lieues de
long, & qui appartieut en partie au territoire de
Vérone. Au moindre vent le lac de Garde s’agite
, & promène fes flots comme une véritable
mer.
Toute la partie occidentale du la c , appelé®
Riviera di falo , eft un endroit renommé par la
beauté de lès rivages & par la multitude des
orangers & des citroniers qu’on y cultive : il y a
des mines de fer , des forges , des papeteries &
une nombreufe population. Cette partie dépend
du territoire de Brefcia, & forme un commerce
confidérable.
La pêche du lac de Garde eft un objet important
: le poiflon en eft recherché dans toute l’ Italie;
aufli les truites, à Pefchiera, village de ce
canton, coûtent-elles fort cher
Le carpione du lac de Garde eft un poiflon très-
recherché , qui ne fe trouve point ailleurs ; il eft
fort différent de la carpe : Linné & Artedt le mettent
dans le genre du faumon ; il reffemble un peu
à la truite; mais il eft plus large & il a le ventre
plus élevé. Sa longueur ne paffe pas un pied. La
chair en devient rouge quand elle eft cuite : les
écailles font petites, la couleur du dos eft moins
obfcure que celle de la truite ; mais il eft parfemé
de taches noires. Le ventre & les côtés font argentés;
la tête eft luifante & la queife bleuâtre.
On difoit autrefois qu’il fe noürrifloit avec de
l’or , pour exprimer l’excdlence de ce poiflon.
On pêche aufli dans ce la c , des truites, de grof-
fes fardines & autres poiflons qu’ on envoie à.Milan
& à Parme.
Les eaux du lac de Garde ont furtout la qualité
de blanchir le fil, de manière à le faire rechercher
dans toute l ’Italie : on ne fait pas fi cela tient à
l ’eau feule, ou à l ’air , ou au fol fur lequel on
l’étend pour l’arrofer ; mais cela réuflit mieux au
Lido falodiano , que vers les autres parties du
lac.
Il y auroit beaucoup de chofes à dire fur le fol
du lac de Garde ; mais ce fol reffemble à celui
qui entoure les autres lacs d’Italie, & annonce
le féjour de la mer de nouvelle date.
CASTRES. Dans la ci-devant province de Languedoc
, à une lieue environ de cette ville & au
nord-eft, fe trouve la grotte de Saint-Dominique.
Elle eft principalement fituée au lieu de iaftoquette,
ainfi nommé à caufe de la multitude de rochers
qui y font tumultueufement difperfés. Parmi ces
rochers énormes dont les angles font arrondis, 011 en voit qui font rompus par quartiers, les
uns inclinés à l’horizon , & les autres pofés dans
une fituation parallèle. C ’ eft delfous cts rochers,
&r au pied de la montagne au fommet de laquelle
ils fonr difperfés, que fe trouve la grotte de
Saint-Dominique. Le premier vide qui fe préfente
, reffemble à un fallon affez valte qui a vingt-
huit pieds de longueur, fur dix de largeur moyenne
, & quinze pieds de hauteur. Le deifus eft
voûté en berceau , & les parois préfentent des
tas énormes de rochers qui ne fe foutiennent que
par leur contaCt mutuel. Le fol qui eft irrégulier, eft
formé aufli par des rochers entaffés ics uns fur les
autres, qui laiffent.entr’eux plufieurs intervalles ,
au mi.ieu defquels on voit couler un ruiflêau.
Outre cela , l ’eau découle de toutes parts dans ce
fal:on.
. Au fond, il y a une ouverture irrégulière de
quatre à cinq pieds de hauteur, fur trois à quatre
dj largeur : par-là on peut pénétrer dans des galeries
fouterraines qui ont fept à huit cents toifes
de longueur, fur dix à douze de largeur ; elles
offrent de toutes parts des rochers qui ont pref-
que tous la figure d ’un fphéroïde alongé ; quelques-
uns font rangés de façon qu’iis forment une voûte
qui paroît plutôt l’ouvrage de l’art, que l’effet de
la nature. La chaîne qu’ ils forment ainfi au plafond
de ces galeries , fe montre au dehors ; elle fuit la
pente ordinaire des croupes des autres montagnes.
Sous, ces arches qui s’élèvent à mefure qu’on
s’éloigne de la grotte, coule un ruiflêau qui fait un
bruit confîdéra.ble, Sc donc l’eau, peu abondante,
a cependant affez de-pente & de vitefie pour faire
tourner des moulins à b lé , voifins de la grotte.
Il y a grande apparence que c’eft au jeu & . à la
circulation intérieure de l’eau de ces ruifièaux,
qu’eft dû ce défordre des rochers dont nous avons
parlé , ainfi que les vides du fallon & des galeries
fouterraines qui fe prolqngent à une fi grande
profondeur dans le maflifde la montagne. On voit
là un échantillon du défordre que caufe l’eau des
fources aux environs de leurs réfervoirs, particuliérement
dans l’excavation de ces réfervoirs.
Nous en donnerons encore d’autres preuves à l’article
Sources , auquel nous renvoyons.
’ C ’eft au lieu de la Roquette que fe trouve un
rocher qui tremble lorfqu’on l’agite avec une force
modérée. ( Poye% ci-après. )
C ’eft auflî dans le voifinage de Caftres, - au lieu
nommé la Momagnette, qu’on trouve beaucoup de
pierres priapolites. Le coteau de la Montagnetce
offre, vers l’orient, plufieurs ouvertures qui font
l’ouvrage de l’eau : ces ouvertures ont mis à découyert
un rocher qui renferme un amas de ces
priapolites; c’eft une malle calcaire fort dure, dif-
pofée par couches, au milieu de laquelle font en-
châffées les priapolites, qui s’y trouvent dans dès
fituations différentes.Ces pierres, comme on fait,
font compofées de plufieurs couches parallèles
de différentes épaiffeurs.
Les priapolites font des efpèces de ftahCti:es
formées par les dépôts de l ’eau. Ce font des grains
de fable ou de terre unis par des fucs falins 8c
criftajlins, & même d’autres fédimens terreux :
nuis je laiffe cette explication aux naturalises no-
menclateurs.
- Rocher tremblant de la Roquette , près de Caftres.
Le rocher tremblant qu’on veut faire connoî-
tre , eft peut-être un des phénomènes les plus curieux
de la nature : il eft diftant de Caftres d’environ
une lieue, & fe trouve placé au nord-eft de
cette ville ; i-1 eft le plus élevé de tous les rochers
qui paroiffent autour de la Roquette , ainfi nommée
à caufe de la quantité de rochers qui s ’y trouvent
; il eft fitué fur le penchant de la montagne
qui regarde le levant, & fur le bord d’un autre
gros rocher qui fort de terre ; il a une pente d’ environ
fix pouces, vers laquelle il eft coupé à plomb.
Sa forme eft irrégulière ; elle approche beaucoup
d’un oe.;f aplati qui porte fur le petit bout : la plus
grande circonférence, qui eft vers les deux tiers
delà hauteur, eft de vingt-fix pieds; la plus petite
, qui eft vêts fa bafe, eft de douze , & fa hauteur
eft de douze pieds : la vnaffe fait donc un
folide de trois cent loixar.te pieds cubes, & peut
pefer près de fix cents quintaux. Il fe trouve pré-
cifément placé à un des angles du rocher qui lui
; fert de bafe ; il eft fi près du bord , que la circonférence
intérieure eft éloignée feulement d’un
pied & demi, & qu’un à-plomb qui pafleroit par
les endroits du roc les p us avances, romberoit
au-dedà de celui qui lui fert de bafe. Comme on a
dit que la figure de ce roc tremblant étoit celle
d’-un oe uf aplati, il faut nére fiai renient que les
diamètres de la bafe fuient inégaux, & que celui
ci fok convexe , de forte qu’aux extrémités
du plus grand diamètre, il s’en faut près de huit
pouces qu’elle ne touche le rocher fur lequel elle
ieft placée ; mais le rocher appuie fur toute la longueur
du petit diamètre. Cette pofition d’ une
malle de roc d ’un fi grand poids & d’ une fi grande1
hauteur, dans un penchant où elle n’a prefque
point d’autre appui qu’une ligne , n’eft pas la partie
du phénomène qui mérite le moins l’ attention
du naturalifte. La pierre dont le roc tremblant eft
formé, eft d’une nature fort dure & fort compacte.
Malgré la dureté de ce roc tremblant, les
curieux & les étrangers qui l’ont été v o ir , y ont
néanmoins fait graver des caractères dont il eft
impoflîble actuellement de découvrir le fens, quelque
combinaifon qu’ on en puiffe faire..Un parti